2 Faculté de lettres UMP, Oujda Master : LGC S°3 Contre rendu Mythocritique Thé

2 Faculté de lettres UMP, Oujda Master : LGC S°3 Contre rendu Mythocritique Théorie et parcours de Pierre Brunel Tarik LABRAHMI 2013 3 Contre rendu Mythocritique Théorie et parcours Pierre Brunel Théorie Nouvelle critique : nouvelle aventure Quatre grandes familles correspondant aux idéologies différentes auxquelles se serait frottée la nouvelle critique : l’existentialisme (Claude-Edmonde Magny et Sartre), le marxisme, la psychanalyse, le structuralisme. En modifiant l’existentialisme, Gaston Bachelard inaugurait la critique thématique. La mythocritique vint allonger la liste des néologismes après 1970. Son promoteur était un philosophe aussi, Gilbert Durand. Pourtant, Brunel déclare qu’il n’est pas un disciple de Duran ; s’il étudie les mythes, c’est parce que la littérature comparée est impossible si elle se coupe de ses racines antiques. Il cite Barthes : « passer de la lecture à la critique, c’est changer de désir, c’est désirer non plus l’œuvre, mais son propre langage ». Il ajoute : « la « parole critique » est qu’ « en se réalisant elle disparaît ». Le mythe selon Jolles Rejetant deux conceptions qui lui semblent inacceptables, l’une transcendantaliste (le mythe comme supérieur à tout discours), l’autre immanentiste (le mythe se confondant avec le discours), Jolles a proposé une thèse intermédiaire : il crée une « forme simple » antérieur au langage écrit, mais « actualisée » par lui et par le texte littéraire. La théorie de Jolles Les grandes lignes de sa théorie sont développées dans son grand livre Einfache Formen. Il s’agit bien d’un structuralisme, mais un structuralisme non linguistique. Au lieu de partir des unités et des articulations du langage telles que nous les livrent la grammaire, la syntaxe et la sémantique, il veut partir de formes qu’on pourrait définir comme des formes o priori. Formes qui se produisent dans le 4 langage et qui procèdent d’un travail du langage lui-même, sans intervention, pour ainsi dire, d’un poète. De même qu’il existe trois fonctions dans la société (cultiver, travail qui rattache les choses à un ordre ; fabriquer, travail qui change l’ordre des choses ; interpréter, travail qui prescrit l’ordre), il y a trois fonctions du langage (le « travail de production du langage », qui rattache les choses à un ordre, les fait entrer et admettre dans la vie de l’homme sans empêcher leur cours naturel ; l’acte poétique au sens fort du terme, qui crée des figures mythiques ou des types ; l’interprétation, qui est élucidation du signe). On peut résumer ces trois fonctions dans ces trois termes : nomination, fabrication, interprétation. André Jolles distingue encore trois niveaux dans le travail du langage : la formation du langage en soi (pour lequel on a cherché des explications mythiques) ; la formation des formes simples ; la formation de l’œuvre littéraire. Avant le mythe, la légende est la première forme simple envisagée par Jolles. La légende est ce qui raconte la vie des saints. Le mythe comme disposition mentale C’est précisément du mystère que va naître le mythe. La disposition mentale favorable au mythe est l’humeur interrogeante. Je me trouve devant quelque chose que je ne comprends pas, dont aucune théorie ne m’explique la cause. Je cherche donc un autre type d’explication, sans le secours ni de la raison ni de l’expérience scientifique. Je crée une cause. Les textes sacrés sont là pour nous expliquer avec des mythes ce que notre raison ne comprend pas. C’est la fonction de tous les récits de genèse. Jolles voit dans ces mythes génésiques la forme idéale du mythe, à tel point qu’il serait prêt à réduire le mythe au mythe à caractère étiologique. « Quand l’univers se crée ainsi à l’homme par question et par réponse, une forme prend place, que nous appellerons mythe ». Le geste verbal dans le mythe A l’origine du mythe, pour Jolles, il est une question qui « vise l’être et la nature profonde de tous les éléments de l’univers dont on observe à la fois la constance et la multiplicité ». Le mythe donne une réponse. L’événement est le geste verbal du mythe. Il importe, pour comprendre cette affirmation fondamentale, de distinguer entre l’accident et l’événement. L’accident est ce qui arrive par hasard, dans un univers qui semble abandonné à la contingence. L’événement est au contraire la manifestation d’une nécessité latente. C’est pourquoi Jolles est en droit de reprendre l’idée du destin, cette nécessité qui se manifeste dès lors que l’homme s’expose au danger. Il est juste de dire, avec Jolles, que l’événement est contraignant, qu’il ramène de la multiplicité à l’unité. Mais je crois qu’il faut ajouter qu’il correspond à une image forte, qui est sa manifestation dans le texte, et qui dans le drame sera un acte, au sens le plus plein du terme. Le contre-mythe : mythe constructeur et mythe destructeur 5 En guise de contre-forme, de contre-mythe, il nous propose ce qui, il le reconnaît bien volontiers, est encore un mythe : le mythe destructeur qui va de pair avec le mythe constructeur, l’Apocalypse qui est diamétralement opposée à la Genèse. Les anciens Scandinaves ont connu aussi l’image d’une destruction finale par le feu. Ce n’est pas un hasard si l’Islande, le pays des volcans, a connu une tradition mythique comme celle-ci. L’étude des mythes en littérature comparée André-Michel Rousseau : « le comparatiste est comme chez lui parmi les mythes ». Raymond Trousson s’arrêtait avant 1970 à la notion de thème. Le thème était défini comme « l’expression particulière d’un motif, son individualisation ou, si l’on veut, le résultat du passage du général au particulier ». Il faut donc revenir à une autre notion, celle de « motif », définie elle-même comme « une toile de fond, un concept large, désignant soit une certaine attitude – par exemple la révolte – soit une situation de base, impersonnelle, dont les acteurs n’ont pas encore été individualisés – par exemple les situations de l’homme entre deux femmes, de l’opposition entre deux frères, etc. ». L’un et l’autre évitaient alors le mot « mythe », sans y parvenir complètement : Trousson semblait à plusieurs reprises assimiler le « mythe » et le « thème ». Cette confusion fait que le mythe subisse une double réduction : réduction au nom du héros mythique principal ; réduction à une « situation particulière ». Il serait sage d’établir ce premier principe : le mythe est un ensemble, qui ne saurait se réduire ni à une situation simple (thème de situation chez Trousson) ni à un type (thème de héros chez Trousson). Pour Trousson, la révolte est un « motif » et Prométhée, « individualisation » de la révolte, est un « thème ». Brunel considère plutôt que la révolte est un « thème » et qu’on a souligné certains traits de Prométhée pour en faire le « type » du révolté. La définition de Tomachevski conduit à considérer le mythe comme un récit, ce qui ne veut pas dire que tout récit soit un mythe : non seulement le récit mythique réitère fortement certaines formules, certaines séquences, certains rapports, mais encore il a le pouvoir de produire d’autres récits issus de lui par la reprise de ses éléments constitutifs. Si l’on considère la littérature comparée comme un élargissement de l’histoire littéraire, l’étude du mythe se présente d’abord comme une quête de l’origine du mythe. Or, dans la plupart des cas, cette quête n’aboutit qu’à une impasse, le mythe se perdant ou dans la nuit des temps ou dans celle du non-écrit. C’est pourquoi, il faudrait substituer une perspective synchronique à la traditionnelle perspective diachronique, et de chercher, à la source du mythe, non plus le modèle à partir duquel se constituera la longue série des imitations, mais le « schème » qui donne son impulsion au mythe, s’il est vrai que le mythe peut se définir comme « un système dynamique de symboles, d’archétypes et de schèmes (…) qui, sous l’impulsion d’un schème, tend à se composer en récit ». Pour Levis Strauss, toutes les variations d’un mythe sont également vraies, puisqu’un mythe se compose de l’ensemble de ses variantes, littéraires ou non. On a souvent considéré l’histoire littéraire d’un mythe comme l’histoire d’une dévalorisation, et comme l’histoire de la dévalorisation d’un modèle. Cependant, Il existe des aspects proprement 6 mythiques dans la littérature, et bien souvent la sous-littérature qui a fait de Rimbaud sa pâture : si on veut, un Prométhée, ou un Christ, ou un « fils de soleil ». Mythanalyse et mythocritique Mythanalyse est un mot qui appartient d’abord à Denis de Rougemont. Gilbert Durand définie le mot comme une méthode d’analyse scientifique des mythes afin d’en tirer non seulement le sens psychologique, mais le sens sociologique. Marc Eigeldinger, élargissant encore l’acception du mot, revendique le droit à ne pas réduire le mythe à sa fonction religieuse et sociologique. Denis fait ainsi de la littérature un prétexte pour servir une analyse de la société occidentale mythomane. « Mythocritique » en revanche, appartient bien à Gilbert Durand. La mythanalyse selon Denis de Rougemont Les prolongements du mythe occidental de l’amour (Tristan) jusque dans uploads/Litterature/ mythocritique-de-brunel-compte-rendu.pdf

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