NUMÉRO 2 – JUIN/JUILLET 2012 – BIMESTRIEL MENACE SUR LE MUSÉE DU CAIRE LOUIS XI
NUMÉRO 2 – JUIN/JUILLET 2012 – BIMESTRIEL MENACE SUR LE MUSÉE DU CAIRE LOUIS XIV, LE MARIÉ DE SAINT-JEAN- DE-LUZ LE ROMAN DES PRÉSIDENTS DE LA RÉPUBLIQUE 3:HIKPPJ=ZU[^U\:?a@k@a@c@ M 05595 - 2 - F: 6,90 E - RD 2 2 N U M É R O N U M É R O La FOLLE HISTOIRE des WINDSOR De Victoria à Elizabeth II Les secrets de Buckingham Edouard VIII, George VI, Lady Di et les autres… BEL : 7,60 €- CAN : 14 $C - CH : 11 FS - DOM : 8 €- LUX : 7,60 €- MAR : 75 DH - NL : 8 €- PORT CONT : 8 € BEL : 7,60 €- CAN : 14 $C - CH : 11 FS - DOM : 8 €- LUX : 7,60 €- MAR : 75 DH - NL : 8 €- PORT CONT : 8 € Bertrand MEYER-STABLEY Pour tout savoir sur 60 ans de vie intime et publique ! 3 É D I T O R I A L Par Michel De Jaeghere C ’est un petit livre qui a les couleurs d’un testament spirituel. Il a été écrit par la plus illustre de nos hellé- nistes, il y a près de quarante ans. Il était resté inédit; il pourrait avoir été rédigé hier. Nous en devons la découverte post mortem à l’amitié, à la piété de Bernard de Fallois. C’est une voix qui vous vient d’outre- tombe sans avoir rien perdu de son élégance et de son charme, de sa gravité familière. Ce que je crois : on ne trou- vera pas, sous ce titre, de profondes visées surnaturelles. Jacqueline de Romilly n’y parle pas de sa foi, de ses doutes ou de ses espérances sur le mystère de la mort et la vie éternelle. Vingt années séparent la rédaction de ces pages de la grâce qui l’amènera, un jour, à se convertir au christianisme. Dans le sillage du grand ébranlement de Mai 68, et devant la crise qui secouait l’enseignement, la culture et, au-delà, la société tout entière, elle y marquait bien plutôt un temps de réflexion, une pause : comme s’il lui avait semblé nécessaire de faire le point sur ce qui lui paraissait menacé d’essentiel par l’emballement de la modernité, l’hypertrophie de l’individualisme utilitaire, la démission des intelligences devant le prétendu sens de l’histoire. C’est un petit livre testamentaire. Jacqueline de Romilly y défend moins ses opinions personnelles que «le dépôt» qu’avait laissé en elle, «jour après jour, une vie consacrée à la Grèce ancienne». Elle l’avait convaincue que l’expérience des Grecs pouvait jeter sur nos difficultés, nos échecs, nos crises existentielles une clarté singulière, parce que la décou- verte toute neuve de l’écriture, jointe à une propension exceptionnelle à tenter d’expliquer l’univers, leur avait donné d’explorer les dilemmes de l’aventure humaine avec une fraîcheur sans pareille. A l’école de Platon, la vie droite leur était apparue comme une longue éducation destinée à nous préparer à regarder en face tout l’éclat du soleil. En quelques pages lumineuses, où se lit l’empreinte laissée par la fréquentation de Thucydide, d’Euripide, d’Homère, Jacqueline de Romilly y évoque la force du lien civique, ce miracle qui peut faire du sentiment d’appartenance, lorsqu’il est pleinement vécu, ressenti, quand il devient «une amitié plus large, sans limite», comme ce fut le cas pour elle pen- dant la guerre, «le contraire d’une aliénation» alors même qu’il exige d’austères disciplines : la maîtrise de soi, le sens du sacrifice, le respect du bien commun. Elle y chante la magie de la littérature, qui repousse à l’infini les bornes de l’expérience humaine et nourrit la vie intérieure de ses «illuminations fugaces et fuyantes»; la fécondité des grands mythes «éprouvés par des générations d’hommes, exprimés et réexprimés dans leur force toujours nouvelle», qui nous emportent sur leurs ailes. Elle y confesse, plus encore, sa certitude que la restauration du lien social n’est pas à cher- cher ailleurs que dans une éducation qui cultive l’amour de la liberté, la passion de la justice, le respect de la vie humaine. «On ne naît pas homme au sens plein du terme : on apprend à le devenir, avec peine, écrit-elle. (…) Si l’Eglise, la famille, l’école renoncent en même temps à transmettre et à fortifier [ces] valeurs, elles sombreront, et nous avec.» Sans doute Jacqueline de Romilly ne savait-elle pas, en écrivant ce petit livre, qu’elle finirait sa vie, bien plus tard, aveu- gle comme Œdipe, comme Homère. Cela n’en rend que plus émouvantes les pages qu’elle consacre au bonheur de voir la lumière. Non celle du «soleil écrasant à qui l’on rend hommage dans l’hébétude de l’été», mais celle qu’ont célé- brée les anciens Grecs parce qu’elle revêtait d’or les marbres et «le sourire innombrable des vagues marines» (Eschyle). Celle qu’elle contemplait elle-même au pied de la Sainte-Victoire, quand l’ombre des platanes dansait en taches légè- res sur un pan de mur blond dans la gloire du petit matin. Les Grecs, souligne-t-elle, ont inventé la tragédie