PHILOSOPHIE IMAGINAIRE XXXVIII 2 °> ■) LES PARFUMS DE LA MAJESTE Fawâtih al-jam
PHILOSOPHIE IMAGINAIRE XXXVIII 2 °> ■) LES PARFUMS DE LA MAJESTE Fawâtih al-jamâl wafawâ’ïh al jalâl traduit de Varabe et présenté par PAUL BALLANFAT PHILOSOPHIE IMAGINAIRE ÉDITIONS DE L’ÉCLAT alatasaray Üniversitesi Kütüphanesi *55394* © Éditions de l’éclat, Nîmes, février 2001. http://www.lyber-eclat.net 55394 INTRODUCTION «Malheur le temps vient où l’homme ne lancera plus la flèche de sa nostalgie par- delà l’homme [...]. Malheur ! Le temps vient où l’homme ne pourra plus engen drer d’étoile. Malheur ! Le temps vient de l’homme le plus méprisable qui ne saura plus se mépriser lui-même. Voici je vous montre le dernier homme.» Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Ce livre est la traduction de l’un des plus importants traités de Najm al-dîn Kubrâ, lequel a donné lieu à une excellente édition critique, due au grand professeur Fritz Meier, publiée il y a de nombreuses années mais jamais dépassée. J’ai donc traduit ce texte en suivant cette édition et en indiquant entre crochets les variantes qui me semblaient les plus importantes. Cet ouvrage demanderait une étude systématique pour en explorer tous les aspects, tant il est condensé et riche. Fritz Meier s’est livré dans son édition à une étude générale de ce texte. Elle mériterait cependant, malgré ses grandes qualités, d’être encore enrichie par d’autres travaux. De même le présent ouvrage a déjà fait l’objet d’une présentation générale de certains de ses aspects, en particulier l’exposé des couleurs perçues par le mystique au cours de son itinéraire spiritue,l par le grand islamologue Henry Corbin. Son analyse essentiellement descriptive étant déjà suffi sante elle ne pourrait donner lieu qu’à des redites s’il fallait reprendre les mêmes thèmes. Je préfère donc renvoyer le lec teur à l’ouvrage dans lequel Henry Corbin aborde ces questions à propos de Najm al-dîn Kubrâ et d’autres maîtres de la lignée kubrawîe, L’Homme de lumière dans le soufisme iranien. Il n’était malheureusement pas non plus possible dans le cadre de cette 8 LES ÉCLOSIONS DE LA BEAUTÉ... traduction d’accomplir une réflexion complète sur Najm al-dîn Kubrâ. En effet, bon nombre de ses traités sont encore à l’état de manuscrits, dont son immense commentaire du Coran qui mérite une étude en soi1. J’ai néanmoins essayé d’entamer cette étude en abordant certains points qui méritaient des éclaircisse ments supplémentaires et qui permettront au lecteur de péné trer plus avant dans la pensée du grand maître de Khwârazm. Mes réflexions ne se substituent pas au travail de Fritz Meier qui reste irremplaçable, elles n’entendent que s’y ajouter. De même la biographie de N. Kubrâ ne prétend pas être exhaustive. Elle reprend dans l’ensemble un certain nombre des observations de F. Meier chez qui le spécialiste trouvera sur certains points des références plus détaillées et complètes. J’ai indiqué la plupart des références entre crochets. On en trouvera le détail exact dans la bibliographie en fin d’ouvrage. Les abréviations entre crochets sont le début des titres donnés en bibliographie. Les numéros de chapitre entre parenthèses dans la traduction du traité renvoient à la numérotation de F. Meier. Je me suis aussi efforcé de donner les références du com mentaire coranique de N. Kubrâ en mentionnant les versets commentés, ce qui permettra de retrouver plus rapidement les passages cités lorsque l’édition critique en paraîtra. Éléments biographiques L'initiation de Najm al-dîn al-Kubrâ L’année de sa mort, 618/1221, est sûre. La courte biographie donnée en tête d’un des manuscrits de son commentaire cora nique, le (Ayn al-hayât ou Bahr al-haqâ’iq, donne une date précise: le mois de Rabî‘ al-awwal de l’année 618. En revanche la date de sa naissance est difficile à déterminer avec certitude. Selon ‘Alâ’ al-Dawla al-Simnânî, qui semble le plus crédible, il serait né en 540/1145-46 [Tadhkira al-mashâyikh : 317]. Cependant plusieurs sources, comme Dârâ Shikûh ou Jâmî, le font mourir à l’âge de 60 ans. L’historien Rashîd al-dîn le fait mourir à l’âge de 70 ans, 1. Je suis en train de poursuivre ce travail d’édition en achevant ce qu’avait entamé avec beaucoup de bonheur M. Molé pour les Traités mineurs. Je suis aussi en train de préparer l’édition critique du commentaire coranique le lAyn al-hayât. INTRODUCTION 9 et Mustawfî dans le Târikh-i guzîda, à l’âge de 80 ans, ce qui se rapproche davantage de la date donnée par Simnânî. Son nom complet est Abû’l-Jannâb Ahmad b. ‘Umar b. Muh. b. ‘Abdillah al-sûfî al-Khîwaqî al-Khwârazmî. Le nom Kubrâ est un surnom au féminin dont l’origine donne lieu à des interpré tations diverses. Selon Simnânî, il lui viendrait de son enfance