Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 2004 This docum
Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal, 2004 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 03/19/2022 11:55 a.m. Meta Journal des traducteurs Translators' Journal La traduction audiovisuelle : un genre en expansion Yves Gambier Traduction audiovisuelle Audiovisual Translation Volume 49, Number 1, April 2004 URI: https://id.erudit.org/iderudit/009015ar DOI: https://doi.org/10.7202/009015ar See table of contents Publisher(s) Les Presses de l'Université de Montréal ISSN 0026-0452 (print) 1492-1421 (digital) Explore this journal Cite this article Gambier, Y. (2004). La traduction audiovisuelle : un genre en expansion. Meta, 49(1), 1–11. https://doi.org/10.7202/009015ar Meta, XLIX, 1, 2004 La traduction audiovisuelle: un genre en expansion yves gambier Université de Turku, Turku, Finlande gambier@utu.fi 1. Un genre populaire Chaque jour, nous sommes devant un écran. Un écran d’ordinateur pour rédiger, calculer, projeter, vérifier, contrôler, se renseigner, échanger; un écran de télévision pour s’informer, se divertir, se former; un écran de cinéma; un écran qui reçoit des vidéos domestiques, d’entreprises, des jeux, etc. Grands et petits, ces écrans diffusent des nouvelles, reflètent des cultures, manifestent des comportements, orientent nos idées et sensations, nous ouvrent à d’autres langues, à d’autres valeurs… On peut ne plus lire de journaux, de romans… mais il est difficile désormais, au moins dans nos sociétés postindustrielles, d’éviter de lire les écrits à l’écran – textes qui défilent, instructions, annuaires, encadrés, formulaires, tableaux synoptiques, dialogues sous-titrés, schémas de fonctionnement, etc. Dans certaines communautés, la télévision par exemple renforce les capacités de lecture ; elle aide à l’apprentissage des langues. Certaines chaines (BBC World, en GB; TV5 francophone; TV4 en Suède, etc.) ont compris ainsi le rôle des sous-titres intralinguistiques pour développer les compétences langagières des migrants, ou encore pour mieux intégrer les sourds et les malentendants. La traduction audiovisuelle (TAV) relève de la traduction des médias qui inclut aussi les adaptations ou éditions faites pour les journaux, les magazines, les dépêches des agences de presse, etc. Elle peut être perçue également dans la perspective de la traduction des multimédias qui touche les produits et services en ligne (Internet) et hors ligne (CD-ROM). Enfin, elle n’est pas sans analogie avec la traduction des BD, du théâtre, de l’opéra, des livres illustrés et de tout autre document qui mêle diffé- rents systèmes sémiotiques. La TAV (cinéma, télévision, vidéo d’entreprise et domestique, radio) est un domaine de réflexion et de recherche assez récent, notamment depuis le centième anniversaire du cinéma (1995). Depuis, le nombre de conférences, de thèses, de mé- moires, d’ouvrages, d’articles s’est multiplié rapidement. C’est aussi une pratique en plein développement et non sans contradictions ou paradoxes puisque les technologies permettent l’émergence de nouveaux modes de traduction mais que les conditions de travail sont affectées par cette évolution. Trois problèmes fondamentaux se posent dans le transfert linguistique audiovi- suel, à savoir la relation entre images, sons et paroles, la relation entre langue(s) étrangère(s) et langue d’arrivée, enfin la relation entre code oral et code écrit, impo- sant de se réinterroger sur la norme de l’écrit dans des situations où les messages sont éphémères. 2 Meta, XLIX, 1, 2004 2. Un genre aux multiples facettes Bien des écrits sur la TAV se sont bornés aux avantages et inconvénients respectifs du sous-titrage et du doublage. C’est une vision étriquée tant les modes de traduction se sont multipliés récemment. On peut distinguer 12 modes. A) La traduction de scénarios pour l’obtention de subventions, en particulier dans le cas de coproductions. Ces traductions ne sont pas visibles, car non éditées mais elles sont importantes pour mettre en route un projet de réalisation cinématographique ou télévisuelle. B) Le sous-titrage intralinguistique pour sourds et malentendants (closed caption) qui fait appel à divers relais comme le télétexte (n’exigeant pas de décodeur ad hoc) ou le format DVB (Digital Video Broadcasting) qui lui demande un décodeur externe au poste de télévision. C) Le sous-titrage interlinguistique (open caption), y compris le sous-titrage bilin- gue, tel qu’il est pratiqué dans des pays comme la Belgique, la Finlande, Israël, la Suisse (avec dans ce cas, une ligne par langue). Il faut faire trois remarques ici: – il existe des différences dans les images de cinéma, de télévision et de vidéo : nombre de pixels, contraste lumineux, vitesse