MILLÉNIUM 4 D'après les personnages créés par Stieg Larsson (1954-2004) “ACTES
MILLÉNIUM 4 D'après les personnages créés par Stieg Larsson (1954-2004) “ACTES NOIRS” LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois. Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA… Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue. DAVID LAGERCRANTZ Né en 1962, David Lagercrantz est écrivain et journaliste. Il vit à Stockholm. DU MÊME AUTEUR MOI, ZLATAN IBRAHIMOVIĆ. MON HISTOIRE RACONTÉE À DAVID LAGERCRANTZ, J. C. Lattès, 2013 ; Le Livre de poche no 33167. Illustration de couverture : © John John Jesse Titre original : Det som inte dödar oss Éditeur original : Norstedts Förlag, Stockholm Publié avec l’accord de Norstedts Agency © David Lagercrantz et Moggliden AB, 2015 © ACTES SUD, 2015 pour la traduction française ISBN 978-2-330-05463-2 DAVID LAGERCRANTZ Ce qui ne me tue pas MILLÉNIUM 4 roman traduit du suédois par Hege Roel-Rousson ACTES SUD © Emily Faccini PROLOGUE UN AN PLUS TÔT À L'AUBE CETTE HISTOIRE COMMENCE par un rêve, un rêve qui n’a rien d’extraordinaire. Juste une main qui frappe régulièrement et inlassablement contre un matelas dans l’ancienne chambre de Lundagatan. Pourtant, c’est à cause de ce rêve que Lisbeth Salander sort de son lit au petit matin, s’installe devant son ordinateur, et commence la traque. I L’ŒIL QUI VEILLE 1ER-21 NOVEMBRE La NSA, National Security Agency, est un organisme fédéral placé sous l’autorité du département de la Défense des États- Unis. Son siège se trouve à Fort Meade dans le Maryland, au bord de l’autoroute Patuxent. Depuis sa fondation en 1952, la NSA s’occupe du renseignement d’origine électromagnétique – aujourd’hui principalement Internet et l’activité téléphonique. Les pouvoirs de l’organisme n’ont cessé d’être élargis, il intercepte désormais plus de vingt millions de messages et conversations par jour. 1 Début novembre FRANS BALDER S’ÉTAIT TOUJOURS CONSIDÉRÉ comme un père minable. Le petit August avait déjà huit ans, et jusqu’à ce jour Frans n’avait jamais essayé d’endosser son rôle de père. Même à cet instant, il eût été faux de prétendre qu’il se sentait à l’aise face à ses responsabilités. Mais il estimait que c’était son devoir. Son fils avait la vie dure chez son ex-femme et l’enfoiré qui lui tenait lieu de fiancé, Lasse Westman. Frans Balder avait donc lâché son poste dans la Silicon V alley et pris l’avion pour regagner son pays. Il se trouvait à présent à l’aéroport d’Arlanda et attendait un taxi. Il se sentait un peu perdu. La météo était infernale. Pluie et tempête lui fouettaient le visage et il se demandait pour la énième fois s’il avait fait le bon choix. De tous les crétins égocentriques du monde, c’était lui qui allait se retrouver papa à plein temps. Un peu tordu, quand même… Autant aller travailler dans un zoo. Il ne connaissait rien aux enfants et pas grand-chose à la vie en général. Et le plus curieux dans l’histoire, c’est que personne ne lui avait rien demandé. Aucune mère ou grand-mère n’avait téléphoné pour le sommer d’assumer enfin ses responsabilités. Il avait pris la décision seul et s’apprêtait à débarquer chez son ex-femme pour récupérer son fils, sans prévenir et en dépit du jugement relatif à la garde. Ça allait foutre la pagaille, évidemment. Il aurait certainement droit à une sacrée rouste de la part de cet abruti de Lasse. Tant pis. Il s’engouffra dans le taxi. Le chauffeur était une femme qui mâchait frénétiquement son chewing-gum tout en essayant de lui faire la conversation. Peine perdue : même en temps normal, Frans Balder n’était pas du genre bavard. Impassible, sur la banquette arrière, il songeait à son fils et à tout ce qui s’était passé ces derniers temps. August n’était pas l’unique ni même la principale raison de sa démission de chez Solifon. Frans était à un tournant de sa vie et, l’espace d’un instant, il se demanda s’il aurait le courage, finalement. À l’approche de V asastan, il eut l’impression de se vider de ses forces et dut réprimer un désir impérieux de tout laisser tomber. Il n’avait pas le droit d’abandonner maintenant. Il régla sa course sur Torsgatan, empoigna ses bagages et les déposa juste derrière la porte