LES MYSTr:RES DES L E T T K K s G W lî C Q U E S (Paprôs un manuscrit copte-ara

LES MYSTr:RES DES L E T T K K s G W lî C Q U E S (Paprôs un manuscrit copte-arabe DE LA BIBLIOTHÈQUE BODLÉIENNE D'OXFORD. TEXTE COPTE, TRADUCTION, NOTES. Le manuscrit dont nous avons entrepris de publier le texte copte, porte le n" 595 du fonds Huntington de la Bibliothèque bodléienne et a été catalogué par Uni « Gnosticus in 4"" LV », avec la mention suivante : (c Codex bombycinus , copto-arabicus yfoliorum 118, exliibet (c tractatiim de tmjsteriis litterarum grcecarimiy ubi auctor (C qui ATASIOS presbyter vocatu7\ omnia ci^eationis, provi- (c dentiœ et redemptionis opéra ex literis grœcis ediicit et « elicity ductis argumentis ex dicto illo : Ego sum a eï w, (C principium et finis. Exaratus est anno mcirtyrurn 1109, <( Cliristi 1393 » . Depuis le commencement du 18*^ siècle, ce manus- crit a attiré à plusieurs reprises l'attention des égypto- logues. Jablonski, La Croze, Chkistiain Sciiolz et Woïde en firent successivement l'objet de leurs études. Jahlonski et 6 KK MISKON ScHOi./ le ti'anscriviront moine en entier, mais tous renon- eèrent à le publier. Taulonski mit en cause la ditlieulté du dialeete sahidiciue, ])eu eonnu à l'épocjue où fut repi'ise Tétude de la laniiue eople. En réalité, les hésitations (iu'é[)rouve le traducteur des « Mystères des lettres t»rec(jues » n'ont pas considérable- ment din)inué dej)uis (ju'on a été familiarisé avec le dialecte de TEgypte su})érieure. Elles ont, de fait, leur cause dans Tobscurité même des idées émises par l'auteur, dans la construction embarrassée de sa phrase et dans les fautes (jui déparent le manuscrit. Le déchilfrement des hiéroiilyphes ayant absorbé en grande partie l'activité des égyptologues pendant la première moitié de ce siècle, notre manuscrit demeui*a longtemps oublié. M. DiL\ruii:u en prit toutefois une coj)ie qu'il déposa à la bibliothèque nationale de Pai'is (Catal. des Mss. orient., t. I, fonds copte, n. 9^)) ; M. Er(,. Rkvii^koit s'en occupa également dans son intéressante étude sur les Sentences de Secundns (i). IMus récemment enfin, M. Amlmnkai: s'est remis à l'examen du traité d'Ox- ford et lui a consacré un lonu article dans la Revue de rhistoire des irligions (-2). Nous y renvoyons le lecteur pour les données concernant l'origine du manuscrit, les études dont il a fait l'objet, la personne et la nationalité de l'auteui', ré[)0(|ue à hupielle celui-ci api)artient, ses tendances ])hilosophi(|ues et religieuses. Sans l'ésoudre toutes les ([uestions (|ue soulève cette étrange production littéraire, M. Amklinkau s'est attaché (1) EuGKNH I\i:vir,LO['T, P)'emière étude sur le mouvement des esprits dans les pre/)iiers sircles de notre ère. Xfe et se)ite}iccs de Secundns, d'apr(}s dlrers rncnirscrits orientaux. Les analogies de ce livre avec les ouvrages gnostiques. Paris, Inipiim. nation 1873. (2) T. XXI, p. 2(31 et suiv. Paris 1890. LKS MYSiKUES DLS LKlTKKs (.HL(.nl l>. / ;'i les iiM'Ilic ri) liiniirrc, en nn'iiic h'Dijis (jiiil (lonn.iit mic ;m;il\s(' paiTuis assc/. (iclaillcc du '< l)is< mus sur les Nn/sl('ii's (les Ictlics (ji'Ci'(H(i's ». Il serait certes iiitéressanl de rcprciidic rdiidc de ces |H'ol)lèiiics ; mais cv scrail là i'()l)jc( (11111 Iravaii