de déroulement (24 ou 26 images/ seconde). Ces différences ne sont pas sans conséquence sur la qualité du sous-titrage et justifient qu’il faille refaire par exemple le sous-titrage d’un film passant sur le petit écran. Ainsi pour un long métrage 35 mm de 90 minutes, on pourra avoir 900 sous-titres dans la salle de cinéma, 750 pour la vidéo et 650 pour la télévision. – Le repérage ou détection des réparties (cueing ou spotting), avec codage tempo- rel ainsi que l’enregistrement, la visualisation ou affichage des sous-titres peuvent être réalisés par une même personne (par exemple dans les pays nordiques) ou par deux personnes distinctes: le traducteur qui n’est donc pas ainsi responsable jus- qu’au bout de son travail et un opérateur qui peut ignorer la langue de départ chargé de découper le texte traduit en sous-titres et d’inscruster ces derniers. Dans ce second cas, perdure souvent une mauvaise image de la traduction perçue comme du mot à mot, d’où le rejet du terme dans l’industrie de l’audiovisuel au profit de versio- nisation, de transfert. – Le traducteur a ou n’a pas la liste de dialogues de post-production (avec noms propres épelés, explication des mots rares, argotiques, dialectaux, etc.); il a ou n’a pas non plus la vidéocassette lui permettant de visionner et donc de comprendre le film, le programme dans toutes ses dimensions (à signaler qu’aujourd’hui, la cassette VHS peut être remplacée par un transfert par Internet ou par satellite sur le disque dur du PC). L’absence ou pas de ces moyens n’offre pas les mêmes conditions de travail et donc les mêmes possibilités de qualité. Ainsi le sous-titrage ne recouvre pas partout des pratiques similaires, des attentes identiques. D) Le sous-titrage en direct ou en temps réel, comme pour une interview ou lors de l’audition du Président Clinton, par exemple, accusé de harcèlement sexuel (1998), audition suivie sur la chaîne publique néerlandaise NOS grâce à une alternance de tels sous-titres et d’interprétations simultanées. E) Le doublage qui est synchronie labiale (quand les lèvres sont en gros plan ou en plan américain) ou synchronie temporelle (appelée encore « simple doublage ») quand les lèvres ne sont guère visibles ou que le visage est de trois quart, permettant plus de souplesse dans la traduction. Dans la synchronie labiale, il peut y avoir adap- tation créatrice: par ex. «I met him fifteen years ago» peut être doublé par «ça fait vingt ans que je l’ai vu». Le passage de 15 à 20 est possible s’il respecte la crédibilité et le sens global de la séquence ou du film. Le doublage connaitra des modifications dans sa pratique avec les technologies autorisant la manipulation des images. On notera l’existence également du doublage interlinguistique (cf. plus loin sur la double version). Par exemple, Trainspotting doublé en anglais américain, ou l’Amore molesto, mis en scène dans le sud italien et doublé pour le nord du pays! Ce transfert interlinguistique existe aussi pour certains livres, comme Harry Potter tra- duit en anglais américain, démontrant que la traduction se fait à plusieurs niveaux (du phonétique… au culturel). F) L’interprétation peut s’effectuer de trois façons: consécutive ou abrégée (lors d’une interview d’un politicien, d’un sportif, d’un chanteur… à la radio), simultanée (en direct) ou en différé, pour des débats télévisés, des présentations comme sur la chaîne Arte, ou encore grâce au langage des signes. Voix et fluidité sont importantes pour les deux premières méthodes: il faut plaire à l’oreille du téléspectateur et finir quasi en même temps que l’interlocuteur interprété, pour éviter tout zapping. G) Le voice over ou demi-doublage est, en francais, la surimposition de la voix de la langue d’arrivée sur celle de la langue de départ; en anglais, la notion correspond à la seule voix du commentateur invisible (équivalent à la voix off). Dans tous les cas, la traduction est préparée, en synchronie avec les images; elle est lue par des acteurs (par ex. sur les chaines polonaises, russes). Ce mode sert pour certaines interviews où la personnalité est présente à l’écran, pour les commentaires de documentaires, etc. Il est d’usage de plus en répandu pour les vidéos d’entreprise. H) Le commentaire (libre): c’est une facon d’adapter un programme à un nouvel auditoire (on explicite, on ajoute des données, des informations, des commentaires). Là aussi, compte plus la synchronie avec les images qu’avec la bande sonore. Du doublage (E) au commentaire (H), on a affaire à divers types de reformulation orale. I) Le surtitrage: il se place au-dessus d’une scène ou au dos d’un uploads/Litterature/ la-trad-audiovisuelle 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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