Melancholia Littérature et psychanalyse Melancholia Marie Blaise (dir.) DOI : 1

Melancholia Littérature et psychanalyse Melancholia Marie Blaise (dir.) DOI : 10.4000/books.pulm.1467 Éditeur : Presses universitaires de la Méditerranée Année d'édition : 1999 Date de mise en ligne : 1 août 2017 Collection : Collection des littératures ISBN électronique : 9782367812311 http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782842693299 Nombre de pages : 218 Référence électronique BLAISE, Marie (dir.). Melancholia : Littérature et psychanalyse. Nouvelle édition [en ligne]. Montpellier : Presses universitaires de la Méditerranée, 1999 (généré le 19 avril 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pulm/1467>. ISBN : 9782367812311. DOI : 10.4000/books.pulm.1467. Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères. © Presses universitaires de la Méditerranée, 1999 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 Au cours de l'histoire, Melancholia s'est déjà présen tée comme figure du destin mais, dans les mises en scène de l'absence auxquelles l'art nous a accoutumés, la mélancolie est peut-être aujourd'hui, de manière plus spécifique encore, la figure qui permet de saisir la problématique du déclin, à travers toutes les représentations d'un monde désinvesti, dans lequel le travail du deuil - de la culture, de la bonté, de la beauté.... - ne semble plus devoir trouver une fin. 1 SOMMAIRE Argument Marie Blaise Des terres gastes Marie Blaise Mélancolie et littérature Mélancolie et crise des représentatons L’objet perdu Dissociation et dé-personnalisation Orphée Moby Dick Job Le roman du graal The waste land Tragédie et mélancolie Juliette Vion-Dury L’Art de ne pas vivre Le Sentiment mélancolique de la vie Ce qui manque à la mélancolie pour être un art ou une pensée L’acédie, une forme de mélancolie Statut de l’objet et du moi, et possibilité d’action créatrice Roger Garoux Introduction Conclusions Les souffrances du jeune Werther Henri Rey-Flaud I. L’ANE ROUGE II. L’INAPTITUDE À LA DEPRESSION Conclusion III. L’INAPTITUDE A LA MORT Le moine mélancolique ou comment faire le deuil de Dieu Jean-Daniel Causse Introduction Approche théologique de l’acédie La thérapie du moine « Le temps est disloqué » ou la temporalité mélancolique Alenka Zupancic L’oméga mélancolique (Mélancolie et allégorie au XIXe siècle) Pierre Citti et Annie Mandon Le masque de la Mélancolie (Pierre Citti) « EFFET DE NUIT » (Annie Mandon) Mélancolie et histoire (Pierre Citti) Masques de la mélancolie chez Kierkegaard Pascal Gabellone Le « grand écart » mélancolique Naître à la mélancolie Le cheminement et le saut De la mélancolie à l’œuvre Riccardo Pineri 2 Violence et mélancolie : sur les ruines de l’autre Nancy Blake Deuil pathologique ou mélancolie Marie Jejcic 1) Temps de deuil 2) La tragédie 3) De la nature de l’ombre 4) Le Symptôme 5) Reniement 6) Transitivisme et Moi idéal 7) Remords 8) Du fantôme à l’Idéal du moi 9) Suicide de l’objet 10) L’étoile noire L’étrange défaite du Pilote de guerre de Saint-Exupéry Un discours mélancolique sur une drôle de guerre Marie-France Borot I L’étrange défaite II L’homme défait III L’ombre de das Ding 3 Argument Marie Blaise 1 Au moment où Freud invente la psychanalyse, l’hystérie, dernier avatar du « mal du siècle » romantique, peuple les asiles et la littérature se veut « décadentiste » et « symboliste ». Aujourd’hui c’est la dépression que l’on appelle « mal du siècle » et nous serions « post-modernes », autrement dit sans contemporain. 2 Au cours de l’histoire, Melancholia s’est déjà présentée comme figure du destin mais, dans les mises en scène de l’absence auxquelles l’art nous a accoutumés, la mélancolie constitue peut-être aujourd’hui, de manière plus spécifique encore, la figure qui permet de saisir la problématique du déclin à travers toutes les représentations d’un monde désinvesti dans lequel le travail du deuil — de la culture, de la bonté, de la beauté... — ne semble plus devoir trouver une fin. 3 Dans la mélancolie, selon la théorie freudienne, la libido se retire d’une partie de l’objet pour être reportée sur le moi. En psychanalyse, la réflexion sur la mélancolie induit la question du statut de l’objet en même temps que celle de la relation d’objet. Deuil et Mélancolie est à la fois l’un des rares textes où Freud pose le problème de la relation d’objet au sens moderne du terme — c’est-à-dire celui de la relation du sujet avec son monde — et l’un des textes qu’il conçoit comme préliminaires à l’élaboration d’une métapsychologie. 4 La poésie moderne opère sur un objet qu’elle ne peut signifier dans sa globalité — ou même, avec Mallarmé, sur un objet absent. Les processus de déliaison et de retournement de la libido que suppose la mélancolie se retrouvent dans l’art contemporain dont c’est devenu un lieu commun que de dire qu’il s’est constitué de et dans la perte de l’objet et de l’auteur. Poétique du non-fini; mouvement métonymique qui propose le fragment plutôt que des formes du tout; « transférances », plutôt que métaphores, qui remplacent un nom par un autre, un rapport à l’objet par un rapport à un autre objet; multiplication des représentations ou multiplicité de points de vue; l’ensemble sans effet d’ordre: tout cela induit un rapport particulier à la représentation. Pour le dire autrement, c’est la prévalence d’une relation d’objet particulière qui s’exprime là, dont les rapports avec cette autre qui la supporte — la sublimation — demandent à être questionnés, d’autant 4 que la « mélancolie » s’étend aussi à la critique d’art en général depuis ce qu’on appelle le « post-moderne ». 5 Les articles qui suivent constituent les Actes du colloque international du C.N.R.S. : « Melancholia : Littérature et psychanalyse », organisé dans le cadre du G.D.R. 1121 « Ethique et Esthétique en Psychanalyse », à l’Université Paul-Valéry, Montpellier III, les 3 et 4 décembre 1998. 5 Des terres gastes Marie Blaise « Pour moi, dit Mallarmé à Jules Huret, le cas d’un poëte, en cette société qui ne lui permet pas de vivre, c’est le cas d’un homme qui s’isole pour sculpter son propre tombeau. »1 1 La mélancolie, telle qu’elle est pensée par la psychanalyse, manifeste certains modes d’organisation de la relation d’objet, autrement dit et dans un autre champ, elle témoigne de modalités précises de la relation d’un sujet au monde. Grossièrement définis, ces modes d’organisations semblent correspondre à ceux que la « crise des représentations » du XIXe siècle a fait apparaître dans l’œuvre d’art et en particulier en littérature. 2 Devant une telle constatation, il y a deux attitudes possibles : la première consiste à analyser ce qui se produit dans l’art comme une sorte de symptôme d’une civilisation en crise, voire même sur son déclin, et une appréhension simple de la « métapsychologie » au sens freudien semble y inviter. Mais on fait ainsi l’économie de la question de l’œuvre. La seconde attitude pourrait être justement de poser la question de l’œuvre au regard de cette observation. En effet, l’œuvre d’art ne reproduit pas simplement le malaise d’une culture en crise ni la glorieuse apogée d’une civilisation, même si elle en témoigne : elle est, plus précisément, le lieu d’un nouage entre éthique et esthétique qui fonde la possibilité même de la culture. Or, si les grandes œuvres du XIXe siècle semblent participer d’une organisation mélancolique, il n’en demeure pas moins qu’elles revendiquent aussi de constituer un nouveau rapport à l’objet et, dans la traversée de la mélancolie, d’offrir à l’homme la possibilité de la construction du lieu, c’est-à-dire celle de s’arrimer, à travers l’épreuve de lui-même, au système des représentations. Cela seul devrait déjà intéresser la psychanalyse. L’idée qu’un tel nouage puisse s’effectuer dans l’œuvre elle-même a traversé notre siècle mais il existe un texte dont c’est là la tentative avouée. Selon James Joyce, il a inauguré le XXe siècle. Il s’agit de The Waste Land, de T.S. Eliot, titre que Pierre Leyris traduit très justement par La Terre Vaine dans lequel on entend résonner le verset fameux de l’Ecclésiaste : « Vanité des Vanités, tout est Vanité », formule modèle de la mélancolie. 6 3 Le poème est l’une des ultimes versions du cycle du Graal qu’Eliot prend par le biais en général négligé de la terre « gaste ». Le mot, qui a donné « waste » en anglais, désigne, dans les romans courtois, de ces lieux frappés d’une stérilité fondamentale qui n’est due à aucune catastrophe physique. Le printemps peut y exploser comme partout ailleurs, et c’est ainsi que le Conte du Graal, qui offre, lui, la première version de l’histoire, commence par la figure classique de la reverdie tout en présentant son personnage, qui n’a pas encore de nom, comme « le fils à la veve dame/de la gaste forêt soutaine2 ». La célèbre leçon du Conte est que, pour redonner du sens à cette terre « dévastée », il faut être capable de poser des questions. 4 Comment le poème d’Eliot prétend, par sa composition même, nouer la place d’un désir seul capable de relancer le système des représentations – qui n’est plus qu’« un amas d’images brisées sur lesquelles frappe le soleil »3 – en donnant la reverdie du graal, fera l’objet de notre uploads/Litterature/ melancholia-litterature-et-psychanalyse.pdf

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