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Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 1985 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 7 fév. 2021 21:01 Revue québécoise de linguistique Pour une logique du sens, Robert Martin, 1983, Presses universitaires de France, Paris, 268 p. Anne-Marie Di Sciullo Linguistique et informatique Volume 14, numéro 2, 1985 URI : https://id.erudit.org/iderudit/602543ar DOI : https://doi.org/10.7202/602543ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Université du Québec à Montréal ISSN 0710-0167 (imprimé) 1705-4591 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Di Sciullo, A.-M. (1985). Compte rendu de [Pour une logique du sens, Robert Martin, 1983, Presses universitaires de France, Paris, 268 p.] Revue québécoise de linguistique, 14 (2), 159–167. https://doi.org/10.7202/602543ar POUR UNE LOGIQUE DU SENS Robert Martin, 1983, Presses universitaires de France, Paris, 268 pages. Anne-Marie di Sciullo Ce livre fait suite à Inference, antinomie et paraphrase 1, et développe une sémantique des relations de vérité entre phrases. Il se compose de cinq chapitres dont plusieurs parties sont des versions remaniées d'articles et de communications qui datent de 1980 et 1981. Bien qu'il considère la sémantique du langage naturel sous l'angle de notions philosophiques classiques, en particulier la notion de «vérité», dont il n'est pas du tout clair, par ailleurs, qu'elle augmente nos connaissances sur le système qui lie les phrases à leur interprétation, Pour une logique du sens a néanmoins l'intelligence de ne pas s'enliser dans la logique bivalente. L'intérêt principal du livre est de montrer que la sémantique, celle des propositions analytiques, celle des présuppositions, des modes subjonctif et conditionnel, des articles défini et indéfini, ne peut se développer adéquatement à l'intérieur de la stricte dichotomie du vrai et du faux. C'est plutôt en termes de vérité floue, de mondes possibles et d'univers de croyance que l'auteur développe ses analyses. Le premier chapitre, «Sémantique et vérité. Notions préliminaires», veut, au départ, justifier l'idée que la sémantique du langage naturel doit inclure la notion de vérité. L'auteur fait observer que sens et vérité ne sont pas des notions disjointes puisqu'une phrase qui n'a pas de sens (e.g. d'incolores idées vertes dorment furieusement) n'a pas non plus de valeur de vérité. En outre, il considère que ces notions sont strictement liées puisqu'il adopte la thèse philosophique classique selon laquelle spécifier le sens d'un énoncé p revient à établir les conditions dans lesquelles p peut être vrai ou faux. Mise à part la difficulté de cette entreprise, que souligne aussi 1. Martin, R. (1976) Inference, antinomie et paraphrase. Éléments pour une théorie séman- tique, Klincksieck, Paris, 176 pages. 160 ANNE-MARIE DI S C I U L L O l'auteur, plusieurs linguistes dont Hornstein (1983) ont remis en cause le rôle explicatif de la notion de vérité elle-même. Somme toute, elle nous apprend très peu sur les propriétés du langage naturel et n'explique nullement la capacité des locuteurs d'interpréter constamment de nouvelles phrases. Sans compter que la notion de vérité est loin d'être explicite. L'auteur, pour sa part, écarte le projet d'une sémantique véri-conditionnel- le en faveur d'une sémantique véri-relationnelle qui viserait, de manière plus réaliste, à spécifier pour chaque phrase p du langage, la classe de phrases sémantiquement apparentées à p (e.g. inferences, paraphrases, inverses). Son point de vue reste néanmoins lié à la notion de vérité, puisqu'il définit la sémantique véri-relationnelle comme la sémantique des relations analytiques entre les phrases, c'est-à-dire des relations qui restent toujours vraies quel que soit le locuteur et à quelque moment que ce soit. Toutefois, l'auteur met en relief le fait que cette vérité est relative, qu'elle est liée à des mondes possibles (m) et qu'elle vaut pour l'univers de croyance (°ti) du locuteur. Dès lors, une proposition analytique Px est définie comme suit : (1) V # , V m , Px Alors que °l/ est l'ensemble des propositions, explicites ou implicites, que le locuteur tient pour vraies au moment où il s'exprime l'anti- univers, est l'ensemble des propositions qui, quoique fausses au moment de l'énonciation, auraient pu l'être dans un univers contra-factuel. Ce premier chapitre, alors qu'il établit les notions fondamentales de la sémantique véri- relationnelle, montre qu'en langage naturel, la vérité n'est jamais absolue. Le second chapitre, «Le vrai «par définition». Analycité et définition linguistique», considère les questions de polysémie, de primitifs sémantiques et de relation analytique. Consacré au problème de la défini- tion, ce