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www.lamarseillaise.fr Marseille <:HIMRTD=UUVVUV:?a@s@m@e@a> 27930 - 824 - 1,10 E dimanche 24 août 2014 - 1,10 € - N° 21175 La Marseillaise dimanche 24 août 2014 CahierA Paca 24 AOÛT 1944 Un vent de liberté La Marseillaise. Il y a 70 ans, notre journal sortait pour la première fois au grand jour après avoir oeuvré dans la clandestinité. Il aura agi aux côtés de celles et ceux qui ont libéré Marseille et la Provence. Enfant de la Résistance, ce titre met un point d'honneur aujourd'hui encore à défendre les valeurs de justice, de paix et d'émancipation humaine. Un engagement de chaque instant. Photo : Collection J.de Monsabert 1944-2014 LA MARSEILLAISE 16  dimanche 24 août 2014 La Marseillaise CahierB Paca 24 août 1944 : le jour où la Marseillaise est sortie de l'ombre n 23 août 1944, tension à Marseille. La ville est en train de se libérer. Les rues sont vides. Au matin, un groupe de FTPF et des militants clandestins appuyés par le groupe des Milices patriotiques de Rive neuve investissent les locaux et l’imprime- rie du Petit Marseillais sur le quai du canal, aujourd’hui cours d’Estienne d’Orves. Finie la presse collaborationniste. Vive la Mar- seillaise sur le point de sortir son premier numéro après neuf mois dans la clandesti- nité. Retour sur cette journée décisive dans l’histoire de notre journal dont les acteurs principaux sont des héros de la Résistance. Le Petit Marseillais n’est pas choisi par hasard. Il est le symbole d’une presse aux ordres de Vichy . De plus, alors que la Mar- seillaise sortait clandestinement depuis le 1er décembre 1943, elle avait bénéficié de l’aide technique des ouvriers du livre du Petit Marseillais, fortement infiltré par la Résistance, qui avaient fourni matériel, pa- pier et composition. Depuis des mois, ouvriers et journalistes s'activaient dans la clandestinité « C’était l’aboutissement d’événements qui, vécus séparément, se conjuguaient. D’abord la décision du comité directeur du Front na- tional de publier un journal clandestin bapti- sé la Marseillaise. Ensuite, l’action dans l’im- primerie du Petit Marseillais des ouvriers du livre qui aboutit à la formation d’un comité du Front national aidé en interne par le doc- teur Avierinos, médecin du Petit Marseillais et le directeur de l’imprimerie Coulet » précisa André Remacle, résistant journaliste qui avait participé à l’élaboration de ce premier numéro et qui demeurera longtemps dans l’entreprise. La Marseillaise s’engouffre dans le vide favorisé par les combats. « Au lendemain de la prise de la Préfecture, les journaux marseillais avaient cessé de paraître » ajou- tait André Remacle. « Les linos et les typos des imprimeries s’étaient joints à la grève patriotique. La Marseillaise prit la relève ». Le Front national affiche son ambition : « Au moment où les journaux qui n’ont pas eu le courage de se saborder à l’arrivée des Allemands cessent de paraître à l’approche des alliés, nous revendiquons l’honneur de tenir la population marseillaise au courant des événements et de lui transmettre les ordres du gouvernement ». Mais depuis le 20 août, la Marseillaise, toujours clandestine, avait franchi un nou- veau cap en devenant quotidienne. « Je ne pourrai oublier la décision de la direction du FN (...) de faire paraître, alors que les combats font rage dans Marseille, la Mar- seillaise quotidiennement » témoigna Marcel Guizard, « Simon » dans la Résistance qui dirigea la Marseillaise de 1945 à 1971. Une fois les locaux pris, il s’agissait de composer le nouveau journal, celui qui annoncerait la Libération de Marseille. « Il a fallu le faire avec deux journalistes professionnels et la bonne volonté des autres » résumait André Remacle. « J’arrive pour prendre ce poste qui m’avait été désigné. Les militants clandestins ne se connaissaient pas et ceux qui devraient être là et que j’ai rencontrés quelques jours auparavant sont absents. » Il faut aussi marquer le territoire. Sur la façade, trois drapeaux sont hissés par les FTP : un français, un américain et un britan- nique. « Il manque le drapeau soviétique » fit remarquer Remacle. « Mais nous n’en avons pas trouvé ! » lui répond-on. Et voilà qu'on se met à coudre un drapeau rouge dans le hall d’entrée. On republie le journal Rouge-Midi Le bâtiment se remplit petit à petit. Les journalistes Train, Georges et Rougeot ar- rivent. Ils sont aussi dirigeants du Fn dont une section de journalistes avait été créée. «Des ouvriers du livre sont là, ils sont indis- pensables. On retrouve presque tous ceux qui étaient dans l’appareil clandestin du Front national » précisait André Remacle. Alors que la composition des articles a débuté, une idée jaillit. Avant guerre, le Par- ti