Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 Pour ne plus confond

Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 Pour ne plus confondre b d p q en GS ou/et au CP Analyse, démarches et outils. Répondre aux besoins : prévenir ou remédier. SOMMAIRE A/ Les raisons de ces confusions. B/ Diagnostiquer le type de confusion. C/ Lever la confusion phonémique [b] / [p] D/ Lever la confusion visuelle b d. E/ Une méthodologie pour bien mémoriser le nom des lettres : la leçon en 3 temps. F/ Ressources en ligne : lesquelles choisir ? G/ Fiche de préparation type. H/ Aller plus loin en faisant de la prévention : ne pas attendre que les confusions s’installent. ___________________________________________________________________________ A/ Lors de l'apprentissage de la lecture, nombreux sont les enfants qui confondent les lettres symétriques comme "b" et "d" ou "p" et "q". Pour quelle raison ? Lors de la lecture, le "b" et le "d", ou encore le "p" et le "q" sont souvent confondues : on appelle ces lettres symétriques les lettres en miroir. D'où nous vient cette difficulté à les différencier ? Selon une étude menée par des chercheurs de l'Université Paris Descartes, la faute revient à un mécanisme cérébral appelé "généralisation en miroir", qui permet de reconnaître rapidement des objets identiques quelle que soit leur orientation. « Chez l’enfant de maternelle, la région visuelle qui doit servir à la lecture n’est pas inactive. Elle ne répond pas encore bien aux lettres, mais elle reconnaît d’autres formes telles que les objets ou les visages. Or l’évolution nous a joué un tour : cette région ne peut pas s’empêcher de juger que des vues symétriques en miroir correspondent à un seul et même objet. » (…) Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 « Cette propriété est devenue un désavantage pour l’apprentissage de la lecture : l’enfant doit distinguer les lettres p et q, b et d, alors que son système visuel les juge identiques. « La confusion des lettres en miroir, comme b et d, est une propriété normale du système visuel des jeunes enfants avant qu’ils n’apprennent à lire.Son désapprentissage demande des efforts. La pratique du geste d’écriture accélère l’apprentissage de la lecture. » Stanislas DEHAENE Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs se sont appuyés sur une théorie appelée "recyclage neuronal" et qui stipule que pour apprendre à lire, des neurones déjà présents sont réutilisés par une sorte de "bricolage biologique". Ces neurones, dédiés à l'identification rapide d'objets, de visages, d’animaux (et donc à la généralisation en miroir), se spécialiseraient au cours de l'enfance dans la reconnaissance visuelle des lettres et des mots. Ce stade du miroir existe chez presque tous les enfants au cours de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture et n’a rien à voir avec la dyslexie (sauf si ça persiste au-delà de 9/10 ans). Il s’efface progressivement au fur et à mesure que l’enfant apprend à lire, devient un expert. C’est la même clé. C’est le même couteau. Ce n’est pas la même lettre. RALENTISSEMENT. Les résultats montrent que les lecteurs mettaient systématiquement plus de temps à déterminer que deux images d'animaux étaient bien identiques quand elles étaient précédées par des lettres en miroir. Pour quelle raison ? Les lecteurs ont dû bloquer le mécanisme de généralisation en miroir pour réussir à discriminer le "b" du "d" et le "p" du "q". Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 Ils ont mis ensuite un peu plus de temps à utiliser de nouveau ce mécanisme quand il devient nécessaire pour reconnaître rapidement des animaux. B/ Diagnostiquer de quel type de confusion il s’agit. Certains enfants, les plus nombreux, confondent le b et le d : il s’agit d’une confusion visuelle. Idem pour le p et le q. D’autres confondent le b et le p, il s’agit alors d’une confusion auditive, qui relève de la conscience phonémique. Ils confondent les phonèmes [b] et [p]. C/ Lever la confusion phonémique [b] / [p] Cette confusion des sons [b] et [p] touche beaucoup moins d’enfants que la confusion des lettres b et d. Pour lever une confusion auditive (celle-ci ou d’autres comme [ʒ]/[ʃ], [f]/[v], [k]/[g], [s]/[z]) il est conseillé de travailler des paires minimales. Ferdinand de Saussure définit la paire minimale comme une paire de mots qui ne sont distingués (et donc qui s’opposent) que par une