le commentaire constitue l'un des travaux d'écriture proposés au choix sur un t

le commentaire constitue l'un des travaux d'écriture proposés au choix sur un texte issu d'un corpus de documents. Si l'adjectif "composé" a disparu des directives officielles, la description de l'épreuve implique bel et bien une étude organisée : « le commentaire porte sur un texte littéraire. Il peut être également proposé de comparer deux textes. En séries générales, le candidat compose un devoir qui présente de manière organisée ce qu’il a retenu de sa lecture, et justifie son interprétation et ses jugements personnels. En séries technologiques, le sujet est formulé de manière à guider le candidat dans son travail. » (B.O. n° 46 du 14.12.06). Avant toute entreprise d'organisation, il convient de procéder à une lecture analytique rigoureuse du texte. C'est pourquoi nous vous proposerons, après deux exercices préliminaires, un exemple de préparation du commentaire à partir d'une lecture analytique que vous trouverez dans la section concernée. Vous trouverez enfin un exercice complet et deux exemples de rédaction définitive. Exercice 1 : entrer dans l'univers d'un texte : Le texte littéraire peut se présenter à vous comme une unité close sur elle-même, voire comme une forteresse inexpugnable. Il est en effet régi par des lois qui n'appartiennent qu'à lui : son vocabulaire, sa syntaxe, son réseau d'images constituent un tout dont on peut désespérer de trouver les clefs. Cette impression n'est pas toujours fausse, mais s'il s'agit de forteresse, on peut dire qu'elle est traversée de « courants d'air » : ce sont ses référents, le langage qu'elle emploie, d'abord, qui est aussi le vôtre, mais aussi ses ancrages dans un réel qui peut vous être plus ou moins connu. Ce sont enfin ses parentés d'inspiration, cet air de famille que vous aideront à reconnaître vos autres lectures. De tout cela, il s'agit de tirer parti dans une première approche sereine et personnelle. Essayons sur le texte suivant : J.M.G. Le Clézio, « Ville vivante » Le livre des fuites, 1969. Ville de ciment et d'acier, murailles de verre s'élançant indéfiniment vers le ciel, ville aux dessins incrustés, aux sillons tous pareils, aux drapeaux, étoiles, lueurs rouges, filaments incandescents à l'intérieur des lampes, électricité parcourant les réseaux de fils de laiton en murmurant sa vibration doucereuse. Bruissements des mécanismes secrets cachés dans leurs boîtes, tic-tac des montres, ronronnement des ascenseurs montant, descendant. Halètement des vélomoteurs, cliquetis des soupapes, klaxons, klaxons. Tout ça parlait son langage, racontait son histoire de bielles et de pistons. Les moteurs vivaient, au hasard, enfermés dans les capots des automobiles, dégageant leur odeur d'huile et de carburant. La chaleur les auréolait sans cesse, montait des culasses brûlantes, se répandait dans les rues et se mêlait à la chaleur des hommes. Ville vivante. Les trolleybus glissaient sur leurs pneus, en gémissant continuellement. Le trolleybus numéro 9 longeait le trottoir, et à travers les vitres on voyait la cargaison de visages pareils. II dépassait un cycliste, il avançait sur la chaussée noire, on voyait les larges bandes des pneus s'écraser sur le sol avec un bruit d'eau. Le trolleybus numéro 9 avançait, portant dans son ventre les grappes de visages aux yeux tous pareils. Sur son dos, les deux antennes dressées couraient le long des fils électriques, s'inclinant, vibrant, crissant. De temps à autre, une boule d'étincelles jaillissait en claquant du bout des antennes, et on sentait dans l'air une drôle d'odeur de soufre. Le trolleybus numéro 9 s'arrêtait devant un pylône sur lequel était écrit « ROSA BONHEUR ». Les freins sifflaient, les portes se repliaient, et il y avait des gens qui descendaient à l'avant pendant que d'autres montaient à l'arrière. C'était ainsi. Puis le trolleybus numéro 9 repartait le long du trottoir portant dans son ventre la grappe d'œufs blanchâtres, en route vers le but inconnu. En route vers le terminus toujours recommencé, l'espèce de place déserte avec un jardin poussiéreux, où il virait lentement sur lui-même avant de repartir en sens inverse. © Gallimard Une première lecture vous donne une série d'impressions. N'hésitez pas à les formuler par écrit, mais pensez déjà à les assortir de points d'appui qui sont les expressions ou les procédés du texte. Ceci vous permettra d'éliminer les impressions trop subjectives et de valider les autres. Vous pouvez vous aider d'un tableau comme celui-ci : impression subjective repères objectifs 1 - une ville agressive des perceptions désagréables (bruits, odeurs) Continuez cet exercice en vous efforçant de trouver les procédés qui pourraient valider les approches suivantes : 2 - un univers inquiétant 3 - une atmosphère étrange, fantastique 4 - un univers mécanique, en proie à une activité intense 5 - une ville inhumaine 6 - le trolleybus a l'air d'un animal 7 - des gestes immuables et répétitifs 8 - une masse humaine anonyme et indifférenciée. Problématiser : mettez maintenant en relation ces différentes pistes autour d'une problématique d'ensemble : ce pourrait être par exemple le regard particulier que porte l'auteur sur la ville moderne. On pourrait ainsi apercevoir deux axes de lecture : un univers mécanique et déshumanisé (3 - 4 - 5 - 7) - une atmosphère fantastique (1 - 2 - 6 - 8). Qu'est-ce qu'une problématique ? Devenue l'outil incontournable de la plupart des exercices, à l'écrit comme à l'oral, la problématique est la direction que l'on se propose de suivre dans le traitement d'un problème. Lancée dès le départ de la démarche analytique comme un enjeu ou un projet dont rien n'assure de la réussite, elle doit néanmoins se donner la rigueur nécessaire pour tenter d'y parvenir : les questions que nous poserons systématiquement au texte sont destinées à la garantir, de même que les bilans intermédiaires que nous établirons à chaque étape. Comment poser une problématique ? La première lecture du texte est déterminante : avant de vous lancer dans son "explication", il vous faire état d'un enjeu d'analyse. Chaque texte, bien sûr, méritera le sien, mais on peut compter sur quelques principes : un texte se rattache à un contexte, voire à un intertexte. Ce peut être le mouvement culturel dans lequel il s'inscrit, une forme ou un thème traditionnels. Vous semble-t-il qu'il en présente les caractères attendus, ou pensez-vous qu'il manifeste quelques écarts ? Voici une problématique. un texte se rattache à un genre. Selon un principe identique, y reconnaissez-vous les caractéristiques les plus fréquentes ? Constatez-vous, là encore, quelques irrégularités ? Excellente occasion d'aller y regarder de plus près. un texte est traversé de plusieurs registres. Leur nature, leur variété pourront vous paraître paradoxales et vous indiquer un terrain d'analyse fructueux. Dans l'ensemble, d'ailleurs, une problématique naîtra de votre étonnement devant un caractère inattendu présenté par le texte. Comment formuler une problématique ? Vous aurez soin de lui garder son caractère hypothétique par la tournure interrogative. La problématique constituera l'élément central de votre introduction. Ne construisez jamais vos axes autour des "thèmes" du texte : vous risqueriez alors d'en faire une simple description qu'on appelle la paraphrase. Appuyez-vous au contraire sur vos remarques de forme et sachez, grâce aux bilans intermédiaires de votre lecture analytique, en faire une synthèse capable de mettre en valeur l'intérêt du texte. Voici un texte, également signé J.M.G. Le Clézio, et d'inspiration nettement similaire. Essayez de valider les mêmes approches que précédemment en vous appuyant, bien sûr, sur les procédés particuliers qu'il nous offre. Au bord du fleuve sec, il y a la cité des HLM. C'est une véritable cité en elle-même, avec des dizaines d'immeubles, grandes falaises de béton gris debout sur les esplanades de goudron, dans tout le paysage de collines de pierres, de routes, de ponts, avec le lit de galets poussiéreux du fleuve, et l'usine de crémation qui laisse flotter son nuage âcre et lourd au-dessus de la vallée. Ici, on est loin de la mer, loin de la ville, loin de la liberté, loin de l'air même, à cause de la fumée de l'usine de crémation, et loin des hommes, parce que c'est une cité qui ressemble à une ville désertée. Peut-être qu'il n'y a personne en vérité, personne dans ces grands immeubles gris aux milliers de fenêtres rectangulaires, personne dans ces cages d'escalier, dans ces ascenseurs, et personne encore dans ces grands parkings où sont arrêtées les autos ? Peut-être que ces fenêtres et ces portes sont murées, aveuglées, et que plus personne ne peut sortir de ces murs, de ces appartements, de ces caves ? Mais ceux qui vont et viennent entre les grandes murailles grises, hommes, femmes, enfants, chiens parfois, ne sont-ils pas comme des fantômes sans ombre, insaisissables, introuvables, aux yeux vides, perdus dans l'espace sans chaleur, et ils ne peuvent jamais se rencontrer, jamais se trouver, comme s'ils n'avaient pas de vrai nom. De temps en temps passe une ombre, fuyante entre les murs blancs. On voit le ciel parfois, malgré la brume, malgré l'épais nuage qui descend de la cheminée de l'usine de crémation, à l'ouest. On voit des avions aussi, un instant échappés des nuées, traçant derrière leurs ailes étincelantes de longs filaments cotonneux. Mais il n'y a pas d'oiseaux par ici, ni de uploads/Litterature/ le-commentaire-constitue-l 1 .pdf

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