QUE SAIS-JE ? Les 100 mots de la psychanalyse JACQUES ANDRE Deuxième édition mi

QUE SAIS-JE ? Les 100 mots de la psychanalyse JACQUES ANDRE Deuxième édition mise à jour 17e mille Liste des 100 mots Acte manqué Addiction Ambivalence Amour Anal (analité) Angoisse Anorexie (boulimie) Après-coup Attachement (holding) Autoérotisme Bisexualité Ça (inconscient) Cadre (setting, site) Cannibalique (vagin denté) Castration (fantasme, angoisse, complexe) Clivage (du moi) Complexe d’Œdipe Compulsion (contrainte) de répétition Conflit psychique Contre-transfert Corps Crise d’adolescence Culpabilité (responsabilité) Cure psychanalytique Dépression Désir Désirs d’enfant Détresse (état de) Deuil (travail de) Différences Divan Emprise (pulsion d’) Enfant mort (l’) Envie du pénis (femme, châtrée, castratrice, phallique) État limite (borderline) Fantasme Faux self (personnalité « comme si ») Féminité (sexualité féminine) Fétichisme Frère, sœur Freud Fusion (symbiose) Guérison Haine Homosexualités Honte Humour Hystérie Identification (incorporation) Inceste (désir d’) Indifférence Interprétation Langage Masochisme (sadisme) Melancolie Mensonge (secret) Mère (le maternel) Mère/fille Moi Moi idéal Mort Narcissisme Névrose obsessionnelle Objet (partiel, total, transitionnel) Oral (oralité) Paranoïa Père Perversion Phallus (primat du) Phobies Plasticité (de la libido) Préliminaires Psychose Psychosomatique Pulsion Pulsion de mort Rabaissement (de la femme) Refoulement Réalité psychique Règle fondamentale Régression Résistance Retour dans le ventre maternel (sommeil) Rêve (travail du) Scène primitive (origine) Schizophrénie Séduction Séparation Sexualité infantile Silence (du psychanalyste) Souvenir-écran Sublimation Suicide Surmoi (idéal du moi) Symptôme Temporalité (histoire) Tendresse Transfert Trauma (psychique) Visage ’astérisque * placé à la droite d’un mot dans le texte signifie que ce terme fait l’objet d’une entrée propre. Acte manqué L ’homme s’apprête à rendre à sa mère la visite hebdomadaire que, malgré ses contraintes professionnelles, jamais il ne manque. Tout occupé par des pensées émues qui autofélicitent le « bon fils » qu’il est, il se trompe de quai et prend le métro en sens inverse. Faux pas, lapsus, maladresse, erreur, oubli… les actes manqués ne sont pas manqués pour tout le L monde. Chacun d’entre eux signe une réussite de l’inconscient qui, au détour d’un mot, d’un geste, vient de déjouer la surveillance, celle de la conscience, de franchir une barrière, celle de l’interdit ou de la censure. Souvent ni vu ni connu, à moins qu’il ne soit versé au compte du hasard, l’acte manqué est l’inconscient de tous les jours. Parce que le rêve* nous transporte dans des lieux inconnus, invente des histoires à dormir debout et nous fait éprouver des émotions d’une intensité dont on ne se croyait pas capable, il convainc sans trop de peine que « je est un autre », que l’unité du moi* est une illusion, que la personne psychique est divisée. Nul n’est auteur de ses rêves. Le lapsus en fait autant, mais, parce qu’il le fait mezzo voce, il est encore permis de faire comme si de rien n’était. La fatigue a bon dos. L ’acte manqué rend sa dignité à tous les petits déchets de la vie quotidienne, aux chutes malheureuses, que l’on chute d’un mot ou d’une échelle. À l’ombre de ces petits riens, un désir amoureux s’accomplit, une haine inconsciente trouve une issue, un châtiment tombe pour un crime que l’on n’a pas commis, mais secrètement souhaité. L ’acte manqué manifeste toujours une vérité, de celle que l’on préférerait ignorer. Il n’y a pas de « hasard intérieur ». Accablé par les ennuis qui n’en finissent pas de s’accumuler – qu’a-t-il fait pour mériter cela, c’est quand même « bien cher payé » –, l’homme qui va pour composer le code de l’immeuble où l’attend son psychanalyste se trompe de chiffre et tape celui de sa carte bancaire… Addiction L ’origine du mot évoque l’esclavage, celui d’un corps esclave d’une dette ; avec cette particularité que l’esclave et le maître logent cette fois à la même enseigne. Boire, manger, fumer, planer, se défoncer… la liste des addictions menace de s’allonger à n’en plus finir pour se confondre avec celle des « habitudes morbides », quand il n’est plus possible de s’en défaire, même si elles coûtent ou détruisent. Plus rien, dans l’addiction, ne semble distinguer le désir du plus primitif des besoins. Mais le propre d’un besoin, quand il est vital, est d’être apaisé une fois satisfait ; alors que la bouteille de l’alcoolique ou le tube digestif de la boulimique sont des puits sans fond. L ’addiction est plus une exigence qu’un besoin. Le sens premier d’« exiger » est fiscal : demander impérativement ce qui est dû. L ’exigence demande beaucoup, elle croît avec la satisfaction plus qu’elle ne s’apaise. Impossible à contenter, tyrannique, l’exigence fait que les désirs* deviennent des ordres. Quel est le donneur d’ordre ? Le corps, à première vue, à l’image de la cellule dans l’impatience de sa dose de nicotine. Mais au fond l’inconscient, ça*, est le véritable maître des lieux, qu’il sue l’angoisse ou déborde d’excitation. Peut-être la première, la source de toutes les addictions est-elle la dépendance à autrui qui rend la présence de celui-ci aussi indispensable que toujours décevante, et qui fait répéter à n’en plus finir : « Est-ce que tu m’aimes ? Est-ce que tu m’aimes ?