Mes conversations avec Jiddu Krishnamurti 1975 – 1986 Par Ruben Ernesto Feldman
Mes conversations avec Jiddu Krishnamurti 1975 – 1986 Par Ruben Ernesto Feldman Gonzalez Mes conversations avec Krishnamurti – Ruben Feldman-Gonzalez 2 Prologue Durant mes rencontres, beaucoup de gens m'ont demandé d'écrire mes dialogues avec Krishnamurti, même tout en sachant que je ne les retrouverais que de mémoire, car seulement quelques uns ont été enregistrés. C'est ainsi que j'ai commencé à réfléchir à rédiger au moins certains de mes souvenirs. Néanmoins, quelques autres amis ont estimé qu'il était inutile d'écrire mes mémoires puisque Krishnamurti avait effectué un si beau travail de l'exposition de la vie et de la vérité pour l'humanité avec ses propres livres, vidéos et enregistrements audio. J'ai écrit mes mémoires pour moi-même, par amour pour Krishnamurti. Elles n'ajoutent rien à l'enseignement de Krishnamurti. J'espère que ceux qui liront Mes dialogues avec Krishnamurti ressentiront la nécessité de lire Krishnamurti lui-même. J'ai presque cessé de lire, et lorsque je le fait, c'est uniquement pour lire de Krishnamurti le Journal, Commentaires sur la vie, et les Oeuvres complètes de Krishnamurti (17 volumes, Kendall-Hunt, 1933-1967) L'auteur a écrit ce livre, sur la demande de ses amis, initialement en Anglais, afin d'être plus authentique pour citer Jiddu Krishnamurti dans les dialogues. La langue maternelle de l'auteur est l'Espagnol. Mes conversations avec Krishnamurti – Ruben Feldman-Gonzalez 3 Le dernier entretien public Le dernier entretien publique s'est tenu seulement deux mois avant sa mort, à Madras en Inde. La brise jouait avec ses longs cheveux blancs. Il avait quatre-vingt dix ans. On entendait beaucoup d'oiseaux gazouillant et produisant différents bruits, comme cela arrive habituellement pendant les entretiens publics donnés par Krishnamurti. Entre le gazouillis des oiseaux, sa voix résonnait fortement et très clairement : « Où allons-nous ? Avez-vous jamais demandé où allons-nous, peu importe ce que disent les pauvres livres, et peu importe à quel point ils sont sacrés ? » Il se demanda s'il existait autre chose dans la vie au-delà de faire de l'argent et d'impressionner autrui. Il demanda comment nous pouvions vivre dans ce monde sans devenir cynique. Existe-t-il une différence entre le cerveau et l'esprit, entre la pensée et l'esprit ? Il a dit que le cerveau ne peut pas communiquer avec l’Esprit, mais que l'inverse est possible. Krishnamurti a comparé le cerveau à un ordinateur. L'ordinateur est le résultat d'un programme, mais il peut créer des programmes similaires. « Qu'êtes-vous, Messieurs ? » a-t-il demandé. Il a dit que nous sommes tous piégés dans la « machine cérébrale », qui crée les programmes d'être Russe, Américain, Catholique, Protestant, Musulman et Juif, etc. Il a dit que l'invention n'est pas la création. J'ai rencontré David Bohm en 1987 à Ojai, en Californie. Nous avons discuté de ce sujet. Le processus génétique qui crée la forme de l'organisme et du cerveau est une création simultanée (holokinésie). Ensuite le cerveau apprend, invente et mémorise, et sur la base de cette mémoire il opère et prédit. Ce mouvement de mémoire est à l'intérieur de la création. Nous avons discuté de la relation entre « holokinésie » et « création ». Originellement, dans l'écriture humaine, la « méditation » était l'absolu silence qui permet la communication entre l'esprit et la création. A notre époque, la « méditation » est devenue un groupe de techniques et de « méthodes » inventé par la mémoire et la connaissance dans le but déclaré de nous libérer de la pensée. Krishnamurti s'est demandé ceci, dans son dernier entretien public : « Existe-t-il une perception sans mesure, sans comparaison, sans récompense ou punition ? » « Existe-t-il une méditation qui n'a rien à voir avec l'effort ou la volonté ? » « Cette méditation n'est pas une auto-illusion, ce n'est pas un programme, ce n'est pas de l'auto-hypnose ». « C'est le silence absolu, sans la volonté d'accomplir quoi que ce soit ». « Si je décrivais cette méditation, ma description ne rendrait pas ce que c'est ». « Il occupe un espace infini ». « Messieurs, votre cerveau est-il à ce point silencieux et apaisé ? » « Mais non apaisé par des drogues, l'alcool ou les croyances. » Mes conversations avec Krishnamurti – Ruben Feldman-Gonzalez 4 « L'apaisement de la satisfaction n'est pas apaisement ». « Ce silence peut prendre contact avec la création dès maintenant, avec la vie qui émerge à ce moment- même de la création ». « le souhait d'obtenir ce silence est une autre