1 La tragédie à Athènes PRÉSENTATION ET CORPUS DE TEXTES EN TRADUCTION 1. Prése

1 La tragédie à Athènes PRÉSENTATION ET CORPUS DE TEXTES EN TRADUCTION 1. Présentation Depuis Homère et jusqu’au milieu du 5e siècle av. J.-C la littérature grecque est écrite en vers. C’est le cas également de la tragédie, dont les pièces qui nous ont été conservées se concentrent toutes entre 472 (Eschyle, Les Perses) et 401 (Œdipe à Colone de Sophocle, joué après sa mort). On notera donc que les réflexions d’Aristote qui ont joué un si grand rôle dans l’esthétique du genre au 17e s. français sont postérieures aux pièces elles-mêmes, probablement d’un demi-siècle au moins (Aristote est né en 384 et mort en 322). Sur l’origine de la tragédie l’obscurité demeure (voir la bibliographie ci-dessous), de même que sur le sens étymologique du mot : trag - ôdia = chant du bouc, ou sur le bouc, ou chanté par des personnages déguisés en bouc, ou récompensé par l’offrande d’un bouc ? Le problème est qu’aucun bouc n’apparait ailleurs que dans ce mot lui-même au cours des différentes pièces. Constatons avec Suzanne Saïd1 que Platon voyait en Homère le père de la tragédie, ce que l’orateur Isocrate (436-338) développe ainsi : « Homère a représenté dans ses fictions les combats et les guerres des demi-dieux ; les poètes tragiques ont transporté ces mêmes fictions sur la scène en récits et en actions, de manière à nous rendre à la fois auditeurs et spectateurs. »2 Ce qui est plus sûr, c’est que la tragédie est en rapport avec la démocratie athénienne : elle est jouée devant le peuple, une seule fois normalement, au moment de grandes fêtes civiques où se déroulent d’autres types de manifestations. Elle a lieu à Athènes dans le théâtre de Dionysos, au pied de l’Acropole, et prend la forme d’une compétition entre auteurs avec premier, deuxième et troisième prix. Le spectacle met en relation la collectivité, représentée par le chœur, et les héros, individus nommés et reconnaissables. Au fil des décennies le rôle du chœur s’amenuise, mais le texte fait toujours alterner les parties chantées par le chœur et les passages parlés, entre personnages ou entre les personnages et le chef du chœur, le coryphée. L’ordre habituel des parties est : – un prologue (parlé) – l’entrée du chœur = parodos (chantée) – une série alternée d’épisodes parlés et de chants du chœur (stasimon) – la sortie finale des personnages et du chœur = exodos. Des deux cents auteurs de tragédies cités par la tradition entre le 5e s. av. J.-C. et le 5e siècle après, il ne reste de textes complets que des trois auteurs bien connus, Eschyle, Sophocle et Euripide, au total 31 pièces ! 2. Les auteurs et les oeuvres 1. Eschyle Des 73 ou 90 pièces attribuées par la tradition à Eschyle (525 – 456) il ne nous en reste que sept complètes. Mais la première d’entre elles, Les Perses, présente l’originalité de traiter un sujet d’actualité : la défaite des Perses à Salamine face à la flotte grecque en 480, une bataille à laquelle l’auteur a lui-même participé. La dernière œuvre présentée par lui fut l’Orestie (458), dont la particularité est d’être la seule trilogie que nous ayons conservée : elle comprend successivement Agamemnon, qui raconte le retour du héros après la guerre de Troie et son assassinat par son épouse Clytemnestre, puis Les Choéphores, où Électre et Oreste préparent puis exécutent le meurtre de leur mère, enfin Les Euménides mettant en scène les poursuites exercées contre Oreste et son acquittement par les citoyens d’Athènes à l’instigation d’Athéna. Parmi les autres titres Les Sept contre Thèbes illustre l’affrontement entre les fils d’Œdipe après la mort de celui-ci. Le reste de l’œuvre conservée se constitue de Prométhée enchainé, Les Perses, Les Suppliantes. 1 Histoire de la littérature grecque, S. Saïd, M. Trédé, A. Le Boulluec, Paris 1997, p. 129. 2 Isocrate, Discours à Nicoclès 49, trad. Clermont-Tonnerre 1863. 2 2. Sophocle L’auteur tragique le plus célèbre (né en 497, mort en 405) écrivit parait-il 123 pièces, dont sept subsistent aujourd’hui. Trois sont consacrées au mythe d’Œdipe : Œdipe-Roi qui présente la découverte par Œdipe de ses crimes involontaires et les conséquences directes de cette révélation, Œdipe à Colone qui met en scène l’exil d’Œdipe à Athènes, et Antigone où l’héroïne meurt pour avoir donné une sépulture à Polynice, fils indigne d’Œdipe. A noter que ces trois pièces furent créées à des dates très différentes : 441 pour la dernière, vers 420 pour la première et 401 pour la seconde. Parmi les autres pièces on signalera Électre (date inconnue) qui traite une partie du mythe des Atrides : Oreste à l’instigation de sa sœur tue leur mère Clytemnestre. Les autres pièces conservées sont Ajax, Les Trachiniennes, Philoctète. 