1 LA FRICHE URBAINE : DECHET OU RESSOURCE ? Université Paris 8— Vincennes-Saint
1 LA FRICHE URBAINE : DECHET OU RESSOURCE ? Université Paris 8— Vincennes-Saint-Denis—Année 2006 THESE pour obtenir le grade de Docteur de l’université de Paris 8, discipline : Architecture Présentée et soutenue publiquement par : HELENE SOULIER Directeur de thèse: Jean-Louis Cohen, professeur des Universités 2 3 4 5 Université de Paris 8, discipline : Architecture HELENE SOULIER LA FRICHE URBAINE : DECHET OU RESSOURCE ? Directeur de thèse : Jean-Louis Cohen, Professeur des Universités 7 Remerciements Je dois toute ma reconnaissance à Jean-Louis Cohen, mon directeur de thèse, qui m’a prodigué, pendant ce projet, ses conseils vifs et justes ; qu’il soit aussi remercié de m’avoir accueillie, paysagiste parmi les architectes. J’aimerais également confirmer tout le respect que j’ai pour Henri Bresler, dont j’ai apprécié le « ton » de pédagogue, et dont la présence amicale m’est précieuse dans mon parcours d’enseignante. Je ne manquerais de réserver un remerciement chaleureux à l’équipe du « Petit Séminaire », collectif de doctorants qui œuvre depuis 2000 : Pierre Chabard, Bénédicte Grosjean, Solenn Guével, et Clément Orillard, pour la précision du regard critique, acquise au long de ces six années, et la remise en cause perpétuelle de nos travaux respectifs, dans le respect de nos tempéraments individuels de chercheurs en architecture. Claire Juillard, devenue récemment docteur de l’EHESS, de passage à notre séminaire, m’a également aidée, au travers de ses précieux conseils de dernière minute, et de ses relectures. J’aimerais saluer la personnalité de Bruno Tanant, paysagiste DPLG et enseignant à l’Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles, en qui j’ai trouvé lors de mes premiers projets en agence un écho conceptuel des plus stimulants et dont je me rappelle l’enseignement non conventionnel, saisissant. Je remercie également Pierre Donadieu qui m’a accueillie dans son séminaire les premières années de ma thèse, à l’ENSP. Des amis, également, ont soutenu ce travail, Alexandra Biehler, Elodie Bortoli, Etienne Cavalucci, Grégory Ouint, Marc Levey, Renaud Paque, Marie-Marie Pennicaud, Anne-Sophie Perrot, mais 9 surtout, l’ont compris dès le départ, redisant leur conviction de la nécessité d’une expression multiple de notre métier de paysagiste. Le soutien plus qu’administratif, amical, de Christine Belmonte et de Murièle Fréchède me fut précieux, Christine Belmonte en sa qualité de secrétaire du DEA « Projet architectural et urbain, théories et dispositifs » aujourd’hui disparu, mais aussi immuable soutien de tous les doctorants, et Murièle Fréchède au bureau de la pédagogie, présence chaleureuse dans mon parcours d’enseignante. A l’ENSAPB également, ma gratitude va à David Elalouf, architecte dont la précision intellectuelle m’a beaucoup apportée, dans l’enseignement que j’ai partagé avec lui. Un grand merci pour la confiance qu’il m’a accordée. Je remercie, en outre, Valérie Ebersohl et Pascal Denègre, de l’Etablissement public du parc et de la grande halle de La Villette qui m’ont généreusement ouvert les portes du château au début de ma thèse, toujours prêts à évoquer le passé avec enthousiasme et critique. Qu’un hommage soit rendu à Frédéric Vidalens, peintre et son épouse Geneviève, qui avaient saisi l’enjeu de ce travail ; et que la présence d’Alexandra, Gabrielle, Patrice et Laurent Soulier, de Jean-Pierre Sachs, et d’Hélène Prost soit vivement remerciée. Enfin, ma reconnaissance va à David Haudiquet, paysagiste DPLG, et miroir de cette lente fabrication intellectuelle. Je salue son esprit curieux, critique, et l’être passionné de paysage sous toutes ses formes, théoriques et pratiques. Que son accompagnement quotidien soit ici remercié, ainsi que ses conseils bienveillants. Au plus près de moi, également, que les sourires d’A. et M. continuent d’irradier. 10 11 Sommaire Remerciements 7 INTRODUCTION 15 chapitre 1. Le délaissement urbain, entre abandon et projet 17 chapitre 2. Quelle méthodologie pour envisager les friches? 43 partie I. Analyser les friches. Le bilan des institutions 59 chapitre 3. L’observation des friches 71 chapitre 4. L’évolution sensible du regard sur les friches entre 1979 et 1985 91 chapitre 5. L’apparition des friches dans le champ du paysage 113 partie II. Questionner des terrains parisiens en friches. La commande des maîtrises d’ouvrage 149 chapitre 6. La géographie des terrains 157 chapitre 7. La prise en compte des terrains dans les programmes 177 chapitre 8. Programmer un parc parisien des années 1980 197 partie III. Projeter sur des friches. Le projet de paysagiste 207 chapitre 9. Le « site » et le projet 213 chapitre 10. La manisfestation du site dans les projets 237 chapitre 11. Les friches comme sites de projets particuliers 287 Conclusion 295 Bibliographie 317 12 13 Avant-propos « Friche désigne depuis l’ancien français une terre qu’on laisse reposer, notamment dans l’expression en friche (v. 1270). Au figuré friche se dit (v. 1460) de ce qu’on laisse sans soins et spécialement d’un domaine intellectuel laissé inexploité » Entre le propre et le figuré, un monde. Le repos, salvateur, de la terre laissée un temps et l’image d’un territoire, même intellectuel, privé de soins définissent la friche. Allant contre nature, nous tenterons de porter attention à la friche, faisant d’elle le centre de notre intérêt, pour que, loin d’être abandonnée, elle soit pour une fois la vedette. Alain Rey (dir.), Le Robert, dictionnaire historique de la langue française, tome 2, Paris, Le Robert, 2000, (rééd. 1992), p. 1515. 