2 désespérant qu'il dissimule sous ses allures de séducteur. Emma est prête à c
2 désespérant qu'il dissimule sous ses allures de séducteur. Emma est prête à croire à l'amour-passion dont elle rêve et Rodolphe, en Don Juan médiocre, n’a aucun mal à faire avaler à cette femme qui «bâille après l'amour comme une carpe après l'eau sur une 535 table de cuisine» (II, 1) les phrases apprises par cœur pour être recrachées aux femmes, ses proies. Mais sous l'acteur expérimenté se cache un homme aussi incapable que Charles de satisfaire les folies d'Emma et de se lancer avec elle dans l'inconnu et l'insécurité. Pour échapper une dernière fois à la réalité inacceptable du monde, Emma se jette 540 dans une nouvelle aventure amoureuse avec Léon, qui, lui, dissimule sa médiocrité sous le masque d un jeune homme romantique et mélancolique parce que cette tendance est à la mode: la jeune femme ébahie croit se reconnaître en lui. Mais il n'est pas plus que les autres à la hauteur des rêves d'Emma, et se contente de rétorquer, lorsqu'elle imagine dans un élan d'enthousiasme de partir à "Paris: «Ne sommes-nous pas 545 heureux!» (III, 5), brisant toute excentricité pour se limiter au quotidien médiocre qu'elle- même fuit de toutes ses forces. Ces trois figures masculines ne font preuve d'aucun excès, d'aucun caprice irréfléchi, et chacun de leurs actes est inspiré par un intérêt terre-à-terre. Ils sont tout le contraire d'Emma ou de «tous ces grands artistes» qui «brûlent la chandelle par les deux 550 bouts; il leur faut une existence dévergondée qui excite un peu l'imagination. Mais ils meurent à l'hôpital, parce qu'ils n'ont pas eu l'esprit, étant jeunes, de faire des économies» (II, 14). Emma, au contraire, on pourrait le croire, échappe à cette bêtise et à cette médiocrité qui traversent le livre entier. En effet, elle a le tempérament exalté et 555 passionné d'une artiste, elle en possède même les dons, qu'ils soient littéraires ou musicaux. Mais au lieu de persévérer dans ses aspirations et de réagir face à cette société contre laquelle elle se révolte en vain, elle abandonne, elle se laisse aller à sa rêverie. Elle ne trouve d'ailleurs aucune stimulation nulle part et ne voit pas l'utilité de se battre contre des gens qui n y comprennent rien. « A quoi bon» jouer du piano, se dit- 560 elle, si seule la rapidité des doigts qui courent sur le clavier impressionne Charles, qui ne ressent aucune émotion et ne comprend rien à l'art! Emma est en quelque sorte avalée par la bêtise et l'ignorance de cette société qui étouffe chacune de ses tentatives. Mais elle n'est pas seulement une victime innocente, elle se rend aussi coupable de «bovaryser», c'est-à-dire de fuir systématiquement la réalité. C'est elle qui se pend aux 565 lèvres de ses amants lorsque leurs discours (et eux seuls) l'emmènent dans des aventures palpitantes, et lorsqu'ils lui parlent de passion ou d'idéal. Elle veut croire à un univers quelle s'est créé de toutes pièces, et qui du côté de ses amants n'est composé que de clichés lancés sans conviction profonde. Emma ne vaut donc pas beaucoup mieux que les médiocres qu’elle méprise et n'est pas moins banale qu'une autre. «Il s'était tant 570 de fois entendu dire ces choses, qu'elles n'avaient pour lui rien d'original. Emma ressemblait à toutes les maîtresses» (II, 11). Pourtant, elle aspire à de grandes pensées et à de grandes aventures, mais c'est plus par sentimentalisme romanesque que par passion véritable. Plus sensuelle que vraiment romantique, elle non plus n'est pas capable de vivre jusqu'au bout de grands sentiments et, à son tour, elle fait preuve d une certaine 575 forme d aveuglement en tombant dans les pièges de la parole et de l'apparence. Cependant, la critique de ces quatre personnages n'est encore pas la plus virulente de celles que Flaubert nous inflige. En effet, s'ils possèdent tous une forme de bêtise, à des degrés différents, ils suscitent néanmoins chez le lecteur une certaine sympathie, voire même de la tendresse et de la pitié, quant à Charles (qui se révélera, mais trop 580 tard, fou d'amour pour Emma), ou de l'indulgence, quant à Rodolphe. Flaubert, comme à Emma qui a clairement sa préférence, leur accorde en quelque sorte des circonstances atténuantes, faisant d'eux tour à tour des coupables et des victimes. Mais il est un personnage que Flaubert ne ménage pas: c'est Homais, l'apothicaire. avec le curé Bournisien, figure de moindre importance, mais qui fait la paire avec lui, 585 uploads/Litterature/ dissertation-8-exemples-1-2-pdf.pdf
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- Publié le Jui 28, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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