Le cinéma français Sommaire • Avant-propos. Yves Mabin • Cent ans de cinéma fra
Le cinéma français Sommaire • Avant-propos. Yves Mabin • Cent ans de cinéma français. Térésa Faucon • Du cinéma forain au film d’art 1895-1907 • Voix et sons du muet • Les différentes conceptions du montage • écriture de lumière • Un cinéma de la langue et des mots d’auteurs • Bibliographie Parutions 1995 • Brève histoire du cinéma français 1960-1990*. Jean Breschand • Sélection d’ouvrages • La cinémathèque française • Principales revues de cinéma • Principaux éditeurs de cinéma • Festivals de cinéma en France * Cette partie reprend intégralement le premier livret de mai 1993. Yves Mabin* Avant-propos La France où le cinéma a été inventé, a été et est un des pays où cet art d’un siècle d’âge a trouvé une de ses expressions les plus dynamiques, novatrices. S’il ne dispose pas des structures industrielles nécessaires pour se situer en tête de la production mondiale, le Cinéma Français a toujours su privilégier qualité, originalité, et grâce au talent, au génie parfois, de ses réalisateurs, de ses acteurs, de ses producteurs, a offert au cinéma ses images singulières et d’inoubliables chefs- d’œuvre. Malgré des crises successives, la production française qui bénéficie du soutien très actif des pouvoirs publics et des chaînes de télévision, est première en Europe. Par la coproduction, elle permet en outre à de nombreux cinéastes étrangers de réaliser leurs films. En 1993, le ministère des Affaires étrangères et l’ADPF ont, en collaboration avec le Centre national de la cinématographie et Jean Breschand, publié un livret bibliographique sur le cinéma. Ils ont souhaité qu’à l’issue de la célébration du centenaire de cet art majeur, une bibliographie mise à jour et une présentation actualisée du cinéma français soient faites. Je remercie la Cinémathèque française et tout particulièrement Dominique Païni et Térésa Faucon, auteur de ce livret, d’avoir accepté de faire mieux connaître aux éditeurs, traducteurs, chercheurs, bibliothécaires et lecteurs à l’étranger, la diversité et la richesse de l’hommage rendu en langue française par l’Écrit à l’Image. *Sous-directeur de la Politique du livre et des bibliothèques. Térésa Faucon * Introduction “ Il n’est pas tout à fait impossible qu’il ait existé, il y a très longtemps, en Chine par exemple, toute une petite époque, au cours de laquelle l’art à la mode ait été l’art de faire des bulles de savon. Et naturellement, il devait y avoir alors, à côté des réalisateurs de bulles de savon, aussi des critiques de bulles de savon, des théoriciens et des historiens de bulles de savon. Mais, reconnaissons que cette critique, cette esthétique, cette histoire ne pouvaient que constituer un métier difficile et vain. Car la vie d’une bulle de savon est si brève que, seule une dizaine de témoins oculaires se trouvaient en état d’en parler en réelle connaissance de cause. ” 1 L’existence d’un film est à peine moins éphémère que celle d’une bulle de savon. Objet mouvant du point de vue technique autant que de celui de sa réception 2. Il peut avoir été détruit, mutilé (par la censure par exemple) ou perdu. Avec des éléments retrouvés à travers le monde, dans les différentes cinémathèques, chez les collectionneurs, on tente de reconstituer ces films. Mais le doute demeure, à plus forte raison pour la période primitive, sur l’originalité de l’état des films, malgré les connaissances grandissantes et le travail de restauration, de sauvetage. L’historien, qui ne peut que partiellement s’appuyer sur cette source de première main, recherche des informations dans les manuels de projection, les matériaux de production, contrats, correspondances, plans de tournage, scénarios, photos de plateaux ou s’en remet aux ouvrages d’autres historiens 3, aux articles de journaux, témoignages de l’époque dont la fiabilité est toujours relative. L’histoire s’écrit de toutes façons au présent. A la recherche d’une objectivité toujours illusoire, elle a, pour elle, le recul qui permet d’apprécier mieux les évolutions, les particularités, les influences mais aussi le décalage entre le regard que nous portons aujourd’hui sur ces films et celui des spectateurs contemporains de leur sortie. Comment voir les premiers films comme les premiers spectateurs les ont vus ? Raconter, aujourd’hui, cent ans de cinéma français, c’est remonter à l’année 1895. Or, peut-on dire que “ le cinéma ” a commencé à cette date, en France en l’occurrence ? Qu’a-t-on fêté cette année, l’inventeur, le premier film ou la première projection publique ? Si l’on parle d’inventeur, le nom d’une famille de photographes lyonnais vient sur toutes les lèvres, et plus particulièrement celui des deux frères, Auguste et Louis Lumière grâce auxquels “ tout serait arrivé ” ? 