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Brill is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Arabica. http://www.jstor.org La "lecture supérieure" du Coran selon ibn Barraǧān Author(s): Denis Gril Source: Arabica, T. 47, Fasc. 3, Les usages du Coran. Présupposés et Méthodes: Formgebrauch des Korans. Voraussetzungen und Methoden (2000), pp. 510-522 Published by: Brill Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4057567 Accessed: 27-12-2015 07:27 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 178.250.250.21 on Sun, 27 Dec 2015 07:27:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA <<LECTURE SUPERIEURE,> DU CORAN SELON IBN BARRAGAN PAR DENIS GRIL Universite de Provence/I.R.E.M.A.M., Aix PEUT-ON parler d"'usage" du Coran A propos du commentaire coranique d'Ibn Barragan ? Certes les commentateurs usent sou- vent du texte du Coran pour defendre telle opinion juridique ou theologique. Les soufis eux-memes recherchent dans le Coran une allu- sion (isara) A leur propre etat spirituel. Cependant dans le cas d'Ibn Barragan, il serait plus approprie de parler d'immersion totale dans l'univers du Coran, pour en saisir la dimension interieure et cosmique. C'est meme une quasi-identification du lecteur au Livre que propose cet auteur, un usage maximum en quelque sorte. Abu 1-Hakam 'Abd al-Salam b. 'Abd al-Rahman b. Muhammad Ibn Barragan est-il ne A S6ville' ? I1 y passe en tout cas toute sa vie. Ses biographes vantent ses competences en matiere de lectures coraniques, philologie, hadAt, kaldm, mais aussi de mathematiques et de g6ometrie. Ils constatent cependant que la science esoterique ('ilm al-batin) consti- tuait sa preoccupation majeure et qu'il menait une vie retiree et dis- crete (kana yu'tiru al-'uzla wa l-humul). Pour quelle raison donc fut-il convoque en 536/1141, avec Ibn al-'Arif d'Almeria et Abui Bakr al- May-urqi de Grenade, pour comparaitre A Marrakech devant le sultan almoravide 'AllC b. Yusuf b. Tasfl7n. Ces personnages avaient-ils ete denonces pour leurs opinions heterodoxes par les fuqaha' malikites proches du pouvoir ? D'apres l'un de ses biographes, Ibn Barragan ' Ibn al-Abbar le qualifie de al-Lahmt al-IiqT tLumma al-lsbT1i. Ibn Barragan est tres vraisemblablement I'arabisation d'un nom propre ou commun d'origine berbere, comme nous le suggere notre collegue Helene Claudot-Hawad. Ibargan par exemple est le nom d'une fraction touaregue de l'Ahaggar et le terme ibaragan en touaregue evoque l'id6e de faire des manieres. ? Koninklijke Brill NV, Leiden, 2000 Arabica, tome XLVII This content downloaded from 178.250.250.21 on Sun, 27 Dec 2015 07:27:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA oLECTURE SUPERIEURE>> DU CORAN 511 etait surnomme par ses contemporains le "GazMlT d'al-Andalus", or les ecrits d'Abii Hamid avait ete bruls A Seville au debut du regne du Sultan. Etaient-ils soupconnes de fomenter un mouvement de revolte? Sa'rani, reference tardive et historiquement peu suire, affirme qu'lbn Barragan avait ete reconnu comme imam par 130 cites ou villages (qagya). Aucune source locale et contemporaine ne le confirme, mais l'on peut penser que cette tradition fait 6cho au climat de suspicion qui pesait sur les maitres spirituels d'al-Andalus, a un moment oiu l'em- pire almoravide etait menace au nord par les debuts de la Reconquista, au sud par les Almohades et en Espagne meme par plusieurs mouve- ments d'insurrection. Selon toute vraisemblance, Ibn Barragan n'y a pas participe. Par contre, Paul Nwyia a montre, en corrigeant Asin Palacios, qu'Jbn al-'ArI7f s'adressait A Ibn Barragan comme a un maltre venere". De plus, un an apres la mort de ce demier a Marrakech, Ibn al-Qasi, lui-meme disciple d'Ibn al-'Arif, lance dans l'Algarve le mou- vement arme des MuridiTn. On comprend donc que ces maitres aient pu etre consideres comme dangereux pour le pouvoir almoravide, d'au- tant plus que leur zone d'influence s'etendait sur tout le sud de la Peninsule et sans doute au dela. En effet, alors qu'aucun grief precis ne semble avoir ete retenu contre lui apres sa confrontation avec le Sultan et les fuqaha', Ibn Barragan est maintenu en prison. Selon l'auteur du Tasawwuf, il annonce que sa mort prochaine sera suivie de celle du Sultan qui meurt l'annee suivante en 537/1142. La depouille mortelle du Cheikh est jetec sur un tas d'ordures. Apprenant cela, 'Ali b. Hirzihim, envoie un de ses disciples ameuter la population pour accomplir sur lui la priere des funerailles et lui donner un sepulture decente. Apprenant cela 'Ali b. Yuisuf se serait exclame <<Celui qui connailt son merite et n'assiste pas a la priere pour ses funerailles, que la malediction de Dieu soit sur lui>>. L'attribution d'une telle parole