© Éditions Albin Michel, 2020 pour la traduction française Édition originale am
© Éditions Albin Michel, 2020 pour la traduction française Édition originale américaine parue sous le titre : THE INSTITUTE Chez Scribner, an imprint of Simon & Schuster, Inc. à New York, en 2019 © Stephen King, 2019 Publié avec l’accord de l’auteur c/o The Lotts Agency. Tous droits réservés. ISBN : 978-2-226-44948-1 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Selon le Centre national pour les enfants disparus et exploités, environ 800 000 enfants disparaissaient chaque année aux États-Unis. La plupart sont retrouvés. Des milliers ne le sont pas. Ce livre est un ouvrage de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements relatés sont le fruit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés à des fins de fiction. Toute ressemblance avec des faits avérés, des lieux existants ou des personnes réelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Pour mes petits-fils : Ethan, Aidan et Ryan Alors Samson invoqua le Seigneur et dit : « Seigneur, souvenez-vous de moi, je vous prie, et donnez-moi de la force cette fois seulement, ô Dieu. afin que d’un seul coup je me venge des Philistins. » Et Samson se saisit des deux colonnes du milieu sur lesquelles reposait la maison, l’une de la main droite, l’autre de la main gauche. Et Samson dit : « Que je meure avec les Philistins ! » Il se pencha avec force, et la maison s’écroula sur les princes et sur tout le peuple qui s’y trouvait. Ceux qu’il fit périr en mourant furent plus nombreux que ceux qu’il avait tués pendant sa vie. Livre des Juges, Chapitre 16 Mais celui qui offensera un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui suspende une meule à âne autour du cou et qu’on le précipite au fond de la mer. Matthieu, Chapitre 18 Vous pouvez en rire, vous pouvez crier si vous voulez, de toute façon, vous perdez. Paul Simon LE VEILLEUR DE NUIT 1 Une demi-heure après l’horaire prévu, l’avion de la compagnie Delta avec lequel Tim Jamieson devait quitter Tampa pour les lumières éclatantes et les tours de New York stationnait toujours sur le tarmac. Quand un agent de la compagnie et une femme blonde portant autour du cou un badge des services de sécurité montèrent à bord, des murmures inquiets et prémonitoires se firent entendre parmi les passagers entassés en classe économique. « Votre attention, je vous prie ! s’écria le type de chez Delta. – On va avoir combien de temps de retard ? lança quelqu’un. Dites-nous la vérité. – Ça ne sera pas très long et le commandant tient à vous faire savoir que votre vol arrivera quasiment à l’heure. Mais un agent fédéral doit embarquer, cela signifie qu’un passager ou une passagère doit céder sa place. » Un grognement collectif monta dans la cabine et Tim vit plusieurs personnes dégainer leurs téléphones en cas de problème. Car il y avait déjà eu des problèmes dans ce genre de situation. « La compagnie Delta Airlines est autorisée à offrir au volontaire un billet gratuit sur le prochain vol à destination de New York. Demain matin à 6 h 45. » Nouveau grognement. Quelqu’un s’écria : « Plutôt mourir ! » L’agent de la compagnie aérienne poursuivit sans se démonter : « On vous remettra un bon pour dormir à l’hôtel, plus quatre cents dollars. Ce n’est pas négligeable. Alors, qui est intéressé ? » Aucun volontaire. La blonde des services de sécurité ne disait rien ; son regard étrangement mort, qui pourtant voyait tout, balayait les passagers de la classe économique bondée. « Huit cents dollars, annonça le type de chez Delta. Plus une nuit d’hôtel et le billet offerts. – On croirait un animateur de jeu télé », commenta l’homme assis devant Tim. Toujours pas de volontaire. « Mille quatre cents dollars ? » Toujours personne. Tim trouvait cela intéressant, mais pas franchement étonnant. Et pas uniquement parce qu’un vol à 6 h 45 obligeait à se lever à l’aube. La plupart de ses compagnons de classe éco étaient des familles qui rentraient chez elles après avoir visité diverses attractions en Floride, des couples dont les coups de soleil trahissaient les amoureux de la plage et des types baraqués, rougeauds, à l’air agacé, qui géraient dans la Grosse Pomme des affaires qui leur rapportaient sans doute bien plus que mille quatre cents dollars. Un passager assis au fond de l’appareil s’écria : « Si vous rajoutez une Mustang décapotable et un séjour à Aruba pour deux personnes, on