The Project Gutenberg EBook of Souvenirs d'un sexag naire, Tome II, by  Antoin

The Project Gutenberg EBook of Souvenirs d'un sexag naire, Tome II, by  Antoine Vincent Arnault This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Souvenirs d'un sexag naire, Tome II  Author: Antoine Vincent Arnault Release Date: December 21, 2007 [EBook #23953] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK SOUVENIRS D'UN SEXAG NAIRE ***  Produced by Mireille Harmelin, Eric Vautier and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. This file was produced from images generously made available by the Biblioth que nationale de France (BnF/Gallica)  SOUVENIRS D'UN SEXAG NAIRE  TOME SECOND. PAR A. V. ARNAULT, DE L'ACAD MIE FRAN AISE   Verum amo. Verum volo dici. PLAUTE. _Mostellaria_. PARIS. LIBRAIRIE DUF Y, RUE DES MARAIS-S.-G. 17.  1833. LIVRE V. DU 1er JANVIER 1793 AU 29 JUILLET 1794. CHAPITRE PREMIER. Moeurs nouvelles.--Proc s du roi.--Anecdote.--Travaux  litt raires.--Op ra-comique.--Partie de chasse.   De retour Paris, je n'y reconnaissais plus rien, tant sa physionomie  avait chang en moins de quatre mois. Ainsi nous avons peine   reconna tre les traits d'un ami dans un visage labour par une violente   maladie. mon d part, la lutte des d mocrates contre les aristocrates, ou plut t     des r publicains contre les royalistes, n'avait pas effac tout vestige   des anciennes moeurs: on retrouvait encore dans les discussions m me les  plus violentes l'indice des habitudes que donnent l' ducation et l'usage  du monde. Ce reste de politesse avait disparu depuis l'ouverture de la _Convention_, o le pouvoir, que ne poss da jamais la faction de _la   Gironde_, qui avait provoqu le renversement de la monarchie, fut  subitement usurp par la faction de _la montagne_ qui l'avait accomplie,  et qui affecta les formes brutales des brigands et des assassins qu'elle s' tait donn s pour alli s.    Les formules consacr es par l'usage avaient t proscrites par un d cret     sp cial, et les appelations de _citoyen_ et de _citoyennes_ substitu es   celles de _monsieur_, _madame_ et _mademoiselle_. La loi ne d fendait   pas toutefois d' tre poli. Elle ordonnait seulement de l' tre d'une   autre mani re. Les gens grossiers, qui la derni re r volution avait     donn le dessus, car, dans les orages, la bourbe monte la surface de   l'eau, les gens grossiers firent de la loi l'interpr te de leurs  habitudes. Ils pr tendirent qu' tre poli c' tait tre mauvais Fran ais.      Non contens d'aggraver par l'accent avec lequel ils pronon aient les  termes l gaux ce que l'omission des termes supprim s avait d'incivil   pour de certaines oreilles, ils s' tudiaient les convertir en injure,   ne les employant qu'avec le tutoiement, forme qui, lorsqu'elle n'est pas l'expression de l'admiration ou de la tendresse, est celle du plus outrageant m pris.  Toutes les modes se r gl rent sur cette innovation. Les gens qui par   peur s' tudiaient faire des fautes de fran ais, s'habill rent par peur     comme les gens dont ils avaient adopt le langage; ils endoss rent la   carmagnole, ils se couronn rent du bonnet rouge, affectant les moeurs des  bourreaux pour les apitoyer, et se calomniant pour se justifier. L'objet dont tous les esprits s'occupaient alors tait le proc s de   Louis XVI. Persuad s que pour tuer la monarchie il fallait tuer le  monarque, et que pour forcer la nation r sister toute l'Europe il    fallait la compromettre avec toute l'Europe, les vainqueurs du 10 ao t,  r unis en _Convention_, avaient d cid que le roi, d tr n par eux,       serait jug par eux. Cette d cision s'ex cutait, et d j ce grand proc s       tait commenc quand je rentrai dans la capitale.   