LITTERATURE GABONAISE : PARCOURS GENERAL ET EVOLUTION PAR GENRE Introduction La
LITTERATURE GABONAISE : PARCOURS GENERAL ET EVOLUTION PAR GENRE Introduction La littérature d'Afrique subsaharienne d'expression française se compose aujourd'hui d'un ensemble de littératures par pays qui tendent à revendiquer de plus en plus leurs identités nationales. Ces littératures nationales se sont construites essentiellement sur la base des acquis institutionnels et des productions littéraires locales. A l'opposé des littératures occidentales françaises, anglaise, allemande, espagnole, italienne, portugaise, où la langue nationale participe du caractère identitaire, les littératures d'Afrique subsaharienne d'expression française sont produites dans une langue commune, le français. Au nombre de ces littératures d'Afrique subsaharienne, il y a la littérature gabonaise. Cependant, par rapport aux autres littératures d'Afrique subsaharienne francophone qui sont plus connues, la littérature gabonaise souffre encore d'un manque de visibilité et d'auteurs de renommée internationale. Et pourtant, il y a dans ce pays une vie et surtout une pratique de la littérature où les genres littéraires ont réussi à s'imposer. Nous donnerons d'abord un aperçu des premières écritures au Gabon; puis, à partir de cinq genres majeurs de la littérature gabonaise bien identifiés, à savoir le théâtre, l'essai, la nouvelle, le roman et la poésie, nous étudierons leur parcours général et leur évolution, depuis les premières publications jusqu'à celles de nos jours. Les premières écritures ou la naissance de la littérature gabonaise La presse écrite inaugure réellement les premières marques de l'écriture par les Gabonais. Deux cousins, Louis Bigmann et Laurent-Cyr Antchouey animent depuis Gorée, au Sénégal, le journal L’Écho gabonais. Ce journal paraîtra deux fois, en 1922. Sous-titré « Organe d'Union et de Défense des Intérêts Généraux de l'A.E.F. », sa vocation était l'éveil des consciences de l'élite africaine. Dans sa rubrique « Politique coloniale », L'Écho gabonais dénonce, dans son dernier numéro, d'août-septembre 1922, la politique coloniale et ses méthodes. Les excès auxquels se livrent, dans nos possessions, bon nombre de colons désireux d'y instaurer un nouveau régime féodal, ont fait apparaître la nécessité impérieuse de raffermir le contrôle métropolitain, contrôle jusqu'ici inexistant, et d'adopter une meilleure politique indigène telle que M. A. Sarraut l'a d'ailleurs si judicieusement exposée dans son projet de mise en valeur des colonies. A vrai dire, ce qui conviendrait mieux dans notre empire d'Outre-mer, ce serait la suppression de la politique d'assujettissement, cette politique purement égoïste qui ne tient aucun compte du droit de l'habitant. L'Européen se fait mal à l'idée que des gens qui ne sont pas encore arrivés au stade d'évolution indispensable, aient des droits sur un sol qui semble pouvoir leur être contesté. Il s'imagine ces primitifs errant de régions en régions, avant l'occupation de leur pays et poussés par je ne sais quels besoins, continuer leur course à travers des terres nouvelles. Aussi beaucoup de coloniaux arguent-ils que le fait d'enlever sans compensation à ces « nomades » des terres dont ils ne sont que les occupants provisoires, ne constitue en aucun cas violation de leurs droits. Rien n'est cependant plus faux. En 1928, suite à son exil à Nice, en France, Laurent-Cyr Antchouey change le nom L 'Écho gabonais qui devient La Voix coloniale, de 1924 à 1928. Après Louis Bigmann et Laurent-Cyr Antchouey qui inaugurent l'écriture des Gabonais par l'écriture de presse, les lendemains de la seconde guerre mondiale révèlent cette fois un jeune prêtre catholique, André Raponda-Walker. En effet, le pionnier de la littérature gabonaise est sans conteste Monseigneur Raponda-Walker. Quand celui-ci publie au début des années 1950 Les contes gabonais, il inaugure une pratique nouvelle d'écriture chez les missionnaires de cette époque; la rupture sur le plan de l'écriture avec les thèmes à caractère linguistique comme ce fut le cas chez Bessieux et Wilson3. Ce recueil compte cent cinquante six contes et légendes appartenant à vingt-deux groupes ethniques du Gabon. Principalement les Apindji, Baduma, Bakèlè, Balumbu, Banzabi, Bapunu, Bavili, Bavungu, Benga, Enenga, Eshira, Fang, Galoa, lvéa, Masango, Mindumu, Mitsogo, Mpongwè, Ngowè, Nkomi, Orungu, Sékyani. […] En choisissant de publier les contes de son pays, Raponda-Walker fait œuvre d'ethnologue de la littérature gabonaise. Par la collecte de ces contes, leur transcription en graphie latine et leur traduction en français, l'auteur des contes gabonais révèle au monde, par le biais de l'écriture, les univers socioculturels du Gabon et parfois leur philosophie. Après cet aperçu des premières écritures au Gabon, nous allons voir comment les différents genres littéraires se sont construits et ont évolué. D'abord le théâtre. Le théâtre Le théâtre gabonais est né avant la colonisation. Les