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Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/lesmabinogiondul01loth LES MABINOQION LES Mabinogion du Livre I^ouge de Hergest avec les variantes du Livre Blanc de Rhydderch Traduits du gallois avec une introduction, un commentaire explicatif et des notes critiques PAR J. LOTH PHOFESSEUR Ai; COI.LKGK DE FUANCK EDITION ENTIEREMENT REVUE, CORRIGEE ET AUGMENTEE TOME I PARIS FONTEMOING ET G^S ÉDITEURS 4, RUE LE GOFF, 4 1913 AP"- '^ 194T I 3éoy \ <^ ^ \ 1 A LA MEiMOIRE DE GASTON PARIS J. Loth. PRÉFACE Cet ouvrage n'est pas une simple réédition de Touvrage paru en 1889, sous le titre de : Les Mabi- nog ion traduits en entier en français pour la pre- mière fois avec un commentaire explicatif et des notes critiques. La publication de nouveaux textes des mêmes romans conservés dans des manuscrits dont quel- ques-uns sont plus anciens que le Livre Bouge y publiés par M. Gwenogvryn Evans sous le titre de The White Book Mabinogion{i) [les Mabinogion du Livre Blanc) rendait nécessaire une révision sérieuse du texte de Tunique manuscrit qui avait servi de base à mon œuvre. J'ai conservé néanmoins le Livre Bouge comme base de cette nouvelle traduction, d'abord parce qu'il est complet; en second lieu,parce- que les nouveaux textes remontent ou à la même source avec des traits souvent plus fidèles de l'ar- chétype, ou à des sources voisines. Ils sont parti- culièrement intéressants au point de vue orthogra- phique et linguistique. Je les ai étudiés avec soin et (1) Voir plus bas: Inlroduction, p. 15-16. 4 LES 3IAB1N0G10N tout en profitant de leçons parfois meilleures que celles du Livre Rouge,] 2a constaté, non sans satis- faction, que ces textes confirmaient sur bon nombre de points mes hypothèses. C'est un nouveau et sérieux titre que s'est acquis M. Gwenogvryn Evans à la reconnaissance des celtistes ; ce volume est le septième de la série des Old-welsh Texts, qu'il a publiés seul ou en collaboration avec sir John Rhys, le professeur de celtique bien connu d'Ox- ford. On trouvera plus loin tous les détails néces- saires sur ces textes. Quoique ma traduction ait été estimée conscien- cieuse et exacte par des juges compétents, elle pré- sentait certaines défectuosités, quelques lacunes même sans grande importance, il est vrai, que j'ai été heureux de faire disparaître par une révision sévère. La comparaison d'Owe/i et Lunet, de Père- dur, de Gereint et Enid avec les romans corres- pondants de Chrétien de Troyes,ne m'a pas été non plus inutile, même au point de vue du sens. Les notes critiques ont été corrigées et notable- ment augmentées ; il en est de même des notes explicatives, pour lesquelles j'ai profité des nom- breux travaux parus en si grande abondance, depuis quelques années, sur la matière de Bretagne. Dans ce nouveau travail, j'ai suivi les mêmes principes que dans le premier. Je me suis appli- qué à éclairer les Mabinogion, autant que possi- ble, par eux-mêmes, chaque expression ou terme obscur ou douteux, par les passages correspon- PRÉFACE 5 dants,soit des Mabinogion, soit des textes en prose et même en vers de la même époque. Des notes cri- tiques, que Fon trouvera se référant à la page et à la ligne du texte gallois, et à la page correspondante de la traduction, indiquent les corrections au texte, ou mes hésitations, avec les différences qui me sépa- rent de la traduction de lady Charlotte Guest. Pour la traduction, j'ai voulu la rendre aussi lisible que possible, sans rien sacrifier de l'exactitude que l'on est en droit de demander avant tout à un traducteur. En fait de traduction, littéral n'est pas synonyme d'exact. Traduire, par exemple, myned a orug par aller il fit, serait aussi peu exact que de décom- poser donnerai en ai à donner. Ce qu'on a appelé la naïveté ou la simplicité des conteurs gallois ne m'a guère préoccupé non plus. Outre que n'est pas naïf qui veut, ce serait prêter aux auteurs ou arrangeurs de ces récits une qualité à laquelle ils n'avaient aucun droit ni, vraisemblablement, aucune prétention. Les romans gallois ont été sans doute mis par écrit par les bardes dont la poésie témoi- gne de la culture la plus savante et la plus raffinée. Poétique, colorée, remarquablement imagée dans Texpression, la langue des Mabinogion est d'une trame plus lâche, d'un style moins nerveux, et moins rigoureux dans l'expression que la langue des Lois (1) rédigée au x* siècle, mais conservée dans (1) Au point de vue intellectuel, les Lois sont le plus g^rand titre de gloire des Gallois. L'éminent jurisconsulte