0 Mémoire soutenue le 8 septembre 2021 (session 2) : Devant la commission d’exa

0 Mémoire soutenue le 8 septembre 2021 (session 2) : Devant la commission d’examen composée de : Laurence CORBEL, Professeure, Université de Rennes 2, France / examinatrice Emeline JARET, Professeure, Université de Rennes 2, France / examinatrice Sandrine FERRET, Professeure, Université de Rennes 2, France /correctrice de mémoire/ directrice de recherche. MEMOIRE / UNIVERSITE DE RENNES 2 UFR Arts, Lettres, Communication Pour obtenir le grade de : MASTER DE L’UNIVERSITE DE RENNES 2, Mention : Recherche. LA NARRATIVITE TEXTE/IMAGE : UN ESPACE OUVERT POUR ACCUEILLIR DES HISTOIRES DE NOIRS DANS UNE HISTOIRE DE BLANCS Présentée par : Aïda DERA ILLA SALIFOU Préparé dans le département des Arts Plastiques 1 2 Table des matières Introduction : ................................................................................................................................. 4 A) Rôle images ....................................................................................................................... 11 1/ Féminisme civilisationnel/Féminisme décolonial..................................... 11 2/ Des images, des symboles ........................................................................ 23 B) Rôle textes ............................................................................................................................. 39 C) Coloniser les images. .................................................................................................... 51 D) La narrativité des images et des textes au service de la mémoire collective ....................................................................................................................................... 61 a/ Mettre en lumière la mémoire des images : Warburg, Didi-Huberman, ... 61 b/ Ré-inventer une histoire par le récit des images, travail d’Alfredo Jaar Rwanda Project .............................................................................................. 66 Conclusion : .................................................................................................................................. 72 La bibliographie .............................................................................................................................. 76 Ouvrages de référence : ........................................................................................................... 76 Article de revue : ........................................................................................................................ 76 Catalogues d’exposition .......................................................................................................... 78 Sites internet ................................................................................................................................ 78 Encyclopédie ................................................................................................................................ 80 Conférence .................................................................................................................................... 81 3 4 Introduction : Les sciences sociales et humaines m’inspirent, et notamment ce qui différencie les individus. Je me suis beaucoup intéressée au racisme après les nombreux évènements qui se sont produits au cours de l’année 2020 à 2021 tel que la mort de Georges Floyd, le rappel de la mort d’Adama Traoré et les soulèvements des manifestations Black Lives Matter. Ces évènements m’amènent à me pencher sur le racisme et m'incitent à connaître les témoignages de celles et de ceux qui le vivent en France dans le cadre des arts plastiques. Car il me semble cohérent de donner une voix « aux artistes, théoriciens, historiens d’art et quidams qui travaillent à briser la matrice esthétique1». En effet, les acteurs des différentes scènes sont inévitablement enfermés dans des structures imposées par les grands modèles dominants. Ce mémoire me permet sans doute d’interroger la colonialité des savoirs dans les structures sensibles dans l’art contemporain. La narration en tant que texte et en tant qu’image prend une place importante dans mon mémoire : la narrativité textes/images, un espace ouvert pour accueillir des histoires de noirs dans des histoires de blancs/. Selon moi, cet espace est ouvert pour accueillir des histoires postcoloniales. La narrativité correspond à ce « qui accorde une large place aux narrations, qui utilise des récits2. » Certains textes et images rendent visible une expérience de la violence esthétique puisque « l’art possède ses propres modèles de colonialité.3 » Tout comme le groupe Minorit’Art, ce qui m’importe ce sont les contenus qui informent sur les différentes manifestations de colonialité. Selon Tim Ingold, il est important d’accepter d’être affecté, car cela nous trouble et nous engage à penser autrement, cela nous permet de vivre à la place de l’autre. Selon lui, le fait d’être affecté n’est pas un signe de non science. C’est au contraire faire preuve d’humanité, les sentiments font partie intégrante de l’être humain et tenter d’y échapper c’est comme si l’on cherchait à se dénaturaliser ce qui n’est pas possible. 1 Cécilia, Bracmort, Mildred, Cabrejas Quintan, Karla Cynthia Garcia, Martinez, Géraldine, Entiope Eddy Firmin, Claude, Bourguignon Rougier, Sarah, Tchou, « Colonialité esthétique et art contemporain » Minorit’Art –Revue de recherches décoloniales. 2018, n°2 p.2, URL : http://reseaudecolonial.org/wp- content/uploads/2018/07/minoritart-numero-2-Mj-30-juillet-2018.pdf (page consultée le 31/05/2021). 2 CNRTL, Narrativité. CNRTL, URL : https://www.cnrtl.fr/definition/narrativit%C3%A9 (page consultée le 18/04/2021). 