… » Adolescence, voir Anorexie, Crise d’adolescence Affect, voir Angoisse, Faux self, Psychosomatique, Refoulement Ambivalence On n’a pas attendu la psychanalyse pour savoir qu’une même personne pouvait tour à tour être objet d’ amour* et de haine*. La tragédie, depuis ses origines, ne raconte rien d’autre, qu’il est réservé au plus aimé de devenir un jour l’objet d’une haine indéfectible. Mais l’ambivalence dit autre chose, de plus inacceptable encore : non seulement haine et amour peuvent se retourner l’un dans l’autre, mais il arrive plus secrètement que l’un soit l’autre, indissociablement. L ’adulte, parfois, donne un coup de main en posant des questions à rendre l’enfant fou : « Tu préfères qui, papa ou maman ? » La haine gît au cœur de l’amour, et réciproquement, dans l’ignorance de la contradiction. Le bon sein, le sein aimé, est aussi le mauvais, le haï ; il suffit pour cela qu’il se retire. Il arrive que le langage*, son équivoque, donne subtilement à entendre l’ambivalence. Par exemple : « Je ne veux que ton bien… » Amour Alors qu’il rédige l’un de ses textes les plus sombres, Le malaise dans la culture, Freud fait l’inventaire des voies empruntées par les hommes pour chercher le « bonheur ». La satisfaction d’aimer et d’être aimé n’a guère d’égale, qui conduit jusqu’au « plaisir qui terrasse » et satisfait l’aspiration originelle et passionnée à un « bonheur positif ». Comment comprendre que cette voie soit si souvent évitée et que, lorsqu’elle est empruntée, elle le soit si brièvement ? Comment comprendre que l’« érotisme génital » ne soit pas plus fréquemment « au centre de la vie » ? C’est que cet « art de vivre » comporte un inconvénient : « Jamais nous ne sommes davantage privés de protection contre la souffrance que lorsque nous aimons, jamais nous ne sommes davantage dans le malheur et la détresse que lorsque nous avons perdu l’objet aimé ou son amour. » C’est au moins vrai quand l’amour prend le risque maximum de s’ouvrir sur l’objet et son altérité. Comme on sait, il est bien des façons psychiques de circonscrire un tel péril : recouvrir l’ objet* réel de l’objet imaginaire (il en devient d’autant plus variable), en faire le miroir de l’amour qu’à soi- même on porte (quand l’investissement narcissique se retire, il ne laisse derrière lui aucune trace), ou encore limiter les relations au minimum : « L ’amour n’est que l’échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes » (Chamfort). La perte d’amour est moins un malheur fortuit qu’elle ne tient à l’amour même. D’abord parce que le premier amour n’est pas celui que l’on offre, mais celui dont on est l’objet, et que cette expérience de passivité liée à l’état de dépendance du tout-petit enfant laisse une empreinte indélébile ; aimer est une chose, être aimé en retour en est une autre, quelle déception quant au « je t’aime » répond platement un « moi aussi » (Barthes). Ensuite, parce qu’il faut bien se résoudre à renoncer aux objets d’amour premiers : le pire n’est pas qu’ils soient prohibés – ça ne les rend que plus désirables –, mais qu’ils aient trahi ; le père, la mère en aiment toujours un(e) autre. On a toujours déjà perdu l’objet d’amour, le pire est toujours sûr, il a déjà eu lieu. Véritable tragédie qui, dès l’origine, fait de l’amour un malentendu, sépare à jamais l’amant de l’aimé, et sur laquelle Racine a bâti tout son théâtre, Andromaque notamment : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort… Anal (analité) « Il ne suffisait pas de salir du mot de «sexuel» les manifestations de tendresse des enfants, il fallait encore que le sexuel lui-même se voie à son tour souillé de façon révoltante par la référence à l’anal » (Lou Andreas-Salomé). La place faite à l’analité dans la vie érotique et psychique de l’homme n’a pas manqué de ternir l’image publique de la psychanalyse. Le dégoût dont la « chose anale » uploads/Litterature/ les-100-mots-de-la-psychanalyse-andre-jacques.pdf

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