allemand, Ferd. Walter constate qu'à ce point de vue les Gallois ont laissé bien 6 LES MABINOGION des manuscrits du xii* et du xiii* siècle ;renchaîne- ment des propositions est moins varié et moins savant; la période par juxtaposition y est fréquente. Gela tient pour une part, à ce que la prose était moins cultivée que la poésie, et à ce que la trans- mission des traditions légendaires, mythico-héroï- ques, se faisait surtout oralement : on a Timpression que l'auteur raconte lui-même ou écrit sous la dic- tée (1). Alfred Nutt a publié, en 1902, une réimpression pure et simple de la traduction de lady Charlotte Guest, en Tallégeant des notes et du commentaire; il Ta fait suivre, en revanche, de notes substantiel- les qui sont comme le résumé de ses travaux et de ses vues sur les romans gallois et la matière de Bretagne (2). La traduction reste donc avec ses qua- lités, dont la principale est un talent littéraire tel que Alfred Nutt n'hésite pas à la considérer comme un des chefs-d'œuvre de la prose narrative anglaise, mais aussi avec ses défauts. Lady Charlotte Guest ne savait guère le gallois; elle a travaillé sur une version littérale d'un savant gallois et, à force de loin derrière eux les autres peuples du moyen âge(Das alte Wales, p. 354). Elles prouvent chez eux une singulière précision une grande subtilité d'esprit, et une singulière aptitude à la spéculation philosophique. (1) Sur la grande valeur littéraire des romans gallois, voir plus loin, Introduction, p. 4i et suiv. (2) The Mabinogion, mediœval welsh romances, translated by lady Charlotte Guest, with notes by Alfred Nutt and published by David Nutt. London, 1902, in-vol, in-12. PRÉFACE 7 pénétration, de conscience et de talent, réussi à en faire une traduction d'un grand charme et qui ne dénature pas l'original dans l'ensemble. Les erreurs de sens cependant ne sont pas rares ; l'expression est assez souvent flottante et le même mot traduit différemment suivant le contexte. Là où les dic- tionnaires hésitent ou se taisent ou se trompent, le traducteur n'est pas toujours bien inspiré. Il eût fallu sur le tout un travail critique préparatoire qui a manqué. La copie même du Livre Rouge dont Lady Charlotte Guest disposait était défectueuse; il n'est que juste de reconnaître que sa traduction la corrige en maint endroit. Le commentaire qui l'accompagne est copieux et utile. Outre un certain nombre d'erreurs et d'inexactitudes, sa traduction présente des inexactitudes et des lacunes volontai- res. Elle a supprimé les passages qui lui paraissaient scabreux ou choquants, et singulièrement altéré des crudités de langage et des brutalités de mœurs qui sont cependant loin d'être sans iatérêt et sont au contraire importantes pour l'histoire et la critique. Ces scrupules sont excusables, quand on sait que Lady Charlotte Guest considérait les Mabinogion comme destinés à l'amusement et à Védification de la jeunesse, en particulier de ses deux enfants aux- quels sa traduction est dédiée. Si on ajoute qu'elle a trop visé à donner à ces récits un air de naïveté, on comprendra que leur caractère ait dû en être, dans une certaine mesure, sérieusement altéré. Néanmoins, on peut dire que c'est une œuvre O LES MABINOGION dont l'apparition marque une ère nouvelle dans riiistoire de la littérature galloise et 1 etude des traditions brittoniques (1). C'est d'ailleurs la pre- mière traduction complète de la collection (2). Il n'y en avait eu précédemment que des traductions partielles (3). Le texte gallois du Livre Rouge com- muniqué k ladj Charlotte Guest est une copie faite (1) J'emploie briltonique pour gallois, corniqiie et breton, et Brit- tons pour les Gallois, Cornouaillais insulaires el Bretons Armori- cains. Breton amenait une confusion au profit de ces derniers. Le nom national d'ailleurs est au singulier Britto et au pluriel Britiones, (2) The mabinogion from the Llyfr Coch o Hergest, and other ancient Welsh Mss. with an English translation and rotes, 1838. (3) Le mabinogi de Pwyll avait paru avec une traduction dans le Cambrian Begister I, p. 177, en 1795 et 1796 ; une reproduction en fut faite dans le Cambro-Briton II, p. 271 (1821) ; les mêmes passages ont été supprimés dans cette traduction et dans celle de lady Charlotte Guest. Peu après, en 1829, le mabinogi de Math ab Mathonwy était donné avec une traduction dans le Cambrian Quarterly, I, p. 170. Y Greal avait donné le texte seulement du songe de Maxen, en 1806, p. 289. L'Aventure uploads/Litterature/ les-mabinogion-dul-01-lot-h.pdf

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