1895 ne marque pourtant pas les premiers essais d’images animées. Les premières “ histoires du cinéma ” remontent à un pré-cinéma plusieurs siècles en arrière, invention après invention, jeux pour enfants après appareils plus perfectionnés ; du théâtre d’ombres oriental (traditions chinoise et indienne) aux lanternes magiques (Kircher, au xviie siècle), phénakistiscope (J.-E. Plateau, 1832), zootrope (Horner, 1834), praxinoscope-théâtre (Emile Reynaud) 4 et au fusil chronophotographique de Marey, destiné plus particulièrement à l’étude physiologique 5, que précéda Muybridge en Grande-Bretagne, enfin au kinétoscope d’Edison (appareil de projection individuelle dans lequel passent des bandes d’une minute recréant le mouvement des êtres, des objets, de la vie contre un nickel, 1893 – équivalent de nos machines à sous). S’agirait-il alors, en 1895, de la “ première ” projection publique d’images animées ? C’est oublier qu’en 1894 Emile Reynaud projetait déjà l’un des films les plus connus du théâtre optique (1888), Autour d’une cabine ; l’appareil combinait deux types de projection, l’une fixe (une plaque, placée dans une lanterne magique, pose le décor), l’autre, en mouvement venait superposer les protagonistes en action peints à la main sur une large pellicule. Le décor restait d’ailleurs visible à travers ces corps pas tout à fait opaques. C’était encore du dessin et non déjà les “ images de la vie ”. A-t-on fêté alors l’anniversaire du premier film ? Tout le monde ou presque s’accorde à dire que ce premier film est La Sortie des usines Lumière, mais il en existerait plusieurs versions, deux au moins selon l’historien Georges Sadoul : l’une tournée en mars 1885, où l’on voit la voiture des patrons sortir derrière les ouvriers, l’autre de juillet 1895, la plus connue, sans la voiture. Louis Lumière prétend en outre qu’en août 1894 une première version du film avait déjà été réalisée mais elle n’a jamais été retrouvée et Georges Sadoul juge qu’à cette époque les travaux de l’inventeur n’étaient pas assez avancés. Tout cela se joue à un an, ou plus vraisemblablement à une saison près. On choisit finalement la journée du 28 décembre : “ première ” projection publique et payante de plusieurs films des frères Lumière, boulevard des Capucines, au Grand Café devant des spectateurs dont l’œil, non scientifique comme lors des précédentes présentations du cinématographe 6, est encore vierge. Ce jour-là, les images animées de la vie prise sur le vif, exerçaient leur charme sur quelques spectateurs privilégiés, qui, saisis d’étonnement, virent dans la Sortie, l’Arrivée du train en gare de La Ciotat, L’Arroseur arrosé… (le doute demeure sur le programme de cette séance), ce que d’autres attendront plusieurs années : paysages, villes et mer avec leurs couleurs… L’effet de réalité de l’image en mouvement est déjà là, on s’émerveille de voir les feuilles agitées par le vent à l’arrière-plan du Déjeuner de bébé comme en témoignent les premiers comptes rendus, de La Poste* et du Radical*. Aujourd’hui on consacre cet événement : la rue Saint-Victor à Lyon est rebaptisée Rue du Premier- Film. Mais sur le moment, qu’a représenté cette invention ? Une des nombreuses expériences de laboratoire éphémères présentées lors des expositions universelles ? Peut-être pas. Louis Lumière n’y a vu lui qu’“ une invention sans avenir ” qui devait avoir une petite vie d’attraction de foire, celle en tout cas de ses inventions qui lui a le moins coûté (la photographie couleur reste la grande aventure de sa vie). Néanmoins il fut le premier producteur et le premier distributeur de films à imprimer sa marque, son style en formant plusieurs opérateurs qui parcoururent le monde (dont Eugène Promio et Félix Mesguich). Le cinématographe sera présenté à Londres, Bruxelles, Vienne, Madrid, Berlin, Genève, Belgrade, New York, en Inde… au cours de l’année 1896. En quoi cet appareil, cette merveille qui projette “ un rêve sur un mur ” vaut la primauté à la France ? Si le brevet du kinétoscope d’Edison a devancé de plus de quatre ans l’invention Lumière, celle-ci résout le handicap majeur de l’appareil américain en permettant la projection sur un écran : le cinématographe permet la prise de vues et la projection ; sa compacité, sa légèreté, sa facilité d’emploi, la rapidité de visionnement des films tournés, vont en multiplier les usages documentaire, journalistique, familial, fictionnel, scientifique… Toutefois, parce qu’il n’y croit pas vraiment, Lumière refuse de vendre un appareil au prestidigitateur Georges Méliès, spectateur du 28 décembre, qui doit alors bricoler le bioscope de l’Anglais W. Paul pour tourner ses premières vues : une dizaine de répliques de celles de uploads/Litterature/ le-cinema-francais.pdf
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- Publié le Sep 03, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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