LE VOLONTAIRE DE 92 (1862) ALEXANDRE DUMAS Le volontaire de 92 René d’Argonne L
LE VOLONTAIRE DE 92 (1862) ALEXANDRE DUMAS Le volontaire de 92 René d’Argonne LE JOYEUX ROGER 2007 Ce roman, paru en feuilleton en 1862 dans le journal Le Monte-Cristo, a été également publié en 1989 chez François Bourin sous le titre René Besson, un témoin de la révolution ISBN-13 : 978-2-923523-24-8 Éditions Le Joyeux Roger Montréal lejoyeuxroger@gmail.com 1. www.cadytech.com/dumas/ Note de l’éditeur Voici une édition qui sort quelque peu de l’ordinaire. Un roman de Dumas composé d’une première partie en français – ce qui est dans l’ordre des choses – et d’une seconde en anglais – ce qui est plus étonnant. Voici l’explication et la justification de cet étrange phénomène : En 1862, Dumas a publié en feuilleton ce roman consacré à la Révolution française dans son journal Le Monte-Cristo, dont la publication s’interrompt après le 47e chapitre, sous le titre que nous avons conservé ici : Le volontaire de 92 : René d’Argonne. Dans la notice qui décrit cette œuvre sur l’excellent site consa- cré à Dumas par C. Conrad Cady1, on cite Arthur D. Rypinski, qui fait état de la publication, chez T. B. Peterson & Brothers, en 1869 à Philadelphie, d’une traduction anglaise du Volontaire de 92 sous le titre Love and Liberty : a thrilling narrative of the French Revolution of 1792, qui comprend 63 chapitres et qui mène le récit jusqu’à la fin de la Terreur, avec la mort de Robes- pierre. Je n’ai pu mettre la main sur cet ouvrage. Par contre, en 2002, la maison Fredonia Books d’Amsterdam a publié un fac-similé de l’édition 1874 de cet ouvrage. Cette édition de 1874 est-elle une réimpression de celle de celle de 1869 ? L’éditeur amstelloda- mois est muet sur sa source, se limitant à la mention « Reprinted from the 1874 edition. » J’ai d’abord eu l’idée de traduire – ou plutôt de détraduire – les chapitres supplémentaires dont l’original français ne semble pas avoir été retrouvé à ce jour. Mais, après réflexion, je n’ai pas osé commettre ce qui aurait bien pu n’être qu’une trahison. Par contre, il m’a semblé que les lecteurs francophones qui lisent l’anglais seraient probablement intéressés à lire la suite de l’un LE VOLONTAIRE DE 92 6 des derniers romans que Dumas ait publiés sur cette période si dramatique de l’histoire de l’humanité. J’ai reproduit en parallèle, en annexe, le texte français et sa traduction en anglais du dernier chapitre publié en français de l’ouvrage. Les lecteurs pourront ainsi comparer la traduction et l’original. Ils verront que la version anglaise suit de très près cet original, à quelques phrases supplémentaires près dans le texte français. Bonne lecture, LJR I Comment ces Mémoires sont tombés entre mes mains Un de ces événements de la Révolution qui m’a toujours le plus préoccupé est la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes. Aussi, à l’époque où je résolus de faire le voyage sur lequel je vais donner quelques détails et qui m’a conduit à la possession des Mémoires que nous allons publier, c’est-à-dire le 19 juin 1856, avais-je lu à peu près tout ce qui avait été écrit sur cette fuite. Citons les principaux auteurs qui l’ont racontée : nous allons les classer par ordre de date, pour ne point faire de jaloux. L’abbé Georgel, Lacretelle, Thiers, Michelet, Louis Blanc, madame Campan, Veber, Léonard, Bertrand de Molleville, de Bouillé, de Choiseul, de Valory, de Moustier, de Goguelat. Eh bien, malgré la lecture de ces historiens, et – comment désignerai-je les autres écrivains ? – de ces annalistes, j’avais commis dans mon roman de La Comtesse de Charny quelques erreurs que mes lecteurs de Sainte-Menehould et de Varennes avaient bien voulu relever avec une bienveillance tout amicale, m’offrant des notes, si jamais je faisais de ce roman une seconde édition. Des erreurs dans le genre de celles que l’on me signalait ne sont point d’une grande importance dans un roman, et, d’ailleurs, si je les avais faites, c’est que d’autres les avaient faites avant moi ; mais ces erreurs existaient aussi dans mon Histoire de Louis XVI, et ce fut surtout au point de vue de cette histoire que je résolus, une fois pour toutes, d’éclairer les doutes qui pou- vaient rester, même après les lettres de mes lecteurs, en refaisant pas à pas, à partir de Châlons, la route que le roi avait faite soixante-cinq ans auparavant. Je devais refaire cette route à partir de Châlons seulement, LE VOLONTAIRE DE 92 8 attendu que c’est à Châlons que commence, par la reconnaissance du roi, la série d’événements qui s’achevèrent à Varennes le soir de son arrestation. Dans ce travail, qui devait ressembler à celui d’un piqueur qui relève une piste, je m’arrêterais partout où la famille royale s’est arrêtée, et, à chaque halte, j’en appellerais non seulement aux récits imprimés, mais aux traditions orales, non seulement aux traditions orales, mais aux souvenirs des contemporains qui avaient vu de leurs yeux ces événements si graves lors de leur accomplissement, et qui n’ont fait que grandir pendant les deux tiers de siècle écoulés depuis cette époque. En effet, lorsque l’on y songe, on est forcé de convenir que la fuite du roi de Paris et son arrestation à Varennes sont le fait le plus considérable de la Révolution française, et, je dirai plus, de toute l’histoire de France. C’est le point culminant de la royauté : elle a mis sept cent quatre ans à monter jusqu’à Varennes, et elle ne met que dix-neuf mois à descendre de Varennes à la place de la Révolution. Et qu’on ne se trompe point à notre intention : ce n’est pas au point de vue de la famille royale que nous constatons cette impor- tance ; ce n’est point parce que les têtes de trois des personnes se trouvant dans cette voiture qui emportait la royauté au précipice devaient tomber sur l’échafaud que nous signalons cet événement comme le plus considérable de la révolution française et même de toute l’histoire de France. Non : c’est parce que l’arrestation du roi dans ce petit bourg, inconnu la veille encore du 22 juin, et, le lendemain, immortalisée fatalement et pour toujours, est la source de tous ces grands cataclysmes politiques qui se sont suc- cédés depuis. Si Louis XVI, en effet, fidèle à la constitution jurée, n’eût point essayé de fuir et n’eût point été arrêté dans sa fuite, d’autres événements se substituerait à ceux qui se sont accomplis : alors plus de guerre civile, plus de guerre étrangère, plus de coalition, plus de 2 septembre, plus de prise de Toulon, plus de Bonaparte, COMMENT CES MÉMOIRES SONT TOMBÉS ENTRE MES MAINS 9 1. C’est par erreur que, dans mon livre intitulé Route de Varennes, j’ai indi- qué le 21 juillet ; mon album de voyage, retrouvé depuis, m’a donné la date précise, et le hasard fait de mon voyage l’anniversaire du voyage royal. plus de Terreur, plus de 13 vendémiaire, plus de Directoire, plus de 18 brumaire, plus de Napoléon, plus d’Austerlitz, plus de Moscou, plus de Fontainebleau, plus de retour de l’île d’Elbe, plus de Waterloo, plus de Sainte-Hélène, plus de révolution de 1830, plus de révolution de 1848, plus de Second Empire, puis- qu’il n’y en eût pas eu un premier. Et Dieu sait quels événements eussent remplacé les événe- ments qui se sont accomplis, et qui, depuis soixante et dix ans, font l’histoire de France, et, par conséquent, l’histoire du monde, engrenée à cette grande machine qu’on appelle Paris. Lorsqu’on regarde dans un pareil abîme, c’est à donner le ver- tige. Ma résolution de me rendre à Varennes une fois prise, l’in- vestigation à laquelle j’allais me livrer m’offrait un tel intérêt, qu’à peine deux jours se passèrent entre le projet et l’exécution : je partis de Paris le 19 juin 1845, et, le 20 juin, à une heure du matin, j’étais à Châlons1. Le maître de l’Hôtel de la Haute-Mère-Dieu, où nous étions descendus, ne pensant pas que l’on pût venir à Châlons pour autre chose que pour faire des études sur le vin de Champagne, attendait notre réveil pour nous demander d’abord ce que nous mangerions à notre déjeuner, et ensuite si nous ne voudrions pas visiter les caves de M. Jaquessons. Nous remerciâmes notre hôte de cette double attention ; mais, tout en laissant à son bon goût le soin de faire la carte, nous lui expliquâmes que nous étions venus pour faire non pas des études vinicoles, mais des recherches historiques. En conséquence, le déjeuner terminé, nous le priâmes de nous procurer un cabriolet, un cheval et un conducteur que nous pus- sions – homme, animal et machine – garder le temps que cela nous conviendrait. Le marché fut passé moyennant la somme de LE VOLONTAIRE DE 92 10 dix francs par jour. Il fut en outre convenu que nous nourririons le cheval et l’homme. Ceux qui voudront connaître les détails de ce voyage et me suivre dans mon pèlerinage historique pourront lire un petit volu- me publié par Michel uploads/Litterature/ le-volontaire-de-92.pdf
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- Publié le Dec 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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