Dans la même collection Le vocabulaire de ... Aristote, par P. Pellegrin Bachel

Dans la même collection Le vocabulaire de ... Aristote, par P. Pellegrin Bachelard, par J.-Cl. Pariente Bouddhisme, par S. Arguillère Bentham, par J.-P. Cléro et Ch. Laval Berkeley, par Ph. Hamou Comte, par 1. Grange Derrida, par Ch. Ramond Descartes, par F. de Buzon et D. Kambouchner Diderot, par A. Ibrahim L'école de Francfort, par Y. Cusset et S. Haber Épicure, par 1.-F. Balaudé Foucault, par J. Revel Frege, par A. Benmakhlouf Freud, par P.-L. Assoun Goodman, par P.-A. Huglo Hegel, par B. Bourgeois Heidegger, par J.-M. Vaysse Hume, par Ph. Saltel Husserl, par J. English Kant, par J.-M. Vaysse Kierkegaard, par H. Politis Lacan, par J.-P. Cléro Leibniz, par M. de Gaudemar Lévinas, par R. Calin et F.-D. Sebbah Lévi-Strauss, par P. Maniglier Locke, par M. Parmentier Machiavel, par Th. Ménissier Maine de Biran, par P. Montebello ISBN 2-7298-1085-4 Maître Eckhart, par G. Jarczyk et P.-J. Labarrière Malebranche, par Ph. Desoche Malraux, par 1.-P. Zarader Marx, par E. Renault Merleau-Ponty, par P. Dupond Montesquieu, par C. Spector Nietzsche, par P. Wotling Pascal, par P. Magnard Platon, par L. Brisson et 1.-F. Pradeau Présocratiques, par J.-F. Balaudé Quille, par J. G. Rossi Rousseau, par A. Charrak Russell, par A. Benmakhlouf Saint Augustin, par Ch. Nadeau Saint Thomas d'Aquin, par M. Nodé- Langlois Sartre, par Ph. Cabestan et A. Tomes Sceptiques, par E. Naya Schelling, par P. David Schopenhauer, par A. Roger Spinoza, par Ch. Ramond Stoïciens, par V. Laurand Suarez, par 1.-P. Coujou Tocqueville, par A. Amie! Vico, par P. Girard Voltaire, par G. Waterlot Wittgenstein, par Ch. Chauviré et 1. Sackur © Ellipses Édition Marketing S.A., 2002 - www.editions-ellipses.com 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L 122-52° ct 3°a), d'une part, que les" copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (Art L 122-4), Cette représentation ou reproduction. par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle, Machiavel a contribué à donner un style à la langue italienne, et son œuvre occupe à ce titre une place éminente dans la lignée des grands prosateurs qui va de Boccace à Leopardi. Mais on pourrait également la considérer comme une des expressions les plus abouties de l'expérience florentine, indissociablement littéraire, philosophique et politique, débutée avec Dante, continuée avec Ficin et Alberti, et conduite à son apogée par lui-même et Guicciardini. Comparable aux deux premiers, Machiavel est un auteur à genres multiples (il a écrit du théâtre comique, de la poésie, des nouvelles, de très nombreux rapports diplomatiques, des œuvres politiques qui s'inscrivent formellement dans la tradition de l'humanisme, des ouvrages d'histoire, et même un traité sur la langue) ; à l'instar des deux autres, il a réfléchi son époque en concevant l'écriture comme un moyen d'action sur le réel. Mais ce n'est pas cela qui retient mon attention au moment d'introduire à un « vocabulaire de Machiavel» : ce livre permet de rendre justice à la rigueur d'une pensée qui, non philosophique dans ses sources, dialogue de manière critique avec la philosophie. Armé de la simple langue florentine, encore teintée de latinismes, le Secrétaire florentin n'a rien à envier aux philosophes les plus rigoureux; avec l' œuvre machiavélienne, l'italien acquiert une concision extraordinaire, au point que la difficulté pour ses traducteurs français a toujours consisté à restituer cette capacité de dire l'essentiel en quelques brèves paroles. Or la concision est ici l'indice d'une «rigueur obstinée », caractéristique de l'effort de la pensée pour énoncer la vérité des hommes et des situations politiques. Cet art de dire s'est forgé par le moyen d'une « écriture en état d'urgence» lors des missions diplomatiques, et il s'est enrichi par la lecture continue des écrivains de l'Antiquité. La source est donc double: d'un côté, désemparée par la surprise de la défaite italienne dans le jeu des puissances de l'Italie de 1494, une pensée originale naît de 3 l'observation brute de l'action diplomatique ; de l'autre, les orateurs et les historiens anciens sont questionnés à nouveaux frais, redécouverts en deçà de la lecture dominante développée par l'humanisme. Un autre aspect s' y ajoute, fondamental: la dimension dialogique de l'écriture machiavélienne. C'est notamment dans la correspondance familière entre Francesco Vettori, ambassadeur