Lecture Linéaire 1 : Introduction : L'humanisme, courant de pensée européen se
Lecture Linéaire 1 : Introduction : L'humanisme, courant de pensée européen se développent durant la période de la Renaissance et placent l'homme au centre de ses préoccupations. Rabelais en incarne les débuts ; ce moine devenu médecin arrive à la littérature en 1532 avec Pantagruel, suivi quelques années plus tard par Gargantua. Il emprunte ces personnages à la littérature populaire, mais il en fait les représentants de ces idéaux humanistes. Sous le nom d'Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais, l'auteur ouvre son ouvrage avec un prologue en prose prolongeant l’avis au lecteur en vers qui plaçait le livre sous le signe du rire. L'extrait étudié constituent les premières lignes de ce prologue et permet de cerner la nature du roman. Rabelais s'adresse à ses lecteurs et leur donne les clés de lecture en s'appuyant sur les figures des silènes et Socrates. LECTURE EXPRESSIVE En quoi ces premières lignes donne-t-elle le ton de l'œuvre ? Le texte est composé de 3 mouvements : les lignes 1 à 4 constituent l'adresse au lecteur, Les lignes 4 à 10 définissent la double nature des silènes, le dernier mouvement des lignes 10 à 20 évoque la double nature de Socrate. Nous allons tout d'abord étudier le premier mouvement, qui fonctionne comme une entrée en matière, avec l'adresse au lecteur. L'auteur se met en scène par la présence de la première personne du singulier, l.2 « je dédie » et il ouvre le prologue sur une apostrophe étonnante l.1 « buveur […] précieux ». Celle-ci fait référence à un public de bon vivant, un lectorat bachique. On relèvera les oxymores « buveur, illustre » « vérolé précieux », l'auteur suscite le rire par des associations d'idées saugrenues, sont associées, l'ivrognerie et la grandeur, la vérole et à haute valeur. La forme emphatique, « c'est à vous, non aux autres que » doublé de la négation, montre un public choisi, caractérisé par des hyperboles : les superlatifs absolus, « très illustre », « très précieux ». La fin du mouvement fait référence à Platon, aux Banquets, à Socrate et introduit une comparaison ligne 4 entre les Silènes et Socrate « il est semblable » qui suggère que les lecteurs de l'ouvrage doivent aussi être érudit. Nous passons à présent à l'étude du 2nd mouvement qui décrit la double nature des Silènes. Le narrateur utilise ligne 4 l’imparfait descriptif avec « étaient », celui-ci fait opposition au présent d’énonciation du premier mouvement et conjointement, avec l’utilisation de l’adverbe « jadis » il sert à décrire les Silènes. Le narrateur nous rappelle l’histoire des Silènes adoptant ainsi une approche pédagogique, ce qui nous montre son envie d’éduquer et de partager son savoir, qui est le principe fondamental de l’Humanisme. Nous pouvons remarquer d’un part une accumulation négative des lignes 7 à 9 qui désigne l’extérieur des Silènes, dans laquelle est employé le champ lexical des animaux. On y relève le bestiaire du Moyen-Age « cerf attelés », l’évocation de créatures mythologique comme les « harpies et satyres » mais aussi des expressions populaires détournées comme « canes bâtés » au lieu d’ânes bâtés ; ceci dans le but de faire prendre conscience au lecteur de ne pas se fier à l’apparence. Ici en l’occurrence, les animaux sont censés nous faire rire par leurs associations à des termes dévalorisants tels que « bridés et bâtés », on ne se doute donc pas que les silènes renferment des objets précieux. D’une autre part, nous pouvons observer ligne 9 et 10 une accumulation méliorative précédée de la conjonction de coordination « mais » qui nous éclaire sur la double nature des Silènes. Cette accumulation positive décrit l’intérieur des petites boites, l’auteur nous informe qu’elles sont remplies d’objets précieux avec « des pierres et d’autres choses de prix », il fait aussi référence à la pharmacopée en nommant des drogues fines comme « le baume » et « l’ambre gris » ce qui peut nous faire penser à la carrière en médecine de François Rabelais. Nous terminons enfin par l'analyse du 3e mouvement qui décrit la double nature de Socrate. Le passage est construit lui aussi sur une série d'accumulation opposant le physique, le moral et le comportement du philosophe à son être intérieur. Les lignes 12 à 16 sont consacrées à la laideur proverbiale de Socrate. Puis la conjonction de coordination « mais » introduit les avantages intérieurs. Là encore, un vocabulaire connoté péjorativement s'oppose au vocabulaire mélioratif de la fin du texte. Le chiasme ligne 12, « laid de corps et d'un maintien ridicule », raille son attitude physique ; les métaphores ligne 13. « Visage d'un fou », « regard d’un taureau » déprécient les éléments de son visage. Les adjectifs dévalorisants, « modestes », « malheureux », « inapte », raille son fortune matérielle et sentimentale. En revanche, les énumérations des participes présents ligne 15, « riant », « trinquant », « se moquant », « cachant » peuvent présenter un aspect ambigu du philosophe qui fait soit de la dérision, soit de l'auto-dérision, ce qu'il l’honorerait. Le verbe « trinquer », fait écho à l'apostrophe initiale, Socrate ne peut être qu'un homme très illustre. La 2nde énumération fait ressortir la grandeur du philosophe. Les nombreuses hyperboles constituent un éloge, le comparatif « plus qu’humaine » Ligne 17, les adjectifs « merveilleux », « invincible », « parfaite », « incroyable ». On remarque de nombreuses négations lexicales qui montre la force intérieure de Socrate (préfixe -in, « sans égal », « sans faille ». Le paragraphe s'achève sur une dernière énumération de verbes d'action ligne 19-20, « veillent, courent, travaillent, naviguent, bataillent » qui soulignent l'agitation dérisoire des hommes : Socrate s'en détache. Conclusion : Le prologue est donc marqué par des échos et des parallélismes qui opposent clairement la distinction entre l'être et le paraître. Insistant sur l'aspect modeste et comique du dehors et la force profonde du dedans, il rappelle dizain liminaire qui évoque l'aspect comique du récit. Mais il suggère que ce récit est aussi capable d'avoir une signification plus profonde. Le prologue donne bien le ton du récit à venir par ce contraste entre rire et sérieux, Gargantua devient lui-même un Silène. Cet extrait peut nous faire penser à Candide, conte philosophique de Voltaire, le récit du personnage éponyme raconté de manière légère, tout en critiquant la société de l'époque et en dénonçant les maux qui la ronge, tel que le fanatisme religieux, l'esclavage ou encore l'absurdité de la guerre. uploads/Litterature/ lecture-lineraire-1-prologue.pdf
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- Publié le Jan 16, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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