1 INTRODUCTION La folie est un thème connu de la littérature européenne et afri
1 INTRODUCTION La folie est un thème connu de la littérature européenne et africaine. Tantôt elle est synonyme de perdition, tantôt elle est rédemption, une vérité absolue permettant d’apporter des solutions dans la société. Ainsi, selon Sigmund FREUD, la folie est le « non- accomplissement d’un désir précoce, la rupture avec la réalité ou celle du délire»1. Elle peut aussi se définir selon Le dictionnaire Larousse comme étant le « Caractère de ce qui échappe à la raison, ou encore une passion violente que l’on ne peut contrôler. C’est aussi la manifestation d’un goût excessif déréglé ou exclusif d’une chose, un état de conduite»2.L’encyclopédie Bordas3 nous apprend que les conceptions de la folie ont beaucoup variées au cours de l’histoire. Nous relevons ainsi que la pensée primitive y voyait la possession d’un individu par de mauvais esprits. Puis, à la renaissance, une conception scientifique se substitua à cette conception théorique. De mauvais sorts, c’est à dire possédés du démon, les fous devinrent des personnes dangereuses. Et comme le décrit Michel Foucault dans son livre, Histoire de la folie a l’âge classique4 parut en 1972, le fou sera exilé, incarcéré. Le monde de la folie deviendra dès lors celui de l’exclusion avec la création des centres de traitement psychiatriques conçus pour accueillir les ‘’individus gênants pour la société’’. En Afrique noire, loin d’être interné, le fou est un être libre qui développe librement sa folie dans son environnement social. En effet, les écrivains africains, soucieux de décrire les problèmes relatifs à l’Afrique verront à travers la folie, une nouvelle esthétique littéraire, c’est-à-dire que la mise en scène de la folie dans cette littérature pourra se lire comme une satire de la société visant à l’éveil des consciences des acteurs politiques et de tous les citoyens. Cette pensée trouve son apport à travers des auteurs tels William SASSINE, Sony LABOU TANSI, Cheikh Hamidou KANE. Dans la littérature gabonaise, aussi bien le roman, la poésie et le théâtre, la réflexion sur le thème de la folie a souvent été évoquée. En effet, l’image du fou est celle d’un diseur de vérité, un sage, ou un prophète. C’est d’ailleurs au travers d’un intérêt particulier pour tous ce qui se rapporte à la folie, précisément dans la lecture littéraire que nous avons choisi comme thème de notre mémoire « l’esthétique de la folie dans la littérature gabonaise », et ce, en vue de finaliser notre parcours de formation à l’école Normale Supérieure, pour l’obtention d’un Master II d’études en Français. Le choix de travailler sur ce corpus est révélateur de notre ambition de montrer le bien-fondé de la folie dans la littérature gabonaise et son apport dans notre société notamment par une analyse des textes au programme mais également par une diversification des genres littéraires: le roman, la nouvelle, l’œuvre théâtrale et la poésie. 1Sigmund Freud, Ma vie et la psychanalyse, Paris, Gallimard, (Coll. Idées), 1960, p 45. 2 Dictionnaire Le petit Larousse Illustré 2004, Paris, p 259. 3L’Encyclopédie Bordas, volume 4, Paris, 1978. 4Michel Foucault,Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972. 2 De ce fait, comment est représentée la folie dans la littérature gabonaise ? Quelle est la démarche esthétique de ces auteurs ? Pourquoi ont-ils recours à celle-ci ? Autrement dit, quel est l’apport de l’esthétique de la folie à la perception de la société ? La littérature gabonaise fait le procès d’une société malade. Elle met en évidence, les maux qui la gangrènent tels la misère, le veuvage, sorcellerie, la folie. En revanche, dans le cas de notre étude, notre préoccupation sera d’appréhender la folie, non pas comme une maladie mentale, mais plutôt comme une manière de vivre, un état d’esprit plus que l’aliénation en soi. Aussi, il s’agira de démontrer que le fou tel qu’il est illustré dans la littérature gabonaise souffre d’une folie sociale. D’ailleurs, la folie, en tant que thématique centrale avait déjà fait l’objet d’une lecture critique respectivement au sein des départements de Lettres Modernes5 et de Littératures Africaines6 de L’Université Omar Bongo. Le constat étant que le corpus utilisé par ces deux étudiantes soit circonscrit plus dans la littérature africaine et francophone au Gabon. D’où la particularité de notre travail qui se veut exclusivement portée sur la littérature gabonaise, laquelle regorge de nombreuses publications littéraires attraites à la question de la folie produites par des auteurs tels Auguste Moussirou Mouyama et janis Otsiemi7. Par ailleurs, par rapport à la dimension sociale et réaliste de notre thématique, nous avons fait appel à la sociocritique de Claude DUCHET en vue de lire au mieux la manifestation de la