EXPLICATION DE TEXTE : Marivaux, L’Ile des esclaves, scène X (extrait), 1725 NB
EXPLICATION DE TEXTE : Marivaux, L’Ile des esclaves, scène X (extrait), 1725 NB : en rouge, les grandes étapes obligatoires de l’exposé ELEMENTS POUR L’INTRODUCTION : 1) CONTEXTUALISATION LITTERAIRE : - Principe du changement de costume entre maîtres et valets souvent exploité au TH : mettre en sc le ridicule des maîtres + caricaturer les maladresses des valets, reflets des défauts de leurs maîtres. - Marivaux, moraliste, romancier et journaliste, spectateur du monde changeant du début du XVIII° siècle, va épanouir son talent dans le renouvellement de la comédie. Dramaturge fasciné par les Comédiens -Italiens dont il apprécie le jeu, il connaît son premier succès théâtral sous la Régence et s’empare du personnage – type d’Arlequin, zanni ingénu (CF FICHE SUR VALET DE COMMEDIA DELL’ARTE) - L’Ile des esclaves, comédie sociale et philosophique, est jouée au Théâtre des Italiens en 1725 et connaît le succès ; les spectateurs sont invités à saisir le caractère injuste et factice de la société grâce à une utopie : les descendants d’esclaves grecs y ont créé une république égalitaire ; à la suite d’un naufrage, les rescapés, maîtres et serviteurs, vont découvrir une nouvelle forme de gouvernement et doivent suivre une leçon d’humanité en échangeant leurs costumes et leurs conditions pour se mettre à la place de l’autre. 2) PRESENTATION DU TEXTE : - Dans l’avant-dernière scène de cet unique acte, Arlequin vient de pardonner à son maître Iphicrate et a repris son costume de valet, restaurant ainsi la grande complicité des deux hommes. Or, Cléanthis, dont le ressentiment à l’égard de sa maîtresse Euphrosine est bien plus fort, prend violemment à parti le couple des maîtres. La tirade que nous allons étudier représente le paroxysme de sa colère et la conduire au terme de la crise. RAPPEL : LA LECTURE EXPRESSIVE A VOIX HAUTE SE FAIT A CETTE ETAPE ! 3) PROBLEMATIQUE : comment le spectateur est-il invité à s’interroger sur l’injustice des inégalités sociales dans cette scène ? EXPLICATION DE TEXTE LIGNES 1 à 6 : la fausse réconciliation entre maîtres et valets - L 1 : Arlequin, le personnage de la réconciliation : il fait un plaidoyer final (connecteur conclusif « enfin ») en faveur de la valeur ultime, l’humanité que partagent maîtres et valets : « homme de bien » + question interro-négative « n’est-ce pas là » qui en souligne la dimension morale : « beau projet » - L 2 : prise de distance avec les comportements sociaux blâmables antérieurs : le terme « sottises » atténue la portée des inégalités et les réduit à des actes futiles et dépourvus d’intelligence. + appel à la repentance générale : parallélismes répétés qui mettent sur le même plan valets et maîtres (en fonction sujet ou objet) = répétition du verbe repentir dans des propositions indépendantes juxtaposées : « je me repens/ lui des siennes/ repentez-vous des vôtres/ Madame se repentira » - L 3 – 4 : Arlequin, zanni de la commedia dell’arte : personnage-type traditionnellement ingénu, il révèle sa naïveté dans la formule exclamative « vive l’honneur après ! ». Sa candeur lui fait espérer une réconciliation générale et mutuelle : expression enfantine « quatre beaux repentirs » + image édifiante des pleurs, « nous ferons pleurer ». Marivaux s’inspire des « comédies larmoyantes » (tel est leur nom) pathétiques avec dénouement sentimental et moral accompagné d’une profusion de larmes ! - L 5 : Euphrosine, la maîtresse autoritaire : (selon étymologie grecque, pleine de gaieté) : elle se hâte d’exploiter les bonnes résolutions d’Arlequin pour inviter sa servante à l’imiter = « quel exemple pour vous » + apostrophe « ma chère Cléanthis » qui masque mal sous l’expression affectueuse l’injonction à obéir. - L 6 : Iphicrate, le maître ému (selon étymologie grecque, qui commande par la force) : adopte une formulation qui prouve qu’il a compris la leçon : « quel exemple pour nous » ; volonté de tirer les leçons pour lui-même et sa classe sociale (pronom personnel « nous » qui englobe Euphrosine). Cette leçon ne fait pas seulement appel à la raison mais aussi à l’émotion : lexique du sentiment, « j’en suis tout pénétré ». - + effet de contraste avec Euphrosine : parallélisme exclamatif « quel exemple pour vous/ quel exemple pour nous » à la différence que l’une dit « vous « (excluant) et l’autre « nous » (incluant) LIGNES 7 à 22 : le réquisitoire de Cléanthis = cette tirade