seule différence phonétique. Par exemple, les mots « main / ment » constituent une paire minimale : le changement de voyelle phonétique, [mɛ̃] / [mɑ̃] produit un changement de sens. « haché/âgé » est aussi une paire minimale : [aʃe]/[aʒe], ou encore dans le cas qui nous intéresse « peur/beurre » [pœr]/ [bœr]. Voici des paires minimales pour travailler la confusion sonore [b] et [p] : Paires constituées d’un phonème pépé puce poisson poire pas poule pain paix pan, paon pas peau, pot peigne peignoir pelle perte peur poire pou poule pull paisse Paul passe pêche pu port, porc bébé bus boisson boire bas boule bain baie ban, banc bas beau baigne baignoire belle Berthe beurre boire boue, bout boule bulle baisse bol basse bêche bu, but bord Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 pois, poids pont bois, boit bon, bond Paires constituées d’un groupe consonantique appris praire proie pris, prix prise abri braire broie bris brise Exemple d’exercice très structurant: D/ Lever la confusion visuelle b d. Il s’agit de conduire tous les élèves à être en capacité de :  discriminer visuellement les lettres qui présentent des oppositions graphiques b d et p q  nommer ces lettres sans erreur et de façon automatique  discriminer auditivement le phonème correspondant à chacune de ces lettres Une réflexion est à envisager en équipe sur la programmation (doit-on travailler ces trois capacités de façon successive ou bien simultanée ?) et sur l’organisation (quelle articulation entre phases en groupe classe, en petit groupe, en individuel ?). OBJECTIF 1 : DISCRIMINER VISUELLEMENT 1. Expliciter la différence entre un objet et une lettre On pourra en introduction présenter plusieurs vues d’un même objet (ex : une chaise) et demander de dénommer cet objet. Exemples d’explications par l’enseignant(e) : « Un objet reste le même objet quand on le retourne, et votre cerveau est programmé pour reconnaître un objet dans n’importe quelle position, mais une lettre doit toujours être dans la même position par rapport aux autres dans Groupe MDL 27, Isabelle Marquer et Sophie Hénon, juin 2020 un mot. Les lettres sont « posées » à plat sur des pages, sur une affiche, sur le tableau et on ne peut pas les retourner sinon on ne comprend plus la même chose » On sera vigilant dans la manipulation de lettres-objets : on veillera en permanence à les faire fixer sur un support (aimanté, à « rails ») ou au minimum à les faire poser sur la table le long d’une règle, sur une ligne par exemple. « La lettre n’est pas un objet qu’on attrape et qu’on met à l’envers etc. » « Quand on est « très fort » en lecture, on arrive à lire à l’envers mais une lettre doit toujours être à l’endroit et n’a qu’un sens. Le problème c’est que certaines lettres se ressemblent beaucoup et si elles étaient des objets, on pourrait dire que ce sont en fait le même objet. C’est donc la façon dont on va les « poser » sur le papier qui va nous aider à les reconnaître. Présenter les lettres p d q d. « Quelqu’un connaît leur nom ? » « Qu’est-ce qui est pareil dans ces 4 lettres ? » Expliquer que c’est difficile, mais qu’on va trouver des solutions pour ne plus les confondre. 2. Discriminer visuellement la lettre p minuscule parmi d’autres lettres qui ne présentent pas d’opposition graphique (1er niveau de discrimination, qui peut permettre de repérer des difficultés importantes.) Ex : Entourer p → e r t p m n o t p a p v h… idem avec lettres b d q 3. Jeu des différences : b et d ? q et p ? etc. Lettres tracées en grand au tableau, les élèves verbalisent et montrent simultanément avec le geste. Nommer les différentes parties de la lettre : « rond », « bâton », les situer l’une par rapport à l’autre : devant, derrière, en haut, en bas… p et q se distinguent par la position relative de la hampe verticale dans la lettre. d et b se distinguent par l’orientation relative de la hampe dans la lettre. 4. Distinguer deux lettres qui présentent une opposition graphique : d et b - p et q Ex : entourer en rouge les mots contenant d et en vert les mots contenant b un pas – des ponts – un bout – un arbre – des bijoux – le départ – une bague – une barque – une brindille – un ruban – une écharpe – une poubelle – la poudre… Ex : entourer en violet les mots contenant q et en orange les uploads/Litterature/ ne-plus-confondre-b-d-p-q-en-gs-ou-et-au-cp-version-2.pdf

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