florentin à Rome, et un Machiavel contraint par les Médicis à demeurer loin de l'action, que ce dernier devient l'auteur du Prince et des Discours sur la première décade de Tite-Live. Grâce à un dialogue serré, l'examen des décisions politiques et l'analyse de ce qui les motive chez leurs auteurs redonnent prise à la raison sur le réel. Puis, dans ces œuvres mêmes, on est frappé par la manière dont le Secrétaire florentin adopte le mode de la discussion (tantôt avec son lecteur, tantôt avec lui-même) comme une véritable matrice pour la compréhension de la politique. Deux conséquences: d'une part, la grande mobilité qui caractérise le discours machiavélien vient du changement permanent de point de vue que permet l'inter- locution; c'est elle qui, déroutant le lecteur habitué à la linéarité de la démonstration philosophique (ajoutée à des traductions françaises peu fiables), a parfois contribué à disqualifier Machiavel comme un auteur peu rigoureux. D'autre part, la dimension dialogique de la pensée machiavélienne amplifie son extraordinaire sens des problèmes. Or c'est justement parce que les énoncés du Florentin sont tous ou presque caracO" térisés par une grande problématicité qu'on gagne à regarder son œuvre comme un nouveau début pour la pensée politique la difficulté étant de réussir à affronter les questions avec la même audace que lui. Je voudrais restituer cette rigueur et ce sens du problème, et par là contribuer à la mise en valeur de la fécondité philosophique de la pensée de Machiavel. Celle-ci réside à la fois dans une visée de vérité sur la politique en crise et dans une réflexion si radicale sur ses catégories fondamentales qu'elle en défie la philosophie. Ainsi provoqué, tout philosophe préoccupé de politique doit à lui-même et à la philosophie de s'embarquer un jour ou l'autre pour la traversée de l' œuvre machia- vélienne ! Un conseil avant le départ: la fréquenter d'une manière ou d'une autre dans l'original italien, au plus près de ses fines nuances et souvent si fulgurant. Et une ultime recommandation: ne jamais perdre 4 de vue combien l'ironie - cet écart intentionnel entre la parole et la pensée peut jouer comme un ressort de l'écriture. Vouloir devenir un honnête lecteur de Machiavel suppose un perpétuel travail de mise au point, destiné à évaluer à quelle distance l'auteur se situe de ce qu'il écrit. À qui s'en estimerait dispensé, la lecture du Secrétaire florentin réserve quelques pénibles découvertes, telle cette confidence à Francesco Guicciardini dans la lettre du 17 mai 1521 : «Quant aux mensonges des habitants de Carpi, je peux volontiers me mesurer à eux, parce que cela fait un moment que je suis devenu docteur dans cette matière [ ... ]. En effet, il y a beau temps que pour ma part je ne dis jamais ce que je crois, ni ne crois jamais ce que je dis, et s'il m'arrive parfois de dire la vérité, je la cache parmi tant de mensonges qu'il est difficile de la retrouver ». 5 Amis (amiel) * Dans le Prince (XV, 148) Machiavel met en lumière la nécessité dans laquelle se trouve le prince, une fois parvenu à la tête de l'État, de gouverner ses sujets et de se faire des amis; ce double impératif fait apercevoir les conditions de la pérennisation du pouvoir. La stabilisation des amitiés n'est pas moins fondamentale pour l'art de gouverner que le commandement. Ramené à sa formule la plus élémentaire, l'art politique du prince a pour fin de demeurer le plus longtemps possible le maître de son État, et son moyen est un double lien, celui de la sujétion et celui de l'alliance. ** Cette formule permet également de comprendre le problème fondamental de la politique ainsi entendue. En effet, dans la conquête - considérée comme la situation paradigmatique en matière poli- tique, car à la fois la plus délicate à réaliser et la plus difficile à penser -, on se fait nécessairement ou structurellement des ennemis : on a pour ennemis ceux qu'on a défaits pour entrer dans le pays conquis, mais aussi ceux qui ont permis d'y entrer, car ceux-ci sont vite déçus après avoir espéré une amélioration de situation plus importante (Pl, III, 112 : « De sorte que tu as pour ennemis tous ceux que tu as offensés en occupant ce principat, et que tu ne peux garder pour amis ceux qui t'y ont mis, parce que tu ne peux les satisfaire comme ils l'avaient supposé »). Faire de la uploads/Litterature/ le-vocabulaire-de-machiavel 1 .pdf

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