H AVRIL-MAI 2015 – BIMESTRIEL – NUMÉRO 19 H BEL : 7,60 € - CAN : 4 $C - CH : 12

H AVRIL-MAI 2015 – BIMESTRIEL – NUMÉRO 19 H BEL : 7,60 € - CAN : 4 $C - CH : 12 FS - DOM : 8 € - LUX : 7,60 € - MAR : 78 DH - PORT CONT : 8 € BEL : 7,60 € - CAN : 4 $C - CH : 12 FS - DOM : 8 € - LUX : 7,60 € - MAR : 78 DH - PORT CONT : 8 € C COMMENT OMMENT IL IL A A PERDU PERDU LA LA S SECONDE ECONDE G GUERRE UERRE MONDIALE MONDIALE D DANS ANS LE LE SECRET SECRET DU DU BUNKER BUNKER G GOEBBELS OEBBELS EN EN FAMILLE FAMILLE L LE E MENSONGE MENSONGE ET ET LA LA TRAGÉDIE TRAGÉDIE HITLER HITLER LES LES DERNIERS DERNIERS JOURS JOURS LES TRÉSORS SACCAGÉS DE MÉSOPOTAMIE LE GÉNOCIDE OUBLIÉ DES ARMÉNIENS RETROUVER LES THRACES Le réflexe info. L’ANTÉCHRIST DES CLASSES MOYENNES É D I T O R I A L Par Michel De Jaeghere © BLANDINE TOP CONSEIL SCIENTIFIQUE. Président : Jean Tulard, de l’Institut. Membres : Jean-Pierre Babelon, de l’Institut ; Marie-Françoise Baslez, professeur d’histoire ancienne à l’université de Paris-IV Sorbonne ; Simone Bertière, historienne, maître de conférences honoraire à l’université de Bordeaux-III et à l’ENS Sèvres ; Jean-Paul Bled, professeur émérite (histoire contemporaine) à l’université de Paris-IV Sorbonne ; Jacques-Olivier Boudon, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris-IV Sorbonne ; Maurizio De Luca, ancien directeur du Laboratoire de restauration des musées du Vatican ; Eric Mension-Rigau, professeur d’histoire sociale et culturelle à l’université de Paris-IV Sorbonne ; Arnold Nesselrath, professeur d’histoire de l’art à l’université Humboldt de Berlin, délégué pour les départements scientifiques et les laboratoires des musées du Vatican ; Dimitrios Pandermalis, professeur émérite d’archéologie à l’université Aristote de Thessalonique, président du musée de l’Acropole d’Athènes ; Jean-Christian Petitfils, historien, docteur d’Etat en sciences politiques ; Jean-Robert Pitte, de l’Institut, ancien président de l’université de Paris-IV Sorbonne, délégué à l’information et à l’orientation auprès du Premier ministre ; Giandomenico Romanelli, professeur d’histoire de l’art à l’université Ca’ Foscari de Venise, ancien directeur du palais des Doges ; Jean Sévillia, journaliste et historien. H F riedrich Reck-Malleczewen est mort à Dachau le 16 février 1945. Il n’avaitjamaisétélàoùonl’attendait.Issud’unearistocratiquelignéede junkers, il avait préféré la carrière des lettres à celle des armes où s’était illustréesafamille:aprèsdesétudesdemédecine,desvoyagesaulongcours en Amérique et en Afrique, il s’était consacré au journalisme, à la critique théâtrale et à l’écriture de romans picaresques. Protestant, il s’était converti en 1933 au catholicisme parce que l’Eglise lui était alors apparue comme le dernier rempart de la civilisation européenne contre le règne des masses fanatisées. Originaire de Prusse-Orientale, il n’avait pas de mots assez durs pour les traditions politiques et les « vastes plaines désolées » de son pays natal ; il avait fait de la Bavière sa patrie d’adoption, de son prince héritier, le suzerainauquelilréservaitsafidélité.Monarchisteettenantdelarévolution conservatrice,ilavaitéprouvéd’emblée,àl’égarddunazisme,unerépulsion irrésistible. De 1936 à son arrestation par la Gestapo, en octobre 1944, pour « sabotage de l’effort de guerre », il l’avait exprimée dans un journal secret, dontilavaitenterrélesfeuillesmanuscrites,aufuretàmesuredeleurrédac- tion,dansleparcdesonchâteaudeChiemgau.Retrouvéàlafindelaguerre parsafemme,letexteavaitétépubliépourlapremièrefoisen1947,sansren- contrer beaucoup d’écho. Il s’agissait pourtant, selon les mots d’Hannah Arendt, de « l’un des témoignages les plus importants sur l’Allemagne de Hit- ler ». Il bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle traduction française, et aucun livre n’est plus approprié, peut-être, pour marquer la commémoration du soixante-dixièmeanniversairedelafindel’Allemagnehitlérienne. Sous