LA DERNIÈRE CLASSE Alphonse Daudet, Contes du lundi. Paris: G. Charpentier. 188
LA DERNIÈRE CLASSE Alphonse Daudet, Contes du lundi. Paris: G. Charpentier. 1888. Ce matin-là j'étais très en retard pour aller à l'école, et j'avais grand-peur d'être grondé, d'autant que M. Hamel nous avait dit qu'il nous interrogerait sur les participes, et je n'en savais pas le premier mot. Un moment l'idée me vint de manquer la classe et de prendre ma course à travers champs. Le temps était si chaud, si clair. On entendait les merles siffler à la lisière du bois, et dans le pré Rippert derrière la scierie, les Prussiens qui faisaient l'exercice. Tout cela me tentait bien plus que la règle des participes; mais j'eus la force de résister, et je courus bien vite vers l'école. En passant devant la mairie, je vis qu'il y avait du monde arrêté près du petit grillage aux affiches. Depuis deux ans, c'est de là que nous sont venues toutes les mauvaises nouvelles, les batailles perdues, les réquisitions, les ordres de commandature; et je pensai sans m'arrêter: «Qu'est-ce qu'il y a encore?» Alors, comme je traversais la place en courant, le forgeron Wachter, qui était là avec son apprenti en train de lire l'affiche, me cria: «Ne te dépêche pas tant, petit; tu y arriveras toujours assez tôt à ton école!» Je crus qu'il se moquait de moi, et j'entrai tout essoufflé dans la petite cour de M. Hamel. D'ordinaire, au commencement de la classe, il se faisait un grand tapage qu'on entendait jusque dans la rue, les pupitres ouverts, fermés, les leçons qu'on répétait très haut tous ensemble en se bouchant les oreilles pour mieux apprendre, et la grosse règle du maître qui tapait sur les tables: «Un peu de silence!» Je comptais sur tout ce train pour gagner mon banc sans être vu; mais justement ce jour-là tout était tranquille, comme un matin de dimanche. Par la fenêtre ouverte, je voyais mes camarades déjà rangés à leurs places, et M. Hamel, qui passait et repassait avec la terrible règle en fer sous le bras. Il fallut ouvrir la porte et entrer au milieu de ce grand calme. Vous pensez si j'étais rouge et si j'avais peur! Eh bien, non. M. Hamel me regarda sans colère et me dit très doucement: «Va vite à ta place, mon petit Frantz; nous allions commencer sans toi.» J'enjambai le banc et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu'il ne mettait que les jours d'inspection Cea din urmă lecţie-Alphonse DAUDET (Contes du lundi 1871-1872) Povestirea unui mic alsacian În dimineaţa aceea mă duceam cu mare întârziere la şcoală şi mi-era grozav de frică să nu fiu certat, mai ales că domnul Hamel ne spusese c-o să ne asculte la participii, de care habar n-aveam. O clipă m-am gândit să lipsesc de la lecţie şi s-o iau razna pe câmp. Era aşa de cald, aşa de senin ! Auzeai fluierând mierlele la marginea crângului şi pe prusaci care-şi făceau instrucţia pe pajiştea lui Rippert, în spatele joagărului. Toate acestea mă ispiteau mult mai mult decât regula participiilor ; dar am avut tăria să mă împotrivesc şi am alergat într-un suflet spre şcoală. Trecând prin faţa primăriei, am văzut lume adunată în dreptul micului grilaj cu afişe. De doi ani încoace, de acolo ne-au venit toate ştirile rele, bătăliile pierdute, rechiziţiile, ordinele de la comandatură ; şi mi-am zis fără să mă opresc : « Oare ce-o mai fi ? » Atunci, cum străbăteam piaţa alergând, Wachter, covaciul, care era acolo cu ucenicul lui şi tocmai citea afişul, mi-a strigat : —Nu te mai grăbi atâta, puştiule, că tot ai s-ajungi destul de devreme la şcoala ta ! Am crezut că-şi bate joc de mine şi am intrat gâfâind în curticica domnului Hamel. De obicei, la începutul lecţiei, era o gălăgie de se auzea până-n stradă : pupitrele deschise, închise, lecţiile pe care le repetam cu glas tare, toţi laolaltă, astupându-ne urechile ca să învăţăm mai bine, şi linia cea grea a învăţătorului ce bătea în mese : « Linişte ! » Mă bizuiam pe hărmălaia asta ca s-ajung la banca mea fără să fiu văzut ; dar tocmai în ziua aceea totul era liniştit, ca într-o dimineaţă de duminică. Pe fereastra deschisă îmi vedeam colegii gata aşezaţi la locurile lor şi pe domnul Hamel care trecea încoace şi încolo cu groaznica linie de fier sub braţ. Am