Le Pont Mirabeau est un poème du recueil d’Apollinaire publié en 1913 dans
Le Pont Mirabeau est un poème du recueil d’Apollinaire publié en 1913 dans ce poème, Apollinaire chante la douleur de l’amour mort on sait que c’est sa rupture avec Marie Laurencin qui l’a inspiré mais l’anecdote laisse place à une réflexion d’ordre générale c’est une chanson sur le temps qui passe Plan 1ère partie → un poème comme une chanson 2ème partie → la fuite du temps I. Un poème comme une chanson 1. Un poème traditionnel ? o Ce poème peut apparaître d’abord comme traditionnel par son thème : c’est un poème sur l’amour : « Sous le pont Mirabeau / coule la Seine et nos amours ». o Répétition du mot « amour ». o Évocation des corps liés (par les mains). o Mais le pont Mirabeau lui-même est signe de modernité : construit à la fin du XIXe siècle. o Son architecture est moderne. o Nous avons en plus les marques habituelles de la modernité d’Apollinaire. o Absence de ponctuation. o Vers plus libre 2. Un poème musical o Ce poème ressemble à une chanson : il en a toutes les caractéristiques. o Hétérométrie (vers de différentes longueurs). o Retour d’un distique qui joue le rôle de refrain. o Vers impairs (7 syllabes) du distique. o Rimes féminines. o Absence de ponctuation qui laisse la lecture plus libre. o Tonalité et techniques très proches de celles de Verlaine qui prônait la musicalité du vers 3. Le pont Mirabeau o Nous avons déjà dit que le pont Mirabeau représentait la modernité. o Mais le pont a une valeur symbolique propre aussi. o Il est l’élément central du poème. o Il est le symbole de ce qui lie bien sûr : « Les mains dans les mains restons face à face ». o Et ce qui reste : « restons (…) / tandis que sous le pont (…) passe / (…) l’onde ». o Il relie les amants. o Il relie la tradition poétique à la modernité poétique. o Il est l’espoir : l’espoir d’un lien qui perdure, qui peut se recréer. [transition] II. La fuite du temps 1. Une méditation sur la fuite du temps o Terme classique du temps qui passe : « passent les jours et passent les semaines ». o De ce qui a été irrémédiablement perdu. o Ie temps est l’être aimé, c’est-à-dire la vie elle-même. Il y a une valeur universelle à ce poème. Marie Laurencin n’est pas nommée : le poète dépasse sa douleur personnelle pour donner à sentir la perte de l’amour en général. o Le symbole du pont est lié au thème de l’eau. o L’eau, c’est ce qui ne peut se saisir : c’est le temps qui coule. 2. Un poème de la douleur o Ce poème chante la mort et la perte plus que l’amour. o Malgré une apparence de légèreté. o Valeur universelle sensible aussi avec le « nous ». o C’est un lyrisme renouvelé : le « je » individuel laisse place au « nous ». o Le « nous », c’est le poète et la femme aimée, mais c’est aussi le lecteur. o Il y a une antithèse entre l’immobilité du poète :« je demeure ». o Et la mobilité de l’eau : « passent », « coule », « viennent ». 3. Une espérance ? o L’espérance est présente sous forme de divinité. o C’est une personnification → majuscule dans le texte. o La nature, c’est aussi le hasard. o Retour du distique comme un refrain. o Ou encore le dernier vers qui reprend le premier vers. o Entre la monotonie (la chanson) et la répétition infernale… o C’est cette ambivalence qui fascine. o Cette monotonie est à la fois rassurante et angoissante. Conclusion Poème séduisant par sa musicalité. Mais aussi par l’universalité de sa thématique. Poème en apparence traditionnelle mais qui est profondément moderne. C’est aussi la perte de cette tradition ici qui est évoquée, et le lien qui unit la tradition à Apollinaire. Porte la marque de Verlaine et annonce Prévert. Commentaire Zone de Alcools Introduction Considéré comme le premier recueil de la modernité poétique au XXe siècle : nous sommes à la vielle de la guerre (1913) Apollinaire embrasse la modernité littéraire et artistique : il est proche notamment des cubistes (Picasso, Braque, etc). « Zone » ouvre le recueil : c’est une manière d’entrer dans cette modernité poétique. Problématique « Zone » est un manifeste de modernité poétique ? Plan 1ère