Fiche pédagogique Festival Premiers Plans – Programmation « Les adaptations cin

Fiche pédagogique Festival Premiers Plans – Programmation « Les adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires » 2000 - 1 - LE MÉPRIS LE MÉPRIS LE MÉPRIS LE MÉPRIS de Jean-Luc GODARD FICHE TECHNIQUE FICHE TECHNIQUE FICHE TECHNIQUE FICHE TECHNIQUE Pays : France / Italie Durée : 1h43 Année : 1963 Genre : Comédie dramatique Scénario : Jean-Luc GODARD d’après le roman d’Alberto MORAVIA Directeur de la photographie : Raoul COUTARD Montage : Agnès GUILLEMOT, Lila LAKSHMANAN Musique : Georges DELERUE Coproduction : Rome-Paris Films / Les Films Concordia / Compagnia Cinematografica Champion Distribution : Marceau-Cocinor Interprètes : Brigitte BARDOT (Camille Javal), Jack PALANCE (Jeremy Prokosh), Fritz LANG (lui-même), Michel PICCOLI (Paul Javal), Georgia MOLL (Francesca Vanini), Jean-Luc GODARD (l’assistant-réalisateur) Sortie : 27 décembre 1963 SYNOPSIS SYNOPSIS SYNOPSIS SYNOPSIS A Rome, Fritz Lang tourne une adaptation de l’Odyssée pour un producteur américain, Jeremy Prokosh. On demande à Paul Javal, scénariste célèbre, de revenir travailler certaines scènes moyennant une rallonge financière. Ce dernier hésite. Pendant ce temps, Camille, qui est venue rejoindre son mari Paul, fait des avances au producteur. Elle déclare bientôt à Paul qu’elle ne l’aime plus. Elle lui reproche sa veulerie, et d’être prêt à prostituer son talent. Finalement elle part avec Prokosh. Leur voiture s’écrase contre un camion. Ils sont tués tous les deux. AUTOUR DU FILM AUTOUR DU FILM AUTOUR DU FILM AUTOUR DU FILM Le g Le g Le g Le générique énérique énérique énérique (tel qu’il se présente dans le film) : COCINOR présente LE MÉPRIS puis générique parlé : C’est d’après le roman d’Alberto Moravia. Il y a Brigitte Bardot et Michel Piccoli. Il y a aussi Jack Palance et Giorgia Moll. Et Fritz Lang. Les prises de vue sont de Raoul Coutard. Georges Delerue a écrit la musique. Et le son a été enregistré par William Sivel. Le montage est d’Agnès Guillemot. Philippe Dussart s’est occupé de la régie avec Carlo Lastricatti. C’est un film de Jean-Luc Godard. Il est tourné en Scope et tiré en couleurs par GTC à Joinville. Il a été produit par Georges de Beauregard et Carlo Ponti pour les sociétés Rome-Paris Films, Concordia, Compagnia Cinematografica Champion, à Rome. Le générique est dit par une voix masculine sur fond musical de Georges Delerue pendant que l’on voit à l’image l’équipe technique filmant Francesca qui avance vers le premier plan. Elle enchaîne sur une citation : « Le cinéma, disait André Bazin, substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. Le Mépris est l’histoire de ce monde. » Le roman Le roman Le roman Le roman l l l le Mépris e Mépris e Mépris e Mépris ( ( ( (Il disprezzo Il disprezzo Il disprezzo Il disprezzo) d ) d ) d ) d’Alberto ’Alberto ’Alberto ’Alberto Moravia (1954) Moravia (1954) Moravia (1954) Moravia (1954) Source : certainement le sujet du film de Roberto Rossellini, Voyage en Italie (1954), dont les affiches figurent dans le film de Godard. Dans les deux cas, il s’agit de l’histoire d’un couple en crise qui fait un long séjour dans le sud de l’Italie, en sort réconcilié dans la version évangélique de Rossellini, brisé dans celle de Moravia. Brancati, scénariste Fiche pédagogique Festival Premiers Plans – Programmation « Les adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires » 2000 - 2 - de Voyage en Italie avoue à Moravia avoir reconnu son propre drame dans le sujet du Mépris : « Dans le Mépris, tu as raconté mon histoire. Je suis un écrivain qui voulait faire du théâtre, et je me suis mis à écrire des scénarios parce que ma femme voulait une maison à elle. Le jour où j’ai réussi à la lui acheter, cette maison, elle m’a plaqué. » PISTES PÉDAGOGIQUES PISTES PÉDAGOGIQUES PISTES PÉDAGOGIQUES PISTES PÉDAGOGIQUES La question de l La question de l La question de l La question de l’ ’ ’ ’adaptation adaptation adaptation adaptation Godard, en adaptant Moravia, aura pour objectif de revenir à la matrice rossellinienne, d’où la longue scène de ménage de son film, en référence aux séquences thématiquement semblables de Voyage en Italie ; et plus encore, la présence de simulacres de statues des dieux filmées en longs panoramiques, comme étaient filmées les magnifiques statues du Musée de Naples dans le film de Rossellini. Stylistiquement, Godard opte pour Rossellini contre Antonioni, c’est-à-dire pour une écriture à la fois réaliste et lyrique, fondée sur la liberté de jeu de l’acteur. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les célèbres aphorismes de l’auteur lorsqu’il déclarait : « J’ai gardé la matière principale [du roman] et simplement transformé quelques détails en partant du principe que ce qui est filmé est automatiquement différent de ce qui est écrit, donc original [phrase attribuée à Lang dans le film]. [...] Quelques détails, ai-je dit, par exemple, la transformation du héros qui, du livre à l’écran, passe de la fausse aventure à la vraie, de la veulerie antonionienne à la dignité laramiesque. » (Godard, 1963) Dans la présentation de son scénario, Godard développe ses principes de mise en scène et conclut : « On obtiendra ainsi, je l’espère, les sentiments personnels des personnages par rapport au monde et aux autres – ce sentiment physique que l’on a de son existence en face d’autrui – et on obtiendra en même temps la vérité externe de leurs faits et gestes, de leurs rapports entre eux, bref, de leur histoire ou aventure. En somme, ce qu’il s’agit de faire, c’est de réussir un film d’Antonioni, c’est-à-dire de le tourner comme un film de Hawks ou de Hitchcock. » Le Mépris de Moravia se présente comme un récit introspectif écrit à la première personne. Il est divisé en vingt- trois chapitres courts, nombre qui correspond d’ailleurs à celui des séquences d’un film de structure classique – rappelons que Godard avait indiqué à Carlo Ponti qu’il envisageait d’adapter le roman chapitre par chapitre. Ces vingt-trois chapitres se distribuent en deux grandes parties sensiblement égales : la première à Rome dure neuf mois, d’octobre à juin, et englobe deux années de rappels du passé du couple, la seconde à Capri dure trois jours et deux nuits. Les onze premiers chapitres adoptent une écriture logico-psychologique, de caractère déductif et analytique ; la seconde est beaucoup plus métaphysique et fantasmatique. De ces passages oniriques, il ne reste dans le film que le plan où l’on voit Paul assoupi, et écoutant comme dans un rêve la voix de Camille lui lire son message d’adieu. Le narrateur Richard Molteni se présente ainsi : « Jusqu’alors, je m’étais considéré comme un intellectuel, un homme cultivé et un écrivain de théâtre, genre d’art pour lequel j’avais toujours nourri une grande passion et auquel je croyais être porté par une vocation innée » (chap. 3). Après avoir décidé l’achat d’un appartement à crédit, il rencontre providentiellement Battista, un producteur italien de films commerciaux. Molteni accepte de travailler pour lui pour des raisons alimentaires : « J’espérais faire quatre ou cinq scénarios pour payer notre appartement et puis revenir ensuite au journalisme et à mon cher théâtre. » Ce n’est qu’au huitième chapitre, après 80 pages de récit au cours desquelles Molteni remanie deux scénarios, qu’il se voit proposer par Battista une collaboration avec un réalisateur allemand, Rheingold, pour une production historique plus ambitieuse, une adaptation à grand spectacle de l’Odyssée. Le récit de Moravia s’étale donc sur plusieurs mois. Il est centré sur la dégradation progressive du couple Richard- Emilie (nom de la femme chez Moravia), dégradation décrite par de longs développements analytiques manifestant une certaine complaisance du narrateur, ce que sans doute Godard qualifie de « veulerie antonionienne ». Les discussions sur l’état du cinéma occupent une part assez modeste dans la première partie. Dans la seconde, à Capri, de longs débats théoriques opposent Rheingold à Molteni. Le réalisateur allemand défend une interprétation de caractère psychanalytique du retard du retour d’Ulysse, alors que Molteni s’y oppose violemment au nom d’une fidélité intransigeante au modèle homérique. Mais cette lecture de l’Odyssée influence petit à petit le narrateur qui rapproche sa situation conjugale de celle du couple homérique, transformant Emilie en figure de Pénélope. Godard inverse les thèses des deux personnages, offrant au réalisateur Fritz Lang le bénéfice de la fidélité à la version classique. L’adaptation opérée par Godard reprend les principaux épisodes narratifs du récit initial. La plupart des scènes clefs figurent chez Moravia : l’épisode de la voiture rouge de Battista qui véhicule deux fois Emilie, au début du récit pendant que Molteni va prendre un taxi, puis lors du départ à Capri, au cours duquel Molteni escorte Rheingold pendant que Battista fait le trajet avec sa femme. Fiche pédagogique Festival Premiers Plans – Programmation « Les adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires » 2000 - 3 - Mais Godard se livre à plusieurs modifications fondamentales : 1. Il condense le récit en deux journées, la première à Rome, la seconde à Capri. Les événements s’enchaînent inexorablement avec beaucoup plus de brutalité, transformant la structure romanesque en tragédie. 2. Il modifie complètement la nationalité des protagonistes. L’action uploads/Litterature/ le-mepris-godard.pdf

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