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éruditest un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.éruditoffre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « Le problème des stratégies du traduire » Jerzy Brzozowski Meta : journal des traducteurs / Meta: Translators' Journal, vol. 53, n° 4, 2008, p. 765-781. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/019646ar DOI: 10.7202/019646ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 25 April 2016 05:27 Meta LIII, 4, 2008 Le problème des stratégies du traduire* jerzy brzozowski Université Jagellonne, Cracovie, Pologue jerzy.brzozowski@uj.edu.pl RÉSUMÉ Le concept de stratégies du traduire, si largement employé, est confus, ce que montrent aussi bien les définitions courantes que l’usage qu’en font des spécialistes, y compris les plus renommés. L’auteur postule un retour aux sources nécessaire, et une nouvelle mise au point du problème. Une stratégie ne peut être que consciente et globale. Pas de choix conscient, pas de stratégie, donc, et c’est ce que la pratique démontre : l’écriture de la traduction est consi- dérée souvent peu systématique, et pour cause. En fait, en ce qui a trait aux choix straté- giques, à côté de quelques facteurs conscients, il existe autant de facteurs de choix subconscients, qui interfèrent avec ceux-là. Le résultat est un amalgame qui altère une vision stratégique du traduire, à un degré variable, toujours à définir dans un cas précis. Le niveau stratégique reste en lien assez étroit avec un niveau subordonné, celui des « techniques de traduction », qui coincident assez souvent avec les « universaux du tra- duire », parmi lesquels se trouvent de nombreuses « figures de traduction ». Tout chan- gement au niveau du message original opéré dans la traduction n’est pas figure toutefois. L’usage de la notion de figure ne paraît justifié que là où nous sommes capables de définir la nature et les conséquences du changement, ou autrement dit, sa valeur fonc- tionnelle. ABSTRACT The very notion of translation strategies, so popular in Translation Studies, lacks preci- sion, as can be seen in widespread definitions, including those used by the most respect- able specialists in the field. The author of this paper suggests returning to the basic meaning of this notion and subsequently, reconsidering its scope. A strategy, the author argues, must be global and conscious. If there is no awareness, there is no strategy, as shown in practice. Translation-writing has sometimes been judged as non-systematic. In fact, at the strategic choice level, there are some conscious and some unconscious factors, which interfere with each other. As a result, a strategic vision is distorted to a degree which remains to be defined in each specific case. The connection of the strategic level with a lower level, that of “techniques” of trans- lation, often designated by “universals,” in which many “figures” are found, is to be studied carefully. However, not every shift in the message deserves to be called a “figure of translation.” For a shift to constitute a “figure of translation,” it is necessary to define its function and the impact it has on the message. MOTS-CLÉS/KEYWORDS stratégies du traduire, universaux, figures de traduction, poétique de la traduction Le terme de « stratégie de traduction » est un des préférés des spécialistes en traduc- tologie. Toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est un des concepts les moins fiables et il a introduit dans notre champ d’études une certaine confusion. Notre propos est de contribuer à remettre un peu d’ordre dans cette confusion et de 766 Meta, LIII, 4, 2008 situer le concept de stratégie par rapport à deux autres très en vogue, ceux des uni- versaux de traduction et des figures de ­traduction. Dans le présent article, nous allons nous occuper uniquement des stratégies centrées sur le produit (product oriented strategies), celles qui, à notre avis, semblent les plus problématiques. De plus, nous n’allons pas nous occuper cette fois (et cela, à contrecœur) des stratégies de choix du texte à traduire (cf. Toury 1978), certes impor- tantes, surtout dans la perspective de la poétique historique de la traduction. Commençons par les définitions qui sont à la base de l’usage actuel de ce mot. La plus ancienne semble être celle de Krings (1986), adoptée par Chesterman dans ses ouvrages de 1997 et 20051, et – comme on verra plus loin – par plusieurs autres auteurs. La voici dans la traduction anglaise de Englund-Dimitrova (d’après Jääskäläinen 2005) : A translator potentially conscious plans for solving concrete translation problems in the frameork of a concrete translation task. Jääskäläinen (1993 ; 2005) propose, de son côté, la définition suivante : They are a set of (loosely formulated) rules or principles which a translator uses to reach the goals determined by the translating situation in the most effective way ; global strategies – refer to the translator’s general principles and modes of action ; local strat- egies – refer to specific activities in relation to the translator’s problem-solving and decision making. Dans les deux définitions, nous avons souligné les termes qui, pour nous, sont à la base des malentendus qui ont suivi. Le mot « stratégie » même, utilisé dans le contexte des sciences humaines, n’est qu’une métaphore, sa provenance est de toute évidence militaire. Jääskäläinen utilise à l’appui la définition que fournit le Collins Cobuild E-Dictionary : 1. A strategy is a general plan or set of plans intended to achieve something, especially over a long period. 2. Strategy is the art of planning the best way to gain an advantage success. Nous omettons les exemples fournis par le dictionnaire, et à la fois, nous nous per- mettons de souligner le fragment qui a visiblement séduit Jääskäläinen, tout en faisant remarquer que la définition de Collins non seulement relègue la signification militaire du concept au deuxième plan, mais de plus, que cette partie de la définition est très vague, ce qui permet à notre auteur de surenchérir : « a set of (loosely formulated) rules or principles ». Seulement, voilà : il n’y a pas que le dictionnaire Collins, nombre d’autres existent, y compris sur Internet. Le dictionnaire OneLook, qui synthétise les données d’une vingtaine de dictionnaires en ligne en la matière qui nous intéresse, dit ce qui suit : – the branch of military science dealing with military command and the planning and conduct of a war – an elaborated and systematic plan of action Le Webster en ligne va dans le même sens, mais d’une façon encore plus explicite : 3. a plan of action encompassing the methods to be adopted from beginning to end of a task or endeavor, focussing on the general methods ; – contrasted with tactics, which is a plan for accomplishing subgoals of lesser extent than the primary goal. Thus, a strategy is a plan for winning a war, and a tactic is a plan for winning a battle. Ajoutons que le Petit Robert et le dictionnaire espagnol de la Real Academia Española vont dans le même sens (en privilégiant l’étymologie militaire du terme), et que plu- sieurs autres… font le contraire (comme le brésilien Aurelio ou le polonais Słownik poprawnej polszczyzny PWN), ce qui signifie que le manque de rigueur n’est pas si rare, et même que la tendance actuelle est peut-être à privilégier les acceptions courantes et non militaires du terme « stratégie ». Cela expliquerait en partie le fait qu’il n’y ait pas eu, jusqu’à présent, de pression unificatrice pour ce qui concerne la notion de stratégie du traduire, d’autant plus que l’état d’esprit de la majorité de nos collègues ne semble pas vraiment favoriser la recherche de ce qui est susceptible d’unir nos efforts, comme le suggère le débat récent sur « shared ground in TS » (Target 14-1 et précédents). Est-il tellement important de chercher le « noyau dur » de la signification de ce terme, au lieu de nous résigner à suivre la majorité (est-il cependant prouvé de quel côté elle se situe…) ? Nous croyons que oui, et ce n’est pas au nom de principes, mais en considérant les fruits qu’a apportés une certaine nonchalance dans l’usage du mot « stratégie » dans les textes traductologiques récents. Voici quelques exemples : […] lexical simplification operates according to six priciples or strategies […] those principles are : use of superordinate terms when there are no equivalent hyponyms […] approximation of the concepts expressed in the source language text, use of “common- level” or familiar synonyms […] use of the circomlocutions instead of conceptually matching high-level words or expressions […] “the explicitation hypothesis” […] posits that the rise in the level of explicitness observed in translated texts and in uploads/Litterature/ le-probleme-des-strategies-du-traduire.pdf

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