teledoc le petit guide télé pour la classe 2006 2007 FRANCE 2 MARDI 20 MARS, 20

teledoc le petit guide télé pour la classe 2006 2007 FRANCE 2 MARDI 20 MARS, 20h50 Une nouvelle et un conte au programme de ce dossier: Le Père Amable, réalisé par Olivier Schatzky, confronte dans un face-à-face tendu un vieux paysan et sa bru après la mort du fils qui s’est épuisé au travail. Hautot père et fils, ensuite, réalisé par Marc Rivière, relate comment un jeune homme auquel son père, avant de mourir, confie une liaison extra- conjugale, va continuer de veiller sur la jeune femme aimée. Chez Maupassant (2) Le Père Amable Un téléfilm d’Olivier Schatzky (2007), scénario Pierre Leccia, avec Fred Ulysse (Amable) et Céline Sallette (Céleste). 1h Hautot père et fils Un téléfilm de Marc Rivière (2007), scénario Jean-Charles Tacchella, avec Jean Rochefort (le père), Julien Rochefort (César) et Marie Pillet (Céleste). 30 min Rédaction Laurence Jung, professeur de lettres modernes, et Agathe Arnold Crédit photo France2 / Jean Pimentel Édition Émilie Nicot et Anne Peeters Maquette Annik Guéry Ce dossier est en ligne sur le site deTélédoc. www. .cndp.fr/tice/teledoc/ Le Père Amable: de la nouvelle au film > L’adaptation filmique d’une œuvre littéraire nécessite un certain nombre de transformations. Les relever permet de saisir la spécificité de chacun de ces langages et la nécessité pour le scénariste et le réalisateur d’interpréter l’histoire. • L’intrigue. On établira le schéma narratif de la nouvelle et du moyen métrage pour mettre au jour la simplicité de l’intrigue et la fidélité du téléfilm au texte de Maupassant. L’histoire est linéaire, excepté un rapide retour en arrière sur la première rencontre entre Césaire et Céleste, communs au texte et au film. Pour aller plus loin dans la comparaison, on classera les ajouts, sup- pressions et déplacements dans l’adaptation. Victor, par exemple, est invité au banquet dans le film alors que dans la nouvelle, il célèbre le mariage de son ancienne maîtresse par une salve de mousque-terie à la sortie de l’église. Quelques détails symboliques ont été ajoutés: le pommier que le père Amable a planté pour la naissance de son fils et la chambre condamnée de la mère défunte. Il sera intéressant de s’interroger sur les motivations de ces transformations : effet dramatique, visuel, mystère accru… • L’interprétation des personnages. Si le téléfilm adapte fidèlement l’intrigue, à quelques détails près, il change notre jugement sur les personna- ges. On comparera en particulier le personnage du père Amable dans les deux versions. Le vieux paysan est beaucoup plus méchant dans le télé- film. Il est en effet responsable de la mort de son fils qu’il oblige à s’épuiser à la tâche, sous la pluie, pour nourrir sa nouvelle famille, alors que dans la nouvelle, il est seulement mentionné que Césaire travaillait dur. De plus, Maupassant l’imagine sourd, obligeant son fils à lui crier à l’oreille lors de leurs rares conversations. Le per- sonnage du vieil infirme perclus de rhumatismes de la nouvelle laisse place à un vieillard en par- faite santé, monstre d’égoïsme. En souvenir des morts Français, quatrième et troisième La nouvelle: Le Père Amable Le fermier Césaire épouse Céleste et adopte l’enfant de celle-ci contre la volonté du père Amable, son vieux père veuf. Le couple et l’enfant s’installent néanmoins à la ferme. Mais Césaire meurt d’épuisement au bout de quelques mois. Le père Amable essaye alors de chasser sa bru mais elle s’impose et finit par demander à Victor, le père de l’enfant, de s’installer à la ferme avec eux. Le vieux paysan ne le supporte pas et se pend. Le conte: Hautot père et fils Au cours d’une partie de chasse, le père Hautot est grièvement blessé. Avant de mourir, il révèle à son fils qu’il entretient de longue date une liaison secrète avec une jeune couturière, et lui demande de veiller sur elle et son enfant. D’abord hésitant, le fils Hautot finit par rendre visite à la jeune femme et se promet de perpétuer les usages dont se prévalait son père. > Les films à venir Miss Harriet et Toine, mardi 27 mars, 20 h 50 Hautot père et fils: d’un genre à l’autre > Étudier le passage de la comédie bourgeoise au drame ironique. • Le conte de Maupassant insistait essentiellement sur l’incapacité d’un fils, César, à échapper au modèle paternel. Le drame – la mort accidentelle du père – virait à la comédie tant la docilité et la naïveté du fils étaient caricaturales. César «repre- nait» l’affaire de son père, tant en termes de pro- priété terrienne