« Cela ne cesse de me faire une impression singulière de voir que les histoires

« Cela ne cesse de me faire une impression singulière de voir que les histoires de malades que j’écris se lisent comme des nouvelles. » La psychanalyse repose en grande partie sur cinq cas célèbres : Dora, Le Petit Hans, L’Homme aux rats, L’Homme aux loups, et Le Président Schreber. Un jeune homme victime d’étranges hallucinations, un autre hanté par un horrible supplice chinois, une jeune fille manipulée et abusée par son père, un garçon paniqué par les chevaux… Chacun incarne une notion clé : l’hystérie, la phobie, l’obsession, la castration, la paranoïa. Freud les a regroupés dans ce livre publié, à l’origine, en 1935 chez Denoël et qui, depuis lors, a marqué, charmé et inspiré des générations de thérapeutes et d’étudiants, en particulier grâce à la puissance narrative de ces histoires. Sigmund Freud Cinq psychanalyses Dora, Le petit Hans, L’homme aux rats, Le président Schreber, L’homme aux loups Traduction inédite de l’allemand par Cédric Cohen Skalli et Olivier Mannoni Préfaces de Sylvie Pons-Nicolas, Sébastien Smirou, Jean Triol, Denis Pelletier et Frédérique Debout ÉDITIONS PAYOT & RIVAGES www.payot-rivages.fr Conception graphique de la couverture : Sara Deux ; illustration : © Costa/Leemage Conseiller scientifique : Gisèle Harrus-Révidi © Éditions Payot & Rivages, 2010, 2011 pour les traductions françaises et les préfaces et 2017 pour la présente édition ISBN : 978-2-228-91736-0 Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gracieux ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Préface éditoriale (2017) « Freud ressemble fort à un enfant précoce. » Henri MICHAUX 1 Le 10 avril 1930, tandis que Freud publie à V ienne Malaise dans la civilisation et s’apprête à recevoir le prix Goethe, un jeune éditeur belge, Robert Denoël, et un riche dilettante américain, Bernard Steele, créent à Paris les Éditions Denoël et Steele. Ils n’ont pas trente ans. Pendant plus de six ans 2, ils vont éditer ensemble des auteurs comme Artaud, Céline, Aragon, enchaîner les prix littéraires, et s’inscrire en rivaux de Gallimard. Si Denoël possède « une intelligence très pointue, une incontestable ouverture d’esprit 3 », Steele est plutôt « raffiné et malheureux », comme le note dans son Journal Anaïs Nin, qui le rencontrera en 1933, alors qu’il soutient financièrement le Théâtre de la Cruauté d’Artaud. C’est en partie grâce à lui que cette toute jeune maison lance, à partir de 1931, la « Bibliothèque psychanalytique 4 », une nouvelle collection proposée et dirigée par un psychiatre et psychanalyste de trente-sept ans, René Laforgue, associé à René Allendy, un médecin psychanalyste qui compte parmi ses patients René Crevel, Anaïs Nin et Antonin Artaud. La collection accueillera une abondante production psychanalytique, dont des livres d’Otto Rank et Anna Freud, et surtout quatre ouvrages importants de Freud lui-même. Passionné de psychanalyse comme, à l’époque, de nombreux autres hommes de lettres et écrivains (que l’on songe aux Surréalistes, à l’éditeur Bernard Grasset, ou encore à Georges Bataille et Michel Leiris qui firent une analyse, l’un vers 1925, l’autre à la fin 1929), Bernard Steele appartient au fameux « Club des Piqués », surnom que se donnaient les patients de Laforgue qui se retrouvaient, l’été, dans la propriété que ce dernier possédait dans le V ar 5. Avec Marie Bonaparte, mécène et inlassable promotrice de la psychanalyse qui, comme lui, dialogue directement avec Freud, René Laforgue s’active alors pour implanter durablement cette discipline en France, cofondant en 1926 la Société psychanalytique de Paris, puis lançant en 1927 la Revue française de psychanalyse. Or, en 1930, l’œuvre de Freud en France est publiée principalement par deux maisons 6 : Payot, l’éditeur des premiers textes, et Gallimard. Ayant déjà fort à faire avec la parution prochaine du Mot d’esprit et du Délire et le rêve dans « La Gradiva » de Jensen, Gallimard choisit de refuser, le 26 juillet, la « traduction de l’ouvrage de Freud intitulé Cinq psychanalyses », puis, le 20 février 1931, celle de L’A venir d’une illusion. C’est ainsi que Denoël et Steele, non seulement récupère en 1931 la Revue française de psychanalyse, auparavant diffusée par Doin, mais publie, en 1932, L’A venir d’une illusion ; en 1933, On bat un enfant ; en 1934, Malaise dans la civilisation ; et pour finir, en juin 1935, Cinq psychanalyses 7. L ’ouvrage comprend cinq récits psychanalytiques traduits par Marie Bonaparte et Rudolph Loewenstein : « Dora », « Le petit Hans », « L ’homme aux rats », « Le président Schreber » et « L ’homme aux loups », les quatre premiers ayant déjà paru dans la Revue française de psychanalyse entre 1928 et 1932. Freud les avaient rassemblés en 1924 dans le tome VIII (« Krankengeschichten ») de ses Gesammelte Schriften, et, sous la direction d’Ernest Jones, ils avaient été traduits en 1925 par Alix et James Strachey dans le volume III (« Case Histories ») des Collected Papers de Freud chez Hogarth Press. La présente édition reprend les nouvelles traductions faites chez Payot en 2010 et 2011 par Cédric Cohen Skalli et Olivier Mannoni. Chaque texte est précédé d’une note éditoriale et d’une préface substantielle qui le met en valeur. Deux textes supplémentaires figurent également dans ce livre, l’un de 1896, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense », en annexe à L’Homme aux rats, et l’autre de 1907, « Sur l’éducation sexuelle des enfants 8 », en annexe au Petit Hans. 1. Henri Michaux, « Réflexions qui ne sont pas étrangères à Freud » , Le Disque vert, juin 1924, p. 149-151, cité par Alain de Mijolla, Freud et la France : 1885-1945, Paris, PUF, 2010, p. 274. V oir Elisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, 2 vol., Paris, Fayard, 1994. 2. Bernard Steele et sa mère, Béatrice Hirshon, qui était entrée au capital en 1932, se retireront de l’affaire en décembre 1936, principalement à cause de l’antisémitisme de Céline. 3. Pierre Assouline, Gaston Gallimard : un siècle d’édition française, Paris, Balland, 1984, p. 200. 4. Cette collection avait failli voir le jour, au début des années 1920, chez Payot. V oir Alain de Mijolla, « L’édition française des œuvres de Freud avant 1940. Autour de quelques documents nouveaux » , Revue internationale d’histoire de la psychanalyse, 4, 1991, p. 227 et p. 229. 5. Le beau-frère de Robert Denoël, Billy Ritchie-Fallon, en faisait aussi partie, de même que, vers 1934-1935, Françoise Dolto. 6. Le troisième éditeur, la Librairie Félix Alcan, possède à son catalogue, depuis 1926, un seul ouvrage de Freud : La Science des rêves (intitulé à partir de 1967 L’Interprétation des rêves). Alcan fusionnera en 1934 avec les Presses universitaires de France, lesquelles deviendront, après la guerre, l’un des trois éditeurs de Freud. 7. Malgré son premier refus de 1931, Gallimard a bien tenté, en mars 1933, d’obtenir le droit de publier séparément chacun de ces récits, mais Martin Freud lui a signifié l’opposition de son père à ce projet. V oir Alain de Mijolla, Freud et la France, op. cit., p. 596-597. Après Cinq psychanalyses, il n’y aura plus d’autres livres de Freud chez Denoël et Steele, ni d’ailleurs chez Denoël. Le livre reparaîtra, aux PUF, en 1954. 8. Dans une traduction d’Aline Weill. Dora Fragment d’une analyse d’hystérie Traduit de l’allemand par Cédric Cohen Skalli LES ÉDITIONS DE DORA Éditions allemandes 1905 « Bruchstück einer Hysterie-Analyse », Monatsschrift für Psychiatrie und Neurologie, 18 (4-5), p. 408-467. 1909 Sammlung kleiner Schriften zur Neurosenlehre, 2, Deuticke, rééd. en 1912 et 1921. 1924 Gesammelte Schriften, t. VIII, Internationaler Psychoanalytische V erlag, p. 3-126. 1932 Vier Psychoanalytische Krankengeschichten, Internationaler Psychoanalytische V erlag, p. 5-141. 1942 Gesammelte Werke, t. V , Imago, p. 163-286. 1971 Studienausgabe, t. VI, S. Fischer, p. 87-186. Traductions françaises 1928 « Fragments d’une analyse d’hystérie (Dora) », trad. M. Bonaparte et R.M. Loewenstein, Revue française de psychanalyse, 2 (1), p. 1- 112 ; traduction reprise en 1935 dans Cinq psychanalyses, chez Denoël & Steele ; puis en 1954 aux PUF. 2006 Dora. Fragment d’une analyse d’hystérie, trad. F. Kahn et F. Robert, préface de F. Robert, PUF ; repris en 2008 dans Cinq psychanalyses. 2010 Dora. Fragment d’une analyse d’hystérie, trad. C. Cohen Skalli, préface de S. Pons-Nicolas, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot ». Traductions anglaises 1925 Fragment of an Analysis of a Case of Hyteria, trad. J. Riviere et J. Strachey, in Collected Papers, t. III, Hogarth Press, p. 13-146 ; repris en 1953 dans la Standard Edition, t. VII, p. 7-122. 2007 Fragment of an Analysis of a Case of Hysteria, in Psychology of Love, trad. S. Whiteside, Penguin Classics. Préface Dora « la suçoteuse » par Sylvie Pons-Nicolas Le cas « Dora », publié en 1905, est l’un des cinq grands cas uploads/Litterature/ petite-bibliotheque-payot-classiques-sigmund-freud-cinq-psychanalyses-payot-2017.pdf

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