fost nevoit să deschid uşa şi să intru în mijlocul unei tăceri desăvârşite. Vă închipuiţi ce roşu eram şi cum mă mai temeam ! Ei bine, nu ! Domnul Hamel mă privi fără mânie şi-mi zise cu mare blândeţe : —Treci repede la locul tău, micul meu Franz ; cât pe ce să începem fără tine.Am încălecat peste bancă şi m-am aşezat îndată la pupitrul meu. Abia atunci, mai venindu- mi în fire după atâta spaimă, am băgat de seamă că învăţătorul nostru purta frumoasa-i redingotă verde, jaboul în cute mărunte şi tichia de mătase neagră brodată, pe care n- o ou de distribution de prix. Du reste, toute la classe avait quelque chose d'extraordinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude, des gens du village assis et silencieux comme nous, le vieux Hauser avec son tricorne, l'ancien maire, l'ancien facteur, et puis d'autres personnes encore. Tout ce monde-là paraissait triste; et Hauser avait apporté un vieil abécédaire mangé aux bords qu'il tenait grand ouvert sur ses genoux, avec ses grosses lunettes posées en travers des pages. Pendant que je m'étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans sa chaire, et de la même voix douce et grave dont il m'avait reçu, il nous dit: «Mes enfants, c'est la dernière fois que je vous fais la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine... Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs.» Ces quelques paroles me bouleversèrent. Ah! les misérables,voilà ce qu'ils avaient affiché à la mairie. Ma dernière leçon de français!... Et moi qui savais à peine écrire! Je n'apprendrais donc jamais! Il faudrait donc en rester là!... Comme je m'en voulais maintenant du temps perdu, des classes manquées à courir les nids ou à faire des glissades sur la Saar! Mes livres que tout à l'heure encore je trouvais si ennuyeux, si lourds à porter, ma grammaire, mon histoire sainte me semblaient à présent de vieux amis qui me feraient beaucoup de peine à quitter. C'est comme M. Hamel. L'idée qu'il allait partir, que je ne le verrais plus me faisait oublier les punitions et les coups de règle. Pauvre homme! C'est en l'honneur de cette dernière classe qu'il avait mis ses beaux habits du dimanche, et maintenant je comprenais pourquoi ces vieux du village étaient venus s'asseoir au bout de la salle. Cela semblait dire qu'ils regrettaient de ne pas y être venus plus souvent, à cette école. C'était aussi comme une façon de remercier notre maître de ses quarante ans de bons services, et de rendre leurs devoirs à la patrie qui s'en allait... J'en étais là de mes réflexions, quand j'entendis appeler mon nom. C'était mon tour de réciter. Que n'aurais-je pas donné pour pouvoir dire tout au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute; mais je m'embrouillai aux premiers mots, et je restai debout à me balancer dans mon banc, le coeur gros, sans oser lever la tête. J'entendais M. Hamel qui me parlait: «Je ne te gronderai pas, mon petit Frantz, tu dois être assez puni... voilà ce que c'est. Tous les jours on se dit: Bah! j'ai bien le temps. J'apprendrai demain. Et puis tu vois ce qui arrive... punea decât în zilele de inspecţie sau la împărţirea premiilor. Dealtfel, toată clasa avea ceva cu totul neobişnuit şi solemn. Dar mai cu seamă am rămas uimit văzând în fundul sălii, pe băncile ce rămâneau de obicei goale, oameni din sat, care şedeau tăcuţi ca şi noi : bătrânul Hauser cu tricornul său, fostul primar, fostul poştar şi încă alţii. Toată lumea asta părea tristă ; şi Hauser îşi adusese un abecedar vechi, ros la margini, pe care-l ţinea larg deschis pe genunchi, cu ochelarii lui cei groşi aşezaţi de-a curmezişul paginilor. În timp ce mă miram de toate acestea, domnul Hamei se suise pe catedră şi, cu acelaşi glas blând şi grav cu care mă primise, ne spuse : — Copiii mei, asta-i cea din urmă oară când vă mai ţin lecţia. A venit ordin de la Berlin să nu se mai predea decât limba germană în şcolile din Alsacia şi din Lorena... Noul învăţător soseşte mâine. Astăzi e ultima voastră lecţie de franceză. Vă rog să fiţi foarte atenţi. uploads/Litterature/ le-passe-simple-daudet.pdf
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- Publié le Oct 20, 2021
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