14 15 INTRODUCTION Le premier chapitre de l’introduction « Le délaissement urbain, entre abandon et projet » sera réservé à l’énonciation d’une première question, essentielle parce qu’elle est à l’origine de l’acte même d’entamer une recherche sous une forme doctorale. Nommée « question de départ », elle prend sa force dans l’intuition, et même le désir. Pour transformer les intuitions en certitudes, une confrontation de cette question à ce que d’autres chercheurs ou auteurs en ont écrit, parfois de manière tangente, parfois totalement « dans le sujet », est nécessaire. Au terme de ce tour d’horizon des savoirs, il sera alors temps de préciser comment notre question se remodèle au contact de ces écrits, et d’annoncer une problématique qui nous est personnelle. Introduire une thèse, enfin, requiert l’énonciation du dispositif méthodologique utilisé pour la recherche. Dans le deuxième chapitre « Quelle méthodologie pour envisager les friches? », la période sur laquelle porte le travail, le corpus et les méthodes mobilisés seront explicités. Ce chapitre se refermera sur un bref résumé des chapitres, auquel le lecteur pourra se référer à n’importe quel moment de la lecture. 16 17 Chapitre 1- Le delaissement urbain, entre abandon et projet A- La friche urbaine, un abandon involontaire Le rythme des saisons fait qu’après la période de croissance des végétaux, advient un moment pendant lequel tout ce qui est mort tombe au sol et se dégrade lentement jusqu’à devenir un humus, changeant alors les matières pourrissantes en des terreaux fertiles. La dégradation n’est donc pas forcément synonyme de mort. La jachère le montre aussi : on abandonne la terre un moment, volontairement, pour qu’elle se repose et se régénère. Le délaissement intentionnel et temporaire peut ainsi faire partie d’une stratégie d’aménagement, au sens d’aménager la terre. Laissant de côté l’abandon intentionnel, que définit plutôt la jachère, nous nous intéresserons à l’abandon et à sa dégradation conséquente non planifiés du territoire urbain, manifestés par ces espaces qui n’ont plus d’affectation parce qu’ils sont devenus obsolètes, plus à jour, et donc inutiles. Le délaissement urbain qui nous occupe pourrait apparaître comme la notion inverse de celle de projet, puisqu’il qualifie ce qui est laissé sans soin, sans contrôle, soumis au temps ; il est étranger, de fait, aux principes qui fondent la planification urbaine. C’est pourtant dans la dissemblance évidente de ces deux notions, abandon et projet, que notre recherche trouve son point de départ. Dans leur dernier ouvrage, Jacques Revel et de Jean-Claude Passeron interrogent une question centrale de la recherche en Jacques Revel, Jean-Claude Passeron, Penser par cas, Paris, Ed. de l’EHESS, 2005. 18 sciences humaines : comment généraliser un objet à partir de considérations toutes particulières? Comment les petites choses de tous les jours, le banal, le local, la petite échelle, le détail saisissent- ils une puissance dans l’évocation du général? Si la nouvelle histoire avait déjà rangé de côté le récit des grandes batailles, la microhistoire à laquelle l’historien et le sociologue font référence, ne cesse de marginaliser les grandes dates pour, au contraire, mettre en évidence la force du particulier. De même, peut-on considérer le projet de paysage à partir de composants spatiaux qui sont non seulement spécifiques mais, plus, qui en sont apparemment étrangers? En effet, en regardant les objets de l’urbain et la pratique planificatrice, les friches se révèlent être les seules qui ne sont pas issues d’un geste projectuel. Elles échappent au projet, provenant d’un autre champ, on le verra, aux origines avant tout économiques. Sans doute, en faisant un détour par la terminologie de ces composants urbains dans l’histoire contemporaine, nous évaluerons encore mieux la singularité de ces friches. B- « Terrains vagues », « friches », « délaissés » : un éclairage sur des nuances terminologiques Pour notre recherche, une catégorie d’espace s’est immédiatement imposée : celle des friches. Cependant, puisque notre préoccupation est de uploads/Litterature/ la-friche-dechet-ou-ressource.pdf
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- Publié le Sep 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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