vous laisse nos sièges ! » Une saillie qui provoqua des éclats de rire. Pas particulièrement chaleureux. L’agent de la compagnie se tourna vers la blonde au badge autour du cou, mais s’il espérait recevoir de l’aide de ce côté-là, il fut déçu. Elle continua à scruter les passagers, sans que rien ne bouge sauf ses yeux. Il soupira et dit : « Mille six cents. » Tim Jamieson décréta soudain qu’il avait envie de descendre de ce putain d’avion et de faire du stop vers le nord. Bien que cette idée ne l’ait pas effleuré avant cet instant, il découvrit, avec une clarté absolue, qu’il en était tout à fait capable. Il s’imagina sur la Highway 301, quelque part au cœur de Hernando County, pouce dressé. Il faisait chaud, les mouches brunes pullulaient, un avocat véreux vantait ses mérites sur un immense panneau publicitaire. « Take It on the Run » de REO Speedwagon sortait à plein volume d’une grosse radiocassette posée sur un parpaing servant de marchepied à une caravane garée à proximité, devant laquelle un type torse nu lavait sa voiture. Un fermier finirait par s’arrêter pour le prendre à bord de son pick-up chargé de melons à l’arrière, avec un magnet de Jésus-Christ sur le tableau de bord. Le mieux, ce ne serait pas l’argent dans sa poche. Le mieux, ce serait d’être là, seul, à des kilomètres de cette boîte à sardines, de ses relents de parfum, de transpiration et de laque pour les cheveux qui se faisaient la guerre. Juste après viendrait le plaisir de presser le sein du gouvernement pour en extraire quelques dollars de plus. Tim se mit debout, dévoilant sa taille normale (1,75 mètre et des poussières), repoussa ses lunettes sur son nez et leva la main. « Si vous allez jusqu’à deux mille dollars, plus le remboursement de mon billet en liquide, mon siège est à vous. » 2 Le bon d’hébergement correspondait à un hôtel miteux situé à l’extrémité d’une des pistes les plus fréquentées de l’aéroport international de Tampa. Tim s’endormit au son des réacteurs et se réveilla avec la même musique, avant de descendre pour avaler un œuf dur et deux pancakes caoutchouteux au buffet du petit- déjeuner. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un repas de gourmet, Tim mangea de bon cœur, puis regagna sa chambre pour attendre l’ouverture des banques à neuf heures. Il n’eut aucun mal à encaisser cette rentrée d’argent imprévue car la banque avait été informée de sa venue et le chèque certifié par avance. Il n’avait nullement l’intention de poireauter dans cet hôtel minable. Il demanda les deux mille dollars en billets de cinquante et de vingt, les glissa dans sa poche avant gauche, récupéra son sac de voyage auprès du vigile et commanda un Uber pour se rendre à Ellenton. Là, il marcha jusqu’au premier panneau indiquant la 301-N et leva le pouce. Un quart d’heure plus tard, il fut pris en stop par un vieux bonhomme coiffé d’une casquette de base- ball publicitaire. Il n’y avait pas de melons à l’arrière du pick-up mais, à cette différence près, c’était assez conforme à sa vision de la veille. « Où vous allez comme ça, l’ami ? demanda le vieux bonhomme. – Euh… À New York, je crois. » Le vieux cracha un jet de jus de tabac par la vitre. « Qu’est-ce qu’un gars sain d’esprit irait faire là-bas ? – Je sais pas », répondit Tim. Même s’il le savait très bien. Un pote de l’armée lui avait affirmé qu’ils engageaient un tas d’agents de sécurité dans la Grosse Pomme, y compris des sociétés qui s’intéresseraient davantage à son expérience qu’à cette histoire merdique avec Rube Goldberg qui avait mis fin à sa carrière dans la police de Floride. « J’espère juste être en Géorgie ce soir, dit-il. Peut-être que ça me plaira plus comme endroit. – Voilà qui est parlé ! La Géorgie, c’est pas mal, surtout si on aime les pêches. Moi, ça me file la courante. Ça vous gêne pas si j’écoute un peu de musique ? – Absolument pas. – Faut que je vous prévienne, je mets le son à fond. Je suis un peu dur de la feuille. – Je suis content de rouler. » Waylon Jennings avait remplacé REO Speedwagon, mais Tim n’y trouva rien à redire. Waylon céda ensuite la place à Shooter Jennings et à Marty Stuart. Les deux hommes assis à bord du Dodge Ram éclaboussé de uploads/Litterature/ linstitut-french-edition-stephen-king.pdf
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- Publié le Aoû 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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