3. Euripide C’est l’auteur (484-406) dont les pièces ont été conservées en plus grand nombre : 17 tragédies sur un total de 92. Considérée comme un modèle son oeuvre fut, dès après sa mort, éditée et rejouée, puis intégrée dans l’enseignement, ce qui explique cette survie. Ce fut également le plus imité par les auteurs européens : Racine a lu Euripide pour composer La Thébaïde, Andromaque, Iphigénie et Phèdre. – Médée : Sénèque (1er s. ap. J.-C.), Corneille (1635), Anouilh (1946), Botho Strauss (Le temps et l’ombre, 1988), Christa Wolf (1996), Max Rouquette (2003) ; au cinéma Pasolini (1969), à l’opéra Charpentier (1693), Cherubini (1797), Milhaud (1939). – Alceste : à l’opéra Lully (1674) et Gluck (1767). – Hippolyte : Phèdre de Sénèque et de Racine, Phèdre et Hippolyte de Robert Garnier (1573), et l’opéra Hippolyte et Aricie de Rameau (1733). – Hélène : Sonnets pour Hélène de Ronsard (1578), opéra Hélène d’Égypte de Richard Strauss (1926), opérette La Belle Hélène d’Offenbach (1864) – Électre et Oreste traitent des parties du mythe des Atrides, reprises notamment par Crébillon (1708), O’Neill (1929), Giraudoux (1937) et Sartre (1942) au théâtre, Richard Strauss à l’opéra (Elektra, 1909) et Cacoyannis au cinéma (1962). – De même Iphigénie à Aulis et Iphigénie en Tauride : au théâtre Racine (1674) et Goethe (1784), à l’opéra Gluck (1774 et 1779) – Andromaque, Hécube et Les Troyennes évoquent la guerre de Troie et ses conséquences. Voir pour le premier titre la pièce de Racine (1667), pour le dernier celle de Sénèque (1er s. ap. J.-C.) et le film de Cacoyannis (1971). – Les Phéniciennes reprennent à Eschyle le thème de la lutte entre les deux fils d’Œdipe et furent imitées par Sénèque. Les Suppliantes se rattachent à cette même légende. Autres pièces d’Euripide : Ion, Les Héraclides, La Folie d’Héraclès, Les Bacchantes. 3. Les textes disponibles 1. Oeuvres disponibles en librairie  éditions bilingues : Belles-Lettres, collections Classiques en poche et Guillaume Budé  plusieurs éditions en traduction française : Livre de Poche, Flammarion, Pocket, Folio, Actes Sud, Librio, etc.  des éditions thématiques : o Électre, Sophocle, Eschyle, Euripide, Livre de Poche 2005 o Antigone - Électre, Eschyle, Sophocle, Euripide, Pocket 1998. 2. Textes anciens en ligne  Eschyle o traductions anciennes : http://www.weblettres.net/languesanc/?page=traductionsg&n=107 http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/eschyle/index.htm 3  Sophocle o traductions anciennes http://www.weblettres.net/languesanc/?page=traductionsg&n=274 http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/sophocle/index.htm  Euripide o 7 pièces traduites par Leconte de Lisle : http://www.weblettres.net/languesanc/?page=traductionsg&n=116 o intégralité des pièces conservées : http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/euripide/index.htm On aura toujours intérêt à se référer à une traduction récente parmi celles qui sont disponibles en librairie. 3. Bibliographie succincte :  Histoire de la littérature grecque, S. Saïd, M. Trédé, A. Le Boulluec, Paris, PUF, 1997.  Paul Demont, Anne Lebeau, Introduction au théâtre grec antique, Livre de Poche, 1996  Jean-Charles Moretti, Théâtre et société dans la Grèce antique. Une archéologie des pratiques théâtrales, Livre de Poche 2001  Patricia Vasseur-Legangneux, Les tragédies grecques sur la scène moderne : une utopie théâtrale, Presses universitaires du Septentrion, 2004.  un dictionnaire de mythologie, par exemple celui de Jean-Claude Belfiore, Larousse 2003. 4. les dossiers : Nos dossiers portent sur les mythes figurant dans les tragédies grecques et dont le sujet a été repris par les auteurs français, de Corneille au 21e siècle. 1. Andromaque 2. les Atrides : Iphigénie 3. les Atrides : Électre 4. Phèdre 5. Médée 6. les Labdacides : Œdipe, Antigone François HUBERT, francois.hubert@ac-strasbourg.fr uploads/Litterature/ la-tragedie-a-athenes 1 .pdf

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