communiste publiait le quotidien Rouge- Midi, interdit en 1939. Il n’y a pas de raison que ce titre ne revive pas lui aussi. Et voilà qu'il ne faut plus réaliser un mais deux jour- naux (photo ci-contre) ! Rosette Remacle, épouse d’André, est appelée en renfort. « Je montais dans la voiture avec mon fils Michel de 5 ans. Les miliciens occupaient les toits » raconta-t-elle. Un FTP est blessé par un tir à la cuisse dans la voiture. «Notre voiture pavoisée traversa la ville pour gagner le quai du canal devant les locaux du Petit Mar- seillais où je me mis aussitôt à la tâche dans une extraordinaire et exaltante atmosphère, passant allègrement de la machine à écrire à l’écriture, tantôt pour Rouge Midi tantôt pour la Marseillaise ». Renée Rougeot rappela ces moments intenses. « André écrivait, écrivait, écrivait, moi aussi, journaliste improvisée, mais dans ces moments-là, chacun était apte à toute improvisation. Rosette tapait nos papiers à la machine, l'enfant chevauchait des tas de vitres brisées, des cloisons intérieures de la rédaction. Chaque déflagration en faisait éclater d'autres. Les informations nous par- venaient incessamment par des estafettes émanant des postes de combats. La fièvre de la lutte nourrissait notre énergie. Notre seul souci était que nul obus ne puisse atteindre les énormes rotatives ». Malheureusement, le résistant Francis Aicard perdit la vie en gardant l'immeuble, après qu'un obus fit ex- ploser la verrière sous laquelle il se postait. Le matin du 23 août, la Résistance investit les locaux du Petit Marseillais, journal collaborationniste. C'est l'effervescence. On écrit et refait tourner les machines. Objectif : sortir la première Marseillaise pour annoncer que la ville de Marseille est libérée. Récit Par Sébastien Madau Photo : Julia Pirotte Un esprit libre Editorial n La Marseillaise fête aujourd'hui le 70e anniversaire de son premier numéro sorti au grand jour. C'était le 24 août 1944. Avant ce numéro annonçant la Libération de Marseille, c'est dans l'ombre que des femmes et des hommes avaient bravé l'interdit en choisissant de fonder un journal au péril de leur vie. La Marseillaise sortait de la clandestinité. Notre journal avait, dès 1943, contribué à redonner espoir à la population en l’informant des actions de la Résistance en Provence. Alors que d'autres titres clandestins n'ont pas survécu à la Libération, beaucoup estimant que leur mission était terminée, la Marseillaise a choisi de poursuivre l'aventure en devenant un relais des salariés, des militants de gauche, des syndicalistes, des intellectuels, de la jeunesse, etc. Organiquement liée au PCF -à l'origine de sa création- elle a, en 1997, entamé et assumé un virage en se mettant à disposition de l'ensemble des forces de gauche et du mouvement social. Notre histoire démontre que ses fondateurs, ses dirigeants, son personnel et ses lecteurs ont eu raison de ne pas compter leurs heures à défendre et développer leur journal. Anticolonialisme, défense des luttes ouvrières, des services publics, couvertures des événements sportifs et culturels, débat à gauche, etc. Qui oserait contester l'utilité de la Marseillaise dans ces combats menés au nom de l'émancipation humaine et contre l'ordre établi ? Et ce dans l'adversité, tant notre originalité historique et éditoriale a toujours dérangé les puissants. Aujourd'hui, certes, le monde a changé. Mais les motifs de contester, de s'indigner, de résister et d'agir sont toujours aussi nombreux. Sans oublier les nouveaux défis technologiques et liés à la mondialisation de l'information qui s'imposent à nous et que nous sommes déterminés à relever. Comme il y a 70 ans, la Marseillaise a bien l'intention d'être à l'offensive. Par respect pour nos fondateurs, et par souci d'être utile aux forces progressistes. Voici notre engagement. sébastien madau 1944-2014 LA MARSEILLAISE 17 La Marseillaise dimanche 24 août 2014 CahierC Paca Dans l’après-midi, « dans l’im- primerie, l’agitation joyeuse bat son plein. Les formes sont serrées, pressées sous la prise d’empreinte, coulées, portées aux rotatives où bientôt le premier numéro de la Marseillaise légale jaillit en même temps que Rouge Midi » releva An- dré Remacle qui écrira plus tard le « Roman de la Marseillaise ». Le résistant Louis Obré, impri- meur au Petit Marseillais, jouera un rôle capital. Il avait recruté chez les ouvriers du livre commu- nistes pour réaliser les numéros clandestins en sortant du matériel de l’atelier . A quelques heures de la sortie de la Marseillaise nouvelle, « on s’interpelle, on se rencontre, on se retrouve, on se reconnaît. Ceux-ci uploads/Litterature/ le-cahier-special-des-70-ans-de-la-marseillaise.pdf

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