le scalpel impitoyable de l’écrivain, c’est toute l’imposture d’un «Antéchristdesclassesmoyennes»etd’uneentreprisedegangstérismemal déguisée sous la défroque du nationalisme et de l’honneur militaire qui se dévoileeneffet,danssamédiocrité.Visionsprophétiques,tableauxauvitriol et vanités s’enchaînent dans une langue rendue étincelante par la rage impuissante d’un patriote condamné à souhaiter la défaite de son propre payspouréchapperauspectacledesapatriedéfigurée.C’esticilerécitdeses rencontres fortuites avec Hitler, au temps où, « assis avec le visage d’un gar- çondecaféquiauraitmaltourné»,celui-cin’étaitencorequ’uncomploteur famélique, à la recherche d’appuis hauts placés. Là, l’expression du dégoût que lui inspire la foule des « derviches-hurleurs » acclamant le « dignitaire suprême », « la casquette profondément enfoncée sur le front, ressemblant assezàunreceveurdetramway».Toujours,lerejethautaindece«machia- vélismedepetitesgens»quin’imaginaitdèsl’originelapolitiquedel’Allema- gne que comme « une série de vols avec effraction, l’activité d’un homme d’Etatdepremierplancommeunechaîned’abusdeconfiance,defauxenécri- turespubliquesetderupturesdecontrats,touteschosesquidevaientluivaloir parlasuiteauprèsdetouslesmaîtresd’école,surnumérairesdescontributions directes,etsténodactylos,(…)laréputationd’unGengisKhan». Jamais, et c’est son grand mérite, Friedrich Reck-Malleczewen n’est dupe delamilitarisationpostichedesdignitairesdurégime,duromantismefactice de ses grandes liturgies, des discours patriotiques de son chef. Le retour à l’ordreimposésurfonddechantsdetaverneetsousleclaquementdesban- nières par une clique de voyous et de parvenus en bottes d’écuyers ne lui apparaîtquecommeunesingeriedelasociétéaristocratiqueàlaquelleaspi- rent ses pensées ; dans l’exaltation d’une politique ignorant les frontières du justeetdel’injuste,iln’entendquelecridu«macaqueférocequiarompusa chaîne».JamaisnonpluslesvictoiresdiplomatiquesetmilitairesduReich,en Tchécoslovaquie,enAutriche,enPologne,enFrance,n’ébranlentsacertitude quel’aventureestsansissueetqu’un«Molochdégénéré»entraîneàlahonte, une « génération élevée (…) selon les principes du brigandage de grand che- min»etconsidérant«lavolontéduFührercommeuneloicosmique,ettousles opposants,ycomprisceuxd’au-delàdesfrontièrescommedescriminels». LelivredeFriedrichReck-Malleczewenvapourtantau-delàdecejeude massacre,rendujubilatoire,endépitdesahargneetdesonamertume,par unexceptionnelbonheurd’écrire.Lastupeurqueluiinspirel’aveuglement collectif d’une nation qui avait construit autrefois des cathédrales gothi- ques, produit les chants choraux de Bach et les poèmes de Schiller, et se satisfait désormais d’être devenue « un peuple de pirates qui exécute ses mauvais coups sur la terre ferme, avec accompagnement de Te Deum », le conduit à une stimulante réflexion sur le péché originel de l’unité alle- mande, maladivement constituée autour d’une Prusse qui n’était qu’une colonie militaire, sans patriciat, sans bourgeoisie, sans lettrés, et, par là, étrangère à la civilisation qui avait fait la gloire du vieux Saint Empire. Elle l’amène, plus encore, à une mise en cause radicale de la modernité technicienne dont le nazisme lui apparaît comme un avatar tragique et ridicule, et dans laquelle il dénonce, à l’école d’Ortega y Gasset, la racine du mépris plébéien pour la culture, l’hégémonie d’une « pensée désormais entièrement absorbée par l’idée de la prospérité ». « Lorsque le déclin du monde aura commencé », prophétise-t-il, le nouvel homme formé par la valorisationsanslimitedel’accumulationetdubien-être«demanderaau gouvernementcequ’ilcomptefairepourquelematchAllemagne-Suèdefixé au dimanche suivant puisse avoir lieu ». FriedrichReck-Malleczewennes’estpascontentédecomprendrelesres- sortscachésdunazisme.Ontrouve,danssonlivre,plusd’untrésorsuscepti- bledenourrirlaméditationsursonépoque,etsurlanôtre.N’ymanquepas même cette profession de foi surgie de sa plume en 1937, et à