invention de la « machine cérébrale ». « Ceci est trop sérieux pour que vous jouiez avec ! » « Qu'est-ce que la création, de laquelle naît l'oiseau, l'oiseau que le cerveau ne peut inventer ? » « La création est ce qu'il y a de plus sacré. Elle se trouve dans un absolu silence ». « Si vous gâchez votre vie, changez la aujourd'hui, pas demain ! » « Si votre vie est en désordre, ce n'est pas possible d'entrer dans le monde de la création ». Ce furent les derniers mots que Krishnamurti a dit en public. Mes conversations avec Krishnamurti – Ruben Feldman-Gonzalez 5 En regardant vers le nord Les contradictions politiques en Argentine avaient toujours été importantes. Elles atteignirent néanmoins un de leurs plus hauts degré à la fin d'août 1972. A cette période un groupe de guérilleros gauchistes, hommes et femmes, furent tués en prison à Trelew-Argentina, et je fus horrifié d'entendre que l'un d'entre eux avait été un ami de la famille. Je commençais à recevoir des appels téléphoniques me sommant de prendre part dans le combat armé : « Si tu n'est pas pour la gauche, tu es pour la droite », m'avait dit une voix d'homme avant de raccrocher pendant que je prenais soin d'un nouveau-né à Villada, en Argentine, le 23 août 1972. Le jour suivant, j'allais à Buenos Aires pour obtenir un visa pour les USA. Si l'homme perd tout respect pour la vie, nous sommes tous en danger. L'homme devient son propre bourreau. Ce n'est qu'après deux ans que j'obtins un visa temporaire pour entrer aux USA. Chaque Argentin était suspect à cette époque. Je fis halte à Puerto Rico. Il y avait un homme que je voulais voir : Enrique Biascoechea. Je le rencontrais. Il était mourant. Il avait été un ami de Krishnamurti depuis l'âge de neuf ans. Il écrivit une lettre à Krishnamurti, lui disant que j'avais laissé derrière moi mes parents, deux fils en bas âge, possessions, amis, profession, confort et statut pour voyager et le rencontrer. C'était en juin 1974. Enrique mourut en novembre 1974. Après avoir atteint les USA, je me trouvai bientôt à travailler 16 heures par jour comme médecin résident en Pennsylvanie. J'avais besoin d'un dictionnaire pour dicter mes notes. Sur les huit heures restantes de la journée, j'en passais quatre au sous-sol à étudier la médecine en anglais pour revalider mon diplôme. Je dormais trois ou quatre heures par jour, et mangeais une seule fois par jour, prenant du café le matin et encore au déjeuner, simplement pour me tenir éveillé. Parfois je me demande comment mon corps a pu soutenir tant d'abus ! Je reçus des lettres d'Argentine : « Misère pour ma famille, et mes amis continuaient de disparaître. » J'avais perdu l'espoir de rencontrer Krishnamurti quand je reçus une lettre de Madame Zimbalist, datée du 5 janvier 1975 à Ojai, Californie, m'indiquant que j'aurais une entrevue personnelle avec Krishnamurti le 23 mars à 16 heure à l'hôtel Huntington de San Francisco, en Californie. Madame Zimbalist a offert son temps à Krishnamurti comme secrétaire dévouée. Elle est la veuve du défunt Sam Zimbalist qui avait produit le célèbre film Ben Hur. A 16 heures le 23 mars 1975 précises, je frappai à la porte de Krishnamurti. Madame Zimbalist fit tout ce qu'elle pu pour me mettre à l'aise. Krishnamurti est venu après cinq minutes. Je me suis levé du fauteuil pour lui serrer la main. Il me parut plus petit que je m'y attendais. Il portait une vieille veste bleue. Il s'assit en face de moi (avec), il n'y avait rien entre nos deux chaises. Silencieusement, Madame Zimbalist nous laissa. Nous nous sommes assis là, nous regardant l'un l'autre. Je ne pourrai jamais décrire ce moment au cours duquel Krishnamurti me regardait fixement. Je ressentis en même temps tout l'amour que j'avais éprouvé pour mes parents, mes fils, mes compagnes, mes amis (vivants ou morts)... Il y eut un long silence... Krishnamurti dit : « Biascoechea dit que vous êtes prêt à travailler pour la Fondation. » Je dis : « Je pourrais bien ne pas être assez sage ou libre pour ça. » Mes conversations avec Krishnamurti – Ruben Feldman-Gonzalez 6 Krishnamurti : « Vous le serez. » Ruben : « Qu'est-ce que ce travail implique ? » Krishnamurti : « Publier des livres, des vidéos et des cassettes. » Ruben : « Ça implique de gérer de l'argent. » Krishnamurti : « Des millions de dollars. » Ruben : « Ça m'horrifie. Je ne suis pas prêt pour ça. J'ai pensé que je devrais voyager uploads/Litterature/ mes-conversations-avec-krishnamurti-1975-1986-par-ruben-feldman-gonzalez.pdf
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- Publié le Jul 20, 2021
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