d’entrée de l’immeuble. Il monta l’escalier, ne gardant à la main que la valise vide achetée à l’aéroport international de San Francisco et décorée d’une carte du monde aux couleurs vives. Puis il s’arrêta, essoufflé, devant la porte et ferma les yeux en imaginant les scénarios de dispute les plus fous. Qui pourrait leur en vouloir, au fond ? se dit-il. Personne ne surgit comme ça de nulle part pour enlever un enfant à son environnement familial, encore moins un père dont l’implication s’était limitée jusqu’alors à des virements sur un compte bancaire. Mais pour lui il s’agissait d’une situation d’urgence et, malgré son envie de fuir, il prit son courage à deux mains et sonna à la porte. Un moment de silence. Puis la porte s’ouvrit à la volée et Lasse Westman se dressa devant lui, avec ses yeux bleus intenses, sa poitrine massive et ses énormes pognes qui semblaient conçues pour aplatir les gens. C’était grâce à elles qu’il interprétait si souvent des rôles de bad guy à l’écran, même si aucun de ces rôles – ça, Frans Balder en était persuadé – n’était aussi bad que celui qu’il jouait au quotidien. — Oh là là ! s’exclama Westman. Le génie en personne qui vient nous rendre visite. Excusez du peu. — Je suis venu chercher August. — Quoi ? — Je veux l’emmener avec moi, Lasse. — Tu plaisantes ? — Je n’ai jamais été aussi sérieux, répondit Frans au moment où Hanna surgissait d’une pièce sur la gauche. Elle n’était plus aussi belle qu’avant. Trop de galères, de cigarettes et d’alcool, sans doute. Pourtant, une vague de tendresse inattendue envahit Frans, surtout lorsqu’il aperçut un bleu sur son cou. Elle parut vouloir dire un mot accueillant mais n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche. — Pourquoi tu t’en soucies tout d’un coup ? dit Lasse. — Parce que ça suffit. August a besoin d’une maison où il se sente en sécurité. — Et toi, t’es en mesure de lui offrir ça, Géo Trouvetou ? Qu’est-ce que tu sais faire dans la vie, à part scruter l’écran d’un ordinateur ? — J’ai changé, dit Frans, et il se sentit pathétique, en partie parce qu’il doutait d’avoir changé d’un iota. Il tressaillit en voyant Lasse Westman s’avancer vers lui de toute sa corpulence, mû par une colère sourde. L ’écrasante vérité lui apparut dans son évidence : cette idée était cinglée depuis le début, il n’aurait absolument rien à opposer à ce fou furieux s’il décidait de passer à l’attaque. Mais, curieusement, il n’y eut ni scène ni accès de colère, juste un sourire sinistre et ces mots : — Mais voilà qui est merveilleux ! — Comment ça ? — Il est grand temps, tout simplement, n’est-ce pas Hanna ? Enfin un peu de sens des responsabilités de la part de M. Trop- Occupé. Bravo, bravo ! poursuivit Westman en applaudissant de façon théâtrale. Après coup, ce qui avait le plus sidéré Balder, c’était la facilité avec laquelle elle avait laissé partir le gamin. Sans protester, sinon pour la forme, ils l’avaient laissé emmener le gosse. Peut-être August n’était-il qu’un fardeau pour eux. Difficile à savoir. Hanna lui lança un regard indéchiffrable, mains tremblantes, mâchoire crispée. Mais elle posa trop peu de questions. Elle aurait dû lui faire subir un interrogatoire, avancer mille exigences et instructions, s’inquiéter de voir les habitudes du garçon bouleversées. Elle se contenta d’un : — Tu en es sûr ? Tu vas t’en sortir ? — Oui, j’en suis sûr, dit-il. Puis ils gagnèrent la chambre d’August et Frans le vit pour la première fois depuis plus d’un an. La honte le foudroya. Comment avait-il pu abandonner un tel garçon ? Il était si beau, si merveilleux avec ses boucles de cheveux touffus, son corps fluet et ses yeux bleus, graves, totalement absorbé par un puzzle géant représentant un voilier. Tout dans son apparence semblait crier “Ne me dérangez pas”. Frans s’avança lentement, comme s’il approchait un être étranger et imprévisible. Il réussit pourtant à distraire le garçon et à lui prendre la main pour qu’il le suive dans le couloir. Il n’oublierait jamais cet instant. À quoi pensait August ? Que se disait-il ? Il ne regarda ni lui ni uploads/Litterature/ millenium-4-ce-qui-ne-me-tue-pas-by-hadopix.pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 2.3820MB