LITTERATURE ET ECRITURE DANS LES MEDIAS : LE CINEMA Prof. D. Nasta Université L
LITTERATURE ET ECRITURE DANS LES MEDIAS : LE CINEMA Prof. D. Nasta Université Libre de Bruxelles Liste des films/ouvrages à consulter • 1. Edipo Re (Pier Paolo Pasolini, 1967)/Œdipe Roi (Sophocle) • 2. Lady MacBeth sibérienne (Andrzej Wajda, 1961)/Lady MacBeth du district de Mtensk (Nicolaï Leskov) • 3. La Marquise d’O(Eric Rohmer, 1976)/La Marquise d’O (Heinrich von Kleist) • 4. Une partie de campagne (Jean Renoir, 1936)/Une partie de campagne (Guy de Maupassant) • 5. The Trial (Orson Welles, 1962/Le Procès (Franz Kafka) • 6. Blow Up (Michelangelo Antonioni, 1966)/ Les fils de la vierge (Julio Cortazar) BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE Esthétique et théorie du cinéma • Vincent AMIEL , Esthétique du Montage (Paris : Nathan Cinéma, 2001) • Jacques AUMONT, Alain BERGALA, Michel MARIE, Marc VERNET, Esthétique du film (Paris : Nathan Université, 1983) • Jacques AUMONT, Michel MARIE, L’analyse des films (Paris : Nathan Université, 1993) • David BORDWELL & Kristin THOMPSON, Film Art - An Introduction (NY : MacGraw & Hill, 2003 – dernière édition) • Francesco CASETTI, Les théories du cinéma depuis 1945 (Paris: Nathan, 1999) • Michel CHION,Le Son au cinéma (Paris, Ed. de l’Etoile, Coll.Cahiers du Cinéma, 1985), La voix au cinéma (Paris, Ed. de l’Etoile, Coll.Cahiers du Cinéma, 1983) • Jeanne-Marie CLERC, Monique CARCAUD-MACAIRE,L’adaptation cinématographique et littéraire (Paris, Klincksiek, 2004) • Gilles DELEUZE, L’image-temps et L’image-Mouvement (Paris, Minuit, 1985) • André GAUDREAULT, François JOST, Le récit cinématographique (Paris : Nathan, 1989) • Laurent JULLIER et Michel MARIE, Lire les images de cinéma (Paris, Larousse, 2007) • Bruce KAWIN, How Movies work (Berkeley, University of California Press, 1992) • François JOST, L’Oeil caméra: Entre film et roman (Lyon: PUL, 1987) • Christian METZ , Essai sur la signification au cinéma (Paris : éditions Klincksieck, 1975) • Jean MITRY, Esthétique et psychologie du cinéma (Paris : CERF, 2001- réédition) • Dominique NASTA, Meaning in Film - Relevant Structures in soundtrack and narrative (Berne: Peter Lang, 1991) • Frédéric SABOURAUD, L’adaptation – Le cinéma a tant besoin d’histoires (Cahiers du Cinéma/Les petits Cahiers, 2006) • Francis VANOYERécit écrit, récit filmique (Paris : Nathan, 1989), Scénarios modèles, modèles de scénarios (Paris : Nathan, 1991) Tripartition analytique proposée par Paul Ricoeur dans son ouvrage Temps et récit, (Paris, Seuil, 1983) inspirée de la mimesis aristotélicienne. • • 1) La préfiguration • La préfiguration consiste à articuler un évènement, une histoire, un fait, en fonction de résonances historiques, mythiques, philosophiques connues par le public; • exploiter et mettre en évidence des figures-clé de l'histoire de l'Humanité, connues de celle-ci (holocauste, première guerre mondiale, abolition des croyances…); • établir un point d'ancrage avec l'époque représentée par le réalisateur sur base du Zeitgeist ("esprit du temps") correspondant le mieux à la configuration de son récit. (Cfr. Préfiguration du mythe d'Œdipe proposée par Pasolini dans Edipo Re) 2° La configuration : • La configuration = la structuration des histoires. Comment l'histoire au cinéma, par rapport à une histoire écrite, un fait divers dans un journal, un mythe préexistant, est-elle structurée, organisée (plans, montage, spatio- temporalité…) – "configurée" - pour parler aux spectateurs. • La configuration est un procédé extrêmement complexe au cinéma (bien plus qu'en littérature) ce qui implique qu'elle n'y relève pas d'une typologie unique; il existe donc différents types de configuration: synthétique ou analytique; articulée sur l'exploitation expressive de la musique ou sur le refus de celle-ci; l'amplification ou la minimisation de la donnée dialogique… • Cette configuration, cette structuration, doit déboucher sur quelque chose et Ricoeur va l’appeler la refiguration. 3) La refiguration : • La refiguration est le processus interprétatif qui permet au spectateur de "reconstruire" ce qu'il a vu, l'histoire qui lui a été présentée. Pour Ricoeur, la refiguration témoigne du degré d'impact de l'œuvre sur le spectateur qui est alors amené à la "reconstruire", la "recommencer"; l' "interprèter" (la raconter à sa propre façon). • La refiguration implique un double processus dans le chef du spectateur : • Interpréter et décoder, • Ressentir une émotion. • La refiguration est le seul processus de la tripartition mimétique qui soit arbitraire, subjectif. Certains cinéastes sont par ailleurs très conscients de ce processus de refiguration, à tel point qu'ils l'intègrent dans leur œuvr PPPasolini: Edipo Re, 1967 • Procédés filmiques utilisés • Histoire de la naissance d’Œdipe dans les années 30. On voit un plan d’ensemble révélant une maison bourgeoise, statue en