folie dans notre corpus. En effet, l’usage de la sociocritique duchetienne, dans sa démarche analytique décloisonne le texte « interroge l’implicite, les présupposés, le non-dit ou l’impensé, les silences, formule l’hypothèse de l’inconscient social du texte »8. Ceci par l’entremise des concepts mis au point par le théoricien lui-même : la « société du roman », la « société de référence ».La sociocritique de Claude DUCHET est une méthode d’analyse adéquat pour notre thème et notre corpus, en ce sens qu’elle est cet outil, capable de démontrer comment se traduit la folie dans une société gabonaise composée de plusieurs maux. Il est donc question ici de faire une lecture immanente centrée sur les textes Bourrasque sur Mitzic, La folle du gouverneur, un seul tournant Makôsu et Patrimoine, dans le but d’en dégager une « poétique de la socialité »9. Notre étude s’inscrivant dans le cadre d’un mémoire professionnel, il est nécessaire de matérialiser notre travail par une transposition didactique. Pour ce faire, nous recourons à la lecture méthodique, démarche scientifique consistant à « étudier un texte en organisant méthodiquement ses analyses à partir des caractères orignaux du texte». Cette démarche « conduit à élaborer une interprétation de plus en plus précise du texte que nous résumons 5 Mireille AbemeNdong, Lecture de la folie Chez Sony LabouTansy : La parenthèse de sang, L’Anté-peuple, Le commencement des douleurs, Mémoire de maitrise, Lettres Modernes, UOB, 1997. 6 Flore Edith Angue Assa, La figure du fou dans la littérature francophone au Gabon : Approche bakhtino- freudienne, Mémoire de maitrise, Lettres Modernes, UOB, 2001. 7Janis Otsiemi, Tous les chemins mènent à l’autre, Libreville, Editions Raponda Walker, 2000. 8 Claude Duchet, « Positions et perspectives », Sociocritiques, Paris, Nathan, 1979, P.4. 9 Claude Duchet, « Introduction socio-critiscism », sub-stance, n°15, Madison, 1976, p.408. 3 dans une conclusion »10. La lecture méthodique va donc permettre aux apprenants, d’entrevoir les sens cachés du texte, mais aussi d’en donner les impressions de lecture afin d’aboutir à la formulation des axes de lecture. Elle prépare les élèves de la classe de seconde au commentaire composé mais aussi à l’oral de français. Il est à noter que l’originalité d’un travail scientifique tient à la manière dont celui-ci a été élaboré et traité dans un cadre de recherche donné. Ainsi, et bien que le thème de la folie ait déjà fait l’objet de plusieurs réflexions dans plusieurs projets scientifiques universitaires (mémoires de master), notre recherche se distingue des autres en ce sens qu’elle tend à montrer que le « fou », certes considéré selon les codes sociaux comme un être dépourvu de raison, n’est pas aussi irrationnel, inconséquent et socialement déséquilibré comme le pense la conscience populaire. Elle permettra d’analyser l’esthétique de la folie grâce à une diversité de genres littéraires à savoir : Le roman, la nouvelle, la pièce de théâtre et la poésie. Sur le plan pédagogique, notre étude a pour but et ambition de susciter la curiosité des apprenants, en les amenant à percevoir le côté positif, important et éducatif de l’esthétique de la folie. Nous montrerons aux élèves que dans la littérature gabonaise, la folie apparait souvent comme un mode de conservation de valeurs traditionnelles, de régénération de l’humanité, et la voie d’une communication mystique avec le divin. Aussi, il est important de changer le regard porté par la société en général et les élèves en particulier sur ceux que l’on désigne vulgairement « fous ». Car, le fou est celui-là qui se libère du conformisme et se donne la possibilité d’exprimer ses opinions en toutes circonstances. Pour une bonne compréhension du sujet, notre travail s’organisera en trois parties. Dans la première partie, nous aborderons le cadre théorique. Nous définirons les concepts clés c’est-à-dire l’esthétique et la folie, avant de présenter de la folie dans la littérature. Dans la seconde partie, nous présenterons la perception de la folie dans la littérature gabonaise en mettant en exergue le thème de la folie abordé par les écrivains gabonais, et sa perception par les auteurs de nos textes. La troisième partie sera consacrée à la transposition didactique dans laquelle nous exploiterons les textes proposés au moyen de la lecture méthodique. Puis, faire une synthèse comparative afin de présenter comment se manifeste la folie dans chaque texte. Enfin, nous proposerons des travaux de dissertation et de commentaire composé, chacun suivi d’une proposition de correction. 10Sarah Perret,La pratique de la lecture méthodique,Paris, l’Harmattan, 2000, p.9. 4 CHAPITRE 1 : L’esthétique et uploads/Litterature/ microsoft-word-carine-memoire-2018-final.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4239MB