Les étapes d’une lecture thématique étant définies, il s’agit d’aborder à prése

Les étapes d’une lecture thématique étant définies, il s’agit d’aborder à présent la conception du texte qui est présupposée par cette approche et d’indiquer, aussi précisément que possible, les rapports qu’elle induit entre l’auteur, l’oeuvre et son lecteur. Si l’on s’en tient, pour des raisons pédagogiques, comme il a été précisé plus haut, à un modèle unique de lecture thématique (celui que défend et illustre J.P. Richard), nous définissons la lecture par l’approche thématique comme l’acte consistant, pour le lecteur, à déployer l’imaginaire d’un texte et celui d’un auteur. L’acte de lecture est d’abord entrée dans le monde du texte, monde saisi à travers « les éléments primitifs fournis par la sensation ou par la rêverie »33. Il est aussi et parallèlement construction d’un monde faisant appel aux ressources imaginantes du lecteur. L’approche thématique, en effet, n’a jamais récusé la part active et coopérative du lecteur. Plus qu’avec les autres méthodes du texte, les lectures réalisées à travers ce modèle d’approche se définissent comme « des parcours personnels »34. La subjectivité du lecteur s’exerce aux différentes étapes d’une telle lecture, en particulier lors de l’identification des thèmes ou des motifs saillants d’une oeuvre. Dans une certaine mesure, l’approche thématique pourra être discriminante par l’attention toute personnelle que le lecteur prête aux thèmes et aux motifs du texte, « accusant certains traits, négligeant certains autres »35. Si l’oeuvre est l’expression d’un « univers imaginaire » personnel, conçu comme un « réseau organisé d’obsessions »36, elle s’offre au lecteur comme un système complexe à découvrir. Chaque texte, ainsi abordé, sera considéré comme un élément susceptible de renvoyer à l’ensemble et de déployer, dans l’espace restreint du fragment, les virtualités du monde personnel de l’artiste. Une telle lecture qui prend la sensation comme point de départ, puisqu’elle se fonde sur la perception d’un « certain attachement à la matérialité du monde » et sur l’identification de « l’originalité d’une assise sensorielle »37, définit le texte comme la manifestation d’une expérience humaine et d’une manière personnelle d’être au monde. Le texte se présente dès lors au lecteur comme un « paysage », c’est-à-dire comme un espace et comme un ensemble d’éléments inscrits dans cet espace et renvoyant par implication à « la visée d’un champ perceptif et imaginaire, singulier »38. Le rôle du lecteur ou du critique, dans une démarche thématicienne, consiste à repérer par condensation les éléments qui composent le monde du texte en privilégiant certaines données. Cette lecture, qui est reconnaissance et construction des structures secrètes d’une œuvre, « doit avoir une seule impérative qualité : la cohérence »39. Dans la mesure où il vise à rejoindre aussi près que possible l’expérience sensible de l’écrivain, le lecteur n’hésite pas à « entretenir avec lui des rapports de voisinage [...] : le commentaire reprend des mots du texte, en les enchâssant dans son propre discours : les voix de l’auteur et du critique s’interpénètrent et ne se distinguent que pour mieux se faire complices »40. uploads/Litterature/ les-etapes-d.pdf

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