DU MÊME AUTEUR Abeilles, l’imposture écologique (2006) GIL RIVIÈRE-WEKSTEIN EN

DU MÊME AUTEUR Abeilles, l’imposture écologique (2006) GIL RIVIÈRE-WEKSTEIN EN COLLABORATION AVEC VALÉRIE RIVIÈRE- WEKSTEIN BIO FAUSSES PROMESSES ET VRAI MARKETING Préface de Jean de Kervasdoué ISBN : 978-2-35061-019-1 © GIL RIVIÈRE-WEKSTEIN, 2011 4/458 À nos enfants, Samuel et Eyal PRÉFACE AUX SOURCES TROUBLES DU BIO Le label « bio » s’accole à des produits de plus en plus nombreux. Les produits « naturels » vendus autrefois dans quelques boutiques spécialisées dont, il y a une décen- nie à peine, la grande majorité des consom- mateurs ne franchissaient jamais la porte, ne sont plus réservés à une clientèle marginale. Ils trônent, s’affichent, prennent de la place, disposent de leurs rayons spécifiques dans les grandes surfaces et donc, à l’évidence, se vendent, malgré leur prix. Ils sont en effet largement plus onéreux en moyenne que les produits comparables en non bio. Baguette bio, yaourt bio, légume bio, fruit bio, lessive bio, huile bio, pommade bio, savon bio, œuf bio, vin bio, menu bio, boutique bio, etc., difficile d’échapper à ce la- bel. Difficile également de ne pas être séduit tant il semble naturel, si j’ose dire, tant il est « évident » que ces produits onéreux sont meilleurs – meilleurs au goût, meilleurs pour la santé et surtout meilleurs, sans contesta- tion possible, pour l’environnement. Mais qu’en est-il vraiment ? Faut-il recommander, notamment aux gens de milieu modeste que je croise lors de mes courses hebdomadaires sur les marchés de l’Est parisien, d’acheter bio ? L’une ou l’autre des raisons alléguées par les partisans de cette nouvelle mode a-t- elle un incontestable fondement empirique ? Fin connaisseur des travaux les plus ré- cents en la matière, Gil Rivière-Wekstein ré- pond à ces questions et fait ainsi œuvre utile. Avec talent et clarté, il passe de l’agronomie à la toxicologie, n’oublie pas les travaux de 7/458 médecine, et notamment les recherches en nutrition, pour démontrer que, études après études, non, définitivement non, il n’est pas prouvé que ces produits ont un quelconque effet bénéfique pour la santé. Quant à leur goût, en aveugle, même les experts avertis ne font pas la différence entre un produit bio et un produit qui ne l’est pas. L’auteur souligne d’ailleurs en passant que, pour le vin notam- ment, le label bio ne garantit en rien les qual- ités gustatives de ce précieux nectar. Il montre aussi, et cela en étonnera plus d’un, que les cultures bio ne respectent pas dav- antage l’environnement du fait de la dé- couverte de nouveaux pesticides, plus ciblés, moins toxiques, que ceux autorisés en agri- culture biologique. L’agriculture « raisonnée » et les produits qui en sont is- sus seraient donc plus « écoresponsables » que ceux qui suivent une réglementation particulière pour obtenir le label bio ! 8/458 Le lecteur sceptique dira déjà – au mieux – « je ne suis pas convaincu » ou – plus vraisemblablement – « je n’y crois pas ». Mais Gil Rivière-Wekstein n’est pas, lui, un religieux. Il ne parle donc pas de croyance, mais de résultats de travaux de recherche convaincants, répliqués dans plusieurs pays et qui lui permettent d’affirmer avec force ces vérités. Pourtant, elles ne pénètrent pas dans l’opinion. Non seulement nous croisons chaque jour des acheteurs toujours plus nombreux de produits bio, mais nous con- naissons tous des partisans de la biodynamie ou des croyants en une « force vitale » qui serait transmise par ce que nous ingérons. Pourquoi ? Comment se fait-il que ces idées d’un autre âge trouvent de nouveaux ad- eptes ? C’est la grande originalité de cet ouv- rage que d’apporter une réponse à cette question. Fascinant ! Ainsi, le lecteur découvrira que l’agricul- ture bio s’enracine dans les courants 9/458 agrariens de l’entre-deux-guerres et dans les mouvements poujadistes des années cin- quante, dont on sait qu’ils ont été proches de l’extrême droite. La sélection « naturelle » n’est pas loin de l’eugénisme et des thèses défendues par Alexis Carrel. Ce n’est que dans les années soixante-dix que ces thèmes sont devenus ceux des mouvements d’ex- trême gauche, puis des altermondialistes. L’écologie, de réactionnaire, devient alors ré- volutionnaire. Cela ne doit rien au hasard. Gil Rivière-Wekstein en analyse les mécan- ismes et en donne les raisons. Qui sont les ennemis de la notion moderne du progrès ? Pourquoi sont-ils partisans de la décrois- sance ? Comment se rejoignent les pourfendeurs de la mondialisation et les par- tisans de la théorie du complot ? Pourquoi, pour certains, la nature devrait triompher de la culture, autrement dit de la société humaine ? 