C ’est debout, avançant seul d’un pas assuré, que Philippe Croizon rentre, ce l
C ’est debout, avançant seul d’un pas assuré, que Philippe Croizon rentre, ce lundi, dans la classe de l’Institut royal d’accueil pour le handicap moteur (IRAHM) à Woluwe-Saint-Lambert, en région bruxelloise. Invité par l’ASBL « Pas de bras, pas de chocolat » qui lutte pour l’intégration de la personne handicapée dans la société, il a près d’un bon quart d’heure de retard. « Heureusement que je nage plus vi- te que je ne marche ! » Les rires en- thousiastes de la vingtaine d’adoles- cents handicapés présents fusent. Ils sont tous impatients d’entendre l’histoire de celui qui se surnomme « l’homme en kit ». Voici 16 ans, Philippe Croizon est électrocuté en démontant son an- tenne de télévision sur son toit. Il re- çoit une première décharge de 20.000 volts qui le tue et une deu- xième qui le ramène à la vie. Lors- qu’il se réveille, il est amputé des deux bras et d’une jambe. Quel- ques jours plus tard, les médecins décident finalement de couper l’au- tre jambe. Dans son lit, il voit alors un repor- tage sur une nageuse qui vient de traverser la Manche. Il se dit qu’un jour, il fera pareil. « A cet instant, j’ai choisi de vivre. Pour mes enfants, Jé- rémy et Gregory, mais aussi pour moi. » Pendant deux ans, il se bat pour retrouver une mobilité, apprendre à marcher sans ses jambes, à se ser- vir de ses prothèses. A présent, il fait rire les enfants en leur mon- trant que sa main droite peut effec- tuer une rotation complète. « Je suis toujours en charge du poulet rôti lors d’un barbecue ! » Cet humour fait partie de sa force de caractère. « J’ai prouvé à tous que sans ses membres, on pouvait en- core faire des choses. J’ai sauté en pa- rachute, je fais de la plongée bou- teille, je viens de traverser la Manche en 13h23min après m’être entraîné pendant deux ans à raison de 30 heu- res par semaine. Je suis vivant et je veux changer le regard des valides. Les handicapés sont des personnes comme les autres qui ont les mêmes droits. » Grâce à sa traversée de la Manche à la nage, le 18 septembre dernier, Philippe Croizon bénéficie d’une importante médiatisation à laquelle il ne s’attendait pas. « Lorsque je suis arrivé sur les côtes françaises, CNN et NBC se battaient pour avoir les images. Je trouvais ce- la fou. Maintenant, je profite de mon handicap. Je le vends. Cela intéresse les médias ; donc j’en profite pour fai- re passer mon message et tenter de faire changer la société. Cela m’éner- ve quand Ardisson ne veut plus me recevoir parce que j’ai déjà été sur le plateau de Ruquier. Je veux parler à tout le monde. » Les politiques aussi essaient de le récupérer mais il préfère rester libre pour dire ce qu’il souhaite et être vrai. Le cœur sur la main, prêt à répon- dre à toutes les questions des en- fants, il n’oublie pas de remercier sa compagne, Suzana, qui partage sa vie depuis quatre ans. « Je ne pen- sais pas que quelqu’un pourrait enco- re m’aimer. Et pourtant… Vous aussi vous y avez droit ! Tout est jouable, il faut simplement provoquer le bon- heur. » Loin de se considérer comme un héros, Philippe Croizon veut prou- ver que l’on peut vivre avec son handicap. « Tout le monde a cette force en soi, il faut juste qu’un événe- ment vous oblige à la faire sortir. » ■ VANESSA LHUILLIER D evant Kana et LeakID, les grosses teams affichent une certaine résignation. Et pour cause, elles sont conscientes d’être, sur le plan juridique, indubi- tablement en tort. La colère, néanmoins, n’en est pas moins grande. Aussi, opérant dans le maquis d’internet, des résis- tants anonymes, fans de mangas, s’organisent. Ils portent le nom martial de « Fansub-Resistance », une team prête à braver les mena- ces de Kana et les risques judiciai- res. En effet, ce véritable petit com- mando continue, chaque semaine, de sous-titrer et de poster les épiso- des de Naruto. Au nez et à la barbe de LeakID. Qui, très certainement, connaît l’existence de la « Fansub- Résistance », au regard de la renom- mée qu’elle a acquise en l’espace de quelques semaines. La stratégie des résistants ? Le nombre et la dispersion, pour frei- ner le travail de fermeture de la so- ciété anti-piratage engagée par Ka- na. Ainsi, le site de la jeune team existe en une trentaine d’exemplai- res : ce sont des sites-miroirs, c’est- à-dire des copies conformes, héber- gés sur une trentaine de pages. Conséquence : si LeakID parvient à obtenir des hébergeurs la fermetu- re d’une dizaine de sites, il en reste une vingtaine en fonctionnement. Par ailleurs, la « Fansub-Résistan- ce » joue la carte de la dispersion, à l’international. Ses sites sont, par exemple, sur des hébergeurs cam- bodgiens ou chinois. Pas évident alors, pour LeakID, d’entrer en con- tact avec des Chinois et de leur ex- pliquer la situation… Avec ces techniques, les résis- tants pourraient tenir longtemps. A moins que le détenteur des droits d’auteurs de Naruto ne déci- dent de recourir à la justice. Pour faire un exemple. Ce sera-t-il la « Fansub-Résistance » ? ■ Bo. M D L’homme qui repousse nos limites La team, martiale, qui résiste encore l’acteur Des millions de visionnages et de lec- tures, chaque semaine. Sur la Toile, grands « japan-maniacs » et simples amateurs de mangas suivent le fil des aventures de leurs personnages animés préférés. Au rythme des sorties des nou- veaux tomes et épisodes au Japon, et de leurs publications quasi instantanées par des teams, qui réalisent sous-titra- ges et traductions. Ce sont, respective- ment, le scantrad et le fansub (lire le lexi- que ci-contre). Les mangas postés par ces teams ? Bleach, Hunter X Hunter… Mais, le plus re- gardé d’entre eux demeure, depuis quel- que cinq années, Naruto. Au point d’in- quiéter Kana, éditeur belge et détenteur des droits sur les aventures du jeune nin- ja du village de Konoha. De fait, face à cette diffusion massive et illégale de Na- ruto sur l’internet, Kana a recours, en mi- lieu d’année, à la société LeakID, spéciali- sée dans la lutte contre le piratage. Ob- jectif : « nettoyer » l’internet des vidéos clandestines du célèbre manga. Par calcul financier ? Peut-être… Dans la mesure où des visionnages par mil- lions sur le web des épisodes de Naruto, avant leurs sorties sur la télévision, ris- quent de donner une arme de poids aux chaînes de télé, pour faire pression à la baisse sur le prix des droits de diffusion. Ce n’est pas l’explication donnée par Benoît de Tauriac, directeur-marketing de Kana, responsable de l’animé. « Nous n’avons pas recours à LeakID pour gagner de l’argent, assure-t-il, sans vouloir esti- mer la perte que représentent ces diffu- sions pirates des épisodes de Naruto : Ce n’est pas quantifiable, entre pertes dues aux fans qui n’achèteront pas le manga après l’avoir lu sur le Net, les coûts dus à la chasse à ses sites (no comment sur ce que coûte LeakID), et potentielles bais- ses de vente des droits de diffusion. Nous voulons combattre le piratage, qui se fait au détriment des auteurs et des pro- ducteurs des mangas. Nous voulons proté- ger nos droits d’auteurs. » Et de se prêter à une analogie : à l’instar de Louis Vuit- ton qui investit dans la lutte contre les contrefaçons, Kana entend supprimer les liens illégaux vers Naruto et « proté- ger sa marque ». En outre, l’éditeur belge ne s’en cache pas : il cherche à préparer le terrain avant son lancement d’une offre légale de diffusion de l’animé sur l’internet. Mê- me si les caractéristiques de la platefor- me – quel prix ? quel délai de diffusion après sortie au Japon ? version française ou version originale sous-titrée ? – res- tent floues et sa date de naissance incon- nue. Une incertitude qui a le don de cour- roucer les teams. Surtout depuis septem- bre, où LeakID est entré en action. Pleine- ment. La cible de l’anti-pirate ? Les plus gros- ses teams. Car Benoît de Tauriac se veut réaliste : « Il est impossible de supprimer tous les liens illégaux. Le piratage reste toujours présent sur l’internet. Mais, si en fermant des gros sites, les gens sont obli- gés de prendre plus de dix minutes pour trouver l’épisode, peut-être se tourneront- ils vers l’offre légale. » Aussi, les teams « NarutoMx » et « Dat- tebayo » ont été contraints à mettre fin à leurs activités de fansub. Le premier, pris audépourvu, n’a pas eu le temps de réali- ser une sauvegarde de ses données, et a tout perdu : informations sur Naruto, membres et forums de discussion. Grosse communauté avec près de 200.000 visionnages du nouvel épisode des aventures du jeune ninja chaque se- maine (alors qu’elle n’est pas la première team sur uploads/Litterature/ le-soir-kana-et-les-fansub.pdf
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- Publié le Fev 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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