avant-plan. • Très vite, on a un raccord de montage, une coupe dans le plan , qui nous ramène à la terrasse et à la fenêtre. • Travelling subjectif : caméra "voyage". : on avance avec elle pour avoir accès à la naissance. C’est le bébé des origines, le début des commencements. Un incipit (= un jour, dans cette maison, un bébé est né). • On a un raccord discontinu. On passe à une prairie avec un chemin. Plan disruptif. C’est un cinéaste de la simultanéité des effets. Ce plan est en profondeur de champ (On ne distingue que les silhouettes). Edipo Re 2 • C’est du cinéma de poésie. La proximité émotionnelle et poétique sera équivalente à la polysensorialité. Tous les sens sont sollicités : ouïe, tactile, visuel, etc.. • C’est ce qu’on appelle l’apparition du tempo musical. Il trouve dans la configuration du récit un élément musical qui suggère son état d’esprit. On entend l'adagio de Mozart (et on l’entendra à chaque fois dans ce type de situation). Cette musique est une cellule autonome de sens. Edipo Re 3 • Pasolini compose lui-même des théories sur l’image et sur le son. Il propose la notion de subjective indirecte libre = "je" (Pasolini) exprime une subjectivité par un intermédiaire (un carton comme le pratiquait le cinéma muet). Il créé ce terme ainsi que celui de cinéma de poésie en théorie du cinéma. (cf. L’expérience hérétique, Paris, Payot, 1976) Il utilise la deuxième personne du singulier : “tu es né pour prendre ma place dans ce monde”. Pasolini préfigure ce qui va se passer dans la configuration de l’histoire. • Que se passe-t-il quand les pensées du personnage ne sont pas relayées par un dialogue :l'utilisation de la subjective indirecte libre constitue une anticipation sur la refiguration : comment interpréter cette histoire ? Comme un mythe, un paradigme, un modèle. Edipo Re 4 • Quel est le rapport dans Œdipe entre connaissance, révélation et secret ? Mythe repose sur dualité révélation/occultation. La grande différence est qu'ici la révélation prévaut sur la connaissance et l’occultation. • Mécanisme accumulatif : plus il avance, plus il est aveuglé. Plus il veut découvrir, moins il voit. Manifestation de la subjective indirecte libre et travelling subjectif : on bouge, est aveuglé au même moment que lui. Niveau sonore insoutenable (flute mise en avant de manière exagérée). • Psychanalyse freudienne du plaisir de la non-connaissance. La philosophie de la mère est plus amorale que celle du fils. Ce qui gouverne la mère, c’est le principe de plaisir. Edipo Re: 5 • Refiguration : interprétation de l’oeuvre. Se pose le problème de la réception de l’oeuvre. On créé un texte et on veut l’interpréter. La tragédie est tout à fait paroxystique (mort, suicide, sacrifice annoncé, acte criminel, etc.). • La première conclusion : Œdipe se crève les yeux, il est mis devant l’évidence même de la tragédie. • Pour Pasolini, quand on cherche à adapter un grand mythe de l’histoire de l’Humanité, il convient de lui donner une morale. Donc, dans la refiguration, il va revenir à la préfiguration, c’est-à-dire au monde contemporain, à Bologne en 1965. Il va transformer l’aveugle, l’inceste, en quelque chose de de contemporain. Sibirska Ledi Makbet, A.Wajda, 1962: 1 • A.Wajda est préoccupé par la transformation des grands mythes, des grandes histoires. • Il va chercher Lady Macbeth du district de Mtensk de Nikolas Leskow, qui transpose Macbeth au XIXe siècle en Russie. La trame est la même que dans Shakespeare, même principe (meurtrière) face à son mari assez faible, et donc il va le transférer dans un cadre villageois russe qui n’a plus rien à voir avec le cadre d’origine. • Leskow a l’idée de projeter Lady Macbeth dans un espace où il établit une circulation des symboles et des objets dans l’hypothèse très claire de l’anticipation (sorcières, rêve avec le cochon comme signe de mauvais augure, etc.). Sibirska Ledi Makbet 2 • Ce qui va nous frapper très fort, c’est la mise en scène, le rythme. Les cinéastes des pays de l’Est ne favorisent pas le dynamisme. C’est souvent assez lent : cinéma de contemplation • Il y a une matérialité des objets qui est beaucoup plus grande. Toute la symbolique religieuse relève du décor ou de la météorologie deviennent "personnages”. • Enfin, Lady Macbeth est également un opéra par Dimitri Chostakovitch : ensuite récupérée pour le cinéma. C’est donc un discours parallèle (ouverture, développement, thèmes, variations, etc.). La configuration du film est double : visuelle et auditive. • Wajda intègre la citation de Shakespeare : préfiguration, préparation à l’histoire qui va suivre, actualisation pour le spectateur par renvoi à la tragédie shakespearienne. Sibirska Ledi Makbet 3 • On uploads/Litterature/ plan-curs-domnica-nasta.pdf
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- Publié le Mar 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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