rompt avec les répliques courtes qui précèdent = signe de la volonté de la servante d’exposer ses griefs - L 7 à 10 : la virulente dénonciation des maîtres : ton véhément et polémique = interjection « ah » + antiphrase « beaux exemples », expression reprise aux trois personnages précédents (Arlequin avec « beaux repentirs » et les maîtres avec « exemple ») + répétition anaphorique du présentatif « voilà » qui donne de la force à l’attaque de la phrase - Utilisation du pronom personnel « nous » : Cléanthis inclut Arlequin mais elle recourt aussi au pluriel de majesté car elle conserve au début de la tirade son ancien rôle de maîtresse : « nos gens » pour parler d’Euphrosine et d’Iphicrate comme s’ils étaient encore des domestiques. - La maltraitance des maîtres : énumération critique de cinq propositions subordonnées relatives déterminatives qui caractérisent le comportement inique et brutal des maîtres envers leurs domestiques : « qui nous méprisent […] qui font les fiers […] qui nous maltraitent et qui nous regardent […] et puis qui sont trop heureux » ; le « nous » renvoie désormais au peuple des domestiques auquel appartient Cléanthis, comparé au plus bas des animaux, le ver de terre (l 9). - L 10 : les abus des maîtres : leur manque d’honnêteté s’exprime par l’antithèse « méprisent […] maltraitent …] regardent comme des vers de terre » // « qui sont trop heureux » + comparaison hyperbolique « cent fois plus honnêtes gens qu’eux » (notons le système de rimes ici appelées homéotéleutes, mots qui se terminent par un même phonème, comme « fiers/ vers de terre ») - L 10 à 15 : la remise en question des privilèges : la vertu est proportionnellement inverse à la richesse : sévère jugement moral de Cléanthis, adjectif « vilain » (= vil) + interjection « fi » = dépit. L’accumulation « de l’or, l’argent, et des dignités » est mise au même plan que le « mérite » pour mieux dénoncer les privilèges des nobles liés à la naissance. - L’interrogatoire serré de Cléanthis : adresses directes aux maîtres et interpellations par le pronom « vous » : accusations par l’accumulation de questions rhétoriques courtes et totale ou partielles, auxquelles Cléanthis répond elle-même à la négative : « Riche ? non ; noble ? non ; grand seigneur ? point du tout » pour mieux souligner l’inutile valeur accordée aux richesses et au rang. - L 15 à 22 : le plaidoyer de Cléanthis en faveur du peuple des domestiques : les vraies valeurs humaines sont livrées dans la dernière partie de l’argumentation = maxime au présent de vérité générale « il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison » (les piliers des valeurs humanistes des Lumières) ; - + définition de l’honnête homme soulignée par l’anaphore du présentatif « voilà » qui rythme le début de chaque proposition juxtaposée : « voilà ce qu’il nous faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu’un homme est plus qu’un autre ». Cette définition s’oppose à l’expression ironique « messieurs les honnêtes gens du monde ». (= antiphrase) - L 19 à 22 : la voie de la réconciliation avec les maîtres : sa bonté se révèle à la fin de la tirade et elle semble accepter de pardonner = le parallélisme « tout riches que vous êtes » (= (proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de concession) // « tout pauvres qu’ils sont ». Notons le passage du pronom « nous » à la 3° personne, « à des pauvres gens », « tout pauvres qu’ils sont » = universalité de la condition de domestique - + Cléanthis rappelle en guise de conclusion sa dure condition sociale: la gradation « offensés, maltraités, accablés » présente une forme très lyrique (à nouveau système de « rimes intérieures » et rythme ternaire en 3/3/3) ; si elle est prête à la réconciliation, elle ne veut pas oublier : valeur injonctive des impératifs « faites les superbes », « Allez ! vous devriez mourir de honte » . L 23 à 24 : le retour à la comédie : le personnage d’Arlequin restaure le ton comique de la pièce par le biais de l’expression familière « m’amie » et par son souci de se réconcilier sans conditions ni réticences : parallélisme « sans le reprocher », « sans dire d’injures » ELEMENTS POUR LA CONCLUSION : (je souhaite qu’elle vous soit personnelle, afin d’éviter à tout prix uploads/Litterature/ marivaux-explication-de-texte.pdf
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- Publié le Mai 12, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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