La littérature ou le reflet de la société française Les liens littéraires, hist

La littérature ou le reflet de la société française Les liens littéraires, historiques et sociologiques dans trois romans contemporains : Meurtres pour mémoire, Le gone du Chaâba et Chroniques d’une société annoncée Laura de Haan (s1547828) Mémoire de fin d’études Sous la direction de Mme dr. A.M. Guinoune Département de langues et cultures romanes Université de Groningen, juin 2010 2 Table des matières Introduction 4 I Cadre théorique 7 1 Qu’est-ce que la littérature ? 7 2 Le rôle de la littérature au cours des siècles 10 2.1 Du Moyen Âge à l’Humanisme 10 2.2 Classicismes 14 2.3 Modernités 17 3 Un genre, une approche et leur apport 20 3.1 Un genre : Le roman historique 20 3.2 Une approche : La sociocritique 22 4 Les auteurs 23 II La France dans les années 60 25 1 (Dé)colonisation et perception de l’histoire coloniale 25 1.1 (Dé)colonisation 25 1.2 Perception de l’histoire coloniale en France 28 2 Historique de l’immigration et les réalités sociologiques 30 2.1 Historique de l’immigration 30 2.2 Les réalités sociologiques 32 3 La France partagée 38 3.1 Les immigrés, « Français de branche » 38 3.2 Les Français de souche 48 III La France des années 2000 59 1 Photo sociale des années 2000 59 1.1 A travers les médias 62 1.2 A travers le ressenti des jeunes 66 2 La France à travers « Chroniques d’une société annoncée » 69 2.1 Les protagonistes, jeunes banlieusards « de branche » 69 2.1.1 Le racisme 71 2.1.2 Le désespoir et la folie 75 2.2 Les Français 78 IV Synthèse 83 Conclusion 88 Bibliographie 90 Annexe I : Manifeste Chroniques d'une société annoncée 93 3 Annexe II : Article Le Monde : « Algérie – France : le choc des mémoires 95 – encore » Annexe III : Article Le Monde : « Moi, Mustapha Kessous, journaliste au 97 « Monde » et victime du racisme » 4 Introduction La littérature est l’expression de la société, comme la parole est l’expression de l’homme. Louis de Bonald, Articles du Mercure de France1 Comme le montre cette citation, exprimée au début du XIXe siècle, il y a une forte relation, voire une interaction, entre la littérature et la société. Tous deux sont indissolublement liés, tout comme la parole l’est à l’homme. Bonald montre la corrélation comme quelque chose d’évident. En effet, la littérature se trouve dans la société ; elle y est vendue, lue, étudiée. Elle occupe des rayons de bibliothèques et des horaires d’enseignement et on en parle dans les journaux et à la télévision. On pourra donc dire que la littérature est vécue au quotidien par l’homme civilisé contemporain.2 Au cours des siècles, la société française a changé et évolué. Si au Moyen Âge la majorité du peuple était analphabète, ce phénomène est un tabou dans l’Occident de nos jours.3 Il est pratiquement impossible de vivre dans une société occidentale sans maîtriser l’art de lire. La littérature est devenue disponible pour la majorité des citoyens grâce à l’école, aux médias et aux facilités d’accès. De même que la société, la littérature a changé aussi. Il n’est pas étonnant que l’œuvre de Chrétien de Troyes doit être comprise dans un autre cadre que le travail d’Emile Zola ou de Michel Houellebecq. Tout temps et tout écrivain contiennent leurs propres caractéristiques, mais la littérature est toujours bien vivante, même si elle apparaît sous une autre forme selon les âges. Dans ce mémoire, nous aborderons la littérature des dernières décennies, en particulier celle des années 60 et des années 2000. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, la France a vu l’arrivée des immigrés, dont un nombre considérable d'ex-colonisés, comme des Maghrébins. Ils sont notamment venus pour résoudre le manque de main d’œuvre en France et une grande partie d’entre eux se sont installés pour une plus longue période en France quand le regroupement familial a été permis. Les enfants de ces immigrés, souvent nés en France ou venus dans leur enfance, se trouvent dans une situation complexe, pris entre de deux cultures différentes, la maghrébine à la maison et la française à l’école ou au travail. Même s’ils ont la 1 DE BONALD, L. « Des Anciens et des Modernes », dans Mercure de France, le 20 février 1802. 2 ESCARPIT, R. Le littéraire et le social. Paris, Flammarion, 1970, p.12. 3 GROOT, W. « Analfabetisme blijft een taboe », dans Radio Wereldomroep Nederland, le 7 septembre 2006. http://static.rnw.nl/migratie/www.wereldomroep.nl/actua/nl/samenleving/analfabetisme060907-redirected, consulté le 11 juin 2010. 