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L A R E V U E D E S B I B L I O T H È Q U E S M A R S - A V R I L 2 0 1 4 B I M E S T R I E L 185 1 É D I T O R I A L 1 Pratiques de lecture versus Competences en lecture L a Foire du livre a été comme chaque année une for- midable caisse de résonance pour le livre, mettant en évidence non seulement la production éditoriale, mais aussi tous les acteurs de la chaîne du livre. Les bibliothécaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles y tenaient un stand d’in- formation. Les visiteurs, à la recherche d’un livre ou d’une information adéquate bénéficiaient ainsi concrètement de l’une des facettes de leur métier : le conseil. Dernier - dans la chronologie - et essentiel maillon de la chaîne du livre, le lecteur mérite toute l’attention. Il est un autre public auquel il s’agit de s’adresser : les non-lecteurs. La dernière enquête d’Eurobaromètre1 nous indique que la lecture recule. Alors qu’en 2007, 71% des Européens affir- maient avoir lu au moins un livre lors des douze derniers mois, en 2013 ils ne sont plus que 68%. La Belgique est à la traîne en affichant le chiffre de 65%. Ce recul de la lecture de livres est par ailleurs corroboré par les résultats de l’enquête 2007 menée en Communauté fran- çaise sur les pratiques culturelles2 où 66% des Belges franco- phones disaient avoir lu un livre ces 12 derniers mois et ceux de l’enquête IPSOS sur l’observation des marchés numériques du livre menée en 20133 indiquant que 38% des Belges fran- cophones n’avaient lu aucun livre ces 12 derniers mois. Les chiffres ne disent pas tout. Il convient de nuancer ces résultats, même s’ils restent inquiétants. Lire ne se limite pas à la lecture de livres, ce concept sous-entendant très souvent la notion de lecture fictionnelle. Aujourd’hui les supports et pratiques de lecture se diversifient et se multiplient. À coté des enquêtes sur les pratiques de lecture, les études sur les compétences en lecture nous apportent un autre éclairage sur la situation de la lecture en Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans un environnement où l’écrit a une place prépondérante, les jeunes et les adultes possèdent-ils les compétences lan- gagières indispensables pour s’insérer dans la société ? Cette question doit faire l’objet d’une attention permanente. Les résultats de la dernière étude PISA - diffusés en décembre dernier - montrent une légère amélioration des compétences en lecture pour les jeunes de 15 ans. Leur score moyen (497 points) les place juste au-dessus de la moyenne OCDE. Il n’empêche que les jeunes francophones se situent loin der- rière la Flandre (518 points). Ces moyennes traduisent en réalité de fortes disparités en fonction de l’origine sociale des élèves. Les difficultés en lec- ture pour les catégories défavorisées se marquent dès l’école primaire. Une étude, menée en 2011, a comparé les compé- tences en lecture en 4e primaire dans 58 pays4 : 30% des élèves de la FWB ne dépassent pas un niveau élémentaire contre 19% en moyenne dans les pays de l’union européenne ou de l’OCDE. Il s’agit ici d’un enjeu de société essentiel qui nous concerne tous : la lecture est un des fondements de la réussite scolaire et en conséquence, de l’intégration socioprofessionnelle. « La lecture, c’est l’affaire de tous ». Sous ce titre, les ministres de la Culture, de l’Enseignement obligatoire et de l’Enseigne- ment supérieur ont réuni un colloque le 13 février dernier. Les acteurs de terrain ont fait le bilan des expériences pilotes menées dans le cadre des classes lectures et ont alimenté la réflexion concernant les liens écoles-bibliothèques-acteurs culturels renforcés par un projet commun. Enseignants et bibliothécaires ont pu témoigner de l’enrichissement mutuel qu’a apporté l’expérience des classes lectures dans la réalisa- tion de leur objectif commun : permettre à l’enfant de s’ap- proprier l’écrit en lui donnant sens. La lecture devrait être placée au centre de nos politiques édu- catives, sociales ou culturelles et mobiliser tous les secteurs. C’est d’ailleurs ce que font les bibliothécaires sur le plan local lorsqu’ils mettent sur pied un plan de développement de lec- ture et nouent des partenariats notamment avec les crèches, les écoles, les associations d’alphabétisation, les maisons de jeunes ou les AMO. Tous ensemble pour la lecture afin de renforcer les compé- tences et les pratiques, n’est-ce pas là un défi porteur à rele- ver afin de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la connaissance et de s’insérer dans la société ? • 1 Eurobaromètre, Accès et participation à la culture, novembre 2013. 