LE JOURNAL DE PRISON DE DANIEL TIMSIT. APPROCHE PRAGMATIQUE by Maria Petrescu A

LE JOURNAL DE PRISON DE DANIEL TIMSIT. APPROCHE PRAGMATIQUE by Maria Petrescu A thesis presented to the University of Waterloo in fulfillment of the thesis requirement for the degree of Master of Arts in French Waterloo, Ontario, Canada, 2008 © Maria Petrescu 2008 ii Author’s Declaration: I hereby declare that I am the sole author of this thesis. This is the true copy of the thesis, including any final revisions, as accepted by my examiners. I understand that my thesis may be made electronically available to the public. iii RÉSUMÉ La présente étude analyse d’une perspective pragmatique le journal de prison de Daniel Timsit. Le but de notre approche pragmatique est de définir le genre du journal intime, et d’observer si le texte de Timsit correspond aux attentes du lecteur. C’est ainsi que la première partie de notre premier chapitre est consacrée aux caractéristiques génériques de l’autobiographie et du journal intime. De l’analyse du deuxième et du troisième chapitre, il ressort que dans le journal de Timsit quelques-uns de ces principes ne sont pas respectés : le rejet de la fiction et de la poétique, la calendarité, la simultanéité et l’insouciance de la beauté du style. Dans le deuxième chapitre, l’analyse narrative révèle un narrateur qui écrit son journal au jour le jour en prison et un narrateur qui a une perspective rétrospective. Cette structure entraîne la division du récit : d’un côté, il y a le journal intime, de l’autre, l’autobiographie. Le contraste entre les deux types de discours est mis en évidence par l’analyse de la simultanéité au niveau des déictiques. La narration hétérodiégétique introduit un troisième type de récit, qui relève de la fiction. Dans le troisième chapitre, l’analyse des déictiques fait ressortir l’intrusion de traits fictionnels dans le journal proprement dit, par le biais des réflexions projetées au-delà de l’expérience carcérale. C’est toujours dans le troisième chapitre que nous estimons que la deuxième et la troisième personne du singulier représentent des marques de la subjectivité dans le journal intime, tout comme la première personne. Le pronom nous exprime la subjectivité intégrée dans la collectivité des prisonniers. L’approche pragmatique nous aide aussi à examiner le contexte plus large, le contexte social, politique et économique, qui fait que cet ouvrage ne correspond pas aux attentes créées par les conventions formelles. iv REMERCIEMENTS Maintenant, venue au bout de la centaine de pages de mon travail, j’aimerais bien que cette page témoigne de ma véritable reconnaissance. C’est pourquoi je quitte le nous d’auteur utilisé dans la thèse. Longtemps auparavant, j’avais compris que mon souci devrait concerner le bon travail. C’est à quelqu’un d’autre de préparer les conséquences de mes efforts. Je remercie tout premièrement Dieu, qui s’occupe de tous les détails pragmatiques que je ne pourrais jamais mieux gérer. Grâce à Lui j’ai pu jouir du plaisir dans mon travail de recherche. Ancienne sagesse orientale : jouir aussi bien du chemin que de l’aboutissement. Le premier plaisir a été de travailler avec madame Tara Collington. Je lui suis redevable de la clarté et la précision de ses observations, de toutes les suggestions, de l’empathie et de l’appui permanent. Je lui suis reconnaissante des discussions qui ont apporté de la lumière dans mes projets, d’avoir corrigé mon travail pendant le « long week- end », des réponses promptes à mes courriels envoyés le soir et des encouragements qui m’ont donné de la force. Son profil s’est érigé pour moi en modèle professionnel. Son aide dans la préparation du dossier pour la bourse OGS m’a permis de recevoir un support financier supplémentaire et très utile. Je remercie tous mes professeurs du Département d’Études Françaises de l’Université de Waterloo d’avoir contribué à l’enrichissement de mes connaissances : madame Anne-Marie Miraglia, madame Svetlana Kaminskaïa et surtout monsieur François Paré, sensible aux détails de ma vie estudiantine. Je dois mes remerciements au département pour son soutien financier constant. Valérie Miller et Julie-Anne Desrochers m’ont aidé avec beaucoup de détails administratifs et je leur en suis reconnaissante. v À mes parents, au souvenir du jour où, au seuil de notre maison, je leur ai promis que je serais fière d’eux. vi TABLE DES MATIÈRES Introduction ……………………………………………………………... 7 1. Corpus, objectifs, méthodologie ……………………………………….. 7 2. Personnalité de Daniel Timsit et présentation de son journal …………. 8 2. 1. Timsit dans le contexte social de l’Algérie coloniale ………………. 9 2. 2. L’engagement politique de Timsit, la guerre et la prison …………... 11 2. 3. Structure de Récits de la longue patience, un aperçu ………………. 