chapitre offre une typologie des formes définitoires qui peut être utile au lexicographe. Deux formes générales de définitions sont distinguées : l'une paraphrastique, où la définition peut être substituée au terme défini (e.g. aguicher : exiter par diverses agaceries et manières provoquantes), l'autre méta-linguistique, qui ne permet pas la substitution, mais qui informe sur les relations du terme défini à d'autres termes de la langue (e.g. venir : marque un déplacement qui aboutit au lieu où on se trouve). L'auteur distingue en outre divers sous-types de définition méta-linguis- tique, les unes hyperonymiques, les autres métonymiques, d'autres encore approximatives et il présente des formalisations de chaque sous-type. À la diversité des formes définitoires s'ajoute celle des contenus définitionnels, POUR UNE LOGIQUE DU SENS 161 qui varient sensiblement d'un locuteur à l'autre. C'est la diversité des formes et des contenus définitoires qui expliquerait le flou de la relation analytique propre au langage naturel. L'auteur aborde ensuite la polysémie en termes de «relations logiques qui lient les définitions d'un même vocable» (p. 63), et il définit les divers types de polysémie en termes d'addition et de soustraction de «sèmes» 2, notion issue de la sémantique structurale. Plusieurs types de polysémies sont distinguées, affectant les substantifs et les éléments verbaux. La polysémie verbale peut affecter le «sémème» 3, comme c'est le cas de la polysémie liée aux substantifs, mais aussi les «actants» ou cas profonds, que l'auteur représente par le scheme logico-sémantique de structure profonde suivant : (2) Agent R Objet Destinataire Ainsi, la polysémie affecte l'objet du verbe apprendre, dans les exemples apprendre la danse à quelqu'un et apprendre une nouvelle à quelqu'un, mais dans apprendre à danser et apprendre la danse, le destinataire est sélectionné comme sujet grammatical. Bien qu'il soit aisé de saisir l'intuition derrière cette analyse, l'auteur ne précise pas dans quel sens il faut entendre «structure profonde» et «cas abstraits», ni les règles et principes en jeu, de sorte qu'il est difficile de voir clairement ce qui est proposé. La discussion porte ensuite sur les primitifs sémantiques, qui permettraient d'axiomatiser les systèmes lexicographiques, évitant la circularité qu'entraîne le fait de définir des vocables par d'autres. L'auteur rappelle les difficultés liées à l'identification des primitifs et suggère que soient considérées comme universelles les opérations qui permettent d'isoler les primitifs (e.g. décomposition, reconstruction) plutôt que les primitifs eux-mêmes. Ces universaux opératoires feraient partie de la composante logico-sémantique et permettraient d'engendrer la totalité du lexique. Au terme de çe chapitre, l'auteur souligne les difficultés liées aux systèmes de définitions bt au flou du langage. Par ailleurs, on peut s'étonner de ne pas voir mentionner les travaux sur la sémantique lexicale développés dans le cadre de la grammaire generative (e.g. Katz et Fodor 1963, Katz et Postal 1964, Jackendoff 1972, 1976 et 1983) qui concernent les primitifs et les propriétés formelles des définitions. 2. «Différences sémantiques spécifiques» (p. 63). 3. «Sens considéré» (p. 63). 162 ANNE-MARIE D l S C I U L L O Le troisième chapitre, «Le vrai dans les mondes possibles et les univers de croyance» porte sur le «modalisateur» (M), «lieu où s'évoque la vérité de ce qui est dit» (p. 92). M est un élément de la composante logico-séman- tique, représentée comme suit : (3) M = [Rab...] 4 Plusieurs sortes d'opérateur instancient M. Ainsi, l'opérateur d'énonciation EN «fixe l'espace énonciatif dans lequel opèrent les autres composantes du modalisateur» (p. 93), et se manifeste par les formes ici, maintenant, moi. Le complémenteur (que, si,...) est un M dont la fonction est de «suspendre la valeur de vérité de la proposition p qu'il introduit. La valeur de p se détermine entièrement par le sémantisme de l'élément introducteur (verbe ou conjonction)» (p. 97). Le modalisateur TEMPS-MODE porte sur la relation R, et l'opérateur DET sur l'un des arguments, les adverbes d'énonciation (e.g. franchement, vraiment) sont aussi des M. L'auteur présente ensuite une analyse du subjonctif, du futur et du conditionnel français qui fait appel aux notions m, °1/ et # définies au premier chapitre. Il critique d'abord l'analyse de G. Guillaume selon laquelle le subjonctif est décrit en termes de «possible», et il présente ensuite une conception de ce mode où intervient plutôt la notion de monde possible : «Le subjonctif est le mode qui marque l'appartenance non pas au monde mQ de ce qui est, mais uploads/Litterature/ lectura-1.pdf

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