laquelle son destin allait donner une résonance singulière : « Oui, je crois que notre mar- tyre, que la destination spécifique de notre petite phalange, sont le prix d’une résurrection de l’esprit et qu’à cet égard, nous n’avons rien à espérer pour le reste de notre vie physique, malmenée et mutilée, ayant tout à espérer au contraire pour le sens qu’aura l’heure de notre mort. Je ne me crois nullement au-dessusdelacrainte(…),jesaisqu’unjourtouslesgrandsmotsqu’onaécrits seprésententdevantvous,exigeantqu’onleurfassehonneur.» Le livre de Friedrich Reck-Malleczewen est un bréviaire pour temps de solitude.Cejournald’undésespéréestunantidoteaudésespoir. La Haine et la Honte, 1936-1944, Vuibert, 288 pages, 19,90 €. PERRIN, le meilleur de l’Histoire www.editions-perrin.fr / disponible en librairie et en numérique En librairiE lE 2 avril En librairiE lE 16 avril En librairiE lE 2 avril ACTUALITÉ DE L’HISTOIRE 8. Arménie, le génocide oublié Par Mikaël Nichanian 18. Chasseurs d’images Par Jean Sévillia 20. Noblesse oblige Entretien avec Eric Mension-Rigau, propos recueillis par Jean-Louis Thiériot et Albane Piot 24. LettresclassiquesParStéphaneRatti 25. Côté livres 31. Régis Debray à contretemps Par François-Xavier Bellamy 32. Les époux du Nil Par Marie Zawisza 33. Dionysos chez les Celtes Par Marie Zawisza 34. Cinéma Par Albane Piot et Geoffroy Caillet 36. Expositions Par Albane Piot 38. Télévision Par Marie-Amélie Brocard 39. A la table de l’histoire Par Jean-Robert Pitte, de l’Institut EN COUVERTURE 42. Führerdämmerung Par Jean-Louis Thiériot 52. Secrets de famille Par Jean-Paul Bled 56. Les fantômes du crépuscule Par Jean-Louis Thiériot, illustrations de Jean-Emmanuel Vermot-Desroches 64. Hitler à bout de souffle Par Jean-Paul Cointet 74. Comment Hitler a perdu la guerre Par Henri-Christian Giraud 80. Le mensonge et la tragédie Par Stéphane Courtois 88. Allemagne, année zéro Par Keith Lowe 94. Une saison en enfer 97. Hitler pile et face Par Geoffroy Caillet 98. La chute du IIIe Reich Par Albane Piot L’ESPRIT DES LIEUX 106. La Mésopotamie à l’épreuve du jihad Par Geoffroy Caillet 114. Dans les pas de Jeanne d’Arc à Rouen Par Anne Letouzé 118. Retrouver les Thraces Par Albane Piot 126. Sur les ailes de la Victoire Par Sophie Humann 130. Avant, Après Par Vincent Trémolet de Villers Société du Figaro Siège social 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Président Serge Dassault. Directeur Général, Directeur de la publication Marc Feuillée. Directeur des rédactions Alexis Brézet. LE FIGARO HISTOIRE. Directeur de la rédaction Michel De Jaeghere. Rédacteur en chef Geoffroy Caillet. Enquêtes Albane Piot. Chef de studio Françoise Grandclaude. Secrétariat de rédaction Caroline Lécharny-Maratray. Rédacteur photo Carole Brochart. Editeur Sofia Bengana. Editeur adjoint Robert Mergui. Chefs de fabrication Philippe Jauneau et Patricia Mossé-Barbaux. Relations presse et communication Marie Müller. LE FIGARO HISTOIRE. Commission paritaire : 0619 K 91376. ISSN : 2259-2733. Edité par la Société du Figaro. Rédaction 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Tél. : 01 57 08 50 00. Régie publicitaire Figaro Médias. Président-directeur général Aurore Domont. 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Tél. : 01 56 52 26 26. Imprimé en France par Imaye Graphic, 96, boulevard Henri-Becquerel, 53000 Laval. Mars 2015. Imprimé en France/Printed in France. Abonnement un an (6 numéros) : 29 € TTC. Etranger, nous consulter au 01 70 37 31 70, du lundi au vendredi, de 7 heures à 17 heures, le samedi, de 8 heures à 12 heures. Le Figaro Histoire est disponible sur iPhone et iPad. Au Sommaire Le Figaro Histoire est imprimé dans le respect de l’environnement. CE NUMÉRO A ÉTÉ RÉALISÉ AVEC LA COLLABORATION DE FRÉDÉRIC VALLOIRE, JEAN-LOUIS VOISIN, PHILIPPE uploads/Litterature/ le-figaro-histoire-numero-d-x27-avril-mai-2015.pdf

  • 31
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager