Du même auteur Cheikh Darqāwī, Lettres sur le Prophète, et autres lettres sur l
Du même auteur Cheikh Darqāwī, Lettres sur le Prophète, et autres lettres sur la voie spirituelle, éd. Tasnîm, 2010. Les Enseignements spirituels du Prophète, 2 vol., éd. Tasnîm 2008. Ibn ʿArabī, Le Mahdī et ses Conseillers, éd. Mille et une lu- mières, 2006. Al-Ghazâlî, Le Livre de la patience, éd. La Ruche, 2002. Al-Ghazâlî, Le Livre de la science, éd. La Ruche, 2001. Chez le même éditeur Reza Shah-Kazemi, Ma Miséricorde embrasse toute chose. Les enseignements du Coran sur la Compassion, la Paix et la Miséri- corde, 2009. Martin Lings, Le Livre de la Certitude. La doctrine soufie de la Foi, de la Vision et de la Gnose, 2009. Martin Lings, Retour à l’Esprit. Questions et réponses (préface de S.A.R. le Prince Charles), 2010. Ghislain Chetan, L’École à la dérive. L’enseignement actuel à la lumière de la Tradition universelle, 2010. Martin Lings, Symbole et Archétype. Essai sur le sens de l’exis- tence, 2010. Patrick Laude, Prier sans cesse. La voie spirituelle de l’invocation dans les religions, 2012. Martin Lings, La Mecque. Des origines à nos jours, 2012. Ghislain Chetan, Seul à Seul dans le Nom. Journal Spirituel, 2012. William Stoddart, Aperçus sur le Soufisme. L’essentiel de la spi- ritualité musulmane, 2013. Suyūṭī, Le Mawlid. Fatwa sur la célébration de la naissance du Prophète, 2014. Zakary Valentine Wright, Sur la voie du Prophète (à paraître). William Chittick, Connaissance du monde et connaissance de soi. Miroir et unité (à paraître). Ovidio Salazar, Al-Ghazâlî, l’Alchimiste du Bonheur, 2007 (DVD). Ovidio Salazar, Martin Lings, Méditations sur le pèlerinage à la Mecque, 2012 (DVD). Introduction LIRE ET COMPRENDRE LE CORAN 12 Il n’est pas rare, de nos jours, d’entendre ou de lire des affirmations péremptoires, des jugements définitifs sur ce que le Coran est censé être. Ainsi, avons-nous pu lire que « le Coran est un livre de guerre » ou encore « un livre in- citant à la haine » sous des plumes plus ou moins islamo- phobes. À l’opposé, pour certains apologues de l’Islam, le Coran est « un livre de science » confirmant en tout point certaines théories modernes, comme l’expansion de l’univers ou la gravitation universelle. En réalité, ces affir- mations hâtives et ce concordisme simpliste sont dénués de sens car le Coran ne peut être dit ceci ou cela qu’en fonction d’une certaine lecture. Il n’existe que des lectures du Livre : « Chaque musulman, n’eût-il jamais écrit une ligne, fût- il même analphabète, vit, comprend et agit en fonction d’une certaine exégèse du Coran. Comprendre l’Islam, c’est entre autres approches, saisir ces éclosions de sens naissant de l’impact du verbe coranique dans l’intime d’un esprit. »1 Le Coran occupe une place tout à fait centrale dans l’Islam et dans la vie spirituelle des Musulmans. Considé- ré comme la Parole divine incréée, le Coran fut transmis au Prophète par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Ain- si, ce n’est pas seulement le contenu et les significations du Livre qui viennent de Dieu, mais la forme et la lettre également : le mot-à-mot du Coran est aussi sacré que le message qu’il véhicule. C’est cela qui explique et fonde le rôle fondamental de la lecture et de la psalmodie du Coran dans la vie spirituelle du croyant. C’est également cela qui justifie la récitation du Coran comme source de 1 Pierre Lory, Les Commentaires ésotériques du Coran, Paris, 1980, p. 7-8. INTRODUCTION 13 bénédiction (baraka), de protection (ḥifẓ) ou de guérison (šifā’) : « …le Coran recèle une qualité difficile à exprimer dans une langue moderne. On pourrait l’appeler “magie divine”, en prenant cette expression dans un sens non pas littéral mais métaphysique. Les formules du Coran, parce qu’elles viennent de Dieu, ont un pouvoir qui dépasse ce que nous pouvons en apprendre rationnellement, par simple lecture et récitation. »2 Dans la même perspective, F. Schuon souligne la puissance mystérieuse de la récitation du Coran : « Seule cette puissance peut expliquer l’importance de la récitation du Coran. Ibn Arabî cite, dans sa Risâlat al-Quds, le cas de soufis qui passaient leur vie à lire ou à réciter sans arrêt le Coran, ce qui serait inconcevable et même irréalisable s’il n’y avait pas, derrière l’écorce du texte littéral, une présence spirituelle concrète et agissante qui dépasse les mots et le mental. C’est d’ailleurs en vertu de cette puissance du Coran que tels versets peuvent chasser les dé- mons et guérir des maladies, dans certains concours de circonstances tout au moins. »3 Toutefois, la visée la plus profonde de la psalmodie du Coran ne réside pas, pour Ġazālī, dans les bénédictions que l’on peut en tirer mais dans la médita- tion des significations spirituelles des versets. La vie et l’œuvre de Ġazālī sont aujourd’hui assez bien connues du public francophone.4 Il existe de nombreuses traductions disponibles, bien que de qualité très inégale. En particulier, une grande partie des quarante livres de sa grande somme spirituelle, Iḥyā’ ʿulūm al-Dīn, a été traduite en français. Le présent ouvrage constitue le huitième livre 2 Seyyed Hossein Nasr, Islam. Perspectives et réalités, Paris, 1991, p. 62- 63. 3 Comprendre l’Islam, Paris, 1976, p. 52-53. 4 Sur sa vie, on pourra visionner avec profit le film documentaire Al- Ghazâlî, l’Alchimiste du bonheur, DVD, 2007. LIRE ET COMPRENDRE LE CORAN 14 de cette somme et s’intitule Kitāb ādāb tilāwat al-Qur’ān5. Nous avons choisi de rendre cet intitulé par un titre à la fois court et clair, mettant en évidence les deux axes fon- damentaux développés par l’auteur : comment lire le Co- ran et comment le comprendre. Mais avant de dévelop- per ces deux axes, il nous faut dire un mot sur la relation spirituelle de Ġazālī avec le Coran. Les remarques précédentes sont de nature à éclairer cette relation. Celle-ci commença à s’approfondir avant sa période de retraite. Dans un premier temps, c’est dans la méditation du Livre saint que la « Preuve de l’Islam » espérait trouver une réponse à sa crise spirituelle. Fort heureusement, Ġazālī laissa un témoignage personnel de cette relation avec le Livre où il confie que l’idée première qui lui vint à l’esprit, pour trouver la lumière à laquelle il aspirait en décidant de se retirer du monde pour une lon- gue période, était de lire et de méditer continuellement la Parole révélée : « Au moment où ma décision de suivre la Voie spirituelle devint résolue, je rencontrai un maître spirituel soufi et l’interrogeai sur la récitation continuelle du Coran. Il me la décon- seilla et me dit : ‘‘Dans ton cas, la Voie consiste à couper tous les liens avec l’ici-bas de manière à ce que ton cœur ne soit plus distrait par la famille, les enfants, les biens matériels, la patrie, l’étude, la profession… jusqu’à atteindre un état où la présence et l’absence de ces choses te sont égales. Puis, tu resteras seul dans un endroit de retraite spirituelle dans lequel tu accompliras les actes d’adoration obligatoires et les actes surérogatoires qui les accompagnent. Ensuite, tu t’assoiras en vidant ton cœur de toute préoccupation et tu te consa- creras entièrement à l’invocation de Dieu, le Très-Haut. Au début tu te consacreras à l’invocation du Nom de Dieu par la langue et 5 Litt. : Le livre des convenances à observer lors de la psalmodie du Coran. INTRODUCTION 15 tu ne cesseras de répéter ‘‘Allāh, Allāh…’’ avec un cœur présent et pleinement conscient. Tu atteindras, par la suite, un état où tu auras l’impression que ta langue prononce le Nom sans même avoir besoin de la mouvoir tant cela sera devenu naturel pour toi. Viendra ensuite une étape où tu pourras abandonner l’invocation de la langue et tu sentiras que ton âme et ton cœur sont consacrés à l’invocation du Nom ‘‘Allāh’’ sans aucun mouvement de la langue. Tu continueras ainsi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien dans ton cœur si ce n’est le Nommé. La forme du Nom laissera place au Nommé qui sera conti- nuellement présent en ton cœur’’. »6 Cette retraite et la pratique fervente et persévérante de l’invocation du Nom « Allāh » furent, pour Ġazālī, l’occasion d’une ouverture spirituelle qui lui donna, entre autres, accès aux significations intérieures du Coran : « Je suis resté en retraite dix ans : j’eus, durant cette période, le dévoile- ment de tant de choses qu’il m’est impossible de les dénombrer. »7 Cette ouverture spirituelle lui permit ainsi de s’ouvrir à l’interprétation ésotérique du Coran, domaine qu’il ne connaissait auparavant que de manière livresque. Ġazālī a beaucoup écrit sur le Coran et son exégèse. On lui attribue deux Tafsīr-s au sens propre du terme et Murtaḍā al-Zabīdī (m. 1205/1791), le commentateur de l’Iḥyā’,8 en donne les titres : Tafsīr al-Qur’ān al-ʿaẓīm et Yāqūt al-ta’wīl fī tafsīr al-Tanzīl. En réalité, il est fort possible que les deux ouvrages n’en forment qu’un seul. Quoi qu’il en soit, ces ouvrages semblent malheureusement définitive- 6 Mīzān al-ʿamal, Beyrouth, 1989, p. 40-41. 7 Al-Munqiḏ min al-ḍalāl, Beyrouth, 1969, p. 39. 8 Nous utiliserons ce commentaire pour éclairer le texte de Ġazālī lors de la traduction uploads/Litterature/ lire-et-comprendre-le-coran.pdf
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- Publié le Aoû 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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