au Sultan tend a prouver qu'il avait fait arreter et emprisonner Ibn Barragan plus sous la pression des fuqaha' maLikites que par conviction person- nelle. Le Tasawwuf nous montre egalement Abui 'Abdallah al-Daqqaq de F&s, qui fut plus tard, comme Ibn Hirzihim, l'un des maitres d'Abiu Madyan, prenant au cours d'une discussion la defense d'Ibn Barragan 2 Cf Asin Palacios, Abenmasarra y su escuela, Origines de la filosofia hispano-musulmana, Madrid 1914 p. 109; introduction a Ibn al-'ArIf, Mahasin al-majalis, Paris 1933 p. 4-5 et Paul Nwyia, <<Note sur quelques fragments inedits de la correspondance d'Ibn al-'Arif avec Ibn Barrajan>>, Hesperis 1956 p. 217-221, et <<Rasa'il Ibn al-'ArIf ila ashab tawrat al-muridin fi 1-Andalus>>, Magallat al-Abhdt, Beyrouth 1978-9 p. 43-56. This content downloaded from 178.250.250.21 on Sun, 27 Dec 2015 07:27:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 512 DENIS GRIL et d'Ibn al-'Arif. La notoriete de ces deux maitres au Maroc explique qu'ils aient pu etre consideres come de dangereux rivaux par les fuqaha' qui entouraient le Prince3. La vie d'Ibn Barragan, le milieu sevillan oui il se forma et diffusa son enseignement, ses liens avec les cercles spirituels d'al-Andalus et du Maghreb restent un objet d'etude a approfondir. Nous avons conserve de lui les trois oeuvres que mentionnent ses biographes. Elles sont restees jusqu'A ce jour in6dites, alors qu'elles representent un temoignage capi- tal pour comprendre la continuite historique d'un mouvement de pen- see et de spiritualite initie en Andalus par Ibn Masarra et paracheve par Ibn 'Arab! et d'autres. Leur edition devrait etre consideree comme une priorit6. Ibn Barragan est gen6ralement considere comme I'auteur d'un traite sur les Noms divins, intitule Tariumdn lisan al-haqq al-mabtit fi I-amr wa l-halq (BN) ou simplement: Sarh asma' Allah al-husnd (British Library)4 et d'un commentaire coranique. Seul Ibn al-Zubayr distingue ce dernier d'une autre ceuvre, le Kitab al-irsad. I1 pr&ise que dans cette ouvrage l'auteur s'emploie A montrer la concordance entre la signification de certains ladit tires du Sahah de Muslim et celle de certains versets5. Brockelmann, outre les deux manuscrits du traite sur les Noms divins, indique ce titre: Tanbdh al-ajhdm ild tadabbur ai-kitdb wa 1-ta'arruf 'ali 1-ayat wa 1-naba' al-'azJm (2`me partie, Munich). Nous n'avons pas encore consulte cet exemplaire, mais son titre indique clairement qu'il s'agit d'un des deux commentaires coraniques. Sur Ibn Barragan, voir les references indiquees dans EI2 III 754-5 ; GAL I 434/559, S I 775 ; Mu'gam al-mu'allfin V 226; Dahabi, Sgyar A'ldm al-nubald' Beyrouth 1985, XX 72 no 44. Les sources les plus anciennes sont: Thdili, al-Ta?awwuf ild rzgal al-tasawwuf; ed. A. Toufic, Rabat 1984 p. 156 (A propos de Abiu 'Abdallah al-Daqqaq) et 170 (A propos de 'Ali b. Hirzihim); Ibn al-Zubayr, Silat al-sila, 6d. Uvi-Provencal, Rabat, 1938, p. 31 n? 45; Ibn al-Abbar, al-Takmila li-kitab al-sila, ed. Codera, Madrid, 1887 no 1797; Ibn Hallikan, Wafayat al-aCydn ed. J. 'Abbas, IV, 230, 236-7. La plupart des biographes ulterieurs reproduisent ces sources ainsi que Ibn 'Abd al-Malik al-Marrakusi, al-Dayl wa l-taknila, cite notamment par al-Dawudi, Tabaqdt al-mufassirin, Le Caire, 1972, 1, 300, n? 280. Certains confondent 'Abd al-Salam Ibn Barragan avec son petit-fils qui porte le meme nom que lui, comme Taikopruzade qui cite pourtant la prediction de Jerusalem d'apres Ibn Ha[likan, cf Mftahz al-sa'ada, Le Caire, 1978, 11-2; voir egalement al-Munawi, al-Kawdkib al-dumjyyafi taragim al-sddat al-siifiyya, Le Caire, 1994, 11 682, n? 425; Nabhani, Gdmi' kardmat al-awlya', Le Caire, 1962, I, 166-7. 4 I1 en existe egalement trois exemplaires A la Siileymaniye: *ehit All Pa?a 426, copie A Alep en 598 H. (221f.) ; Carullah 1023, copie en 795 H. (235f.) et LAleli 1551, copie en 993 H. (198f.). Mme Purificaci6n de la Torre vient d'en publier, une ed. cri- tique: Lbn Barrayan, Sarh asma' Alldh al-husn, fuentes Arabica-Hispanas, 24, Madrid, 2000. 5 Cff Silat al-sila, p. 31. This content downloaded from 178.250.250.21 on Sun, 27 Dec 2015 07:27:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions LA (<LECTURE SUPERIEURE>> DU CORAN 513 En effet, les manuscrits de Turquie confirment l'existence de deux traites distincts sur le Coran 1) Le Commentaire du Coran L'exemplaire le plus ancien est celui de Konya, Yusuf Aga 4744- 4745-4746 (243, 182 et 365 folios). L'exemplaire n'est pas date, uploads/Litterature/ le-coran-selon-ibn-barrajan-gril.pdf
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- Publié le Fev 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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