1 LE HAÏDOUC BULLETIN d’INFORMATION et de LIAISON de l’Association des Amis de
1 LE HAÏDOUC BULLETIN d’INFORMATION et de LIAISON de l’Association des Amis de Panaït Istrati — n° 5-6 — 33e année Printemps - Été - Automne - Hiver 2015 Prix : 6 € « ... rajeunir, pour le prince des vagabonds, à travers les ronces du temps, la piste royale que, jadis, tracèrent ses pas » Joseph Kessel « Moș Anghel n’est pas une tra- duction mais un écrit roumain : je considère qu’il égale le texte français. » « Dans La Maison Thüringer, j’essaie de faire une large adaptation en roumain tout en respectant le texte français. […] Je crois [...] que personne, quel que soit son effort, ne pourrait me traduire mieux que moi. [...] je prouve ici qu’une bonne traduction ne peut être obtenue qu‘au prix d’une coura- geuse violation de l’original » Panaït Istrati Portrait de Panaït Istrati par Dominique Hérody Couverture de l’édition roumaine d’Oncle Anghel, éditions Renaissance 2 SOMMAIRE Éditorial « La noble déesse, la Littérature ! » p. 2 Panaït Istrati Lettre à Jacob Rosenthal du 15 avril 1925 p. 5 Panaït Istrati Préface à l’édition roumaine d’Oncle Anghel de 1925 « À mes lecteurs de Roumanie » p. 7 Panaït Istrati Lettre à Ignat Hertz du 10 septembre 1934 p. 9 Panaït Istrati une œuvre en deux langues par Zamfir Bălan p. 11 Remarques sur les auto-traductions de Panaït Istrati par Heinrich Stiehler p. 14 Traductions et auto-traductions des œuvres de Panaït Istrati par Nicoleta Redinciuc p. 16 Le double visage de Panaït Istrati : traduction et auto-traductions par Nicoleta Redinciuc p. 19 La voix roumaine d’Istrati dans Présentation des Haïdoucs par Mariana Perişanu p. 20 Un blason pour Istrati par Hélène Lenz p. 22 De la bonne fortune du libraire au souffle du biographe inspiré par Christian Portemont p. 24 Du côté des universités : Zamfir Bălan, Hélène Lenz, Jean-Pierre Longre, Nicoleta Redinciuc, Heinrich Stiehler p. 25 Présence d’Istrati : Mitchell Abidor, Auberge de jeunesse de Vierzon, Les éditions Aracne de Rome, Librairie L ’Autre Rive de Nancy, Cyrille Auchapt, Roland Barthes, Jacques Baujard, Laurentiu Calciu, Cédric Biagini, Henri Colpi, Jean-Loup Dabadie, Jean-Luc Debry, Doriane Films, Elena Dumitru, Revue Europe, Dominique Fernandez, Festival Istrati à Paris, Élodie Huet, Marion Jean, Librairie Kyralina de Bucarest, Sébastien Lapaque, Linda Lê, Le Bar-Librairie Liber-Thés de Blois, François Maspero, Philippe Mauriras, Médiathèque Le Phénix de Colombelles, Nouvel Hôtel des ventes de Lyon, Mariana Perişanu, Les éditions Phébus, Lélio Plotton, Librairie Quilombo de Paris, Camelia Stanescu, Librairie Terre des Livres de Lyon p. 27 Brèves et variées : Bibliographie, Librairie du Sandre, La Poéthèque, Dominique Hérody, Constandina Brezu Stoian, Louis Janover p. 29 Activités de l’association : Le Site, Au Festival Istrati de Paris, Jacques Baujard, Le comité d’honneur p. 31 Regards croisés : Jérôme-Pierre Gilland (1815-1854) p. 31 Notices bibliographiques : Richard Millet, Irina Teodorescu p. 33 Nos collaborateurs et nos amis publient : Dominique Fernandez, Roger Grenier, Patrick Pécherot, Danièle Sallenave p. 34 Comité d’honneur p. 39 Informations pratiques p. 40 Encarts : Bulletin d’adhésion 2015 et Bon de soutien Bon de commande librairie 3 « LA NOBLE DÉESSE, LA LITTÉRATURE ! » Chères amies, chers amis, Après plusieurs numéros essentiellement consacrés au voyage en URSS suite à la publication en France et en Roumanie du témoignage d’Eleni Samios-Kazantzaki1, cette double livraison du Haïdouc nous introduit au cœur même de son œuvre et de ce qui en fait la singularité. L ’« autre flamme » pourrait-on dire, la flamme qui a fait d’Istrati un écrivain, celle de « la divine Lettre, la belle lettre imprimée, la phrase concise d’amour et de vérité qui fait tressaillir le cœur et éblouir l’esprit – la noble déesse, la Littérature ! » pour reprendre l’ expression d’ Adrien Zograffi dans Codine2. Depuis Plaute de Numidie et le Carthaginois Afer qu’on ne connaît plus que sous le nom de Térence jusqu’à Linda Lê et Ahmadou Kourouma en passant par Joseph Conrad, Oscar Milosz, Elias Canetti, Eugène Ionesco, Emil Cioran ou Samuel Beckett on ne compte plus les écrivains ayant adopté une autre langue que celle de leur pays natal. Plus rares sont les écri- vains qui s’autotraduisent comme Vladimir Nabokov, Romain Gary ou Nancy Huston. Aussi il n’était pas sans intérêt de publier deux lettres de Panaït Istrati adressées à des éditeurs roumains dans lesquelles il s’exprime sur la traduction de ses œuvres en langue roumaine. La première, du 15 avril 1925, à Jacob Rosenthal, qu’Istrati avait rencontré à Nice vraisemblablement au printemps 1924, au moment où Rosenthal dirigeait encore le quotidien Adevărul [La Vérité]. Istrati y collabora par une série d’articles jusqu’à son directeur soit « renversé du directorat et dépouillé de son avoir par une bande de social-marxistes composée d’amis vieux de vingt ans3 » au mois d’octobre de la même année. En 1925 Jacob Rosenthal crée une maison d’édition, Re- nașterea [Renaissance], où seront édités les premiers livres d’Istrati en langue roumaine, Trecut și Viitor [Passé et Avenir], incluant la lettre publiée ici, et ensuite Moș Anhel [Oncle Anghel]. La seconde lettre est adressée le 10 septembre 1934 à Ignat Hertz4. Outre son indignation soule- vée par la première traduction de 1924 en langue roumaine de Kyra Kyralina, on y trouvera un Istrati fort au fait des problèmes éditoriaux et attentif à l’édition de luxe. Nous y avons adjoint sa préface à l’édition roumaine d’Oncle Anghel qui complète utilement celle de ses deux lettres, d’autant qu’elle est inédite dans une publication française5. Zamfir Bălan par un article essentiel, « Panaït Istrati une œuvre en deux langues », nous démêle l’écheveau des différentes éditions françaises et roumaines, versions d’auteur tra- duites ou récrites qui font d’Istrati un auteur roumain d’expressions française et roumaine. Les remarques d’Heinrich Stiehler viennent compléter les éclaircissements de Zamfir Bălan en s’attachant particulièrement aux traductions autres que celles d’Istrati, celles des éditions d’Alexandre Talex et d’Alexandre Oprea-Eugène Barbu. Tout en étudiant également les traduc- tions de Panaït Istrati et d’Eugène Barbu, Nicoleta Redinciuc situe les questions soulevées par la traduction et l’autotraduction dans leur aspect théorique plus général et dans leur contexte typiquement roumain à travers la présentation de la publication de sa thèse de doctorat. Dans le résumé de sa communication prononcée à l’occasion d’un colloque tenu à l’Université de Perpignan en 2011 sur L’autotraduction aux frontières de la langue et de la culture elle com- mente la lettre d’Istrati à Ignat Hertz concernant les graves altérations et les dénaturations de la traduction roumaine de Kyra Kyralina parue aux éditions Adevărul [La Vérité] en 1924. De son côté Mariana Perişanu nous éclaire sur l’utilisation et la richesse des refrains, des pro- verbes, des expressions et des mots roumains cités, traduits ou transposés par Istrati. Dans l’œuvre d’Istrati, il y a quelque chose du mythe de Prométhée à travers les évocations récurrentes du bourbier, de la boue, de l’étincelle et de la flamme. « [...] beaucoup de person- 4 1. Eleni Samios-Kazantzaki, La Véritable Tragédie de Panaït Istrati, textes établis par Anselm Jappe et Maria Teresa Ricci, présentation, notes et postface d’Anselm Jappe, note bibliographique de Daniel Lérault, collection « Archives de la pensée critique » en partenariat avec l’Imec, Éditions Lignes, 2013. 2. Œuvres, Tome II, édition établie et présentée par Linda Lê, Phébus, collection « Libretto », édition de 2015, p. 624-625 ou Œuvres T. II La jeunesse d’Adrien Zograffi : Codine - Mikhaïl - Mes départs - Le Pêcheur d’éponges, Gallimard, « Hors Série Littérature », relié toile, p. 97-98. 3. Correspondance intégrale Panaït Istrati Romain Rolland 1919-1935, Canevas, 1990, p. 183. Jacob Rosenthal ne sera pas qu’un simple éditeur pour Panaït Istrati. Dans une autre lettre à Romain Rolland (idem p. 202), Panaït Istrati parle de Rosenthal comme de « son ami, superbe juif, grand roumain dans toutes ses actions et généreux au point de contracter des dettes pour aider sans chois et sans examen ». 4. Ces deux lettres ont été publiées en français dans l’édition bilingue français-roumain de Kyra Kyralina établie par Zamfir Bălan chez Istros/Musée de Braïla en 1994 (deuxième édition révisée en 2009, en vente auprès de l’association au prix de 10,00 €) et reprises ensuite dans le n° 46 du printemps 1998 du bulletin de l’association intitulé alors Les Amis de Panaït Istrati. La lettre à Jacob Rosenthal a été éditée pour la première fois, sans indication de destinataire, dans Trecut și Viitor qui comprend, entre autres, des récits qu’Istrati traduira en français : La Stăpăn [Mes départs] et Căpitan Mavromati qui formeront les deux premiers chapitres de Mes départs, Cine e autorul lui « Hamlet » ? [Qui est l’auteur d’« Hamlet » ?] qui sera repris dans Méditerranée [Coucher du soleil], et Nemurire [Immor- talité], un des récits du Pêcheur d’éponges. 5. Cette préface a été publiée en français dans l’édition bilingue français-roumain d’Oncle Anghel établie par Zamfir Bălan chez Istros/ Musée de Braïla en 1995. Pour ce n° du Haïdouc, sa traduction a été assurée par Hélène Lenz d’après la première édition roumaine d’Oncle Anghel du 1er novembre 1925 publié à uploads/Litterature/ le-haidouc.pdf
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- Publié le Jul 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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