+ + André Blitte Le Chemin De Jérusalem Récit historique Édition révisée 27 déc

+ + André Blitte Le Chemin De Jérusalem Récit historique Édition révisée 27 décembre 2018 5 Préface Le Chemin de Jérusalem : Des améliorations successives de ce livre fait de longue haleine ont été marquées par des ISBN : 1993 ISBN 2-09803830-0-7, 1994 ISBN 2-09803830-1-5, 1996 ISBN 2-09803830-2-3, 2002 ISBN 2-09803830-3-1, 2005 ISBN 2-09803830-4-X, 2012 ISBN 978-2-9803830-5-2 Je dois des explications à tous ces ISBN qui ont marqué le début du parcours de ce livre. Ils ne sont certainement pas le résultat d’un succès de librairie. Rencontré dans le cadre de mes activités professionnelles dans la fin des années 1970, François Kammermeyer, alias Santa, est le personnage central de ce livre : il me remit l’ébauche d’un roman qu’il avait intitulé « Bancal », ébauche écrite en français sur une centaine de pages dactylographiées. Vu l’origine hongroise de François Kammermeyer, je m’étais offert pour vérifier son français. Hélas, mes activités professionnelles ne me permirent pas de m’exécuter alors, ce travail m’ayant paru trop exigeant en regard de mes activités professionnelles chargées à l’époque. À la fin des années 1980, je subis (comme cela l’avait déjà été au début des années 1960) beaucoup de stress par harcèlement et canaillerie ; c’est alors en feuilletant pour relaxer « Bancal » que mon attention fut éveillée par le nom de « Petites-Armoises », village du département français des Ardennes. Je suis né en février 1934 dans un village voisin, « Les Grandes-Armoises ». Mon intérêt éveillé, je me mis à corriger le texte de « Bancal », y trouvant la présence d'éléments biographiques concernant François Kammermeyer alias Santa. Il avait déménagé de Joliette à Gatineau avec son épouse. Pour obtenir des précisions, j’entrepris le voyage à trois reprises. Je sus ainsi qu’un des épisodes du récit était inexact, mais voulu pour la cohérence du récit. Hélas, lors de ma seconde visite, je constatai que Bancal avait fait un accident vasculaire cérébral et était aphasique. Son épouse ne put guère m’informer plus et je n’obtins pas d’autre collaboration. Cependant, François Kammermeyer à l’hôpital, voyant que je m’intéressais à son récit, m’avait montré un visage rayonnant. Il avait même sur sa table de lit quelques pages manuscrites qui me furent photocopiées grâce à l’amabilité de l’infirmière, pages qui concernaient l’adjudant Vallois. Je me suis senti pour cet homme le besoin de continuer son œuvre avec l’impression qu’il me regardait du ciel. Je publiai mon travail en 1993. L’ossature était et reste toujours celle de « Bancal », mais comme il m’avait semblé impossible de placer son véritable nom en page couverture, je signalai son travail dans une page suivante. Après cette première édition, cela m'est devenu une manie de vérifier par loisir l’historicité du récit initial. Le plus évident fut en premier lieu que, sans doute par inadvertance de son épouse secrétaire, sinon délibérément, il y était écrit 23e R.M.V.E. au lieu de 21e. De vérification en vérification, le livre gonfla marqué par les tranches successives des différents ISBN. Finalement, il prit tellement d’ampleur que l’histoire de Bancal se dilua, se trouvant quelque peu noyée dans le tableau de l’histoire de toute une époque, tout en étant le fil conducteur. En naquit une partisanerie correspondant si possible à son personnage, et même plus souvent en d’autres endroits à moi ou à d’autres. N’ayant pas le talent d’Alexandre Dumas pour créer des romans à partir d’œuvres ignorées, ébauchées ou ratées, je crois avoir plutôt été inspiré du haut du ciel par François Kammermeyer pour sauvegarder et compléter son œuvre « Bancal ». Il n’en reste pas moins qu’il m’a souvent été difficile dans ce récit, malgré bien des recherches historiques et des recoupements de distinguer le vrai du vraisemblable et de l’invraisemblable. Je n’ai donc pas la prétention d’avoir écrit un livre d’historien. Ma plus récente trouvaille est que le jeune Saint-Cyrien dont parle François Kammermeyer s’appelait non Duclos comme il l’a écrit, mais Dujols (Robert). Auparavant, j’avais pu identifier Maurice Renonès, Espagnol fusillé par les Allemands en 1944. Je n’ai pas encore pu cerner le Roumain Jacques Fischer, mais il a certainement existé. Ces recherches m’ont mené si loin qu’en cette fin d’année 2018, j’ai eu l’ambition de couper dans le surplus accumulé, mais le tri représentait une tâche si exigeante, que j’ai dû y renoncer. 2 janvier 2019 A. Blitte. 