GBPress- Gregorian Biblical Press Le Père Gaston Fessard et les Exercices Autho

GBPress- Gregorian Biblical Press Le Père Gaston Fessard et les Exercices Author(s): Xavier Tilliette Source: Gregorianum, Vol. 72, No. 2 (1991), pp. 317-347 Published by: GBPress- Gregorian Biblical Press Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23578559 Accessed: 23-12-2018 21:41 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms GBPress- Gregorian Biblical Press is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Gregorianum This content downloaded from 190.176.246.18 on Sun, 23 Dec 2018 21:41:53 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Gregorianum, 72, 2 (1991) 317-347 Le Pére Gaston Fessard et les Exercices L'oeuvre puissante, difficile, encore insuffisamment explorée, du Pére Gaston Fessard (1897-1978) est dominée par deux grands massifs, La Dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace, en trois volumes dont un posthume1, et De l'Actualité historique, deux tomes épais2. Mais si L'Actualité historique est l'application systématique et imposante du «Verbe dans l'histoire»3, c'est dans la Dialectique des Exercices qu'il faut chercher les fondements, la genèse des intentions, la formation des notions capitales et des principes méthodiques. De ce livre Claude Bruaire, qui fut l'ami et le disciple du P. Fessard, écrit sans ambages qu'il est «peut-ètre le livre le plus riche en pensée spéculative de notre époque» et que l'auteur y «a donné la pleine mesure de sa pensée dialectique»4. On souscrit sans hésiter à ce jugement, à condition de bien comprendre que les Exercices n'ont pas servi de simple prétexte. En effet il s'agit bien et d'abord d'une étude faite par un religieux sur le fondateur de son Ordre, tei qu'il se ré véle à travers le livret fameux. Gaston Fessard était entré au noviciat très jeune — à seize ans —, l'épreuve de la guerre l'avait précocement muri. Dès le scolasticat, où il affichait un tempérament intellectuel hors de pair, et sa vie durant, les Exercices ont nourri sa méditation, ils ont représenté pour lui l'endu rance de la pensée, en mème temps que la référence inestimable. Il était ' La Dialectique des Exercices Spirituels de sainl Ignace de Loyola, tome I, coli. Théologie 35, Aubier, Paris 1956; tome II, Fondement, Péché, Orthodoxie. Théologie 66, 1966; tome III, Symbolisme et historicité, Le Sycomore, Lethielleux, Namur-Paris 1984. 2 De l'actualité historique, 2 voi. 1. A la recherche d'une mélhode. 2. Progressisme chrétien et apostolat ouvrier. Recherches de philosophie 5-6. Desclée de Brouwer, Paris 1960. 3 Nguyen-Hong Giao, Le Verbe dans l'histoire. La philosophie de l'historicité du Pére Gaston Fessard. Préface de Jean Ladrière. Bibliothèque des Archives de Philosophie n. 17. Beauchesne, Paris 1974. 4 Le Dialectique. Coli. Que sais-je. Presses universitaires de France, Paris 1985, p. 118. This content downloaded from 190.176.246.18 on Sun, 23 Dec 2018 21:41:53 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 318 XAVIER TILLIETTE, S.I. de bon ton de le plaisanter, sous prétext retraites, qu'il n'a jamais donné les Exerc maintes fois pour son propre compte et pou était rompu à leur pratique d'autant plus qu un maitre spirituel, c'est pourquoi il avait p la trame et l'intelligence du chef d'oeuvre routinier, accroché à la paraphrase, qui affe théoricien nébuleux, aurait pu se mettre Fessard, sans donner de legons à personne, s texture des Exercices, à leur composition, tion, il a lu et mème épluché les commentai recourt aux éclaircissements des historie contre ses pairs glorieux, autres grands jésui le P. Karl Rahner, se sont confiés dans le génie. Un livre gigogne Et pourtant l'ouvrage si vigoureux de Fessard est disparate et assez mal composé. Mème si l'on ne tient pas compte du troisième volume5, où la lettre des Exercices est très réduite et la philosophie du langage enfle comme un énorme oedème, la Dialectique se ressent de ses origines, de ses accrétions, de ses provins, de ses refontes. Elle est inséparable d'une histoire privée, qu'à l'occasion l'auteur mentionne de bonne gràce. C'est du reste un trait spécifique et touchant chez ce penseur sans concessions, que l'articulation de la systématique à une biographie intellectuelle. Les jalons conceptuels sont souvent assortis de repères existentiels, l'actualité historique se niche dans la basse oeuvre de la composition. Le Pére Fessard n'était pas dupe de son ressassement, mais sa passion de la vérité, qui n'avait d'égal que son entètement, le poussait sans cesse à remettre l'ouvrage sur le métier, à emprunter les chemins de traverse, à faire long pour mieux déployer ses rets; c'est ainsi qu'une note se développait à perte de vue, qu'un article prenait les proportions d'un livre. Il aura connu, avec une conscience endolorie et impuissante, le supplice de la roue dialectique et de la fin qui se dérobe: dass du nicht enden kannst, das macht dich gross. Au commencement était un manuscrit dactylographié (sur une V. note 1. This content downloaded from 190.176.246.18 on Sun, 23 Dec 2018 21:41:53 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LE PÉRE GASTON FESSARD ET LES EXERCICES 319 grosse machine au ruban usagé, et sur un papier pelure) qui circulait au scolasticat — comme plus tard les notes de retraite de K. Rahner — extrait lui-mème d'une rédaction complète datant de l'époque où Fessard était scolastique lui-mème ou en passe de ne plus Tètr L'insistance amicale de Frangois Roustang, alors jésuite, a réussi arracher au fatalisme et à la procrastination du P. Fessard l'autorisatio de révision et de publication. Le secrétaire bénévole s'est fort bien acquitté de sa tàche, ajoutant au texte quelques sommaires de son cru, de sorte que le P. Fessard, au risque d'allonger les délais, procèda encore à d'importantes additions; après quoi fut bouclé le premie tome, à coup sur le plus beau, émaillé d'admirables pages. L'essai primitif, le noyau originaire, constitué par le manuscrit de 1931, comprend le Préambule (chap. 1) et les Quatre Semaines (cha 2, 3, 5, 6) du premier volume. Toujours dans le premier volume u seconde strate est formée par le fragment sur TElection (chap. 4) e l'appendice sur les Règles du Discernement des Esprits pour l première et deuxième Semaines, rédigés en 1946-1947 d'après des notes cursives anciennes6. Puis les délais de publication ont été mis à profit pour de nouvelles adjonctions: le commentaire de la contemplation Ad Amorem, en guise de «conclusion», et une longue postface qui vien s'insérer à peu près à mi-parcours, avant les Règles du Discernemen l'étude sur TElection, comme le premier foyer d'une ellipse dont l second serait Τ Ad Amorem, ayant été reportée à sa place naturel entre la deuxième et la troisième Semaine, en tant que «passage d l'avant à l'après»; elle scinde donc en son milieu le développement antérieur. Il faut évidemment rattacher aussi à la seconde couche, rédactionnelle, soit les années 1946-1948, le brillant commentaire de la maxime hòlderlinienne «Non coerceri maximo, contineri a minimo, divinum est», suscité par la trouvaille du P. Hugo Rahner7, et sa doute T«étude complémentaire» sur la sentence n. 2 du Thesauru spiritualis Societatis Jesu, véritable morceau de bravoure; le Pére Fessard a mis à défendre la version de son aìné et confrère hongro Gabriel Hevenesi un entrain, une alacrité, un raffinement d'analyse et d'écriture, qui contrastent avec sa réputation — fausse — de tàcheron de la piume. Le contenu du deuxième tome était destiné tout d'abord à rééquili brer et à étoffer la réédition de Touvrage de 1956. Mais habent sua fat 6 La Dialectique des Exercices Spirituels, t. 1 (D 1), p. 18 (Post-Scriptum). 7 «Die Grabschrift des Loyola», Stimmen der Zeit, févr. 1947, pp. 321-339. This content downloaded from 190.176.246.18 on Sun, 23 Dec 2018 21:41:53 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 320 XAVIER TILLIETTE, S.I. libelli. Les interpolations envisagées p ampleur qu'on jugea bon de les grou composite lui aussi. Il s'agit de l'explicatio des commentaires de Méditations de prem et, dernier qui devrait ètre le premier, posté après la conclusion (mais avec l'an Praesupponendum. Ces pages sont tirée niés. Mais c'est l'analyse proliférante, vergùenza (pudeur, vergogne), à laquell qui a entraìné le reste dans sa dérive et sorte que les deux tomes «s'imbriquent puzzle ou un jeu de patience, une parti naturellement, l'emboìtement grince p leurs, la vergùenza, élevée par Fessard beaucoup plus qu'une étude de vocabula d'une relecture des Exercices en mème des Règles d'orthodoxie. La notion se m suggestions que le P. Fessard est conduit ler de la pudeur religieuse à la «pudeu relation sexuelle et aux relations familial tion. L'interlude mis en serre-file était également une «reprise», vouée à servir d'amorce à un troisième tome orientò sur l'historicité et surtout le langage. Le marcottage a si bien pris que le rejeton a étouffé le plant. Stimulé et méme dopé par la lecture des linguistes Saussure et Gustave Guillaume, et de Lévi-Strauss (dont la correspondance avec Fessard est publiée en appendice)9, l'auteur a rédigé la majeure partie de l'ouvrage au cours des années uploads/Litterature/ le-pere-gaston-fessard-et-les-exercices-xavier-tilliette.pdf

  • 21
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager