L’explication linéaire et la question de grammaire (recommandations officielles
L’explication linéaire et la question de grammaire (recommandations officielles) Temps de préparation : 30 minutes. Temps de passage : 12 mn (12 points sur les 20 points de l’oral). Texte expliqué : un des textes du descriptif (votre liste des 24 textes), choisi par l’examinateur. Qu’est-ce qu’une explication linéaire ? L’explication linéaire consiste à rendre compte d’une lecture, en étant conscient de la façon dont vous recevez les textes et capable d’en entendre et d’en restituer la singularité, l’originalité. L’exercice est par conséquent à envisager comme l’accomplissement du geste de lecture. Si vous êtes attentif et motivé, vous saurez : -réajuster constamment les hypothèses de sens formées au fur et à mesure, -mettre en relation des éléments qui construisent une continuité plus ou moins longue, ou une série plus ou moins complète, -parvenir à une compréhension de l’ensemble, dont le lecteur peut rendre compte de façon plus ou moins nuancée, -interpréter un ensemble qui découle de la compréhension progressive du texte. Vous devez expliquer comment le texte fonctionne pour vous, et rendre compte de la raison pour laquelle il fonctionne ainsi pour vous. N’envisagez pas la lecture linéaire comme l’ajout au texte de notes successives, à la façon du travail d’un éditeur savant, mais montrez, phrase après phrase, parfois mot après mot, comment vous construisez cette cohérence d’ensemble. Un protocole invariable 7 étapes : présentation de l’extrait, mouvements du texte, lecture, annonce de la problématique et du plan, explication proprement dite, conclusion, question de grammaire. Les étapes de l’explication 1) Présentation de l'extrait : sa situation dans l'œuvre, ses particularités, toutes choses qui le constituent comme objet littéraire relevant d'un examen spécifique. Il s’agit d’identifier l’extrait et le situer dans un contexte large (l’époque et le contexte historique, les courants esthétiques ou intellectuels…) comme à l’intérieur de l’œuvre : -de quelle œuvre vient-il, qui en est l’auteur ? -quelques informations historiques (date de publication de l’œuvre, date de la rédaction de l’extrait…). -genre littéraire. -situer l’extrait à l’intérieur de l’œuvre. -au théâtre, rappeler qui sont les personnages, à quel moment de l’intrigue on se trouve. -dans un roman : identifier la voix narrative et les événements racontés. 2) Dégager la structure ou le mouvement du texte : fragment, il n'a pas forcément de composition propre, délibérée ; mais le découpage n'est pas non plus pur produit de l'arbitraire ni du hasard, simple artefact déterminé par les seules nécessités de l’examen. Le lecteur qualifié est capable de voir une unité détachable du tout dont elle fait partie, ordonnée et signifiante. Quand le texte a été extrait d’un chapitre, d’une scène ou d’un sous-ensemble plus vaste, c'est le plus souvent en interrogeant les raisons de ce choix qu'on s'ouvre les chemins les plus féconds. On peut dire qu’on « isole dans l’extrait différents mouvements », « dégage plusieurs parties », « distingue plusieurs moments successifs »…, mais mieux vaut éviter de dire qu’on « découpe » le texte. Il ne s’agit pas de faire du découpage, mais de montrer autour de quels ensembles s’organise la dynamique d’un texte. 3) Lecture à voix haute du passage, moment critique de l'épreuve dont on aurait grand tort de minimiser l'importance. D’une manière générale et quel que soit le genre littéraire représenté par l’extrait, on rend sensibles les sentiments et émotions de l’énonciateur, des personnages. 4) Annonce d'un projet de lecture (problématique et plan) Colonne vertébrale de toute l'explication. Vous définissez une hypothèse à vérifier par l'exploration méthodique de l'extrait, sans plaquer un lieu commun d'histoire littéraire ou une notion critique abstraite : le texte ne saurait servir de prétexte, occasion d'illustrer simplement une généralité à laquelle on voudrait le réduire. C'est une question spécifique qu'on doit lui poser, propre à caractériser le rapport singulier liant les mots qui le constituent et les effets qu'il produit. Méditez la réflexion de Julien Gracq : « Seules, presque toujours, en matière d'analyse littéraire, me convainquent par leur justesse immédiate les remarques qui naissent d'une observation presque ponctuelle (les remarques de Proust sur l'emploi de l'imparfait chez Flaubert, précises quant à leur objet, limitées quant à leur portée, en seraient un bon exemple)» (En lisant, en écrivant, Paris, José Corti, 1981, p. 179) : -présenter la perspective qui va orienter toute l’explication. -problématique claire : exposer sa problématique dans une phrase concise, éviter de se perdre dans les détails et les circonlocutions, renoncer au pédantisme creux. -à ce moment, ralentir le débit pour permettre au jury de bien écouter et de noter en détail la problématique exposée par le candidat. Comme exemple de problématique à la fois claire et pertinente, on mentionnera la suivante, qui initie l’explication linéaire de la scène I, 3 du Barbier de Séville : « Dans quelle mesure cette scène d’exposition à destination du public s’inscrit-elle dans une tradition comique renouvelée ? » 5) Explication proprement dite : on en explicite ce qui attire l’attention au fur et à mesure de la lecture, et en expliquant pourquoi l’intérêt est suscité. Ce qui enclenche chaque explication n’est pas la nouvelle ligne qu’on aborde, mais l’idée que l’on dégage de la lecture d’une section de texte, de longueur variable. On peut parler pendant une minute d’un énoncé de trois mots, de même qu’il est possible de ne consacrer qu’une quinzaine de secondes au commentaire d’une phrase. Soyez sensibles aux procédés d’écriture. 6) Conclusion : faire une habile synthèse qui réponde à la question de la problématique, sans oublier de proposer un nouveau questionnement en guise de prolongement. 7) Question de grammaire : *après la conclusion, vous répondrez à une question de grammaire portant exclusivement sur le texte expliqué (analyse syntaxique d’une phrase ou d’une partie de phrase). *l’examinateur vérifie la capacité de l’élève à analyser une phrase ou une partie de phrase – mot, groupe de mots ou proposition – et à rendre compte des relations entre ces composantes et de leurs fonctions. *Les connaissances permettant d’identifier la classe grammaticale d’un mot, la fonction d’une proposition..., pour expliquer la construction d’une phrase sont nécessaires, même si la justesse de l’analyse importe davantage que la connaissance du terme exact. *on pourra vous demander une ou plusieurs manipulations syntaxiques en vue d’éclairer une analyse, ou encore vous poser une question portant sur la nature, la fonction, la construction d’une phrase ou d’une partie de phrase, mais aussi vous inviter à une comparaison entre deux mots, groupes de mots ou propositions. Elle sollicite des connaissances et des capacités de réflexion linguistique, mais appelle une réponse limitée, sans justification étendue. Consignes pour aborder la première explication linéaire Avant de commenter de façon linéaire ce texte de Molière (II, 5 : de “Mademoiselle, ne plus ne moins” à “de beaux discours”), répondez à ces quelques questions. Attention : toutes ces questions-types ne peuvent s’appliquer à notre extrait, qui relève du dialogue théâtral. 1° Si vous aviez à définir les mouvements du texte, c’est-à-dire les « grands moments » de l’extrait, quels passages délimiteriez-vous ? Les deux mouvements choisis : Présentation de Thomas (l.1 à 21) et remarques de l’auditoire (l.22 à 33) 2° Qui parle le plus ? Comment le message de cet énonciateur est-il perçu par les autres personnages ? C’est Thomas qui parle le plus et de manière inutilement compliquée. Le discours manque de sensibilité, d’humanité. 3° Quels sont le point de vue narratif et le statut du narrateur par rapport à l’histoire vécue ? 4° Paroles rapportées, pensées rapportées, commentaires du narrateur, ironie : qui parle le plus ? Celui qui parle pense-t-il vraiment ce qui est exprimé ? L’ironie est utilisée par Toinette et Cléante ; le discours de Thomas manque de personnalité (métaphores réutilisées, définitions scientifiques). 5° Les jeux d’opposition : sur quels éléments portent les principales oppositions ? Opposition entre Toinette et Cléante et entre Argan et Thomas sur la conception du mariage. 6° Comment le public reçoit-il le message du principal énonciateur ? Le message est vu comme pédant et rend le personnage antipathique. 7° Les images : quelle est leur fonction ? Il y a deux images : elles insistent sur la formation universitaire et le caractère raisonneur de Thomas. 8° La nature du héros, la relation des personnages au danger, à l’aventure, à la difficulté ? Toinette, qui tire les ficelles de l’intrigue, dirige l’action. uploads/Litterature/ methode-de-l-x27-explication-lineaire.pdf
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- Publié le Mai 24, 2022
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