6 PREMIÈRE PARTIE Légionnaire Au Maroc PREMIÈRE PARTIE 7 1 — La corvée d’eau Le vent de la vallée effleurait les touffes rabougries et clairsemées d’alfa. L’un des deux guetteurs couchés à plat ventre leva la tête. Montrant les poils de son menton, il scruta la montagne qui s’arrachait de l’obscurité. Son regard balaya les sommets qui limitaient l’horizon. Il se fixa sur la « Cathédrale ». Un piton du Haut Atlas marocain avec 600 mètres de paroi verticale porte en effet ce nom. Majestueuse sur son piédestal de maquis et pins d’Alep, la Cathédrale (Tamga Amsfrane) domine (le haut Oued-Ahansal) l’eau de l’Assif Ahansal de ses mille huit cent soixante-douze mètres. Orientée vers l’est, une de ses faces présente au soleil levant une falaise monolithique rocheuse gigantesque avec cinq cents mètres de paroi verticale. De son sommet couvert de cyprès thurifères, la vue est magnifique. — Peux-tu me passer une sèche ? Sans répondre, le caporal, belle pièce d’homme portant chevelure poil-de-carotte et visage glabre, se recroquevilla en boule. Masquant soigneusement la lueur de l’allumette, il enflamma deux cigarettes et en tendit une. Le tapeur sourit de satisfaction. Pour son compte, il arborait une courte barbiche à l’impériale et des cheveux noirs et bouclés. Ses yeux bleus scintillaient au milieu. Lui aussi devait tout autant plaire aux femmes. Mais cela ne se trouvait qu’à dix jours de marche. Encore, ça se limitait à des bobonnes d’officiers et à des moukères tout aussi inaccessibles. Il remercia son donneur : — « Thanks ». Le cirque devrait commencer dans un quart d’heure. Les Chleuhs se sont installés sur place. — « IA », confirma le caporal. J’en ai repéré au moins cinq qui guettent. Il y en a sûrement d’autres. Tiens ! Voici deux salopards de plus qui se pointent en face du point d’eau. Ils vont participer à la bagarre aux premières loges. Perché sur sa chevelure rousse, son képi blanc de légionnaire brillait comme un phare dans la nuit. Il le camoufla en enroulant un chèche par-dessus. Le soldat barbu l’imita et esquissa un sourire ironique : — Tu ne peux pas les blairer, hein ! — Je protège ma peau avant la leur. Nous leur servons de gendarmes. Quand nous n’étions pas là, ils s’entre-tuaient. — Maintenant, c’est nous qui les butons. Où se place la différence, caporal ? — On tue pour défendre les faibles. Et correctement ! Je ne coupe pas les « ballotes », moi ! — Mon œil ! Monsieur n’aime pas la boucherie ! Il zigouille proprement par délicatesse. Ça se présente mieux de loin et ça ne soulève pas le cœur. — Attends de les voir à l’œuvre. Tu changeras d’opinion quand tu constateras comment ils arrangent les blessés. À quoi ça sert d’avoir obtenu son brevet de tireur d’élite si l’on se retient par scrupules ? Tu es un sale Juif trouillard. — Je vais tirer. En lâchant ces mots, il débobina posément son chèche et se rendit aussitôt repérable à dix kilomètres à la ronde. — Es-tu devenu maboul ? — Oui, comme tout le monde, mais selon ma manière ! J’égalise les chances par acquit de conscience. — Par inconscience, oui ! Qu’est-ce que tu es venu foutre à la Légion ? Te crois-tu différent de nous ? Médusé, le caporal rouquin éprouvait un fort sentiment d’incompréhension. Songeur, il se remit à l’affût en marmonnant : — « Les Juifs sont des cons, des cons intelligents, mais des cons tout de même. » Un groupe émergea du sentier venant du poste. Quatre légionnaires halaient des mulets bâtés et chargés de tonnelets et entourés de matelas en guise de pare-balles. Ils avançaient avec précaution. La piste étroite, érodée et crevassée n’offrait guère de protection en cas de coup dur. Le danger siégeait dans les vires et les failles du flanc de la montagne. Avant de s’engager dans les endroits découverts, il fallait deviner les embuscades. Depuis quelques jours, les dissidents harcelaient les équipes de corvées d’eau. D’abord un Berbère isolé, puis les matins suivants, trois ou quatre avaient réussi des cartons sans aucune riposte. Enfin, exploitant la situation, ils étaient revenus à dix abattre deux âniers et blesser les deux autres. Le convoi arriva près d’un tournant particulièrement dénudé. Le premier coup de feu éclata, suivi d’un tir nourri et soutenu. Les vieux fusils indigènes résonnaient en produisant des « tacos » sinistres : un gros « ronron » marquait Le passage de ces énormes balles de plomb tirées par les fusils à pierre. 8 Le passage de ces énormes balles de plomb tirées par les fusils à pierre. Archaïques, artisanaux et imprécis, les fusils à pierre se révélaient pourtant terribles en cas d’atteinte uploads/Litterature/ le-chemin-de-jerusalem.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager