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Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/leromancourtoisaOOcohe COURS a e M. GUSTAVE COHEN LA LITTERATURE ROMANESQUE AU Xllème SIÈCLE L'ORIGINE DU ROMAN PREMIERE LEÇON I - INTRODUCTION - BIBLIOGRAPHIE. Dans la leçon inaugurale ae cette chaire nouvelle ae littérature française au Moyen-Age (1), j'ai fait, l'histori- que ae cet enseignement âans notre Faculté et J'ai essayé ae aégager les principes qui régiraient le mien et se résumaient en cette triple formule que je vous ai proposée i Précision s Compréhension , Sympathie , qui peut aussi vou3 servir ae gui- de dans vos étua es Nous sommes à l'époque ae l'année où, comme naguère aans les Jeux olympiques, se disputent les prix, mais ce n* est ni au pugilat, ni ae la course ae chars, ni au aisque, ni ae la tragéaie, mais du roman, aont tout le monae acclame aujourd'hui le triomphateur et achète l'oeuvre couronnée, Prix Goncourt ou Prix Fémina„ Ce n'est pas que le sport lit-» téraire ait pris chez nous la place des autres, mais c'est au moins que le roman est le genre littéraire le plus en vue aujourd'hui, celui sur lequel se concentre le principal effort aes écrivains, et nous verrons, en cette leçon et la suivan- te, qu'il n'en était point ainsi dans l'antiquité grecque et latine L' origine et le point ae aépart, c'est enoore une fois aans notre grana Moyen-Age français qu'il faut la chercher. Le mot même l'indique s roman " s'oppose à "latin " . Chrétien ae Tr.oyes (2), énumérant, vers 1165, ses oeuvres, en tête ae son "Cligès" ait : (1) Dont le texte a paru aans les "Annales de l'Université ae Paris " -Février 1933. (2) cf. mon "Grétien ae Troye et son oeuvre" Paris, Bcivin 1931 in-8, Po83, - 2 - "Lui qui fit Brec et Enlde Et les Commandements d'ovide, Et l'Art d'Amour en roman mit Un nouveau conte recommence. «. " (1) Ce que nous appelons roman , on l'appelait donc alors oonte car il s'agit, dans ce texte, d'une oeuvre de longue Haleine, et non d'un lai ou d'un fabliau » qui sont des récits plus courts et d'une nature différente,, "Romanz" qui fut d'abord un adverbe (romanice) (2) n'a que le sens de "en langue vul- gaire", "en français". Il est .donc un peu étonnant et vaguement absurde de parler de roman anglais et de roman allemand, - mais si les allemands eux-mêmes emploient- encore ce mot (les anglais disent "novel? réservant le mot "romance " aux récits romanes- ques comportent un élément de merveilleux, en particulier le roman du Moyen-Age, comme chez Hewlett ou William Morris,, et ils ont gardé aus.i au mot notre vieux sens de"langue romane")., c'est à cause- de la vogue prodigieuse de notre littérature romanesque au XlIIème siècle Ainsi les mots gardent, oomme les terrains, les empreintes des choses et des êtres, ou, com- me dirait le Hugo de le Légende des Siècles , "l'empreinte de l'ongle et l'alnéole de la dent*, ou, plus simplement, dirons- nous avec Ferdinand Brunot, ils sont les témoins de l'Histoi- re. Mais si " romanz" a d'abord été adverbe et a signi- fié "en langue vulgaire", il n'a pas tardé à désigner l'oeu- vre française favorite du grand public, et, sans quitter no- tre Chrétien de Troyes, nous trouverons chez lui-même 'ce sens, dans une oeuvre un peu postérieure, son Yva in , ou Le Cheva- lier au Lion » où l'on voit : (3) "Un riche homme qui là gisait Sur un drap de soie, et lisait (4) Une Pue elle devant lui En un roman, ne sait de qui. Et, pour ïe roman écouter S'y était venue accouder Une dame, c'était sa mère, Et le seigneur était son père." —»— — 1 BMIIMMI ! I I * Hl -I I — ' —-— -—. 1 ^«. J 1 -*< — .M .» . I I MW^W^ (1) Toutes les citations sont ici rajeunies» (2) cf : (Confer-compare) O.Block, Dictionnaire étymologique de la langue française , Paris, 1932, au i9 IÎ, In verbo tau mot) : roman (3) v.5363-70, d'après l'édition Foerster,in-8°. (4) Puoelle est le sujet de "lisait ". - 3 - Jolie scène de famille et de ehtteau vers 1172, le père éten- du, la mère accoudée sur le lit et la fille faisant la lectu- re du dernier roaen à la mode à ses parents qui sans doute ne' savent pas lire. Et les voici plongés dans le rêve, oar mène quand le roman imite la réalité ambiante, c est pour nous é- lolgner de la nôtre, tel l'enfant pour qui le Jeu est une per- Îétue lie métamorphose des choses, des êtres et de lui-même oye* le volume de Paul Hagard» Les livres, les enfants et les honsnea . Paris, Flammarion, 1^3S', ln-l2)o Faut-il attribuer au roman eoiaae au drame une ori- gine rituelle et religieuse ? Ce n'est pas aussi sûr. Cepen- dant les récits de la vie des Dieux ont pu précéder, et ont en fait précédé, ceux de la vie des hommes© L'invraisemblance de celle-oi passe parfois toute Imagination et sa variété en est plus grande» Ce n'est que tardivement, semble-t-il, que les hommes ont songé à se raconter dans un récit suivi, retraçant leurs amours et leurs aventures,, Encore * ont-ils plutôt inven- té qu'observé, se préoccupant plus de varier le décor exté- rieur que d'analyser les sentiments. SI je cherchais une définition du roman, je vous proposerais volontiers celle-ci : Le roman est une fiction amoureuse sous forme nar- rative a 3802 étendue a en vers ou en prose » L'élément fiction (altération de la vérité par l'imagination oonstruotive ou reeonstructive) est essentiel, et ceci exclut les mémoires sincères, ou qui prétendent l'être, et la chro- nique historique» Dans la suite des temps l 'élément amour a pu être remplacé par l'analyse de sentiments d'un autre ordre, ou l'étude d'une catégorie sociale, mais il app3 rait cependant comme substantiel au genre et originel „ SI l'étendue est restreinte nous avons affaire à la nouvelle - il est rare que ce qui est conçu comme nouvelle devienne roman. Une collection de contes et de nouvelles réu- nis par un simple eadre ou une simple trame (Bahmen erzâhlung) n'est pas un roman» H arrive que des contes ou nouvelles soient insérés épisodlquement dans un roman (ex* dans Wilhelm Melster). Quant eu conte 11 peut reposer sur l'observation, et l'élément amour n'y est pas essentiel, et en tout cas il est toujours court et généralement plaisant» Dans ce domaine cossue dans presque tous les autres, les Grecs, peut être sous l'inspiration orientale, ont été nos modèles. Aussi, pour bien comprendre l'évolution du genre et en apercevoir les lointaines origines, faut-il que Je remonte, « 4 " non pas au déluge (quoique, à tout prendre, la première his- toire d'amour soit celle de la pomme et du serpent), mais, au début de l'ère chrétienne» Bibliographie - CHASSANG (A), "Histoire du Roman et de ses rapports avec "l'Histoire dans l'anti q uité grecque et latine" Sème éd Paris , Didier, 1882, ii-8. RQHDB (Br*ln )-"I)er Griechische Homa^. ,.. 3e Auflage, Leipzig, Breitkopf et Rartel, 1914, ln-8. KRUMB^CHSR (K) «° Geschiohte der byzantinlschen Llteratur* ~ (52?'-Ué3}, 2e AÙfïage, Munich, 1897 CROYSET - "Histoire de la littérature grecque", t.V, passim (Volndex)o Huet - Essai sur l'origine des Romans " (il les rot tache aux contes orientaux)» Paris, 1670, in-12 Q VILLBy.AIN ~ "Essai sur les romanciers grecs* 1828 (introduc- tion pour la collection de Merlin des traductions de romans grecs ) CHA5SAN0 (A) -" Le merveilleux dans l'antiquité , Apollonius - Sa vie , ses voyages , ses prodiges, par Phllôs - trate traduit du grec „ avec introduction . notes et éclaircissements - Paris „ Didier, 18ô2,in-8° CHAS3ANS (k ) Les Pomans Grecs - Les pastorales de Longue , ou "t)aphnls et ChTôé " 6 "" tr aduc t i on d * Amyo t r e fondue par~P',L. Courier - Les Ethiopiennes" d'Héliodore, ou "Théogène et Chariclée , traduction de Quenne- ville,,' tràd p par Huiabert,' précédé s d'une étude sur le roman grec par Chassang, P^ariSo Garnier, s'.d* -, in-12. Y. CHAUVIN - "Les Romanciers grecs et latins", Paris. Hachette 1864* Gh« GIDBL - Etudes sur la littérature grecque moderne . Paris, Dumnd, 1863 NICOLAI -Ueber Entstohung und vesen des Grieehlschen Roman 2ème édo Berlin, 1867 a — , - 5 - SCHISSBL VON FLESCHBKBERG - Entwickelungsgesohlchte der Orle- chlschen Romanes Ira Altertum. Hal- IçT^SIS, *Ple jÉeohnlk dea Blld elnsatzes", Philologue 72 (19157 - article "Longos" dans Heal gnoyel . de Paul y - Wissowa- XIII, 2, (1927) pp. 1425-7. G. DALMEYDA - Lon^s et Alolphron - dans les Mélanges Glotz , 1932, -p-ç, 277-287. (Alolphron semble avoir em- prunté à Longus d-s noms qu'il a allongés (p.28I), et à Lu- oien ( Dialogue des Cour tisanes ) <» Il imite maladroitement de Longus lia scène du pasteur faisant obéir son troupeau au son de sa syrinx, celle uploads/Litterature/ le-roman-courtois-au-xii-siecle.pdf

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