missionnaires l'ont introduit au Gabon : Bessieux, Grégoire, Adam. Ils vont se servir de l'espace théâtral dans une optique essentiellement didactique. Pour apprendre aux jeunes Gabonais à avoir une bonne élocution; ce théâtre était un moyen d'instruction de la religion chrétienne. La pratique du théâtre dans l'État gabonais n'est pas née avec l'École de William Ponty. Le conditionnement socioculturel est à l'origine de sa création. C'est autour de 1942 que l'on sort du cadre essentiellement religieux. Cette année, 1942, le Cercle culturel catholique dirigé par le Révérend Père Lefèbvre donne une représentation théâtrale : « Ganiha féte ses galons ». Peu avant cette année 1942 Le Père Gautier fait jouer dans un établissement scolaire catholique de Libreville, en 1921, la pièce « La revanche de Jeanne d'Arc », à l'occasion de sa canonisation. Autour des années 1950, sera créé au Gabon, comme dans toute l'Afrique francophone, un Centre culturel français où la pratique du théâtre occupe une grande place. Jusque-là, la pratique du théâtre n'est effective qu'à Libreville, Port-Gentil et Gamba. Le théâtre est vulgarisé à travers le territoire national surtout après 1960. Toutefois, le théâtre se fait connaître dans d'autres localités après la deuxième guerre mondiale. Il s'agit d'un théâtre scolaire et non professionnel. Après les missionnaires catholiques qui animent l'activité théâtrale au Gabon jusqu'à l'indépendance en 1960, ceux-ci seront rejoints, après 1960, par les coopérants et quelques nationaux qui vont, eux aussi, s'impliquer dans la pratique théâtrale. Parmi les nationaux, citons Vincent de Paul Nyonda. Celui- ci est le véritable pionnier et initiateur du théâtre moderne au Gabon. Il est l'auteur de sept pièces publiées, dont deux trilogies : la première trilogie, publiée chez François Reder à Paris en 1979, est composée de : Le Combat de Mbombi, suivi de L’Emergence d’une nouvelle société et de Bonjour, Bessieux. La deuxième trilogie est publiée, quant à elle, chez L’Harmattan en 1981. On trouve : La Mort de Guykafi, suivi de Deux albinos à la Mpassa et de Le Soûlard. En 1988, il publie aux éditions Multipress de Libreville Le Roi Mouanga. Dramaturge confirmé, Vincent de Paul Nyonda est nommé Ministre d'État chargé des Affaires culturelles en 1965. Étant à la tête de ce département ministériel, Monsieur Nyonda organise un concours de recrutement des acteurs; c'est la naissance de « La troupe permanente du Théâtre national », dont la première sortie au Sénégal en Avril 1966 au Festival des Arts Nègres à Dakar se traduit par une brillante participation. De retour du Sénégal, les jeunes acteurs sont envoyés en formation dans diverses disciplines qui concernent la création théâtrale. Au terme de cette formation, les comédiens (dont Rosira Nkiélo) de retour de France et du Sénégal montent deux troupes de théâtre : « Le théâtre du silence » et le « Théâtre de la recherche ». Ces deux troupes de théâtre seront les deux principales écoles de théâtre de Libreville du début des années 1970. L'une créée en 1970, est dirigée par un coopérant français, Michel Masse (il crée un groupe de recherche théâtrale formé de lycéens et de sociétaires du Théâtre National); l'autre, dirigée par Rosira Nkiélo, qui, en 1971, crée le groupe théâtral « Le Théâtre du silence ». C'est dans cette école de théâtre dirigée par Rosira Nkiélo que va se former Vickoss Ekondo. Celui-ci, après le théâtre, va confirmer ses talents d'artiste dans la chanson. Le théâtre gabonais va connaître une réelle vitalité scénique et textuelle, dès le début de 1970, avec Richard Moubouyi, Francis Taïka, Vincent de Paul Nyonda et les candidats au concours du théâtre interafricain de l'Office de Radiodiffusion et Télévison française. Le théâtre de Richard Moubouyi est essentiellement radiophonique. Journaliste employé à la Radio Télévision gabonaise (R.T.G.), il diffusera à la radio ses créations théâtrales dont : Boussoudou, La Circoncision, Le Nouveau système des choses. Ces trois pièces ont été primées au concours théâtral interafricain. Le théâtre au Gabon dans les années 1970 est également marqué par son adaptation au cinéma. Parmi les pièces adaptées, on peut citer Le Réconciliateur d'El Hadj Omar Bongo, publié aux éditions Multipress de Libreville. L'histoire de cette pièce a fait l'objet d'un scénario : Demain un jour nouveau. Il s'agit dans cette pièce (également de son adaptation au cinéma) de « l'action d'un jeune Président africain qui se préoccupe, avant toute chose, d'organiser sa République, son État en un cadre politique moderne viable : unifier les hommes par la paix entre les groupes tribaux, unifier les idées par un programme approprié qui porte le nom de Rénovation nationale, bref réunir tout le monde autour de cet idéal (d'où le nom de Réconciliateur).» Ô terre de uploads/Litterature/ litterature-gabonaise-parcours-general-et-evolution-par-genre.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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