Fiche de lecture : LA MACHINE INFERNALE de Jean Cocteau Œdipe et le Sphynx - In

Fiche de lecture : LA MACHINE INFERNALE de Jean Cocteau Œdipe et le Sphynx - Ingres 1. Biographie et bibliographie de l'auteur (les éléments essentiels) ………. ce qui est le plus important Né à Maisons-Laffitte, le 5 juillet 1889. Issu d’une famille de la grande bourgeoisie parisienne, Jean Cocteau fit ses études au lycée Condorcet à Paris. Il était âgé de neuf ans lorsque son père se suicida. Esprit artiste, esthète au tempérament de dandy, il publia ses premiers poèmes dès 1909 et devint une des figures à la mode du Tout-Paris et des salons que fréquentaient les Daudet, la comtesse de Noailles, Marcel Proust. En 1913, la création par Diaghilev du Sacre du Printemps de Stravinski fut pour lui une véritable révélation, qui devait influencer l’ensemble de son œuvre protéiforme. Engagé comme ambulancier pendant la Première Guerre mondiale, il se lia d’amitié avec Apollinaire. L’entre-deux-guerres devait être pour Jean Cocteau, au faîte de sa gloire, une période d’intense créativité, placée sous le signe de l’avant-guarde. Il collabora avec des musiciens tels Érik Satie (Parade, 1917) et Darius Milhaud, comme avec des peintres célèbres. Il témoigna dans son écriture d’une égale curiosité, s’essayant à la poésie d’inspiration futuriste, dadaïste ou cubiste : Le Cap de Bonne Espérance (1919), au roman poétique : Le Potomac (1919), Thomas l’imposteur (1923), Les Enfants terribles (1929). Il occupa également une grand place dans le théâtre, avec Les Mariés de la tour Eiffel (1924), La Voix humaine (1930), La Machine infernale (1934), Les Parents terribles (1938), Les Monstres sacrés (1940), La Machine à écrire (1941), L’Aigle à deux têtes (1946), Bacchus (1952). Enfin, le cinéma devait à son tour attirer Jean Cocteau, qui donna au septième art des films et des scénarios marquants, parmi lesquels on citera Le Sang d’un poète (1930), L’Éternel retour (1943), La Belle et la Bête (1945), Les Parents terribles (1949), Orphée (1950), Le Testament d’Orphée (1960). Il convient d’ajouter encore à la palette variée de ses talents celui de dessinateur et de peintre. On lui doit, outre des albums, la décoration des chapelles de Villefranche-sur-Mer et Milly-la-Forêt. Génial « touche-à-tout », passé maître dans l’art du sortilège, ce créateur que son originalité empêche d’enfermer dans telle ou telle mouvance littéraire ou artistique ne se voua qu’à un seul maître : l’étonnement — le sien comme celui des autres. Jean Cocteau fut élu à l’Académie française le 3 mars 1955 au fauteuil de Jérôme Tharaud, par 17 voix contre 11 à Jérôme Carcopino. Mort le 11 octobre 1963 à l’âge de 74 ans. 2. Thèmes et registres Les dieux – l’imaginaire On retrouve dans cette pièce la mythologie grecque. « Delphes », « Apollon » sont représentatifs de l’Antiquité grecque. Cependant, la pièce se passe en Egypte car Thèbes est une ville égyptienne, mais aussi car il y a le « Sphinx » qui représente en quelle que sorte l’Egypte ancien. Ce Sphinx et néanmoins très humain : _ représenté par une jeune fille : « une petite fille de dix-sept ans » p.92 _ tombe amoureuse de Œdipe et le sauve de soi même : « vous revoilà femme » p.105 La violence Cette pièce est imprégnée de violence. Cette violence est en rapport avec le thème principal et les protagonistes. Les éléments qui évoquent cette violence sont : _ « les pieds troués et liés, sur la montagne » (p.11) _ « pendue à son écharpe » (p.180) _ « il se donne des coups dans les yeux avec sa grosse broche en or. Il y a du sang partout. » (p.184) _l’idée même d’un parricide et d’un inceste est violente. Cette violence renforce l’aspect tragique de cette pièce. Le mensonge Les protagonistes vivent dans un mensonge constant. Cet aspect accentue leur solitude et leur culpabilité face à leur destin. En exemple de mensonge on peut citer la page 150 quand Œdipe raconte à Jocaste sa rencontre avec le Sphinx : bien évidemment il ne peut lui avouer que le Sphinx, amoureux de lui, lui a posé une question à laquelle il avait déjà répondu lui-même auparavant : « Quel est l’homme qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux pattes à midi, sur trois pattes le soir » (p. 102 et 104). Il ne peut, non plus, lui faire par de son manque de courage : « Mérope !...Maman ! » (p.102) Au lieu de cette dure vérité, Œdipe lui raconte des péripéties pleines de mensonges : « Je venais d’entendre