10/458 Dans cette période où les écologistes poli- tiques deviennent l’allié « naturel » de la gauche démocratique, la lecture de cet ouv- rage s’impose, d’autant que les jeunes générations semblent avoir oublié ce qui était évident il y a moins d’un demi-siècle, et que les denrées bio sont de plus en plus produites dans de grandes exploitations. Très vite, le bio ne sera même plus une man- ière de défendre la survie des petites exploit- ations françaises. Le filon se déplace en Ukraine. Et, déjà en Allemagne, des exploita- tions bio de plus de 15 000 hectares inond- ent les marchés mondiaux de leur production. Terminons alors cette préface, pour les sceptiques de gauche et d’ailleurs, par une citation de Jean Jaurès. Elle est tirée de « La houille et le blé » (La Petite République, 31 juillet 1901). « Mais n’est-ce pas l’homme aussi qui créa le blé ? Les productions que l’on appelle 11/458 naturelles ne sont pas pour la plupart […] l’œuvre spontanée de la nature. Ni le blé ni la vigne n’existaient avant que quelques hommes, les plus grands des génies incon- nus, aient sélectionné et éduqué lentement quelque grain ou quelque cep sauvage. C’est l’homme qui a deviné dans je ne sais quelle pauvre graine tremblant au vent des prair- ies, le trésor futur du froment. C’est l’homme qui a obligé la sève de la terre à condenser sa plus fine et savoureuse substance dans le grain de blé ou à gonfler le grain de raisin. Les hommes oublieux opposent au- jourd’hui ce qu’ils appellent le vin naturel au vin artificiel, les créations de la nature aux combinaisons de la chimie. Il n’y a pas de vin naturel ; il n’y a pas de froment naturel. Le pain et le vin sont un produit du génie de l’homme. La nature elle-même est un mer- veilleux artifice humain. L’union de la terre et du soleil n’eût pas suffi à engendrer le blé. Il y a l’intervention 12/458 de l’homme, de sa pensée inquiète et de sa volonté patiente. […] Que la science soit près du moissonneur. » On ne saurait mieux dire. Comme en té- moigne la lecture du livre de Gil Rivière- Wekstein. Jean de Kervasdoué, ingénieur agronome. Professeur titulaire de la chaire d’Economie et Gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Directeur de l’école Pasteur-Cnam de Santé publique. 13/458 INTRODUCTION VIVE LE BIO ! De la cosmétique à l’alimentaire en passant par les produits ménagers, jamais le bio n’a autant fait partie de notre univers. Que ce soit pour sauver la planète ou préserver notre santé (et surtout celle de nos enfants !), quoi de mieux qu’un yaourt bio de « L’univers merveilleux des 2 Vaches » de Danone ou un panier de légumes bio acheté dans une Amap, ce réseau de production-dis- tribution en direct si prisé dans les grandes villes ? Après le sans sucre, le sans matière grasse, le sans colorant et le sans conser- vateur, le bio est aujourd’hui considéré comme le n° 1 des aliments de qualité. Et consommer bio représente l’acte responsable par excellence, celui qui répond au souci éco- citoyen de transmettre aux prochaines générations une planète verte. Côté production, l’agriculteur bio est lui aussi convaincu que son métier s’inscrit dans une démarche responsable. Son mode de travail ne préserve-t-il pas la nature ? Très souvent, il récuse la simple logique du profit – même s’il lui faut bien gagner sa vie – pour lui préférer celle de la solidarité. À la limite du militantisme, il est généralement un pas- sionné, désireux de partager son univers avec le consommateur. D’où la création de très nombreux réseaux, formels ou in- formels, qui rassemblent producteurs et consommateurs. C’est en 1981, avec la parution du premier décret relatif au cahier des charges définis- sant l’agriculture biologique, que cette agri- culture a conquis ses lettres de noblesse. L’agriculture bio serait aujourd’hui la Rolls- 15/458 Royce de l’agriculture, le modèle idéal, la ligne d’horizon à suivre pour une agriculture conventionnelle en pleine métamorphose. Finie l’époque où les instituts agronomiques et les organismes officiels regardaient d’un œil méprisant les premiers pionniers de l’ag- riculture bio, comme Raoul Lemaire, le créateur du fameux pain Lemaire, et André Birre, le fondateur de Nature & Progrès ! Finie aussi l’époque où les adeptes du New Age ou de la mouvance Peace and Love de John Lennon côtoyaient quelques nostal- giques de « la terre uploads/Litterature/ bio-fausse-promesse-vrai-marketing.pdf

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