3Cécilia, Bracmort, Mildred, Cabrejas Quintan, Karla Cynthia Garcia, Martinez, Géraldine, Entiope Eddy Firmin, Claude, Bourguignon Rougier, Sarah, Tchou, « Colonialité esthétique et art contemporain » Minorit’Art –Revue de recherches décoloniales. 2018, n°2 p.3, URL : http://reseaudecolonial.org/wp- content/uploads/2018/07/minoritart-numero-2-Mj-30-juillet-2018.pdf (page consultée le 31/05/2021). 5 Donc je souhaite reprendre la méthode de Tim Ingold, essayer d’expliquer comment je peux à la fois vivre le racisme dans mon quotidien et parler du racisme de manière objective. Je suis une femme noire. Assez rapidement, j’ai vécu cette sensation de vie insoutenable et compliquée à l’école primaire. Vivre le rejet très jeune et surtout à cause de sa couleur est vraiment douloureux. Je suis née à Niamey capitale du Niger. C’est à peine si je me souviens de ce qu’est le Niger : pays couvert en grande partie par un désert sablonneux aux couleurs dorées, une chaleur qui englobe tout, des voisins chaleureux, une famille aimante… Une vue d’ensemble sans une connaissance approfondie du pays. Simplement quelques fragments de souvenirs, d’odeurs, de visages… C’est en France que j’ai grandi. Dès l’âge de 7 ans, en 2004, j’ai tout quitté pour me retrouver en France. Mes amis dont il ne me reste plus aucun souvenir clair mis à part leurs sourires, mes grands-parents qui ont pour la plupart aujourd’hui disparu, tous sont restés derrière moi. Le seul souvenir encore resté intact dans ma mémoire est que j’ai souffert d’une forme de pneumonie, une maladie infectieuse qui touche principalement les voies respiratoires et les poumons. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé mes parents à immigrer en France, car les soins médicaux sont plus évolués en France qu’au Niger à cette époque. Par la suite, mes parents ont eu beaucoup de mal à trouver un emploi digne de leurs études respectives. Ma mère, malgré un DUT en génie mécanique, un DEUG en sociologie et un diplôme en comptabilité et gestion de paie, n’a pu être embauchée qu’en tant que technicienne de surface dans une société d’entretien en 2004. Ceci étant, elle a tout de même occupé un poste de comptabilité en CDD après quelques années en France. Mais, elle a aussi dû se résoudre à l’abandonner très vite en acceptant de bon cœur que son contrat ne soit pas renouvelé. Elle ne supporte ni le fait d’être rabaissée ni la pression de certains de ses collègues en raison de sa couleur. On aménage dans un immeuble près de l’école primaire du Colombier, en 2004. Tout se passe bien jusqu’à ce que certains de nos voisins prennent connaissance de notre religion. C’est alors qu’un déferlement de haine s’est enclenché. Pour commencer, quelqu’un s’est donné pour mission de vider des poubelles devant notre porte, laissant un mot : sales arabes rentrez chez vous ! L’un des résidents a déposé un matelas en décomposition devant le pas de notre porte d’entrée. Un autre a déposé une bible, encore en notre possession, devant notre porte : les quatre évangiles de Matthieu. Allez donc comprendre le sens de ce geste. 6 Quelle place occupe donc le racisme dans le quotidien de ceux qui le pratiquent ? Et surtout pourquoi ? Qu’est ce qui poussent les êtres humains à disposer de tant de haine jusqu’à en perdre la raison ? Lorsque l’on ne parle pas de la violence policière envers une catégorie d’individus, c’est le port du voile qui apparaît comme un problème majeur car, il semble que ce soit un signe de soumission à l’homme. De nombreux médias focalisent tellement leur attention sur les musulmanes qu’ils sont arrivés à oublier le voile des nones qui existe également dans la tradition catholique. D’après Minorit’art , ce qui enrichit un projet, c’est lorsque «l’équilibre et le partage ne s’édictent pas depuis un modèle maître, mais depuis une renégociation permanente menant à un échange équitable entre espaces esthétiques4 » Qu’est-ce qui différencie l’image narrative et le texte narratif ? Il y a bien des éléments plus qu’évident qui différencie le texte de l’image. Dans la narration écrite, il existe deux types de structure d’un récit : le conte et l’histoire. Un conte est une affirmation due à une suite d’évènements qui se succèdent et qui mènent à une fin. Une histoire va chercher à expliquer, à prouver, grâce à plusieurs démonstrations et avec une bonne argumentation, qu’un évènement donné doit arriver. Pour convaincre, le cheminement de l’histoire doit être logique : il n’y a aucune autre solution possible. « Si le récit sous-tend les efforts de symbolisation et commande à la mise en forme langagière, il trouve son ancrage dans l’expérience vivante d’un sujet sensible et percevant5. » « En plus des mots, une autre force est à l’œuvre qui crée du sens dans l’esprit du lecteur6. » Il y a également une forme de récit que l’on retrouve au sein des œuvres d’art et ce qui m’intéresse, c’est la forme narrative au sein d’une image fixe. L’image invite à s’interroger, de par sa nature iconologique, sur les sens socio-culturels qu’elle propage. Envisager la narration visuelle dans un prisme socio-culturel dans une optique d’émancipation coloniale semble être un défi de taille. Je souhaite, par cela, savoir s’il y a des solutions à apporter au racisme grâce 4 Cécilia, Bracmort, Mildred, Cabrejas Quintan, Karla Cynthia Garcia, Martinez, Géraldine, Entiope, Eddy, Firmin, Claude, Bourguignon Rougier, Sarah, Tchou « Colonialité esthétique et art contemporain » Minorit’Art –Revue de recherches uploads/Litterature/ la-narrativite-texte-image-un-espace-ouvert-pour-accueillir-des-histoires-de-noirs-dans-une-histoire-de-blanc 1 .pdf

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