pour nous apprendre que l’homme n’est qu’«un fantôme et une ombre inconsistante». Que sa condition le voue parfois à des malheurs insignes. Mais l’admirable est qu’ils n’aient jamais oublié les joies que réserve aussi l’existence : Antigone regrette le bonheur perdu au bord de la tombe où elle a accepté d’être emmurée vivante pour qu’il ne soit pas dit qu’ont été méconnues les lois non écrites, inébranlables, des dieux; le sourire d’Andromaque rappelle les douceurs de la paix alors même que la mort d’Hector s’annonce imminente; Aristophane évoque les feux de l’automne et les fêtes des vendanges au cœur de la guerre du Péloponnèse : «tout est d’or, tout étincelle». Cela donne sa pleine dimen- sion à la méditation de Jacqueline de Romilly sur l’histoire humaine. Contre tous les déterminismes, qui lui apparais- sent comme autant de prétextes à nos renoncements, elle proclame que l’on peut, que l’on doit, tirer des leçons de l’Histoire. En nous offrant le récit de ses moments de plénitude, comme le tableau de ses désordres, elle est l’école de notre liberté. Elle nous fait discerner les causes des malheurs publics, les permanences de la nature humaine, le jeu funeste des passions contraires. Elle nous donne ainsi l’occasion d’exercer la discipline dans laquelle se fondent, aux yeux de la grande helléniste, «toutes les vertus grecques» : l’effort permanent de comprendre et de transmettre. «Apprendre et comprendre, écrit-elle, se désignaient par le même mot; pardonner et comprendre aussi. Et, en grec, dans ce pays qui sait si bien nous rappeler la joie de “voir la lumière”, cela s’appelait aussi “voir clair”.» Apprendre, discerner, comprendre, pardonner, contempler, transmettre : cette recherche fervente, dit Jacqueline de Romilly, «a rempli ma vie». Son livre est beaucoup plus que la confession d’une universitaire : c’est un bréviaire de la Civilisation. Ce que je crois, de Jacqueline de Romilly, Editions de Fallois, 159 pages, 16 €. © BLANDINE TOP. COMITÉ SCIENTIFIQUE Président : Jean Tulard, de l’Institut. Membres : Jean-Pierre Babelon, de l’Institut; Marie-Françoise Baslez, professeur d’histoire ancienne à l’université de Paris-IV Sorbonne; Simone Bertière, historienne, maître de conférences honoraire à l’université de Bordeaux-III et à l’ENS Sèvres; Jean-Paul Bled, professeur émérite (histoire contemporaine) à l’université de Paris-IV Sorbonne; Jacques-Olivier Boudon, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris-IV Sorbonne; Maurizio De Luca, ancien directeur du Laboratoire de restauration des musées du Vatican; Jacques Heers, professeur émérite (histoire médiévale) à l’université de Paris-IV Sorbonne; Nicolaï Alexandrovitch Kopanev, directeur de la bibliothèque Voltaire à Saint-Pétersbourg; Eric Mension-Rigau, professeur d’histoire sociale et culturelle à l’université de Paris-IV Sorbonne; Arnold Nesselrath, professeur d’histoire de l’art à l’université Humboldt de Berlin, délégué pour les départements scientifiques et les laboratoires des musées du Vatican; Dimitrios Pandermalis, professeur émérite d’archéologie à l’université Aristote de Thessalonique, président du musée de l’Acropole d’Athènes; Jean-Christian Petitfils, historien, docteur d’Etat en sciences politiques; Jean-Robert Pitte, de l’Institut, ancien président de l’université de Paris-IV Sorbonne, délégué à l’information et à l’orientation auprès du Premier ministre; Giandomenico Romanelli, professeur d’histoire de l’art à l’université Ca’ Foscari de Venise, ancien directeur du palais des Doges; Jean Sévillia, journaliste et historien. LE TESTAMENT D’UNE VIE CONSACRÉE À LA GRÈCE ANCIENNE Visuel Skertzò UN SPECTACLE SKERTZÒ Mai-juin-septembre: vendredi, samedi. Juillet-août: jeudi, vendredi, samedi. Les jeudis 17 mai, le 21 juin. Le dimanche 27 mai et le mercredi 15 août. 03 44 15 30 30 www.beauvais-cathedrale.fr SPECTACLE GRATUIT 11 MAI > 15 SEPTEMBRE à la tombée de la nuit… Société du Figaro Siège social 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Président Serge Dassault. Directeur Général, Directeur de la publication Marc Feuillée. Directeur des rédactions Etienne Mougeotte. Directeur Général adjoint Jean-Luc Breysse. LE FIGARO HISTOIRE. Directeur de la rédaction Michel De Jaeghere. Rédacteur en chef Vincent Tremolet de Villers. Grand reporter Isabelle Schmitz. Enquêtes Albane Piot. Chef de studio Françoise Grandclaude. Secrétariat de rédaction Caroline Lécharny-Maratray. Rédacteur photo Carole Brochart. Editeur Lionel Rabiet. Chef de produit Emilie Bagault. Directeur de la production Bertrand de Perthuis. 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- Publié le Fev 05, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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