Les d bats auxquels il donna lieu, leur r sultat, sont trop connus pour   que j'en reproduise ici les d tails. Mais si je ne retrace pas ces faits  en totalit , du moins puis-je en rappeler quelques circonstances qui  constateront l'opinion de la grande majorit des habitans de Paris et de  la France. Rien ne prouve aussi videmment qu'en r volution les plus   grands v nemens sont, la majeure partie du temps, l'ouvrage d'une   audacieuse minorit . Pendant toute la dur e de ce proc s, Paris semblait    douter de ce qu'il voyait; il ne concevait pas qu'on l'e t commenc , il   n'imaginait pas qu'on os t l'achever; il en suivait la marche avec une  anxi t toujours croissante. La majorit de la population tait contre     cette mesure. Les uns, ne voyant dans Louis XVI qu'un fonctionnaire cras sous un fardeau que des paules plus fortes que les siennes    n'auraient peut- tre pas support , et ne trouvant dans les griefs qu'on   lui imputait que des fautes qui, si graves qu'elles fussent, taient  punies par la d ch ance, ne concevaient pas que, depuis qu'il tait    entr dans la classe commune, on poursuiv t dans l'homme priv le    coupable qui avait t puni dans le roi: les autres, pensant que la   politique devait s'accorder avec la justice pour le prot ger contre la  fureur des montagnards, et que le coup dont on voulait le frapper ne pouvant atteindre le prince qu'un usage imm morial appellerait au tr ne   apr s lui, croyaient qu'il valait mieux d tenir le monarque d chu que de    mettre en possession de ses droits le successeur qu'il avait au-del des  fronti res. Quelques uns pensaient enfin qu'un roi d chu n'est plus    craindre, et qu'il y aurait autant de dignit que de g n rosit      constater, en d portant Louis, le peu d'inqui tude que donnaient ses   ressentimens. Ces opinions, qui taient aussi celles de la majorit de   la Convention, n'y pr valurent cependant pas. La peur les touffa, et   l'arr t fatal fut port au grand tonnement de la plupart des juges qui    l'avaient rendu. Ce fut moins l'oeuvre de la conviction que celle de l'audace et de la l chet .   Cet arr t une fois prononc , on eut impatience de le voir ex cuter, et    pour en assurer l'ex cution on recourut au moyen qui semblait le plus  propre l'emp cher. On fit prendre les armes la garde nationale tout    enti re. La plupart de ces gens qui, comme citoyens, eussent tent   peut- tre un effort pour sauver la victime, assur rent sa mort comme   soldats, chacun se d fiant de son voisin et craignant de manifester une  piti dont le premier mouvement aurait t puni sur-le-champ. Ainsi la    mort du plus malheureux des rois fut assur e par des hommes qui en  avaient horreur. Les dispositions de la multitude taient peu pr s les m mes. Les     bourreaux le savaient bien, et ce n'est pas sans cause qu'ils ordonn rent au moment fatal le roulement de tambours dans lequel se  perdirent les derni res paroles du fils de saint Louis.  Louis XVI, qui portait jusqu'au sublime le courage passif, mourut en martyr. Le peuple surtout fut frapp de stupeur. Ce qui venait de s'accomplir  lui semblait impossible m me apr s l'accomplissement. Des mots de   diff rentes natures, mais tous galement expressifs, manifest rent les    sentimens de la halle, dont la population, moins f roce que grossi re, a   t souvent calomni e, et qui l'on pr te commun ment les discours et       les actions de cette populace errante qui colporte de rue en rue un trafic qu'elle est pr te quitter d s que le d sordre lui offre quelque     chance de b n fice.   On a accus la politique anglaise d'avoir contribu par une influence   cruelle la consommation d'un acte qu'elle a depuis affect de vouloir   venger, acte qui, frappant dans Louis XVI le protecteur de la r volution  am ricaine, satisfaisait la rancune britannique; uploads/Litterature/ souvenirs-d-x27-un-sexagenaire-tome-ii-by-arnault-a-v-antoine-vincent-1766-1834 1 .pdf

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