Lecture linéaire de l'extrait Arrias issu des Caractères de La Bruyère . Problé

Lecture linéaire de l'extrait Arrias issu des Caractères de La Bruyère . Problématique : Comment La Bruyère fait-il d’Arrias le contre-modèle de l'honnête homme et, à travers lui, le contre-modèle d’une société qui préfère l’artifice à la vérité ? Annonce du plan linéaire . I) La Bruyère fait d’Arrias le contraire de l'honnête homme . II) La Bruyère critique à travers Arrias une société fondée sur le paraître et l’artifice. I) Arrias : le contraire de l'honnête homme . A- Arrias : l’anti-portrait de l'honnête homme . - Dès la première ligne, on comprend grâce au présent de vérité générale qu’Arrias est un archétype qui représente un caractère. . - En effet, La Bruyère place d’emblée son personnage sous le registre satirique avec l'hyperbole “Arrias a tout lu, a tout vu”, ce qui l’inscrit dans la démesure et l’excès , des vices opposés à l’idéal classique . - 1ere phrase: champ lexical: la tromperie qui met en évidence le masque que porte le personnage: “persuader”, “ se donne pour tel “, “ mentir “, "paraître". Cela permet à La Bruyère de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui fonde tout sur le paraître . - “ c’est un homme universel “ , La Bruyère dénonce la démesure d’Arrias qui se confond avec Dieu , ce qui est disproportionné . - La démesure d’Arrias se retrouve dans le comparatif de supériorité “ il aime mieux mentir que se taire et de paraître ignorer quelque chose “ qui valorise le vice ( “ mentir “ au détriment de la vertu de “ se taire “ ). B- Un portrait en action . - A partir de la deuxième phrase , Jean de La Bruyère met le portrait d’Arrias en mode portrait en action . - Il invite son lecteur à la table d’un Grand , une telle scène s’inscrit dans la tradition satirique du repas ridicule ( déjà moqué par Boileau dans la satire III en 1665 ). - Le sujet de discussion est une cour du nord , ce qui est très éloigné des préoccupations des français du XVIIe siècle . - L’allitération en p et l suggère un ton péremptoire d’Arrias et le flot de parole qui vient de prendre tout l’espace de la conversation “ il prend la parole et l'ôte à tous ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent “ . - L’irréel dans le passé de “ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent “ montre qu’Arrias n’est pas dans une conversation mais dans un monologue , ce qui est une faute de gout et de bienséance au XVIIe siècle . - La conversation est un art véritable qui relève du savoir vivre et de l’urbanité . Méconnaitre ses règles de mesure , de discrétion et de civilité éloigne Arrias du portrait de l'honnête homme. C- Arrias monopolise la conversation . - La Bruyère continue d’utiliser le registre satirique pour tourner Arrias en dérision . - Tout d’abord l’anaphore du pronom personnel “il” sature la longue phrase et met en avant le “ narcissisme “ d’Arrias qui veut être l’acteur principal du dîner “ il prend la parole , il discourt , il s’oriente , il récite …” - Ces répétitions transforment Arrias en pantin dont les actions sont presque mécaniques . - Le champ lexical de la parole souligne la monopolisation de la parole. - Alors qu’Arrias n’est jamais n’est jamais allé à “ la cour du nord “ évoquée au dîner , qui est une “région lointaine”, il en parle comme “s’il en était originaire” , , la conjonction “ comme si “ révèle la tromperie d’Arrias qui dissimule la vérité. - L’énumération “ mœurs de cette cour , des femmes du pays , de ses lois et de ses coutumes “ est ironique car elle reproduit la structure des récits de voyage qui partaient de l’observation pour analyser les coutumes du pays . - Le lecteur a ainsi l’impression qu’Arrias compose un récit de voyage précis, comme l’atteste les déterminants démonstratifs et possessifs et le diminutif “ historiettes” qui suggère qu’il connaît la moindre anecdote de ces peuples . - Pire encore , Arris veut être l’acteur principal de ce théâtre de la société , mais il est lui même son propre public comme le montre le champ lexical du divertissement : “ il les trouve plaisantes “ , “ il en rit le premier “, “éclater”. - La société est donc présentée par La Bruyère comme un théâtre dont Arrias est à la fois acteur , metteur en scène et public . - A travers Arrias , La Bruyère présente l’anti portrait de l'honnête homme , modèle du XVIIe siècle qui devait avoir le sens de la mesure, du naturel et du vrai. II) Le retournement de situation. ( de quelqu’un se hasarde à le contredire : jusqu’à la fin ) 1) un combat verbal qu’Arrias est sur le point de gagner . - Opposé à l’illusion,” quelqu’un “ incarne la vérité comme en atteste le champ lexical du vrai “ contredire “, “ prouve” , “ nettement” , “ vraies “. - La Bruyère adopte donc ironiquement le point de vue d’Arrias à travers la périphrase “ l’interrupteur “ comme si le convive soucieux de vrai n'était qu’un imposteur venant interrompre scandaleusement Arrias . - La métaphore “prend feu “suggère l’intempérance d’Arrias qui l’oppose à l'honnête homme. - L’utilisation du discours direct renforce la mauvaise foi de ce narcissique dont le lecteur a l’impression d’entendre la voix . - - Arrias utilise alors le champ lexical de l'enquête pour une rigueur scientifique à ses propos : “ que je ne sache d’original “, “ je l’ai appris “ , “ Sethon “, “interrogé” , “ circonstances “. - Il veut créer l’illusion d’un discours sourcé , avec un argument d’autorité car il ne ferait que rapporter car il ne ferait que rapporter les propos de Sethon , ambassadeur de France . - La longueur de la phrase atteste la volonté de persuader : “Sethon “ la source , est expansé par une apposition “ ambassadeur de France “ censée faire autorité , puis une proposition participiale “ revenu à Paris” , et par trois propositions subordonnées relatives : “ que je connais familièrement ,que j’ai fort interrogé , et qui ne m’a caché aucune circonstance. “ - Un effet cumulatif donne l’impression que la parole d’Arrias submerge celle de l'interrupteur. - Arrias est donc en passe de gagner son duel verbal comme le montre le comparatif “ il reprenait sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée “ ainsi que le terme “ narration “ qui place ironiquement le discours dans le domaine de la fiction et non de la vérité . B) Un coup de théâtre plaisant et ironique . - La Bruyère propose un coup de théâtre plaisant pour le spectateur avec la rupture au passé simple et la conjonction de subordination “ lorsque “ “ lorsque l’un des convives lui dit “ . - Un coup de théâtre est d’autant plus humoristique que le convive dévoile l’identité de celui qui se cachait sous les périphrases “quelqu’un “ , “ l’interrupteur “ n’est en réalité que Sethon lui-même. uploads/Litterature/ lecture-lineaire-de-l-x27-extrait-arrias-issu-des-caracteres-de-la-bruyere.pdf

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