que dans le domaine affectif. Dans le téléfilm, la psychologie des personnages est plus complexe. Le registre des dialogues est plus neutre, et le point de vue sur les personnages moins sarcastique. Le poids de la fatalité et de l’éternel recommencement est d’autant plus lourd que l’on ressent un effort du fils, et d’une certaine manière aussi du père, pour échapper aux conven- tions et aux rôles sociaux attendus. De même, la représentation de Caroline Donet la confine moins dans le rôle de «la petite couturière». Sa relation avec César est plus ambiguë ici: si elle commence à s’attacher à lui, ce n’est pas seulement parce qu’elle «songe à l’autre». • L’adaptation ajoute un personnage, la gouver- nante des Hautot. Ironiquement prénommée Céleste, elle incarne la pesanteur du point de vue moralisateur, la petitesse des préjugés. Rayonnante tant que les apparences sont sauves et quand chacun est à sa place (par exemple quand Hautot se prépare pour la chasse), perfide et mégère quand tout semble laisser croire au «péché» (elle se signe quand César part pour Rouen), mesquine toujours (elle redoute que César ne donne de l’argent à l’amante de son père). Son personnage sert de contrepoint à la « pureté » des sentiments de Caroline, et son étroitesse d’esprit tranche préci- sément avec l’ambiguïté et la relative candeur des Hautot. Comme l’un de ses hôtes, Hautot père se rend en secret chez son amante le jeudi, mais il se garde bien de jouer la complicité virile. Il tait sa relation avec Mlle Donet moins par souci de bien- séance que pour se garder un jardin secret où les sentiments semblent sincères. Certes, l’évocation de la fidélité à sa femme lors du repas inaugural ou lors de l’enterrement peut prêter à sourire, mais le propos n’est pas sarcastique. Hautot père et fils: images de la fatalité > Observer la manière dont la fatalité est montrée et dont les personnages tentent d’y résister. • Dès le générique, tout l’écran est traversé par la barrière qui clôture la propriété des Hautot: de la même façon, l’existence de César restera enfermée Costumes de contes Agnès Nègre, créatrice des costumes sur la série, parle de son travail sur les films. Le Père Amable: «Olivier Schatzky [le réalisateur] avait en tête un conte d’enfants et m’a cité comme référence les peintures de Rembrandt. Même si ce n’est pas la même époque, j’ai tout de suite cerné l’ambiance qu’il désirait pour son film: des couleurs sépia, des clairs- obscurs… […] D’après nos recherches, la tenue de mariage, à l’époque, était très simple: le personnage de Manuel Lefèvre [Césaire] a juste mis un col et un ruban à sa chemise, celui de Céline Sallette [Céleste] porte simplement un petit casaquin en coton, même pas de voile.» Hautot père et fils: «Cette fois, nous sommes dans les terres, l’univers de la chasse. Nous avons opté pour des couleurs automnales, des bruns, des bronzes, des teintes plutôt chaudes. À l’image de son personnage qui marche dans les pas de son père, les costumes de Julien Rochefort évoluent. Mais ça passe par des détails infinitésimaux: un gilet plus soyeux, une épingle de cravate… Des détails qui ne sont pas forcément lisibles mais qui se sentent à l’écran.» Dossier de presse de la série. dans ces limites. La musique du générique est d’ailleurs la même au début et à la fin du téléfilm, comme pour mieux souligner que César joue la même partition que son père, en dépit de ses efforts d’autonomie. Le film multiplie également les plans d’allers-retours à cheval (entre la maison familiale et Rouen), ou à pieds (l’arrivée et le départ de César dans la cour et la cage d’escalier de Caroline Donet), et insiste sur un plan de la roue de la calèche qui tourne en roulant dans une flaque d’eau boueuse, redoublant ainsi l’idée d’embourbement et d’éternel recom- mencement. Les indices de cette impossibilité d’orienter le temps vers l’avenir ponctuent tout le film: on voit dans la première scène un gros plan d’une terrine grasse et gluante, suggérant l’engluement dans lequel sera pris César; une effigie du père orne la porte de sa chambre et le rend présent même lorsque sa porte est fermée, de sorte qu’il ne dispa- raît jamais ; chez Caroline, la table est mise à l’identique pour César et pour Baptiste; le pain sans croûte, prédécoupé, sert de métaphore à la vie «prémâchée» de César. Enfin, le père dit à César que sa «petite» l’«attend», et celle-ci saluera le fils par un «je vous attends» à la toute fin uploads/Litterature/ teledoc-maupassant2-pdf.pdf

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