2 GUÉRIN Michel, « Pratiques et consommation culturelles en Communauté française », Courrier hebdomadaire du CRISP, n°s2031- 2032, année 2009. 3 Observation des marchés numériques du livre, PILEN, ADEB, IPSOS, avril 2013. 4 SCHILLINGS P., et LAFONTAINE D., Les résultats de l’enquête PIRLS sur la lecture en 4e primaire, caractère 44, 2013. M a r t i n e G a r s o u d i r e c t r i c e g é n é r a l e a d j o i n t e 2 1 ÉDITORIAL Pratiques de lecture versus Compétences en lecture par Martine Garsou 4 PARTENARIAT Jardins littéraires et scènes ouvertes : partenariat avec les centres culturels par Hugues Dorzée 10 COLLOQUE 10 - Colloque « Droit européen et politiques culturelles » par Florence Richter 14 - 80e Congrès de l’IFLA à Lyon en 2014 par Sylvie Hendrickx et Françoise Vanesse 18 INTERNET Une bibliothèque 100% numérique ! par Philippe Allard Lectures n°185 32e année Mars-Avril 2014 Ne paraît pas en juillet-août ISSN 0251-7388 20 SOCIÉTÉ 20 - Des guides aux pays des mots par Pol Charles 23 - Bouddhisme : mode ou attrait authentique ? par Vinciane Strale 27 AVENTURE De très longtemps à d’ici peu par Jacques Crickillon 32 JEUNESSE 32 - Des classiques au goût du jour par Michel Defourny 35 - Lire 14-18 aujourd’hui par Daniel Delbrassine 39 - Émile Jadoul et le quotidien des petits par Isabelle Decuyper B I M E S T R I E L S O M M A I R E R 3 42 BD Sur Cauvin et Rosinski par Franz Van Cauwenbergh 46 JEU Gueules noires, Titanic, et lapin magicien par Pascal Deru 52 BRÈVE 52 - Guides pratiques Mutualisation et gestion des périodiques 53 - Cahier Histoire de Belgique, addendum 54 POCHE par Marie-Angèle Dehaye 57 RECENSION 76 RÉDACTION DE LECTURES 4 39 M A R S - A V R I L 2 0 1 4 4 Lectures 185, mars-avril 2014 P A R T E N A R I A T Jardins littéraires et scènes ouvertes : partenariat avec les centres culturels Entre les centres culturels et les bibliothèques, les collaborations vont bon train. Pas partout et tout le temps, mais depuis quelques années, les partenariats se multiplient ça et là (animations, projets en commun, partage de locaux,…) Désormais, le nouveau décret relatif aux centres culturels axé sur le droit à la culture pour tous devrait intensifi er ces partenariats entre deux acteurs clés de l’éducation permanente. par Hugues DORZÉE rédacteur en chef adjoint d’Imagine «T ant du côté des centres culturels que de la lecture publique, on est dans la même démarche d’éduca- tion permanente. Il y a cette même perspec- tive d’égalité et d’émancipation, d’ouverture à la culture, de découvertes. Certes, chacun a ses spécifi cités et ses missions propres, mais il y a d’évidentes affi nités communes », explique Sophie Levêque, de la Direction des centres culturels (Ministère de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles). Pour les 115 centres culturels (CC) actuelle- ment reconnus en Communauté française, ces passerelles vers les bibliothèques devraient, sur papier du moins, s’intensifi er. En effet, le secteur est désormais organisé sur base d’un nouveau décret entré en vigueur au premier janvier qui refi xe les missions des centres culturels, leurs modes de subventionnement, leurs méthodes de travail, ainsi que les « pro- cessus participatifs ». La philosophie générale ? Les centres cultu- rels doivent, par leurs actions, « contribuer à l’exercice du droit à la culture des populations, dans une perspective d’égalité et d’émanci- pation ». Des actions à différents niveaux : augmenter la capacité d’analyse, de débat et d’imagination chez les citoyens ; associer les opérateurs culturels d’un territoire (dont les bibliothèques) ; s’inscrire dans des réseaux « de coopérations territoriaux ou sectoriels », etc. Un « terrain social de participation » Avec ce nouveau décret, le secteur des CC renoue donc, en partie, avec l’idée de « dé- mocratie culturelle » défendue, dès la fi n des années 60, par ses fondateurs, parmi lesquels Marcel Hicter, directeur général de la Jeunesse et des loisirs du Ministère de l’Éducation na- tionale et de la Culture française. Lequel consi- dérait la culture « non plus comme un objet de consommation (même intelligente) mais comme terrain social de participation » et prônait une uploads/Litterature/ l185.pdf

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