une sorte de chant. […]et je rampai » (p.150) Jocaste, elle aussi ment car elle a peur d’avouer qu’elle a abandonné un enfant et va inventer des histoires de « lingère » (p.181). Fatalité et libre arbitre La grande question que pose la pièce de Cocteau est : est-ce que l'homme est maître de son destin ? et par conséquent, l'homme est-il responsable ? A en croire l'oracle : « Tu assassineras ton père et tu épouseras ta mère » (p.91), le destin d'Oedipe était tracé avant même sa naissance et il s'est réalisé puisque de fait il a tué son père et épousé sa mère. Dés lors Oedipe n'est pas un homme libre et aucun de ses actes ne relève de sa propre volonté. Cette prédestination reconnaît la toute puissance des dieux qui font accomplir à l'homme ce qu'il ont décidé pour lui. Le hasard n'existe donc pas. C'est accorder un rôle minime à l'homme qui n'est en somme qu’une marionnette articulée qui vit dans l'illusion de sa liberté. Ici, cette prédestination est fatale : « les présages vous sont funestes » (p.131). Œdipe est mené par son destin, le « libre arbitre » (p.132). La machine infernale est mise en œuvre par les dieux : c’est la fatalité. Malgré la fatalité, les deux protagonistes de cette histoire essayeront en vain de déjouer l’oracle. Tout d’abord, Jocaste essaye de déjouer l’oracle d’Apollon en abandonnant son fils : « Jocaste, reine de Thèbes, abandonne son fils, les pieds troués et liés, sur a montagne » (p.11). Puis, Œdipe pense déjouer l’oracle de Delphes en quittant Polybe et Mérope : « fuir la cour » (p.91). C’est seulement lors du dénouement fatal qu’ils comprendront qu’ils n’ont rien déjoué : ceci renforce la fatalité. Une fin tragique La fin est d’autant plus tragique que Œdipe croyait avoir déjoué son destin. Mais à la fin « lumière est faite » et le dénouement se révèle tragique. Cette fin brutale et inattendue remet les choses à leur places : « Tu es le fils de Jocaste, et de Laïus tué par au carrefour des trois routes » (p.183). Les paroles de Œdipe résonnent comme un repentir « J’ai tué celui qu’il ne fallait pas. J’ai épousé celle qui ne fallait pas » (p.183). Ces paroles et son état final (après qu’il se crève les yeux) provoquent même la pitié et la compassion chez le lecteur. L’héros romantique On peut considérer Œdipe comme un héros romantique puisqu’il en présente toutes les caractéristiques. La fatalité le domine : fatalité familiale (parricide et inceste), fatalité divine (l’oracle), déterminent Oedipe dans ses pensées et dans ses actions (quitter Polybe et Mérope, vaincre le Sphinx). Il est incapable de lutter contre le destin qui s'acharne contre lui. Œdipe est un personnage tiraillé, c’est pour cela que l’on retrouve une forte ambivalence de ce personnage : sauveur et souilleur de la cité (sauve la cité du Sphinx mais il est la cause de la peste : «les dieux punissent la ville et veulent une victime » p.177), vénéré et rejeté (pour les mêmes raisons), clairvoyant et aveugle (essaye de prévoir mais se trompe), actant et passif (a sauvé la ville du Sphinx mais ne fait rien contre la peste), coupable et innocent (il ne pouvait savoir que Jocaste et Laïus étaient ses parents mais il a pourtant commis les deux crimes), fils et mari (pour Jocaste), héros et banni (Sphinx et peste), heureux et malheureux (heureux au début, malheureux à la fin), sont autant d'antithèses pour dire tout le tragique de la conscience d'Oedipe. Il est « un monstre » qui inspire la crainte mais aussi une victime qui éveille la pitié. Son parcours est couvert d'obstacles qu'il lui faut surmonter, sans que pour autant il parvienne à retrouver la quiétude. Plus il progresse, plus il s'enfonce dans son malheur. Il connaît son destin malheureux même s’il n’y croit pas, car il pense l’avoir déjoué : « Croyez-vous qu’on puisse les déjouer ?/ J’en suis la preuve » (p.131). 3. Passages appréciés, dépréciés et jugement personnel Ce que je n’ai pas tellement aimé dans ce livre c’est que dès le début on connaît toute l’histoire. A mon avis, Jean Cocteau aurait dû omettre les pages 11 à 13. Je pense que sans ces pages le livre serait plus intéressant ! On aurait du suspens jusqu’à la fin ! Ce livre reste, tout de même très intéressant et les premières pages sont après tout justifiables (Jean Cocteau a peut-être pensé qu’en écrivant ces pages le lecteur comprendrait uploads/Litterature/ la-machine-infernale.pdf

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