lorsqu’il était écolier. Son professeur l’aurait surnommé d’une expression coranique [Cor., LXXIX = 34] al-Tâmma al-kubrâ (la plus grande calamité c’est-à-dire le jour du jugement dernier) en raison de sa prodigieuse intelligence [Fadl al-tarîqa: 101a; Tadhkira al-mashâyikh: 321]. Cependant pour Husayn al-Khwâ- razmî, les soufis eux-mêmes lui auraient donné ce surnom à cause du charisme qui lui était propre et par lequel il éveillait les amants (qiyâma al-‘ushshâq) à leur amour, {Jawâhir al-asrâr: 41a]. Il faut toutefois relever qu’il n’est pas le seul à porter ce surnom de Kubrâ, ce qui prouve qu’il n’est pas si étrange, d’autant plus que comme Najm al-dîn Dâya (= ibn al-Dâya) il se pourrait qu’il porte tout simplement le nom de sa mère, c’est-à-dire fils de Kubrâ (ibn al-Kubrâ). Jâmî mentionne aussi son autre surnom : walî Tirâsh (le barbier raseur de saints) parce que lorsqu’il était submergé par l’extase et que son regard tombait sur quelqu’un, celui-ci atteignait le rang de la sainteté sur le champ [Nafahât al uns: 422]. Il eut aussi deux autres noms qui lui furent révélés au cours de son expérience spirituelle, en contradiction avec ce propos d’un maître du Khurâsân, Ahmad ibn Khadrawiyah (m. 240): « L’ami de Dieu ne se donne pas de nom car il n’y a pas de nom par lequel on puisse le nommer» [Tabaqât: 103]. L’un était à usage général et l’autre réservé au monde caché. Najm al-dîn Kubrâ les donne tous les deux dans les Eclosions de la beauté. Le premier, Abû’l-Jannâb, est un surnom. Il est le plus étonnant puisque, révélé au cours d’une vision, il a une signification très précise dans la voie adoptée par N. Kubrâ et sera employé cou ramment par lui. Il lui a été donné par le Prophète comme il le raconte lui-même. Au cours d’une vision il vit le Prophète accompagné d’une autre personne assis à côté de lui, son corps en contact avec le sien. Et il se vit lui réciter la partie du Coran qui correspondait au jour du mois, conformément à la pratique à laquelle il s’astreignait, car il avait eu coutume très tôt dans IO LES ÉCLOSIONS DE LA BEAUTÉ... son parcours initiatique de lire le Coran la nuit, habitude recom mandée. Après cette récitation, le Prophète le complimenta pour sa lecture, et le félicita de mémoriser les traditions le jour et de réciter le Coran la nuit, ce qui renvoie bien sûr à l’opposi tion tradition prophétique comme exotérique et Coran comme ésotérique de cette mission. N. Kubrâ lui demanda alors com ment fallait-il prononcer son surnom et le Prophète lui répondit qu’il fallait redoubler le n de son surnom en Jannâb [Éclosions'. § 113; Tadhkira al-mashâyikh : 321]. Le redoublement renvoie à la double activité de jour et de nuit de Kubrâ. Et celui-ci com mente ainsi le sens de son surnom, en disant que les deux n font référence aux deux mondes et que cela signifie qu’il lui est demandé de renoncer aux deux mondes, principe qu’il suivra et dont il fera une règle de son ordre conformément à un propos du Prophète. Jeune homme doué d’une intelligence très vive et remarqué par ses professeurs, il a étudié les sciences de son temps : tradi tion du Prophète, droit et théologie. Il a beaucoup voyagé allant très loin de chez lui, jusqu’en Egypte pour enrichir ses connais sances. Il est ainsi allé jusqu’à Nîshâpûr, Hamadân, Isfahân, La Mekke, et même Alexandrie2. Il a dû accomplir ce grand périple avant 568/1173, date de la mort de ses professeurs Abû’l-‘Alâ à Hamadân et al-Saydalânî à Isfahân, donc vraisemblablement avant l’âge de vingt-huit ans. Il a suivi l’enseignement de tradi- tionnistes très réputés et en a tiré un attachement particulière ment profond et presque exclusif pour la tradition. Ainsi à Nîshâpûr, il a étudié avec Abû’l-Ma‘âlî al-Farawî (m. 587/1191), qui était un lecteur réputé du Coran qu’il tenait de son père et de son grand-père et qu’il transmit à son fils. A Alexandrie il a étudié avec le très fameux Hâfîz shafî‘ite Abû Tâhir al-Silafî (m. 576/1180)3 et avec Abû’l-Dyâ’ Badr b. ‘Abdillâh al-Haddâdî. Enfin à Tabrîz il a étudié avec un grand disciple de Baghawî, l’imâm Abû Mansûr Muhammad b. As‘ad b. Muhammad Hafda 2. Des informations sur ces voyages se trouvent au début de son commen taire coranique dans quelques manuscrits, ‘Ayn al-hayât, ms. Dâmâd Ibrâhîm Pasha n° 153, et Halet Efendi n° 18. 3. Sadr al-dîn Abû Tâhir Ahmad b. Muh. b. Ahmad b. Muh. b. Ibrâhîm Silafa-yi Isfahânî Silafî, jurisconsulte et traditionniste shafTite iranien, né uploads/Litterature/ paul-ballanfat-najm-ad-din-kubra-les-eclosions-de-la-beaute-les-parfums-de-la-majeste 1 .pdf
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- Publié le Fev 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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