14 3. Le schéma de la communication : du structuralisme à la pragmatique .. 16 3. 1. Le schéma de la communication de R. Jakobson …………………... 16 3. 2. Les « fonctions d’évocation » chez Eugenio Coşeriu ……………… 18 Chapitre 1. Contributions à la poétique du journal intime …………. 24 1. 1. La poétique des écritures personnelles et du journal intime ……….. 24 1. 1. 1. La définition de l’autobiographie et les genres « voisins » ……… 24 1. 1. 2. La poétique du journal intime ……………………………………. 27 1. 1. 3. La poétique du journal carcéral …………………………………. 33 1. 2. L’approche pragmatique ……………………………………………. 35 1. 2. 1. Un modèle d’analyse pragmatique : convention et présupposé …. 37 1. 2. 2. Les déictiques …………………………………………………….. 42 1. 3. Conclusion …………………………………………………………... 48 Chapitre 2. Analyse des structures narratives ………………………… 50 2. 1. Structures narratives dans les notes de prison ………………………. 55 2. 2. Structures narratives dans les passages insérés ……………………… 60 2. 2. 1. Narration homodiégétique dans les fragments insérés ……………. 62 2. 2. 2. Narration hétérodiégétique dans les fragments insérés …………… 66 2. 3. Conclusion ……………..…………………………………………….. 70 Chapitre 3. La subjectivité au niveau des déictiques ………………….. 72 3. 1. La subjectivité en solitude …………………………………………… 73 3. 1. 1. Formes de la subjectivité dans le journal intime : je, tu et il ……... 74 3. 1. 1. 1. Le pronom je ……………………………………………………. 75 3. 1. 1. 2. Le pronom il ……………………………………………………. 77 3. 1. 1. 3. Le pronom tu …………………………………………………… 78 3. 1. 2. Subjectivité verbale en l’absence du pronom ……………………… 79 3. 2. La subjectivité intégrée dans la collectivité des détenus : nous ………. 82 3. 3. La simultanéité entre le moment de l’instance énonciative et « l’histoire » racontée ……………………………………………………. 84 3. 3. 1. La simultanéité au niveau des verbes ………………………………. 85 3. 3. 2. La simultanéité au niveau des adverbes temporels ………………… 88 3. 4. Le « degré zéro » de la subjectivité …………………………………… 92 3. 5. Conclusion ……………..……………………………………………… 94 Conclusions finales ………………………………………………………... 96 Annexe : Tableau chronologique. La vie de Timsit dans le contexte historique de l’Algérie …………………………………………………….. 101 Bibliographie ……………………………………………………………… 105 1 INTRODUCTION 1. Corpus, objectifs, méthodologie Notre travail se consacre à une analyse pragmatique d’un journal intime issu d’une expérience carcérale. Le corpus est formé du livre de Daniel Timsit, Récits de la longue patience. Journal de prison 1956 – 1962. Nos observations s’appuient aussi sur son autobiographie, Algérie, récit anachronique (1998). Daniel Timsit est un juif d’Alger ; médecin militant pendant la guerre d’Algérie, il a été emprisonné entre 1956 – 1962 en Algérie et en France. Même si un autre livre, Suite baroque (1999), lui a valu le Prix François Billetdoux en 1999, le total de son œuvre n’a pas reçu l’attention critique qu’elle mérite. Le choix d’étudier le livre de Daniel Timsit est motivé par sa structure inédite, qui le situe au croisement de plusieurs genres littéraires. Récits de la longue patience est un journal qui comprend des notes et des lettres écrites en prison, où « l’écriture secrète, patiente, obstinée, tissa jour après jour son filet protecteur » (21)1. Mais il se révèle encore plus intéressant par l’insertion de fragments rédigés par Timsit environ quarante ans après la séquestration, en vue de la publication du journal. Il s’agit de passages insérés dans le corps du journal, de même que de notes en bas de page. L’objectif de notre recherche est de préciser dans quelle mesure l’approche pragmatique contribue à la définition du journal intime et à repérer la position du livre de Daniel Timsit par rapport à ce genre. Notre analyse utilise le modèle d’analyse pragmatique littéraire créé par Marilyn Randall (1990) à l’aide des notions de « convention » et de « présupposé ». Ce modèle convient le mieux parce qu’il permet d’observer le contexte du livre analysé sous deux aspects : le contexte des autres œuvres appartenant au même genre 1 Chaque fois qu’une page apparaît seule entre parenthèses, il s’agit de la page de l’édition consultée pour Récits de la longue patience. Journal de prison 1956 – 1962. Pour les autres écrits de Timsit, nous allons utiliser entre parenthèses le titre court et la page. 2 et le contexte social et politique qui a influencé la relation du texte avec ce genre. C’est ainsi que notre méthodologie consiste en une approche pragmatique, dans laquelle nous allons intégrer une analyse de la structure narrative et des déictiques de la subjectivité. Le linguiste Oswald Ducrot estime que la pragmatique étudie ce qui « tient à la uploads/Litterature/ m-petrescu-le-journal-de-prison-approche-pragmatique.pdf

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