5 nationalité française et se sentent Français, ils ne sont pas acceptés comme tel, ils portent le poids des préjugés qui ont envahi la société française. Les émeutes dans les banlieues en 2005 ont clairement montré que la « problématique » ne concerne plus seulement un certain groupe dans la société française, mais que la situation géographique est révélatrice du malaise. De nos jours, le mot « banlieue » est devenu presque synonyme de « ghetto ». Dans ce mémoire de fin d’études, nous nous proposons d’examiner l’interaction entre la littérature et la société française des années 60 – quand l’Algérie a obtenu son indépendance – et de nos jours, afin de rendre la problématique à laquelle la France est confrontée plus compréhensible. La question centrale de ce mémoire est : « Comment la littérature reflète-t- elle la société française ? ». Pour y répondre, nous étudions trois romans. Meurtres pour mémoire (1984) aborde la manifestation algérienne du 17 octobre 1961 du point de vue algérien et français. Les personnages peuvent être considérés comme « marginaux », puisqu’ils vivent en marge de la société française, dans des bidonvilles. Les deux autres romans, Le gone du Chaâba (1986) et Chroniques d’une société annoncée (2007) sont également écrits de la perspective des marginaux, des jeunes banlieusards d’origine maghrébine. Les deux premiers ouvrages se déroulent dans les années 60, tandis que les douze nouvelles du dernier roman se passent dans les années 2000. Cette différence de temps nous permet de faire une comparaison entre la situation du passé, quand les immigrés restaient en principe temporairement en France mais devenaient déjà de plus en plus « visibles » dans la société française, et celle du présent, où un Français sur quatre est d’origine étrangère. Avant de commencer l’analyse des romans, nous présenterons un cadre théorique où nous définirons ce qu’est la notion de « littérature » et son rôle au cours des siècles. En effet, afin de comprendre la littérature de nos jours, il est important d’avoir un aperçu de son évolution. Nous insistons également sur le choix du genre et de l’approche des romans et nous aborderons brièvement les auteurs. Ce cadre nous permettra d’analyser l’interaction entre la société française et la littérature à travers les trois romans. Notre analyse constituée de deux parties se déroulera en deux temps. D’abord, nous présenterons la société française des années 60 en insistant sur l’histoire (dé)colonisatrice de la France et sa perception, ainsi que l’historique des immigrés en France et notamment ses réalités sociologiques. Puis, nous analyserons Meurtres pour mémoire et Le gone du Chaâba pour saisir le regard que les Français et les Algériens portent sur la société française. Dans notre troisième chapitre, nous étudierons la société française des années 2000 à travers les médias et le ressenti des jeunes. 6 Ces paragraphes nous permettront ensuite d’analyser Chroniques d’une société annoncée, où nous mettrons l’accent sur la perception de la France par les Français et par les jeunes banlieusards d’origine maghrébine, où les thèmes centraux sont le racisme, le désespoir et la folie. Après cette analyse, la synthèse éclaircira le message des auteurs en insistant sur le choix des personnages et des genres et sur l’emploi du langage. Le but de notre mémoire est de démontrer comment et à quel point la littérature est en relation avec la société et quels rôles elle remplit. Nous verrons que la littérature est un reflet de la société et qu’elle l’enrichit. 7 I Cadre théorique 1. Qu’est-ce que la littérature ? Le concept de littérature remonte à l’Antiquité, où elle était déjà étudiée par les Grecs et les Romains. Les idées sur cette forme d’art ont pourtant fortement changé au cours des siècles. Ainsi, Platon chassait encore les poètes de sa république et trouvait que la littérature était un art impur. C’est vrai qu’elle est différente des autres arts en ce qu’elle produit une écriture, un agencement de lettres, de mots, de phrases. Chacun de ces éléments est à la fois chose et signification. Ceci à la différence des autres arts, qui produisent des concepts qui sont directement perçus par les sens et interprétés par la conscience.4 Au XXe siècle, Jean-Paul Sartre a illustré cette conception en prenant pour exemple la création d’une maison chez un écrivain et chez un peintre. D’après lui, le peintre est uniquement capable de présenter une maison ; à nous la tâche d’interpréter sa maison et d’y voir ce que nous voulons. En revanche, si l’écrivain décrit un taudis, il symbolise des injustices sociales. Contrairement à l’écrivain, le peintre est uploads/Litterature/ ma-1547828-l-a-de-haan.pdf

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