partie → le récit d’une errance nocturne 2ème partie → la modernité poétique I. Le récit d’une errance nocturne 1. La nuit o le poème est d’abord le récit d’une errance nocturne. o la fin du poème coïncide à la fin de la nuit : « le matin va venir », « la nuit s’éloigne », « tu veux aller (…) dormir ». o le poète se met en scène dans les lieux de la nuit → les bars : « tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux », → les endroits où dorment les migrants (qui n’ont pas de maison) : la gare Saint-Lazare o la nuit est le moment des rêves : ceux du poète, ceux des personnages qu’il rencontre → les « pauvres émigrants » rêvent de « l’Argentine », c’est-à-dire du « Nouveau Monde » o nous trouvons aussi des détails précis → c’est le pittoresque : « édredon », « perruque », « échecs », etc o le poète s’assimile à ces migrants. 2. Les souvenirs o durant cette nuit, le poète dresse le bilan de sa vie o il constate : « Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages », « Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans » o amour, voyage, expériences personnelles. o mais le bilan est plutôt négatif → cf vocabulaire et champ sémantique (« souffert », « douloureux ») o il conçoit la vie comme une migration, une voyage → le thème des migrants est symbolique : c’est l’errance, le départ, le non-retour : « étoile », « rois- mages »… 3. La méditation poétique o le poème s’apparente donc à une méditation poétique o c’est une introspection : le poète sonde son âme et ses souvenirs o cette méditation est lyrique : c’est le « je » et les « sentiments » qui prédominent o la « zone », qui donne son titre au poème, est la « zone » intime de la vie o il y a une forte valeur symbolique des propos du poète o la religion tient également une place très importante : « tes fétiches d’Océanie et de Guinée / Ils sont des Christ d’une autre forme, etc [transition] II. La modernité poétique 1. Des innovations techniques o la première marque de la modernité chez Apollinaire est sensible avec les innovations formelles o tout d’abord, bien sûr, l’absence systématique de ponctuation o cela donne plus de liberté au lecteur et multiplie les possibilités de sens o cette liberté formelle est la même que dans les arts visuels o il y a ensuite le vers libre o même si nous avons encore des assonances, et que nous pouvons relever des vers réguliers, la forme n’est pas contrainte strictement o les vers s’enchaînent librement, et le dernier ne compte que 5 syllabes : « Soleil cou coupé ». o le vers « Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre cœur » dépasse aussi largement le vers normal d’une poésie. 2. L’expression du moi o la modernité est aussi marquée par l’expression du moi o c’est encore à la tradition des arts visuels que se rattache Apollinaire o c’est un nouveau lyrisme o c’est l’alternance du « je » et du « tu » qui crée cette nouvelle émotivité. o le « tu » est une réflexion (comme dans un miroir) o le « je » est l’expression directe du moi o « Tu n’oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter » → il y a constat dans un premier temps et expression de l’émotion et du sentiment dans un second temps. 3. La modernité o tout cela converge vers un message unique adressé au monde : embrasser la modernité o c’est l’appel final du poème : « Soleil cou coupé » o c’est une explosion : explosion des carcans, explosion de l’inspiration o d’où l’image du feu (« brûlant », « soleil ») o mais aussi de l’alcool qui donne son titre au recueil o « Adieu adieu » est un au-revoir au monde ancien o le jour se lève, c’est un renouveau Conclusion o « Zone » est le poème de la modernité poétique o par les thèmes abordés o par les innovations formelles o par le renouveau du lyrisme o par le message transmis par Apollinaire o pourtant Apollinaire, sans le dire, est tributaire d’un autre poète moderne, le plus important sans doute uploads/Litterature/ le-pont-mirabeau-appolinaire.pdf
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- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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