spiM-ial et de lonj^uc eleiidue, au(|uei, pour diNciscN raisons, nous dcNons renoncer en ce nioincnl. Le lecleur (jui voudrait poursuivre ces i-cciierclies, trouvera dans le lc\l<' lui-ni('ine cl dans les noies (jui acconipaiinenl notre traduction, de nouNcauN niovens (rinvestiiiation. Désireux de ne pas relarder plus louiitenips la puhlication intégrale du manuscrit dont nous avons déjà l'ait connaiti'e un des passages les plus intéressants (i), nous nous bornerons ici à (|uel(|ues courtes observations. M. Anu^Iineau renuu'cjue à juste titre ([ue le vrai nom (le l'auteur est lapa (le nioinej Seha et non Atasios, comme l'ont écrit Tri (calai. d'Oxford) et d'autres. Kn etï'et, le texte primitif, /(>/. 1 , porte clairement les mots evnôw ceÊiev ; mais un second scril)e inexpérimenté, jugeant ce premier feuillet trop peu lisible, Ta fait précéder d'une copie dans laquelle, entre autres fautes, il a écrit ô.tô.c€ nes.npecûi'yTepoc, au lieu des mots evnè^ ee^iô. neiipecÊiT- Tepoe du texte ancien. Le groupe e^Tô^ce, pris pour le nom du moine, aura donné lieu à l'interprétation Atasios. Jablonski avait versé dans une autre erreur en supposant que l'auteur s'appelait Schenouti. Ce nom qui parait en souscription, à la tin du deuxième chapitre, doit s'entendre du scribe (^2). (1) U7ie page d'un manuscrH copte intit'cU' : '< Les mystères des lettres grecques. " {Descri2)t/on cosmogonique). Mélanges Chaules DE Harlez. Leyde, Bi'ili. 1896, pp. 127-132. (2) Amélineau, loc. cit., p. 261 siiiv. 8 I.K MISKO.N. Quel ('Si \c luoiiit' Sa])a, aiitiMii' de notre Disnmrs (ij sui' le mystère des lettres iicee(|ues ? Taut-il Tidenti- tier avec S. Sahas, al)l)é et toiidateur de jjlusieurs monastères en Palestine, né en i")!), mort en ^h}[, t'èté le o déceml)re {n) ? M. Amélineau a[)[)()rte en laveur de cette hy})Otlièse plusieurs ariiuments (jui nv man(|uent [)as de valeui". L'uMivre (Mi ([uestiou ne paraît pas avoir ele éei'ite [)i'imi- tivement en eo})te. Kn etlet, notre texte abonde en [jassages ditVus et obscurs trabissant Timpuissance du rèdacteui' à relier entre eux les divers membres de pbrases destinés à entrer dans une même période. (]e pbénomène trouve son explication toute naturelle, si Ton su[)})ose (|ue notre écri- vain a été obligé de traduire en copte une com|)osition rédi- gée en style périodique, conformément au génie de la langue grecque. La langue copte, essentiellement analyti([ue, comme l'égyptien dont elle dérive, devait nécessairement créer des embarras de ce i^enre au traducteur d'un texte à allure synthétique. L'auteur trahit en outre certaine connaissance du syriaque et de l'hébreu, ce (jui convient mieux à un écrivain palestinien du cin(|uième siècle qu'à un moine égyptien ; notre traité mystique rentre dans le genre littéi*aire des œuvres de 8. Sabas, conservées en grec et en arabe, et dont l'un des manuscrits a été retrouvé en Egypte; l'apa Seba était postérieur à S. Epiphane, évéque de Chypre, (ju'il cite comme autorité. Tout cet ensemble constitue, en effet, une présomption sérieuse en faveur du moine palestinien vivant au V^ et (1) C'est le terme employé dans rintroduction au pi'emiei' i^liapitre. Comme l'observe M. Amélineau {loc. cit., p. 270 celte introduction, selon l'usage des scribes coptes, est l'œuvre non de l'auteur, mais d'un copiste. (2) iMas Latrie, Trésor de Chronologie, p. 820. M. Amélineau. s'ap- puyant sur Tillemont, Hist. ecclcs., t. XVI, p. 811, place la mort de S. Sabas en 512 {loc. cit., p. 272). lAis Mvsrj:ui:s dks m/iikis (;iu:<;on:s. 9 \\' sircics. Mais pouvjiil-il hicn, ;i cctlc ('ixxjuc, coimîiî- ti'c i :ii|)li.-ii)('l mi'.-iIm', MH'iilioMiK' cl (-oniincntc (huis la (jiiatricinc pinlic du Trailc ? (Icdc ohjcclioii aiirlc le prolrssciii' de Paris cl l'cnipcchc (Tadhcrci' piciricmciil à rhy|)()lhcsc (ju'il a mise en aNaiil. La (jualricriK* pailic, il csl viai, jxMil avoir <'l('' ajouléc après conj» ; (•ci'lains indi- ces nous |)orloiai(Mil à Iccioirc; mais, ici encore, on r(îsl(^ conliné dans le domaine des conjectures. Sans attrihuci' à celle ohjecliou toule rimpoilance <pi v allaclie M. Améli- ueau (i), nous reconnaissons ([u'elle n'est pas dénué(; de fondement et ([ue les ([uestions touchant à hi nationalité, l'ancienneté et l'identité de notre auteur devront être étudiées ultérieurement, à la lumièie de notre texte. iNous croyons également, avec M. Aniélineau, (ju'en classant ce traité parmi les documents gnosti(jues, on a envisagé sa tendance mystique plutôt (pie le fond de sa doctrine. Cette tendance mysti({ue est fortement accentuée. Non seulement le moine Seba se présente comme l'interprète d'une révélation reçue d'en haut, mais toute son œuvi'e n'est ([u'une suite d'interprétations symboliques. Elle est si déconcertante et si bizarre qu'on serait tenté de n'y voir (pie le produit d'une imagination en délire, si, à diverses épo({ues de l'histoire, on ne rencontrait ces essais d'interprétation mystique des caractères de l'alpha- l)et. Dès le ([uatrième si(''cle, l'Egypte offre des types remarquables de ce genre de littérature. Les écrits dont il) Cf. Amélineau, /oc. cit., p. 272-276. On ne pourrait plus, croyons- nous, affirmer aujourd'iiui que l'alpiiabet arabe « n'a été constitué au [tliis tôt qu'au V^' siècle n [loc. cit., p. 275) \ mais, d'autre part, il serait l)oiit-ètrc hardi do soutenir qu'un auteur vivant en Syrie au début de ce siècle ait, de lait, pu connaitre cet al})liabet. 10 LE MISKON. S. Jéromo nous a léuiié la version latine sous le titre de Moiiiui S. Pai'ho)nii, SS. Padionui et Thcodovi Epistolœ, \ crhn inifstHU (S. Paohoniii), renlernienl une série d'ad- nionitions et de sentences plus énii»n»ati({ues les unes (|ue les autres, basées sur le sens occulte de raliihabet (i). Selon la reinar(|ue de riiistorien Gennade, Pachônie, dans les avertissenu'uts adressés aux supérieuis de ses monastères, se servait des caractères de l'alphabet, connue d'un eliiiï're, pour leur pailer un lani>ai>'e inaccessible au coinnum des honinies et destiné à être compris par ceux- là seulement qu'une liràce ou des mérites extraoidinaires rendaient dignes de cette t'aveui* [-1). Les pré[)osés des monastèirs se servaient du même procédé pour correspon- dre avec leur fondateur. « J'ai répondu immédiateuient à votre missive, écrit celui-ci, me servant éi»'alement de la langue mystique. J'ai remarcjué, en etïet, 7//C les termes étaient liètn et thètii : c'est uploads/Litterature/ le-mystere-des-lettres-grecques-1.pdf

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